Nathalie (parfois aussi écrit Natalija) Kesko voit le jour le 14 mai 1859 à Florence. Elle est la fille du colonel moldave Pjotr Kesko qui sert l’armée impériale russe et de la princesse Pulchérie Strudza. A la mort de ses parents, elle est élevée par une tante maternelle qui fait partie de la noblesse roumaine.
A l’âge de 16 ans, elle épouse le 17 octobre 1875 à Belgrade le prince Milan Obrenovic, prince de Serbie, né en 1854. En 1876, la princesse donne naissance le 15 août 1876 à un premier fils prénommé Alexandre. Deux ans plus tard, son deuxième fils le prince Sergei ne vivra que cinq jours.
Nathalie est alors qualifiée d’une des plus belles princesses d’Europe.
En 1882, Milan I devient roi. Les tensions sont déjà vives au sein du couple pour les aventures extra-matrimoniales non dissimulées du roi mais aussi en raison de leurs divergences de caractères et politiques. La reine Nathalie est proche historiquement de la Russie où son père fut colonel de l’armée impériale russe tandis que le roi Milan a plus d’accointances avec l’empire austro-hongrois.
En 1887, douze ans après son mariage, elle quitte Belgrade avec son fils le prince Alexandre âgé de 9 ans. Le roi tente une réconciliation. Ainsi, Nathalie et son fils sont autorisés à séjourner encore quelques mois à l’étranger mais la date dépassée, le roi rompt donc leurs arrangements. Nathalie Obrenovic et le prince héritier sont interceptés à Wiesbaden lors d’une cure.
Le roi Milan sollicite le divorce qui sera finalement annulé suite au recours de la reine Nathalie, pour préserver son statut à la Cour et veiller sur les intérêts dynastiques de son fils.
En 1889, le roi Milan se retire au profit de son fils Alexandre qui étant mineur, voit son autorité royale exercée dans le cadre de la régence de sa mère la reine Nathalie. La reine excelle dans l’art de gouverner et parvient à mettre des proches alliés pro-russes dans son entourage et au sein du gouvernement. Mais cette situation ne dure que deux ans avant qu’elle ne soit contrainte à s’exiler.
Son fils organise en effet un coup d’Etat pour prendre pleinement possession du trône et met un terme à sa régence. Le roi Milan rentre aussi à Belgrade pour l’appuyer. En 1885, Nathalie Obrenovic qui a entre temps vécu à Biarritz rejoint à nouveau la Cour.
Les tensions familiales éclatent rapidement car la reine Nathalie ne veut pas entendre des projets de mariage de son fils unique le roi Alexandre avec Draga Lunjevic de 11 ans son aînée.
Déterminé, le roi Alexandre chasse sa mère de la Cour. Son père le roi Milan suit le même chemin de l’exil. Il mourra l’année suivante en 1901 à Vienne.
Le roi Alexandre épouse le 5 août 1900 à Belgrade Draga Lunjevic. Le couple royal, sans postérité, est assassiné le 10 juin 1903.
En exil en France, la reine Nathalie se convertit à la religion catholique. Elle décède à Saint-Denis en Région parisienne le 8 mai 1941. Elle avait notamment passé de longues périodes dans la région de Bidart. Dans son testament, elle fait don de ses avoirs à des églises mais aussi à l’université de Belgrade. Elle repose au cimetière de Lardy et sur sa tombe est inscrit « Nathalie, reine de Serbie »
Ces mémoires longtemps tenues secrètes, ont été publiées en serbe en 1999.
Charlanges
27 août 2015 @ 08:13
la reine n’est pas morte à Saint-Denis mais à Paris 6ème (84 rue d’Assas) chez les religieuses de Sion. Elle y disposait d’un pavillon indépendant (« La Solitude ») où elle s’était installée après avoir vendu sa très belle propriété « Sachino » (également appelé « Le Pavillon royal ») à Bidart. Cette demeure qui a été agrandie appartient depuis les années 1930 à la famille Latécoère.
Claudia
27 août 2015 @ 14:10
Wikipédia indique un décès à Saint Denis, peut-être qu’elle y résidait mais qu’elle est morte à Paris ?
Gérard
29 août 2015 @ 09:24
Pour son biographe Alexandre de La Cerda au vu de l’acte de décès du 5 mai 1941 dressé à 10 h par Henri Boussard, adjoint au maire du VIe arrondissement de Paris la reine est bien morte le 5 mai 1941, à une heure trente, en son domicile, 84, rue d’Assas. Elle était alitée, l’entrée en guerre de la Yougoslavie et son invasion rapide lui avaient porté quelques jours avant le coup de grâce. Elle s’éteignit paisiblement. Après son séjour d’hiver dans la maison des Vivaux à Lardy au sud de Paris, elle était rentrée à Paris, allant à l’hôtel Montalembert puis au Lutetia jusqu’à ce qu’il soit réquisitionné par les Allemands. Mademoiselle de Bournonville l’accueillit chez elle 41 rue Notre-Dame des Champs jusqu’à ce que les Dames de Sion lui demandent, les religieuses étant revenues à leur maison-mère, de retourner rue d’Assas à La Solitude.
Lisabé
27 août 2015 @ 08:32
Je reconnais bien là les prénoms serbes:Ma Tante s’appelait Draga(Dragica,chérie),son fils, Milan(prononcez Milann,j’adore,mais que tout le monde appelait Micha),et le fils de ce dernier Alexandre,qui se transforme automatiquement en serbe en »Sacha ».Je ne sais pas pourquoi.Les surnoms qui se contractent ou qui rallongent sont très répandus en Serbie.On le conjugue selon la phrase,aussi,en fonction de sa terminaison.
Je n’ai pas les accents nécessaires sur mon clavier pour les écrire correctement.
Intéressant et émouvant le portrait de cette Reine,surtout les photographies…Merci.
La gravure pour commémorer son mariage ne rend pas justice à sa beauté.
Francine du Canada
27 août 2015 @ 19:21
Les prénoms composés, ça me passionne; mon fils s’appelle Michel-Alexandre mais très tôt nous lui avons donné le surnom de Micha. Lorsqu’en famille quelqu’un demandait Michel (et que j’étais en conversation avec mon fils); quelquefois il disait excuse-moi maman, on me demande et d’autres fois pas? Son père s’appelle Michel et un jour, il m’a expliqué « maman, c’est dans le ton utilisé… je sais à priori si on s’adresse à moi ou à papa? ». Ah bon… Ce à quoi il a ajouté « t’en fais pas, si on demande Micha, je sais que c’est à moi qu’on s’adresse… et puis merci de m’avoir donné un aussi beau prénom : Michel-Alexandre, c’est un nom d’artiste ;-))) ». Et bien, en voilà un qui est content de son nom! FdC
flabemont8
27 août 2015 @ 20:27
Exactement comme en russe pour les prénoms, Lisabé !
Lisabé
29 août 2015 @ 09:55
Oui,Flabemont,c’est pareil,vous avez raison…D’ailleurs,serbes et russes,unis par des liens ténus,dont la religion,se considèrent comme des frères,et il n’était pas rare,pendant la dernière guerre,d’entendre:
« Les russes et nous,nous sommes deux millions! »
Ce qui m’évoque la petite blague de la souris qui courre au côté d’un éléphant,se retourne et lui dit:
« Dis donc….Qu’est-ce-qu’on fait comme poussière,nous deux!! »
Il m’arrive de me sentir autant à moitié serbe que russe…Dans la mémoire collective de beaucoup,ils forment un tout.
J’adore la culture slave.
Bien à vous.
Miki
10 décembre 2019 @ 10:06
A l’époque communiste, on disait: « Nous et les Russes, ça fait 150 millions » (La Serbie – avec le Kosovo – comptait alors quelque 10 millions d’habitants).
Azilis
27 août 2015 @ 08:40
pour les personnes du site parlant Allemand (malheureusement pas le temps de traduire)
https://www.wiesbaden.de/microsite/stadtlexikon/a-z/Wiesbadener_Prinzenraub.php
http://www.literatur-in-wiesbaden.de/5-villa-clementine.html
Le premier lien retrace l’enlèvement du jeune prince de la Villa Clementine (Wilhelmstrasse, Wiesbaden) et le deuxième l’histoire de la dite Villa jusqu’à aujourd’hui.
Azilis
JAY
27 août 2015 @ 08:51
Il y a aussi un ouvrage dont j ai la copie en Français qui parle de sa vie
Jean Pierre
27 août 2015 @ 13:25
Il existe une rue Nathalie de Serbie à Biarritz.
patricio
27 août 2015 @ 17:06
très beau portrait, merci Régine
amitiés
patricio
COLETTE C.
27 août 2015 @ 17:51
Destin dramatique pour cette famille.Merci pour ce portrait intéressant.
Francine du Canada
27 août 2015 @ 19:25
Ouf, un beau portrait; merci Régine mais… j’ai toujours un peu de difficulté avec les parents qui s’arrachent les enfants? Trop injuste… et surtout trop lâche de la part des parents. FdC
Michèle
28 août 2015 @ 01:08
Le Palais de l Exil
Avilie puis chassée de Belgrade par le roi Milan 1er son mari, Natalie reine de Serbie trouve refuge à Bidart où elle fait édifier une magnifique bâtisse. Sa solitude n’est égayée que par ses oeuvres et par la foi dans laquelle puise une apparente sérénité. Anéantie par une destinée où le drame n’a que la tragédie pour rivale, Natalie de Serbie finira ses jours dans un couvent près de Paris.
http://expressionsdici.com/nathalie-de-serbie.html
Michèle
28 août 2015 @ 01:55
Merci Régine pour cette actualité que j ai lu avec beaucoup d attention.
Dans le livre
Le Divorce de Napoléon, par Henri Welschinger. (Février 1889)
Chapitre XI – page 280-281
Quelques mots sur le divorce du roi Milan et de la reine Nathalie, par rapport au divorce de 1899 :
I
Je fais allusion dans la préface (IX) de cet ouvrage au différend qui a séparé le roi Milan et la reine Nathalie. Il y a une certaine ressemblance entre le sort de cette reine et celui de Joséphine, mais il semble que pour la reine Nathalie l outrage est encore plus grand. on a voulu non seulement, sans motifs valables, tenir pour non avenues les garanties sacrées de son mariage légitime, mais encore lui enlever son fils, Car, à la différence de ce qui se passe en Serbie, si Napoleon a tenu a divorcer avec Josephine, ça a été dans l espérance d obtenir un héritier que treize ans de mariage lui avaient refusé. Il l a fait d ailleurs avec une certaine noblesse, prêtant au divorce l apparence d un consentement mutuel.
L action du roi Milan, qui n a eu d autre but que de donner un plus libre cours à ses fantaisies et d obéir aux exigences de la politique austro-hongroise, est donc cent fois plus regrettable…
page 282
La manière dont ils ont expulsé de Berlin la reine de Serbie, la chassant quelques heures après l enlèvement de son fils, leur défend à l avenir de parler de politesse et d humanité….
La princesse Mourousy, tante de la reine Nathalie, était partie pour Berlin, afin d implorer la clémence de l Allemagne en faveur de sa nièce. Elle voulait enpêcher le rapt du prince royal et l expulsion de la Reine.
Page 283 bis 292
II
Le Mémoire de la reine de Serbie
Texte authentique du noble mémoire adressé par la Reine au consistoire de Belgrade, et que M.Pirotchanaz, fondé de pouvoirs de la reine communiqua en septembre dernier 1888. je pense, à La Nouvelle Presse libre
Page 292 – 293
III
Décision du métropolite Théodose
Le 12 octobre, le métropolote Théodose, obéissant aux ordres du roi Milan et ne tenant aucun compte de la protestation de la reine Nathalie, prononçait ainsi leur divorce…
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63072491.r=Le+Divorce+de+Napoléon%2C+par+Henri+Welschinger+%28Février+1889%29.langDE
Michèle
mais le 20 novembre, la reine de Serbie saisit le saint synode de l Eglise roumaine : Au Saint Synode …page 293-301
Gérard
28 août 2015 @ 11:06
Oui. Nathalie de Serbie : la Reine errante par Alexandre de La Cerda, Éditions Atlantica, collection Sceptre et couronne, Biarritz 2000.
Baron d'Auzat
10 septembre 2023 @ 16:48
Nous ne pouvons que nous incliner devant la mémoire de SAR la reine Nathalie de Serbie, dont le destin tragique fut le creuset brûlant qui éleva son âme vers Dieu… Amicalement à tous, Baron d’Auzat- (Cour Royale Obrenovitch)-
boissenin
1 juillet 2017 @ 17:08
Bonjour,
Je cherche à me procurer des informations sur sa vie.
Excepté cette biographie que la fnac n’est pas certaine de trouver, ou est-il possible de trouver des renseignements ?
Merci