Née à Subiaco en Italie dans la province du Latium, le 18 avril 1480, Lucrèce Borgia était la fille naturelle de Roderic Llançol i de Borja(1431-1503), de noble famille espagnole, archevêque titulaire de Valence en Espagne, cardinal et vice-chancelier de la Sainte Eglise, depuis l’âge de 26 ans, nommé à ces postes prestigieux par son oncle le pape Calixte III et plus connu sous le nom d’Alexandre VI Borgia (ci-dessous)
Sa mère était Vanozza Cattanei (1442-1518), jeune fille de la bonne société de Mantoue. Mariée quatre fois, Vanozza (ci-dessous sur l’image) n’eût pas moins de deux papes pour amants, dont Jules II della Rovere, mais contrairement à ce qu’il est souvent dit, elle ne fut pas une courtisane, tout au plus une femme galante.
La présence de bâtards reconnus au sein du Vatican peut surprendre aujourd’hui. Elle était pourtant commune à l’époque. Et il n’était pas choquant, pour la société du temps, de voir un homme d’Eglise, fût-ce le pape, avoir une descendance.
Les femmes avaient à la cour pontificale un rôle majeur, comme était majeure la puissance du pape, qui se comportait plus en prince temporel qu’en pasteur.
Lucrèce, avec ses frères, Giovanni, César et Gioffre, reçut à Rome une éducation des plus soignées. Adolescente, elle fut enlevée à sa mère pour être élevée au palais de son père, qui passait alors pour son oncle, par sa cousine Adriana de Mila, épouse de Lodovico Orsini et belle-mère de la nouvelle maîtresse du cardinal Borgia, Julia Farnèse, “la Bella Giulia”.
Le destin de tout ce petit monde cardinalice bascula quand, après avoir manqué deux fois l’élection, Rodrigue Borgia fut, à force de dépenses somptuaires et achat de voix, élu pape le 11 août 1492. Le 12 octobre de la même année Christophe Colomb découvrait l’Amérique.
Le règne pontifical le plus scandaleux de l’histoire de la Chrétienté commençait alors. Lucrèce et ses frères apprirent qu’ils étaient les enfants du nouveau pape, autrement dit au moins les égaux des autres princes de l’Europe, voire leurs supérieurs.
Sa beauté, déjà fort célèbre – une longue et épaisse chevelure blond, des yeux verts-noisettes, un visage régulier – sa grâce, son éducation, sa puissante parenté, la fortune de l’Eglise semblaient faire de Lucrèce un des grands partis de l’époque. Mais qui parmi les princes voulait d’une bâtarde fille de pape ? Les princes ne se bousculaient pas vraiment et ce d’autant moins que les infamies de la vie vaticane traversaient les murs des palais.
Mais Lucrèce devait être l’instrument de la politique de son père. Comment ne pas utiliser un si bel appât ?
Le premier qui se fit prendre dans les filets pontificaux fut Giovanni Sforza, seigneur de Pesaro, comte de Catignola, membre certes mineur de l’illustre maison milanaise, mais Sforza tout de même. Leurs noces furent célébrées le 12 juin 1493 à Rome.
La jeune fille de treize ans, entourée des dames de la noblesse romaine, de ses frères et de la maîtresse de son père Julia Farnèse, fut mariée par ce dernier. Une fête somptueuse fut donnée au Vatican.
Giovanni Sforza n’est pas un époux empressé et pour Lucrèce la vie continua comme auparavant dans sa nouvelle demeure offerte par le pape, le Santa Maria in Portico, aux portes mêmes du Vatican. Musique, poésie, bavardages, festins somptueux constituaient le quotidien de la princesse pontificale.
Mais rapidement Giovanni Sforza ne fut plus utile aux manigances pontificales. La mort du roi de Naples, le 25 janvier 1494, offrait au pape une possibilité de rapprochement avec les Aragon. Reconnaissant Alphonse comme nouveau souverain et mariant son dernier fils, Gioffre, à Sancie la fille du roi napolitain, le 7 mai 1494, Alexandre VI rompit son alliance milanaise, car Ludovic Sforza ne reconnut pas les droits de l’Aragonais.
Giovanni, cousin de Ludovic, ne savait que faire et tenta de jouer sur les deux tableaux, entre sa famille et celle de sa femme. Il était de toutes façons désormais inutile à la politique pontificale. On programma alors sa mort mais Lucrèce, bien qu’elle n’aimât pas cet homme orgueilleux et violent, le prévint à temps. Il put ainsi prendre la fuite. Lucrèce trouva refuge pour quelques temps au château de Gradara.
Le pape imagina alors de lui faire avouer son impuissance afin de prouver que le mariage n’avait pas été consommé. C’était bien sûr faux, le mariage avait été tardivement consommé, mais consommé. Que faire ? Moyennant un aveu et la conservation de la dot de sa femme, Giovanni Sforza reconnut les faits et le mariage fut annulé le 18 novembre 1497.
Cet évènement eut des conséquences néfastes sur la réputation de Lucrèce car Giovanni déclara ouvertement : « Si on m’enlève ma femme, c’est que le pape souhaite avoir la liberté de jouir lui-même de sa fille ». Cette phrase fut le début de la légende d’inceste qui entoura Lucrèce, soupçonnée d’être la maîtresse de son père, puis de ses frères. Rien toutefois n’a jamais permis de vérifier la chose; les historiens s’accordent sur son manque de vérité. Cette légende eût toutefois la vie longue.
A 17 ans, Lucrèce était désormais libre. Avant même le prononcé de l’annulation, ayant fui la cour pontificale, Lucrèce, lassée d’être le jouet politique de sa famille, se réfugia dans un couvent. Son père envoya en vain une troupe la chercher. Devant son refus, il changea de stratégie et lui envoya son camérier, Perotto, un jeune espagnol de vingt-deux ans. Lucrèce tomba assez vite sous le charme de ce séduisant jeune homme et amoureuse, découvrit le plaisir sexuel dont l’avait privée son mari. Chose surprenante dans une cour aux mœurs si libres, Perotto fut son premier amant. Contrairement à la légende noire, les chroniqueurs de l’époque vantaient la vertu de la jeune femme.
Amoureuse de Perotto, Lucrèce sembla en avoir été enceinte. Il n’existe toutefois aucune autre preuve que l’apparition en 1501 à la cour pontificale (ci-dessus les appartements Borgia au Vatican), d’un bébé, Giovanni Borgia. Déclaré tout d’abord fils de César, puis fils du pape lui-même, par deux bulles successives et contradictoires, Giovanni Borgia finit sa vie avec celle qui était sa tante, sa sœur ou sa mère. Mais Lucrèce amoureuse ne faisait pas l’affaire du pape et de son fils, César, qui avaient de nouveaux projets matrimoniaux pour elle. Un jour de février 1498, César poignarda Perotto, sous les yeux d’Alexandre, qui tenta, malgré tout, de protéger l’amant de sa fille.
Ci-dessus, Cesar Borgia, duc de Valentinois, frère de Lucrèce. Les nécessités de la vie politique de sa famille avaient donc rattrapé la jeune femme. Lucrèce. Elle devait cette fois être le lien qu’Alexandre VI jugeait nécessaire entre les Etats pontificaux et le royaume de Naples. Le prince Alphonse (1481-1500), bâtard du roi Alphonse II fut choisi comme deuxième époux. C’était un un lien de plus entre les familles Borgia et d’Aragon, Sancie, la soeur d’Alphonse, ayant épousé Gioffre, Borgia, frère de Lucrèce.
L’avis de cette dernière n’avait pas été sollicité et elle attendait avec appréhension la venue de son fiancé. Oubliant Perotto, Lucrèce tomba amoureuse d’Alphonse, et lui d’elle. Le mariage fut célébré le 21 juillet 1498. La demeure des amoureux comblés, tous deux cultivés et mondains, fut désormais le lieu obligé de rencontre de l’aristocratie de naissance, des arts et des lettres de la Rome des Borgia, qui ne manquait pas de talents que le pape savait utiliser pour la plus grande gloire de sa cour.
La Rome des Borgia fut aussi celle de Pinturecchio qui peignit les fresques des appartements pontificaux, elle vit aussi Michel-Ange sculpter sa “Pieta” et Bramante programmer la grande colonnade du Vatican.
Mais César Borgia, le terrible frère, veillait hélas. Souhaitant épouser Charlotte d’Aragon, soeur d’Alphonse, afin de s’assurer du trône de Naples, César fut refusé. Envoyé à la cour du roi de France, Louis XII, César se vit offrir par ce dernier qui voulait s’attirer les bonnes grâces du pape, la princesse Charlotte d’Albret et le duché de Valentinois. Louis XII envisageait en effet de conquérir Naples et le Milanais. Le mariage de César et son séjour en France offrirent à Lucrèce un moment de répit. Mais en 1499, le duc de Valentinois, abandonnant femme et enfant, rentra à Rome.
Alphonse d’Aragon, désormais en danger, tout gendre du pape qu’il ait été, dut fuir Rome le 2 août. Il demanda à Lucrèce de le rejoindre mais cette dernière, quasi prisonnière de sa famille, ne put le faire immédiatement. Nommée gouverneur de Spolète, qu’elle administra très bien, elle put y accueillir son mari le 9 septembre. Mais le pape s’est officiellement déclaré en faveur de la France, donc contre Naples, César et Louis XII entrèrent dans Milan, fin septembre. Sans les prévenir de ces évènements, Alexandre VI demanda à sa fille et à son gendre de regagner Rome, ce qu’ils firent.
Lucrèce y accoucha d’un fils, Rodrigue, à la plus grande joie du grand-père. Tout sembla se calmer pour le jeune couple jusqu’à ce que César décidât d’intervenir à nouveau dans la vie de sa sœur. Il lui fallait se débarrasser d’Alphonse pour mener à bien, en compagnie du roi de France, ses projets napolitains. Alexandre VI, admiratif des exploits militaires de son fils mais tout en le craignant, le nomma gonfalonier de l’Eglise, soit général en chef des armées pontificales. César décida alors de s’ouvrir la voie du trône de Naples et d’utiliser à nouveau Lucrèce comme appât matrimonial. Le 15 juillet 1500, il organisa une première tentative de meurtre contre son beau-frère. Ce fut un un échec car Alphonse poignardé ne mourut pas. Lucrèce ne quittait plus la chambre de son mari après avoir demandé à son père de la protéger. Trois jours plus tard, César fit étrangler Alphonse par son homme de main, Micheletto Corella .
Lucrèce, désemparée, garda la chambre sans manger et son père tenta de la sortir de son désespoir tout en pensant de nouveau à ses intérêts politiques.
Car Lucrèce ne pouvait pas rester une veuve inconsolable. Elle valait trop cher à la bourse des affaires matrimoniales. Son père arrangea donc un troisième mariage. Cette fois, on visa encore plus haut : Alphonse d’Este, futur duc de Ferrare. La Maison d’Este était la première maison d’Italie et probablement la plus ancienne. La maison d’Este est, entre autres, l’ancêtre des ducs de Brunswick et donc des actuelles Maisons de Hanovre et de Windsor. Alphonse descendait des premiers marquis de Toscane au IXe siècle et, comme beaucoup de princes, de Charlemagne. Son père était le souverain de Ferrare, un des états les plus cultivés et les plus riches du nord de l’Italie. Et il n’était pas bâtard, sa mère en effet était Eléonore d’Aragon, princesse royale de Naples.
Pourquoi Alphonse d’Este, au-delà de l’immense richesse et des puissantes relations de sa famille ? Son père était l’allié du roi de France et était un ennemi de sa voisine, Venise, également hostile au pape. Cette union devait donc servir les intérêts du pape et de son fils César dans leur projet de porter la maison de Borgia sur un trône royal et les armées du duc de Ferrare ne pouvaient que d’être d’un grand secours, doublant celles du roi de France.
Mais les Este étaient plutôt réticents au mariage car les rumeurs d’inceste avaient fait leur chemin et les Borgia n’étaient pour eux que des parvenus scandaleux.
L’intercession du roi de France en faveur de Lucrèce fit son effet et le contrat de mariage fut signé le 26 août 1501 par les ambassadeurs des deux familles sous la condition que la moitié de la dot de deux cent mille ducats exigée par Hercule d’Este, le père d’Alphonse, soit versée avant l’alliance officielle.
Alexandre VI se rendit célèbre par la fameuse orgie du 31 octobre 1501. Les convives durent faire preuve de leur virilité, sous l’arbitrage des enfants du pape. Le scandale fut immense dans toute la Chrétienté.
Lucrèce, ayant fini par admettre la nécessité de son mariage, œuvra aussi pour sa réussite. Elle obtint du pape qu’il diminuât la redevance annuelle due par Ferrare au Vatican ( de 4000 à 100 ducats) et qu’il leur attribuât en outre quelques évêchés.
Le 6 janvier 1502, Lucrèce, enfin libre de son père et de son frère, quitta Rome, abandonnant à contrecœur son fils Rodrigue d’Aragon. Elle était désormais mariée avec l’héritier de la famille la plus puissante d’Italie. Toutefois, elle garda toujours son affection à son père qu’elle ne revit jamais.
A Ferrare, où elle fut bien reçue par sa nouvelle famille, Lucrèce trouva une cour brillante, sans doute la plus brillante d’Italie. En effet les Este patronnaient les arts, et en particulier la musique. L’Arioste et Josquin des Près sont des noms que l’on peut accoler à celui des Este. Le 12 février 1502, le mariage était célébré par une grande fête. Lucrèce avait 22 ans.
Sa nouvelle belle-soeur, Isabelle d’Este (1474-1539), marquise de Mantoue, fut une des figures proéminentes de la Renaissance, reconnue par tous pour son goût des arts et du vêtement. Après une période d’hostilité, probablement due une jalousie réciproque, les deux femmes furent des grandes amies le reste de leurs vies.
Logée au Palazzo Vecchio, qu’elle détestait, elle sut toutefois en faire un lieu agréable à habiter et y tenir une cour brillante, où sa culture, son intelligence et ses talents furent appréciés de son beau-père.
Elle accoucha, le 5 septembre 1502, d’un enfant mort-né avant terme. Mourante, elle fut soignée pas son mari qui l’aimait. Rétablie, elle reprit sa vie de cour, entourée d’artistes et d’écrivains. Elle eut, dit-on, une aventure avec Pietro Bembo, l’un de ses admirateurs. Son mari les découvrit et se contenta de les séparer.
Le 18 août 1503, Alexandre VI mourut. Lucrèce risquait alors de devenir inutile aux Este et son frère lui être à nouveau nuisible.
Conservant l’affection de sa belle-famille, bien qu’elle n’eût pas encore donné d’héritier, elle n’en soutint pas moins son frère contre le nouveau pape, Jules II della Rovere, ennemi juré des Borgia. Mais César, désormais sans l’appui du roi de France, défait par le roi de Naples, emprisonné, fut envoyé en prison en Espagne, à Valence dont il a été le cardinal titulaire.
Ferdinand et Isabelle, les rois catholiques avaient fait savoir à Naples “qu’ils tenaient cet homme en horreur pour la gravité de ses crimes et qu’ils désiraient qu’il leur soit envoyé soit bonne escorte…” Le 20 avril 1507, César Borgia mourut après s’être évadé. Malgré un chagrin, difficilement compréhensible car il avait tué deux des hommes qu’elle avait aimé et joué avec sa vie , Lucrèce fut enfin soulagée. Elle put dès lors se consacrer exclusivement à Ferrare dont elle était la duchesse depuis le 21 janvier 1505.
Le nouveau souverain de Ferrare avait confiance en son épouse et lui donna la présidence de la Commission pour l’examen des suppliques. Il sut également en faire un instrument de charme de sa politique étrangère. Allié de la France, de l’Espagne, de l’Empereur Maximilien et du pape Jules II, Alphonse bat les armées de la Sérénissime République de Venise en 1509. Mais le pape changea de camp et demanda à Alphonse d’en faire autant. Devant son refus le duc de Ferrare fut excommunié et vit le cens de sa ville passer de 100 à 35000 ducats. Après une victoire aux côtés du chevalier Bayard, Alphonse est fait prisonnier le jour de Pâques 1512, mais réussit à s’enfuir.
Mère d’un héritier, Hercule, depuis le 4 avril 1508, Lucrèce, en vraie duchesse, fit face. Elle acheta des vivres, mit sa fortune en gage pour renflouer les caisses de l’Etat. Et à l’automne 1512, Alphonse Ier revint à Ferrare.
Le 21 février 1513, après la reprise des hostilités, Jules II mourut. Le nouveau pape, Léon X, en signe de conciliation, invita Alphonse à son couronnement. Le nouveau roi de France, François Ier, déclara au pape prendre le duché de Ferrare sous sa protection.
L’année 1515 fut pour Lucrèce l’année de tous les bonheurs. L’Arioste la plaça au firmament des femmes célèbres. Le Titien s’attaqua au décor du palais ducal. Son couple a été consolidée par les épreuves.
Après avoir eu le bonheur de donner naissance à un troisième garçon, François, Lucrèce vécut à nouveau des années de malheur. En 1517, elle perdit son dernier frère vivant, Gioffre, puis en 1518, sa mère Vanozza Cattanei. Plus rien ne la rattachait désormais à son passé romain. Prenant conscience de la fragilité des choses, et au vu de la détérioration de son état de santé, Lucrèce mit ses affaires matérielles en ordre et s’occupa de l’avenir de ses enfants. Comblée par son mari, qui ne savait comment la remercier de tout ce qu’elle avait fait pour le duché, en temps de guerre comme en temps de paix, Lucrèce fut de nouveau enceinte mais l’enfant, une petite fille, mourut à la naissance. La duchesse de Ferrare (ci-dessus le palais de Ferrare)ne survécut pas à cette naissance difficile et mourut le 24 juin 1519.
Le 14 juin 1519, Lucrèce Borgia met au monde une petite fille frêle qui meurt aussitôt. Puis, comme quelques années auparavant, elle est victime d’une fièvre puerpérale. Cette fois-ci, elle ne s’en remettra pas : elle meurt le 24 juin. Elle fut pleurée par son mari, sa famille et le peuple de Ferrare.
Née bâtarde, elle mourut en vraie princesse et reconnue comme telle par tous ceux qui l’on approchée. La légende noire fut toutefois tenace. Messaline pontificale, inceste et meurtrière, telle fut l’image que l’on garda d’elle longtemps. Et pourtant, elle fut surtout la victime de la politique de son père et de son frère. Reconnue pour diplomate, amante des arts, femme intelligente et cultivée, aimée des siens et les aimant en retour, elle sut élever sa cour au niveau le plus haut de la culture européenne.
Alors pourquoi Lucrèce Borgia dans Noblesse et Royautés aujourd’hui ? Le duc et la duchesse de Ferrare, Alphonse d’Este et Lucrèce Borgia, eurent six enfants parmi lesquels deux fils, Hercule II d’Este, duc de Ferrare (1508-1559) époux de Renée de Valois-Orléans (1510-1575), princesse de France, fille de Louis XII et la duchesse Anne de Bretagne, et François ( 1516-1578).
Par ses deux fils, Lucrèce Borgia, est l’ancêtre de la plupart des maisons souveraines et princières actuelles.
François dont on ne connait pas le nom de la mère de sa fille, Marfisa d’Este, épouse d’Alderano Cibo, marquis de Carrara, est l’ancêtre direct des Bourbons de Parme actuels. Le duc Robert Ier de Parme fut son descendant à la douzième génération.
Hercule II est l’ancêtre des Bourbons actuels, par Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712), sa descendante à la septième génération, épouse de Louis de Bourbon, duc de Bourgogne. Il est aussi l’ancêtre des Orléans, par François I de Lorraine, son descendant à la neuvième génération, époux de Marie-Thérèse d’Autriche, mais aussi par bien d’autres lignes, qu’il serait fastidieux d’énumérer.
Plus largement donc, Lucrèce Borgia est l’ancêtre des familles royales d’Espagne, de Belgique, de Luxembourg, des princes des Maisons d’Orléans, de Portugal, d’Autriche, de Bavière, du Brésil, de Saxe et des Bourbons de Parme et des Deux-Siciles. Elle mérite à ce titre de figurer, à l’instar d’Aliénor d’Aquitaine, et de bien d’autres princesses, au Panthéon de Noblesse et Royautés. (Un grand merci à Cosmo pour cet article)
Mahaut
7 novembre 2013 @ 07:21
Merci Régine et Cosmo, c’est bien documenté, et nécessaire face aux deux mauvaises et stupides séries qui passaient l’année dernière à la télé. Je les ai regardé et il n’y en a pas une pour rattraper l’autre: décalages historiques et j’en passe!
jul
7 novembre 2013 @ 09:06
Merci Cosmo
Je lirai votre article avec plaisir ce soir !
Seriez-vous également amateur de la série consacrée à cette famille ? :D
Quand je vois les portraits des personnages (particulièrement de Vanozza) je me dis que les acteurs ont été très bien choisis, maquillés et coiffés, car la ressemblance est frappante.
Cosmo
7 novembre 2013 @ 14:12
Jul,
J’ai vu la série et j’ai bien souvent sursauté devant les incongruités qu’elle contient. Le personnage de Lucrèce me semble un peu falot et l’on n’insiste pas assez sur sa culture. L’Histoire est malmenée.
Mais je n’ai pas boudé mon plaisir devant la reconstitution des décors, les costumes et l’ambiance.
Attendons la suite !
Cosmo
Pierre-Yves
7 novembre 2013 @ 09:41
Ainsi donc, la réputation sulfureuse de la famille Borgia n’est pas usurpée, mais celle de Lucrèce méritait d’être réhabilitée. La démonstration en est faite avec brio par ce long et passionnat article dont je remercie Régine et Cosmo.
Il reste que lorsqu’on déplore aujourd’hui l’effondrement des valeurs morales, on ne peut se retenir de sourire en réalisant que ce qui arriva dans les siècles passés était au moins aussi licencieux.
C’est le XIXème siècle qui a érigé en mode de vie les bonnes moeurs et l’ordre bourgeois dont nous pleurons souvent le délitement.
Cosmo
7 novembre 2013 @ 14:16
En effet, Pierre-Yves !
Qu’appelle-t-on les valeurs morales ? Bonnes moeurs et ordre bourgeois ? Comme vous le dites si bien, au tamis du XIXème siècle.
Les siècles précédents ont été plus libres, plus licencieux mais pas moins moraux, traversés par de vrais débats religieux, philosophiques et sociaux. Agités aussi de convulsions terribles !
Cela dit, les Borgia ne sauraient être érigés en exemple.
Cordialement
Cosmo
Lionel
7 novembre 2013 @ 09:48
Joli portrait. Une petite correction cependant : jamais aucune fille de Louis XII n’a eu pour patronyme « Valois-Orléans ». Fille de roi de France, la duchesse de Ferrare s’appelait Renée de France.
Palatine
7 novembre 2013 @ 10:04
C’était bien de mettre les choses au point, avec toutes les calomnies qui courent sur Lucrece Borgia. Quant à la série, si elle passe à la television, je ne la regarderai pas.
Excellent article, et instructif.
Dagobert1er
7 novembre 2013 @ 10:17
Qu’est-ce que c’est que ce sein flouté?????
dradomir
7 novembre 2013 @ 13:54
Ouf ! Nous sommes 2 !
Remarquez… vous mettez bien votre culotte à l’envers ! Alors…..
MDR (mais je suis bête, mais bête…) MDR
Lady Chatturlante
7 novembre 2013 @ 23:41
MDR ! Mais Nous sommes 3 !
J’attends un article sur le David de Michel-Ange, pour voir si c’est aussi flou.
Francine du Canada
8 novembre 2013 @ 05:51
Hahahahaha! Et bien, nous sommes 4…
Claudia
7 novembre 2013 @ 19:11
je n’avais même pas remarqué le sein flouté ! voilà bien les hommes…. !!!
missannie
7 novembre 2013 @ 21:16
Mais oui, qu’est-ce que sein flouté ????
Cachez ce sein que je ne saurais voir ????????
Auto-censure ?
Kalistéa
8 novembre 2013 @ 19:19
« cachez ce sein que je ne saurais voir « !…Hypocrisie et compagnie .
agnes
7 novembre 2013 @ 10:18
Passionnant. Merci Cosmo.
Ecrivez un livre, vous méritez un prix pour votre brillante qualité d’écriture.
Cosmo
7 novembre 2013 @ 14:17
Chère Agnès,
Merci pour votre compliment !
Cordialement
Cosmo
Marquise
7 novembre 2013 @ 15:00
… et pour votre érudition!
Francine du Canada
8 novembre 2013 @ 05:57
Je pense comme Agnès et vous (chère Marquise), Cosmo pourrait facilement être récompensé; ce portrait de Lucrèce Borgia est « super intéressant ». Son article est bien documenté et bien illustré… j’adoooore! Amitiés, FdC
Cosmo
9 novembre 2013 @ 18:38
Merci, Chère Francine !
dradomir
7 novembre 2013 @ 10:45
« c’est bien documenté »… certes !
Mais pourquoi « flooter » le téton de cette chère Lucrèce ?
Ne tombons pas dans la pruderie…
Caroline
7 novembre 2013 @ 13:43
Dradomir,j’ai bien vu ‘tout’ chez Tonton Google assez moderne pour son age!loool!
Cosmo
7 novembre 2013 @ 14:09
Dradomir,
Ce n’est pas moi…J’aurais du choisir une reproduction sans flou.
Bien à Vous
Cosmo
dradomir
7 novembre 2013 @ 18:57
:)
J’étais taquin Cosmo….. comme d’hab.
Cosmo
7 novembre 2013 @ 20:53
Je l’avais bien compris, dradomir,…mais cela m’ennuie de passer, par mon inadvertance, pour un émule de Tartuffe…
Amicalement
Cosmo
Blouin
7 novembre 2013 @ 11:40
Dans vos deux derniers paragraphes vous ne reprenez pas les maisons de Hanovre et Windsor; ce serait intéressant de savoir par qui elles descendent de Lucrèce. Cela dit, votre documentaire est détailllé et cependant très clair. Merci.
Lionel
7 novembre 2013 @ 17:53
Mais les Maisons de Hanovre et de Windsor ne descendent pas de Lucrèce Borgia. C’est l’apanage des Maisons catholiques. Seule la princesse Michael de Kent (et, par elle, ses enfants et sa petite-fille) descendent de Lucrèce dans la famille royale britannique.
Les jumeaux du prince Georg-Friedrich de Prusse descendent aussi de Lucrèce par leur mère.
Margot
7 novembre 2013 @ 23:39
The present house of Windsor and the present house of Hannover are protestant, but … before the reformation in the 16th century (Luther, Calvin) all ruling houses of western Europe were Catholic. Windsor is a branch of Hannover which in turn is a continuation of the ancient house of Welf (which was Catholic).
I’m not an expert of genealogy, but have been interested in history since I went to school. And I’m very sorry if I have not written the names correctly.
I hope someone who knows these matters better will be kind enough to explain more.
Francine du Canada
8 novembre 2013 @ 06:01
Margot, vous devriez faire l’effort d’écrire en français. Merci! FdC
Lionel
8 novembre 2013 @ 10:19
The House of Windsor is not a branch of Hanover, but a branch of Saxe-Coburg and Gotha. The queen and her cousins belong to the House of Wettin. Her children are members of the House of Oldenburg.
Indeed, you are no expert on genalogy.
Gustave de Montréal
8 novembre 2013 @ 14:30
Exactly.
Blouin
7 novembre 2013 @ 11:47
…avec de superbes illustrations !
1315jeann
7 novembre 2013 @ 11:59
Enfin un article passionnant, fort bien documenté de grande valeur. Bravo !
Caroline
7 novembre 2013 @ 12:25
Cosmo,un grand merci pour cet article bien détaillé!C’est un portrait fort complexe à décrire!
Je ne suis pas du tout choquée que les papes avaient des enfants puisque c’est leur nature humaine comme c’est l’usage de se marier chez les pasteurs,les pretres orthodoxes,les imams et les rabbins!
Danielle
7 novembre 2013 @ 12:27
Qui n’a pas entendu parler du destin de cette femme ?
Merci à Cosmo et Régine pour cet article historique.
Palatine
7 novembre 2013 @ 14:24
On a beaucoup parlé de Lucrèce Borgia, mais toujours pour en dire des choses fausses. De quoi ne l’a-t-on pas accusée ?
flabemont8
7 novembre 2013 @ 17:40
Merci, Régine et Cosmo, pour cet article si vivant, qui restitue toute la vérité des personnages . Très belles illustrations . J’ai passé un bien agréable moment !
Kalistéa
8 novembre 2013 @ 19:29
Je suis comme vous Flabemont: J’ai passé un a gréable moment.
Je n’étais pas sans savoir que Lucrèce Borgia était une grande dame de la Renaissance italienne, énormément méconnue et calomniée, mais néanmoins j’ai appris beaucoup de choses en lisant cette biographie.
Après son veuvage Renée de France d’Este est rentrée finir sa vie en France, je crois à Gien si mes souvenirs sont bons.
Mayg
7 novembre 2013 @ 13:56
Merci à Cosmo pour ce bel article.
Cosmo
7 novembre 2013 @ 20:56
Chère Mayg,
Merci pour votre compliment qui me va droit au coeur après nos empoignades par ailleurs !
Bonne soirée
Cosmo
bernou1960
7 novembre 2013 @ 14:33
Passionnant !!!
Gustave de Montréal
7 novembre 2013 @ 14:44
Qui a osé masquer ce sein que nous aurions voulu voir ?
dradomir
7 novembre 2013 @ 21:06
Pas Tartuffe ce GdM !
MDR MDR
(de mémoire d’adolescent Acte 2, scène2)
Francine du Canada
8 novembre 2013 @ 06:18
Ah Molière : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir… Par de pareils objets, les âmes sont blessées… Et cela fait venir de coupables pensées… »
Pour nous qui aimons le théâtre et l’opéra… quelles images et quelle beauté, n’est-ce pas? Mes amitiés, FdC
Alexandra
7 novembre 2013 @ 16:55
Le sein est pixélisé !
Merci à Cosmo pour l’article, c’est intéressant.
Claudia
7 novembre 2013 @ 17:18
Un article bien documenté : mais quelle vie et quelle famille !
Mélusine.
7 novembre 2013 @ 19:07
Au vu des tableaux les représentant, Lucrèce avait heureusement la beauté de sa mère Vanozza, mais elle était aussi une femme intelligente et forte. Il le fallait, pour résister au sein d’une telle famille, surtout avec un homme aussi dangereux que son frère César !
N’étant qu’un pion sur l’échiquier politique de son père le pape et de son frère, elle réussit cependant à surmonter toutes les embûches et gagner (à la force du poignet) une vie digne d’elle, à être aimée, respectée et regrettée après sa mort.
Dommage que la postérité n’ait retenu de Lucrèce qu’une image sulfureuse et fausse. Merci Cosmo d’avoir contribué à faire sortir la vérité du puits et mis en lumière l’importance de la descendance de cette princesse pontificale.
Philippe gain d'enquin
7 novembre 2013 @ 19:57
Cher Cosmo;
J’allais envoyer ce qui suit, sans avoir lu l’ensemble des messages…
« Pourquoi diable avoir flouté l’un des tendres appats de Dame Lucrèrece ? Une bien pensance qui si elle vous est imputable(ce qui me suprendrait???) est à la fois facheuse, dommageable et ridicule ».
Vous avez dissipé le malentendu et je vous en remercie. Bien amicalement vôtre, PGE
Zeugma
7 novembre 2013 @ 20:24
Merci pour cet article intéressant, même si on s’emmêle un peu dans les généalogies.
A propos de cette phrase : » La Rome des Borgia (…) vit aussi (…) Bramante programmer la grande colonnade du Vatican. »
Je ne sais pas à quoi correspond ce que vous appelez la « grande colonnade du Vatican ».
Ce ne sont pas des colonnes qui soutiennent la structure de la basilique mais de solides piliers, qu’il a fallu d’ailleurs renforcer pour poser le dôme.
Au départ, le projet de Bramante prévoyait une église ronde (un peu comme la Salute à Venise) qui devait accueillir la tombe de Jules II en son centre, là où est situé aujourd’hui le somptueux baldaquin du Bernin.
On ajouta ultérieurement une nef qu’on décida de rallonger pour accueillir un très grand nombre de fidèles.
Si vous pensez à la façade, elle date du début du XVIIe siècle. Elle est l’oeuvre de Maderno et fut très critiquée à l’époque notamment parce qu’il n’y avait pas de clocher et parce qu’elle avait un aspect massif qui masquait un peu le dôme, oeuvre sublime de Michel Ange.
Cosmo
8 novembre 2013 @ 01:15
En effet, Zeugma, dans mon enthousiasme j’ai anticipé la participation de Bramante à l’élaboration du Vatican. Il ne commenca que sous Jules II et le baldaquin comme la colonnade sont du Bernin.
Pardonnez-moi cette erreur.
Cordialement
Cosmo
Zeugma
8 novembre 2013 @ 10:27
Cosmos,
J’ai compris.
J’avais oublié la colonnade (concave ou convexe, on ne sait jamais la différence) qui est sur la place de la basilique.!
Oeuvre sublime du Bernin.
(C’était à une époque où les architectes utilisaient la colonne comme élément décoratif et non comme support de la structure.)
Esquiline
7 novembre 2013 @ 21:08
Merci pour cette biographie de celle qui fut, avec ses deux belle-soeurs, Béatrice et Isabelle d’Este, une grande dame de la Renaissance.
Je vous apprécie beaucoup dans votre rôle d’historien cosmo-polite!
Bonne soirée
Marie de Bourgogne
7 novembre 2013 @ 21:49
Merci à Cosmo et à Régine pour cet article. Je me suis régalée.
erwan
7 novembre 2013 @ 23:39
La République cherche une femme pour le Panthéon. Le choix de Cosmo est savoureux.
Voilà un article digne d’un écrivain dont la lecture m’a fait passer une bonne soirée. Très instructif quand les deux séries diffusées se contentent du physique des interprètes pour asseoir une certaine représentation de la licence.Il faut un permis aujourd’hui pour celà. Quelle époque!
Merci.
agnes
8 novembre 2013 @ 08:21
Et bien je dis bravo à ceux qui ont noté que le sein était pixélisé.
Cosmo n’est pas un Tartuffe, ce sont les autres qui un regard qui va droit au but.
Je fais partie de ceux qui n’avaient rien vu, m’étant concentré sur le visage et la chevelure.
Philippe
8 novembre 2013 @ 11:15
Merci Cosmo, c’était un vrai plaisir de vous lire !
corentine
8 novembre 2013 @ 15:05
merci Cosmo
c’est intéressant, quel travail !
cette dame n’a pas eu une vie facile
Corsica
8 novembre 2013 @ 23:11
Cosmo,
Je viens de prendre connaissance de votre long et intéressant article sur Lucrèce Borgia, une femme belle, intelligente, cultivée, courageuse et pleine de résilience ( il faut reconnaître qu’avec son adorable frère César il lui en fallait beaucoup !) . Ayant un faible pour la Renaissance, je vous remercie pour cet agréable moment passé à vous lire et à regarder les portraits ( floutés ou non ). Je vous souhaite une très bonne soirée .
Cordialement
Corsica
Gérard
10 novembre 2013 @ 15:59
Cher Cosmo,
Magnifique article si bien illustré. Bravo et merci !!
agnes
10 novembre 2013 @ 19:07
Ce qui me chiffonne chez Lucrèce, c’est qu’elle a le pardon facile.
On lui tue ses 2 maris et elle passe vite l’éponge.
Quand je pense que des familles se fâchent sur plusieurs générations pour des broutilles !
palisson
28 mai 2014 @ 15:37
bonjour à vous tous,
je suis à la recherche d’une image de Charlotte d’albret » pour mettre sur mon site (http://catherine.beneville.free.fr).
Auriez vous quelque chose à me proposer.
Merci