Le saviez-vous ? Une archiduchesse d’Autriche-Toscane, descendante du roi Charles X et épouse du futur roi Friedrich August III de Saxe est décédée à Ixelles (Bruxelles) en mars 1947 en ayant terminé sa vie très modestement en vendant des fleurs pour survivre. Comment cette princesse qui avait connu les ors de Salzbourg, puis de la stricte Cour de Dresde a-t-elle fini de la sorte ?
L’archiduchesse Luise d’Autriche-Toscane, fille du grand-duc Ferdinand IV de Toscane née à Salzbourg en 1870, fut courtisée par le futur roi Ferdinand de Bulgarie mais jeta son dévolu sur Friedrich August qui fut le dernier roi de Saxe (abdiquant au lendemain de la Première Guerre Mondiale) avec qui elle aurait dû régner.
Le mariage est célébré le 21 novembre 1891 à Vienne. La future reine de Saxe donnera sept enfants à son époux : Georg (1893-1943), Friedrich Christian (1893-1968), Ernst Henrich (1896-1971) époux en premières noces de la princesse Sophie de Luxembourg, Maria (1898-1898), Margrethe (1900-1962), Maria (1901-1964) et Anna (1903-1976).
La future reine Luise est très populaire auprès de la population locale depuis son mariage. Elle n’a cure de l’étiquette de la Cour et n’en fait en gros qu’à sa tête. Son beau-père la fait étroitement surveiller et découvre qu’elle est proche d’un des précepteurs de ses enfants André Giron. On la soupçonne aussi d’avoir eu une aventure avec un dentiste de la Cour !
On la fait interner en 1902 dans un asile d’où elle parvient à s’échapper enceinte de son 7ème enfant. Le divorce est prononcé en 1903. Le bébé sera reconnu par le prince héritier de Saxe. Luise refait sa vie à Genève avec André Giron mais l’idylle ne résiste pas aux pressions.
Elle retrouve l’amour avec un comte italien puis brièvement avec le musicien Enrico Toselli avec qui elle a un fils.
Lyon, l’île de Wight, Florence, Londres, autant de villes où elle s’établit successivement, bannie du royaume de Saxe et ne pouvant voir ses enfants restés à la Cour de Dresde.
En 1911, autre scandale avec la publication de ses mémoires où elle raconte sa vie pourchassée par la famille royale de Saxe, se comparant à une incomprise reine Marie Antoinette.
Elle s’installe à Bruxelles où elle passe la Seconde Mondiale dans de grandes difficultés financières comme nombre de membres du Gotha appartenant à des familles ayant perdu leur trône suite aux conflits. Elle est inhumée à Sigmaringen en Allemagne dans une crypte où reposent plusieurs de ses enfants.
Le château de Pillnitz, ancienne résidence royale de Saxe sur les bords de l’Elbe près de Dresde, consacre jusqu’en novembre une exposition à cette princesse rebelle que l’Histoire a malheureusement oubliée.
Marc Le Régent
7 septembre 2017 @ 05:32
Merci pour ce très interessant portrait d’une Femme dont j’ignorais tout. Une Princesse rebelle déjà….a une époque révolue. Sa vie me semble quand même particulièrement compliquée et perdue dans ses nombreuses histoires d’amour;
Amour qu’elle semblait ne pas pouvoir donner a ses nombreux enfants…..
Bayard
7 septembre 2017 @ 06:43
L’asile sans lettre et visite était commode quand on voulait se débarrasser des femmes trop libres. Pour une qui s’est échappée, combien de recluses à perpétuité ?
Olivier d'Abington
7 septembre 2017 @ 10:17
Cher Bayard,
En effet! Et tous les pays ont eu (ont encore pour certains) recours à ces enfermements de convenance.
Mais beaucoup d’hommes en ont aussi fait les frais (notamment ceux considérés comme homosexuels, ou déviants selon les critères locaux).
ml
7 septembre 2017 @ 12:40
C’est si exact Bayard…Chez les Kennedy,aussi,on a fait trépané une des filles qui ne suivait pas , selon eux, les préceptes familiaux !
ml
Bambou
8 septembre 2017 @ 15:26
Pour Rosemary Kennedy, l’histoire est un peu différente. Étant déficiente mentale légère de naissance, ses parents prirent l’initiative de la faire lobotomiser, afin qu’elle ne soit pas une « entrave » pour sa famille… Elle a ensuite été placée dans une institution religieuse où elle a finit ses jours, en 2005. Sa soeur, Eunice s’est beaucoup occupée d’elle, ce que n’a jamais fait sa mère Rose.
monica
9 septembre 2017 @ 18:37
ml, vous avez raison et operation ratée, la pauvre est devenue encore plus attardée et hospitalisée à vie.
Corsica
7 septembre 2017 @ 16:20
Il suffit de penser à Camille Claudel qui vécut 30 ans en asile psychiatrique. À une certaine époque, il ne fallait pas trop sortir des clous et déranger la bienséance. Le retour de manivelle pouvait être cruel. Mais pour une femme infidèle rejetée, voire internée, combien de maris infidèles ont subi le même sort ? Aucun, leurs comportements étaient naturels. Je trouve dommage que l’on ait privé six enfants de la visite de leur mère, ils n’y étaient pour rien et pourtant ils ont été punis cruellement.
Juliette
9 septembre 2017 @ 13:05
Camille Claudel a effectivement été internée, mais son cas était un peu différent. Elle souffrait réellement de crises aigues de paranoia.
Damien B.
7 septembre 2017 @ 06:45
Frédéric-Auguste, dernier roi de Saxe, a bien mal choisi son épouse en dépit de certaines mises en garde (la branche de Toscane jouissait d’une mauvaise réputation dans le Gotha).
Ce Roi était connu pour son franc-parler et son manque de manières. Les errements de son ex femme l’ont couvert de ridicule dans les cours européennes. Le roi Albert Ier l’appelait « le cocu » …
Ghislaine-Perrynn
7 septembre 2017 @ 08:34
Merci pour cette tranche d’histoire méconnue .
Femme libre dans un temps où peu l’était ?
Pierre-Yves
7 septembre 2017 @ 11:19
C’est le genre de princesse que l’on peut voir, si on veut la jouer positif et indulgent, comme une femme libre, originale et indomptable, ou si on veut la jouer sévère, comme une femme peu équilibrée, incapable de maîtriser ses pulsions et de tenir son rang.
Ce portrait, intéressant au demeurant, permet difficilement de trancher entre les deux options. En tout cas, moi, je ne m’en sens pas capable.
Leonor
8 septembre 2017 @ 09:42
Pareil.
Robespierre
11 septembre 2017 @ 16:07
Pareil pour moi. Je connaissais cette histoire mais n’ai pas assez d’élément pour émettre un jugement.
COLETTE C.
7 septembre 2017 @ 11:22
Elle a été internée tout comme la princesse Louise de Belgique qui faisait des infidélités à son mari, le prince de Saxe Cobourg Gotha, drôle de façon de les punir !
Kalistéa
7 septembre 2017 @ 11:58
Elle fait penser à Louise de Belgique fille de Léopold II et sœur de Stéphanie épouse malheureuse de Rodolphe d’Autriche et dont le mari Philippe de Saxe-Cobourg était dans le pavillon de Mayerling avec son beau-frère le prince héritier .
MMDehove
7 septembre 2017 @ 12:01
Une femme qui a eu un parcours extrêmement scandaleux et a abandonné sa famille et surtout ses enfants ! Ne pensant qu’à son propre plaisir, elle a fait souffrir beaucoup de ses proches. Mais personne n’a vraiment jamais levé le petit doigt pour adoucir ses derniers jours et lui éviter la triste déchéance ? Elle était quand même apparentée à d’illustres familles régnantes, et même de façon discrète, le pardon et la compassion, ça existe…
beji
7 septembre 2017 @ 12:14
Merci pour cet article,je ne connaissais pas l’existence de cette princesse qui a eu une
vie sentimentale riche en rebondissements pourtant elle avait choisi son époux.A cette époque,on internait les princesses dans sa situation,qui trompaient leurs maris (Louise de Belgique,Sophie duchesse d’Alençon…) .
Tiantilb
7 septembre 2017 @ 12:24
Louise d’Autriche-Toscane est un personnage fascinant. Je me souviens d’avoir lu l’ouvrage de Dominique Aucleres » Les enfants de Toscane » une biographie romancée de Louise mais qui évoque également, de manière discrète, la vie de l’archiduc Léopold-Ferdinand, le frère aîné de Louise. Ce dernier fut un objet de scandale tout aussi grand que sa soeur.
Laurent F
7 septembre 2017 @ 15:32
Il me semble avoir lu que la princesse Anne Monique épouse de l’archiduc Joseph d’Autriche et sa soeur Marie Alix épouse du prince François-Joseph de Hohenzollern n’étaient pas les filles du roi Frédéric-Auguste bien qu’il les aient reconnues…
Charlanges
7 septembre 2017 @ 16:02
La princesse Louise n’a jamais été internée par sa famille (il y a manifestement confusion avec Louise de Belgique, princesse de Saxe-Cobourg-Gotha). Elle s’est tout simplement enfuie de Dresde avec le précepteur de ses enfants. Par ailleurs, quand bien même vécut-elle modestement à la fin de sa vie, je doute fort qu’elle ait jamais dû vendre des fleurs pour survivre. Elle est décédée dans le petit hôtel particulier tout en hauteur qu’elle occupait à Ixelles, avenue des Klauwaerts et fut inhumée tout d’abord au cimetière d’Ixelles en présence de la princesse Joséphine, sœur du roi Albert et entrée en religion après la mort de son mari puis, en 1953 dans le caveau de famille de la maison de Hohenzollern, deux de ses filles ayant épousé des princes de cette famille.
Le roi de Saxe ne fut peut-être pas un mari idéal mais il se comporta toujours dignement vis à vis de son ex-épouse à laquelle il versait une rente confortable que réduisirent la dévaluation du mark puis la seconde guerre mondiale et ne mit jamais en doute sa paternité vis à vis de sa dernière fille, Anne, qui épousa l’archiduc palatin Joseph d’Autriche.
Dans « Les enfants de Toscane » (Presses de la Cité 1969), Dominiques Auclères qui s’entretint notamment avec les neveux d’André Giron (devenu banquier à Lausanne) raconte qu’en 1945, alors que l’argent n’arrivait plus d’Allemagne, l’ancien précepteur fit parvenir anonymement à l’ancienne princesse héritière une importante somme d’argent qui lui permit d’attendre le retour de jours moins difficiles.
DEB
7 septembre 2017 @ 16:11
Les seules questions que je me pose sont
A-t-elle regretté ?
A-t-elle été, par moments, heurese ?
Je n’avais jamais entendu parlé d’elle et je m’interroge sur sa personnalité, qui reste, pour moi, une énigme.
DEB
7 septembre 2017 @ 16:12
heureuse
COLETTE C.
7 septembre 2017 @ 16:37
Elle doit descendre de Charles X, par la petite fille de ce dernier, Louise d’Artois, fille du duc de Berry.
Lionel
8 septembre 2017 @ 15:40
Mais oui. Elle était la petite-nièce du comte de Chambord, l’arrière-petite-fille du duc et de la duchesse de Berry et l’arrière-arrière-petite-fille de Charles X. Pour les fanatisés du site, signalons qu’elle est aussi la grande-tante de Carl et Marie-Thérèse de Wurtemberg et donc l’arrière-grande-tante du fameux Jean d’Orléans, dit encore « de France » ou « duc de Vendôme ». Et elle est l’arrière-grand-mère du prince Léopold « Poldi » de Bavière.
Gérard
9 septembre 2017 @ 15:13
Cette condescendance Lionel n’est pas de bon aloi.
JAusten
7 septembre 2017 @ 17:58
elle n’avait plus eu droit de voir ses enfants et avait du se séparer de ce 7ème enfant Anna Monica (probablement la fille de Giron), que son ex mari reconnaîtra après la naissance en la récupérant, car menacée de perdre son apanage. Avec Toselli elle aura un fils qui après la séparation du couple ira vivre avec son père.
Severina
7 septembre 2017 @ 20:12
Une femme très inquiète représente la modernité? Je crois que cette princesse a été une femme peu équilibrée, peut être pas folle maïs sûrement psychologiquement souffrante. Aujourd’hui elle aurait pu avoir un aide professionnel que à ses temps n’était pas très diffusé.
heleneA
7 septembre 2017 @ 20:16
Elle est descendante du roi Charles X par sa grand-mère Louise de France, qui a eu 4 enfants de Charles III duc de Parme. Dont : Robert 1er, duc de Parme et Alicia de Bourbon-Parme, sa mère qui a épousé Ferdinand IV grand duc de Toscane.
Leonor
8 septembre 2017 @ 09:54
J’ignore évidemment tout de la relation de cette dame avec mari(s) et enfants.
Mais, à propos de la relation mère-enfants autrefois en général :
» En ces temps-là » , les enfants étaient considérés comme denrée négligeable. En tout cas, de les mettre au monde n’engageait nullement à s’occuper réellement d’eux, encore moins à les aimer.
Dans les couches pauvres de la société, c’étaient des bouches à nourrir, donc des charges.
Dans les couches aisées, une fois mis au monde, on les abandonnait aux nurses et/ou aux nourrices.
Exemple vécu ( eh oui, ce n’est pas si loin) : Ma » chère » belle-mère lâchait, tout naturellement : » Les enfants, il ne faut pas que ça dérange. » . Texto. Et me regardait d’un oeil torve quand je m’occupais des miens, au lieu de faire le quatrième à son bridge – ce dont j’aurais été bien incapable, je sais tout juste jouer à la bataille.
La notion d’enfant en tant que personne, et la notion d’amour maternel sont des concepts récents. En tout cas fluctuants dans le temps. Et dans l’espace d’ailleurs.
Robespierre
8 septembre 2017 @ 11:26
Elisabeth Badinter disait comme vous dans son ouvrage « L’amour en plus ». Elle dit que l’amour maternel est un phénomène moderne. De toute façon quand on lit l’Histoire, c’est fou les accidents qui arrivent aux enfants, même dans les classes supérieures, parce qu’ils n’ont pas été suivis et élevés par leurs parents.
Leonor
8 septembre 2017 @ 19:55
Oui, Robespierre. Voyez par exemple, puisque nous sommes sur N&R, la manière dont ont été » élevés » les enfants de la reine Mary de Grande-Bretagne, je pense particulièrement au futur roi George VI. Abandonné aux nurses, sous-alimenté, maltraité, les genoux traités d’une manière torturante. On est en droit de penser que c’est de cette sorte de non-éducation que sont nés sa timidité et son bégaiement.
Et j’ai les récits de mon époux, sur sa propre enfance …
CLARA
8 septembre 2017 @ 17:36
Je suis d’accord avec le message de Charlanges. Par ailleurs, Louise de Toscane, une fois divorcée obtint (de son père ? avec l’accord de l’impérial patriarche ?) le titre de Comtesse de Montignoso. Montignoso est une petite bourgade de Toscane maritime et le titre, dans l’Italie unitaire, ne valait pas un apanage… Louise est l’un des nombreux « moutons (et brebis) noir(e)s » issus du clan Habsbourg au XIXème siècle… pour en citer quelques-uns : Otto et Ferdinand-Charles neveux de François-Joseph 1er et frères de François-Ferdinand l’assassiné de Sarajevo, Jean Orth ex-Toscane lui aussi, Louis-Victor frère du susdit empereur, et d’autres (l’un d’eux, génération Charles 1er, fut soupçonné d’avoir volé les diamants de l’archiduchesse mère de Charles 1er pour les revendre à New-York…) On peut mettre dans le même sac l’arrogante « Archiduchesse Rouge » Elizabeth fille de Rodolphe et je n’hésiterai pas à y fourrer aussi Rodolphe lui-même… Mais tout çà est affaire de jugements personnels. Pour éclairer ceux du public sur ses choix et sa destinée peu canonique Louise de Toscane écrivit (?) et publia en 1912 un livre intitulé MY OWN STORY. Ce livre – où bien sûr elle soigne sa propre image mais qui n’est pas sans révéler quelques vérités sur elle-même, sur son entourage Habsbourg-Toscane et sur la famille de Saxe – est déchargeable en pdf du site américain Internet Archives. Meilleures salutations à toutes et à tous.
Gérard
9 septembre 2017 @ 23:07
Le titre de comtesse de Montignoso lui aurait été donné par son père le grand-duc Ferdinand IV de Toscane quand elle perdit le 21 janvier 1903 ses droits et titres d’archiduchesse d’Autriche-Toscane, ou plus vraisemblablement par le roi de Saxe Georges son ex-beau-père, le 13 juillet 1903 après le divorce, par allusion à la localité toscane. On trouve les deux versions.
Elle prit également d’elle-même en Belgique le titre de courtoisie de comtesse d’Ysette en 1918.
Gérard
10 septembre 2017 @ 12:36
La princesse était-elle enceinte de son mari lorsqu’elle partit rejoindre le précepteur de ses enfants le belge André Giron ? Le journaliste Paul Acker dans ses Petites Confessions rapporte la visite qu’il
fit en janvier 1903 à Genève à l’hôtel d’Angleterre où habitaient la princesse Louise de Saxe et l’ancien précepteur. Le domestique auquel Paul Acker remit une lettre de recommandation, revint en le priant de monter au premier étage où une chambre était encore ornée d’un arbre de Noël. Le lac qu’on voyait depuis la fenêtre était noyé de brume.
Une porte s’ouvrit et entra un jeune homme, grand et mince, vêtu d’un complet foncé très simple, les cheveux coiffés en brosse, les yeux étroits mais très clairs, la lèvre ombrée d’une petite moustache.
L’épingle qui piquait sa cravate se terminait par la lettre L, en or, initiale du prénom de celle qu’il avait enlevée.
Le journaliste se sentit tout à coup très indiscret, il fut sur le point de partir mais Giron était aimable, il l’écouta semble-t-il heureux de l’aventure qu’il venait de vivre.
Giron dit que la princesse et lui ne lisaient pas les journaux. « Tous les rédacteurs suisses ou allemands qui se présentent ici, nous les renvoyons à notre avocat Me Lachenal : mais vous, c’est autre chose, vous êtes presque un ami, puisque vous êtes l’ami de mon meilleur ami. »
André Giron raconta qu’il était né à Caen en 1879 d’un père et d’une mère belges qui avaient des ancêtres espagnols. Il perdit sa mère (ou ses parents) quand il avait 10 ans. Il fit cependant de bonnes études à l’Athénée d’Ixelles, mais comme il avait une santé trop faible il ne put entrer à l’École militaire, il alla à Liège à l’École des mines. Il n’avait aucun appui, souffrit de dépression, il lui fallait trouver une position, on lui offrit celle de sous-précepteur sous les ordres du gouverneur militaire, avec 125 marks d’appointements par mois et il avait droit à un mois de vacances par an. Ses deux élèves étaient les princes Chrétien et Georges pour le français et plus tard les mathématiques. Le 3 janvier 1902 il entra en fonction.
Le 1er mai la Cour quitta Dresde et le palais de Taschenberg pour la Prinzliche-Villa à Wachwitz où la vie était plus familiale.
La princesse venait souvent écouter les leçons du précepteur et prenait ses repas entre son mari et lui.
Elle n’était pas heureuse en ménage, elle le lui dit. Ils eurent une liaison. Le 14 novembre en raison des soupçons qui naissaient André décida de partir et la princesse avait résolu de le suivre, elle abandonna la Saxe pour Salzbourg tandis que Giron gagnait Bruxelles puis le 13 décembre il retrouva la princesse et son frère l’archiduc à Zurich. La princesse, ajoute Acker, était enceinte de son amant.
Ceci correspond, compte tenu de la date de fin 1902, à la dernière grossesse de la princesse Louise.
Le journaliste demande à André ce qu’il compte faire et il répond nous marier puis aller vivre en France, à Paris sans doute, car la princesse aime beaucoup Paris et là, dit-il, je travaillerai. La princesse a des goûts très simples. Mais il ajoute qu’ils sont pour l’instant encore pour longtemps à Genève où ils ne risquent pas d’être arrêtés. Ils espèrent que le prince de Saxe demandera à Rome l’annulation du mariage.
La princesse a reçu des membres de sa famille mais elle refuse de signer la renonciation qui lui a été présentée au nom de l’empereur car cette renonciation comprenait aussi l’abandon de sa nationalité et de ses droits pécuniaires.
À une autre question André répond : « Elle avait à choisir entre ses enfants et moi, elle m’a choisi. »
À la fin de l’entretien Acker a l’impression que Giron qui est très jeune encore est assez fier d’avoir glissé dans le lit d’une princesse.
Au moins précise-t-il qu’il n’a pas volé les bijoux de celle-ci mais qu’il a eu l’idée de les envoyer à son frère à lui, pour qu’on ne nous les vole pas, dit-il, en le priant de les mettre à Bruxelles, dans le coffre fort d’André au Crédit Lyonnais et il les lui a expédiés en déclarant une valeur de 800 000 francs. Le frère connaissant l’accusation de vol et craignant d’être accusé de recel a refusé de recevoir les bijoux dans ce moment-là et depuis ils sont sans nouvelles des bijoux.
Le chroniqueur conclut sa rubrique ainsi : « Je songeais au château familial de Wachwitz, et je songeais au petit appartement qu’on louerait à Paris, quand tout serait arrangé ! »
Paul Acker, Petites Confessions. Visites et portraits, Albert Fontemoing, éditeur, Première série, 1905.
Paul-Théodore Acker naquit à Saverne en 1874 et mourut en 1915, le 27 juin, tué dans un accident d’automobile en service commandé près du front de Thann, il a été journaliste et auteur de romans populaires.
La princesse n’était pas la première à avoir un amant mais elle s’affichait avec Giron et se laissait photographier avec lui ce qui était rare.
Giron fut ensuite banquier il aurait aidé Louise en lui envoyant une assez grosse somme d’argent quand elle eut des difficultés financières.
Le dernier enfant de la princesse, la princesse Anna Monika de Saxe naquit le 4 mai 1903 à Lindau sur le lac de Constance.
Elle vécut jusqu’en 1976, elle avait épousé l’archiduc Joseph-François d’Autriche-Toscane et 15 ans après la mort de celui-ci se remaria avec Reginald Kazanjian (1905-1990). Elle eut huit enfants de son premier mariage.
Le prince royal avait demandé qu’Anna lui soit envoyée mais sa mère résista et finalement obtint l’autorisation de la garder auprès d’elle quelques années puis elle fut envoyée à son père sur la demande de celui-ci devenu roi, et élevée avec ses frères et sœurs.
Lorsque l’enfant était née la Cour de Saxe avait envoyé le docteur Leopold, directeur de la maternité de Dresde, à Lindau. Il examina l’enfant, trouva qu’elle avait un air de famille et la couleur des yeux de son père et considéra qu’elle était la fille du prince héritier. Il n’y eut pas d’examen plus précis. Frédéric-Auguste la tint dès lors bien pour sa fille.
DEB
11 septembre 2017 @ 12:18
Merci .
Très intéressant.
Robespierre
12 septembre 2017 @ 11:40
Très intéressant. Il serait aussi intéressant de savoir pourquoi la liaison avec Giron a fait long feu.
Yom
10 septembre 2017 @ 14:57
Gérard,très intéressant,vous connaissez beaucoup de choses.
Gérard
12 septembre 2017 @ 13:29
Merci DEB et Yom.