En 1851, dans la ville de Yeoju, le clan des Min de Yeoheung, célèbre la naissance de la petite Min Ja-yeong. La fillette est l’enfant de Min Chi-rok, petit aristocrate terrien, et de son épouse Dame Yi. Elle est promise sans le savoir à un grand avenir.
En 1858, son père meurt de maladie et sa mère l’élève seule. L’éducation des coréennes de la noblesse diffère peu de l’éducation des jeunes filles nobles européennes : recluses dans le quartier réservé aux femmes, elles apprennent un peu de lecture et d’écriture (en hangeul, les caractères coréens – hors de question de leur apprendre les sinogrammes) et surtout, l’économie domestique. Il est probable que Min Ja-yeong n’ait pas été instruite plus que cela.
Photo ci-dessus : Une jeune fille noble sous Joseon.
En 1866, Gojong est en âge de se marier. Et contrairement aux monarques européens, il est hors de question que le roi épouse une étrangère. Son épouse sera choisie parmi les filles de la noblesse coréenne.
Le « recrutement » de la future reine répond à un processus de sélection qui rappellera sûrement leurs missions à nos DRH modernes. Dans un premier temps, le gouvernement prononce une interdiction temporaire de mariage aux jeunes filles nobles, tandis que leurs familles sont encouragées à inscrire sur les listes officielles de candidature celles qui sont âgées de 13 à 17 ans.
Les candidates doivent fournir leurs dates et heures de naissance et leur arbre généalogique sur trois générations. Une première étape de sélection élimine les candidates jugées peu vertueuses ou … laides.
Une deuxième étape de sélection, plus attachée aux qualités intellectuelles, élimine les candidates les moins prometteuses.
La dernière étape de sélection est conduite par la reine douairière et le roi lui-même qui, en accord avec les conseillers d’état, nomment l’heureuse élue.
Etonnamment, peu de familles nobles souhaitaient inscrire leurs filles : pour faire face aux dépenses que demandait le processus de sélection (achat de bijoux, de vêtements, recrutement de servantes, achat de nourriture, etc.), il fallait posséder une solide fortune ; sans compter le risque politique pour la famille de la nouvelle reine, qui se retrouvait d’un coup au coeur de toutes les intrigues de cour.
Le Daewongun a une idée très précise du profil de sa future belle-fille : elle devra être noble, mais issue d’une famille isolée politiquement pour ne pas encourager la montée au pouvoir d’un nouveau clan Kim.
Et qui mieux qu’une jeune fille issue de sa propre parentèle ? Sa mère, une Min de Yeoheung, lui souffle le nom de Min Ja-yeong : la jeune fille est noble, de bonne constitution et surtout, orpheline de père. Le 20 mars 1866, Min Ja-yeong épouse le roi Gojong et devient reine de Joseon.
Le deasumori, perruque de mariage des reines
Le jour du mariage, la mariée est si frêle que des dames d’honneurs doivent soutenir sur sa tête la lourde perruque cérémonielle. Elle prend le nom de règne de Moonseong. (Merci à Raphaelle)
Auberi
28 janvier 2022 @ 07:38
Merci Raphaëlle 😊. Le deasumori est une coiffe somptueuse ! Je ne connais pas le nom de celle de l’époux avec ce rideau de perles devant le visage.
Vivement la 3ème partie 🥳
JAusten
28 janvier 2022 @ 08:31
Cette jeune fille qui épouse à 15 ans le roi Gojong et devient reine de Joseon est donc vertueuse, jolie et prometteuse …. ça promet.
Aldona
28 janvier 2022 @ 08:57
Merci Raphaelle, pour cette deuxième partie, c’est passionnant et déroutant en même temps, avez vous une idée du poids du deasumori ?
Raphaëlle
30 janvier 2022 @ 12:03
Bonjour Aldona,
Je n’ai pas d’idée du poids précis de cette coiffe mais étant composé d’éléments en métaux précieux, le daesumori devait peser plusieurs kilos.
Aldona
31 janvier 2022 @ 09:54
Merci Raphaëlle pour avoir pris le temps de ma répondre, et merci encore pour ce merveilleux voyage si loin de nos contrées
DEB
28 janvier 2022 @ 08:58
Elle avait donc 15 ans à son mariage.
En voyant la photo, je comprends qu’elle chancelait sous cette perruque !
Erato deux
28 janvier 2022 @ 09:31
Tenue de mariage impressionnante et somptueuse.
Récit très intéressant, merci encore.
Caroline
28 janvier 2022 @ 13:27
Merci à Raphaëlle pour ses articles très intéressants d’ un nouveau genre à lire sur la Corée !
Voit- on la différence entre les Japonais et les Coréens ? Je crois que ces derniers ont les yeux plus bridés que leurs voisins chinois et japonais.
Singh
28 janvier 2022 @ 13:43
Pour revenir à l’alphabet, le hanja (caractères chinois pour écrire le coréen) n’était enseigné qu’aux garçons nobles, les filles nobles ne l’apprenaient pas.
Seul le hangeul qui était un alphabet coréen crée artificiellement pour faire baisser le taux d’analphabétisme parmi la population était éventuellement appris aux filles (nobles) car ce dernier était méprisé par la noblesse qui le considérait comme un alphabet pour les femmes……
Actarus
28 janvier 2022 @ 14:47
Dans un prochain épisode, on apprendra que le nom posthume de la reine Min fut Hyoja Wonseong Jeonghwa Hapcheon Honggong Seongdeok Myeongseong Taehwanghu, et qu’il fallait une sacrée mémoire pour s’en souvenir sans bafouiller. 😉
Trianon
28 janvier 2022 @ 16:22
Merci Raphaëlle, très intéressant !et agréable à lire .
Catherine
28 janvier 2022 @ 18:01
Histoire passionnante et magnifique dessin. Pourquoi la mariée était si frêle? Jeune âge, maladie, noces non voulues?
Charlotte 78
28 janvier 2022 @ 20:38
Très intéressant ces articles sur la Corée dont on est généralement pas très familiers.
Merci Raphaelle
La coiffe de mariage est étrange, connait-on son histoire ?