Elizabeth Halaby voit le jour le 23 août 1951 à Washington D.C.. Elle est la fille de Najeeb Halabey d’origine syrienne et de Doris Carlquist de nationalité suédoise. Son père travaille dans l’aéronautique pour la compagnie PAN AM. Elizabeth a un frère Christian et une sœur Alexa. Elle suit sa scolarité aux Etats-Unis à New Yrok puis à l’université de Princeton où elle obtient en 1973 son diplôme en architecture. Elle s’expatrie alors en Australie puis à Téhéran en Iran au milieu des années 70. Elle travaille pour un cabinet d’architectes qui est chargé de construire de nouveaux quartiers. Dans ses mémoires, la reine de Jordanie explique qu’elle avait commencé à percevoir le malaise au sein de la société iranienne, et les clivages de plus en plus importants entre le pouvoir et les différentes classes sociales.

En 1977, Elizabeth Halaby arrive en Jordanie où elle travaille sur un nouveau projet architectural. Elle croise le chemin du roi Hussein qui vient de perdre son épouse la reine Alia dans un accident d’hélicoptère.

Après plusieurs semaines d’idylle, les fiançailles sont annoncées. Le mariage est célébré le 15 juin 1978 dans l’intimité familiale Amman. Elizabeth Halaby qui s’est convertie à l’Islam devient la reine Noor (Lumière) al Hussein de Jordanie. Prénom auquel elle s’identifie désormais totalement, expliquant qu’elle avait dû « batailler » avec sa propre mère afin qu’elle cesse de l’appeler Elizabeth. Les enfants du roi Hussein et de la défunte reine Alia vivent dans un premier temps avec le couple qui se partage entre Amman et sa résidence d’Aqaba sur les bords de la mer rouge.

Le couple royal jordanien est très intime avec le roi Constantin et la reine Anne-Marie de Grèce, le roi Juan Carlos et la reine Sophie d’Espagne ainsi qu’avec plusieurs membres de la famille royale britannique. Hussein et Noor de Jordanie passent régulièrement quelques jours en Grande-Bretagne et apprécient aussi des moments de détente au ski en Autriche.

Comme elle le confie dans ses mémoires, la reine Noor comprend rapidement que les tâches officielles accaparent le souverain hachémite la plupart du temps et que s’intégrer au sein de la famille déjà composée de plusieurs enfants n’est pas une chose aisée. La reine ne sera pas non plus à l’abri de critiques en raison de ses origines américaines mais elle parvient progressivement à trouver ses marques, accompagnant son époux lors de voyages officiels mais aussi en s’investissant sur le terrain en Jordanie.

Le prince Hamzah voit le jour le 29 mai 1980, suivi en 1981 du prince Hashim. La famille se complète avec les naissances de la princesse Iman en 1983 et de la princesse Raya en 1986. Lors de la première guerre du Golfe, la presse étrangère indique que la reine et ses enfants vont s’installer en Grande-Bretagne mais la reine Noor reste bien en Jordanie où on la voit sillonner au volant de son 4×4 les camps qui accueillent des réfugiés irakiens.

A cette époque, la reine Noor fréquente les couturiers parisiens comme Saint Laurent et Dior. Son élégance raffinée est toujours vivement remarquée lors de ses déplacements à l’étranger. Toutefois, s’impliquant personnellement dans la promotion du travail des femmes rurales (elle a participé à plusieurs réunions aux côtés de la reine d’Espagne et de la reine Fabiola), la reine commence à porter lors des soirées des robes traditionnelles jordaniennes.

 

Titulaire de nombreuses distinctions honorifiques d’universités de par le monde, la reine Noor a un agenda très chargé comprenant aussi de nombreuses allocutions au sein d’universités où elle revient inlassablement sur la nécessité de créer des ponts entre l’Orient et l’Occident.

 

Des rumeurs circulent dans les années 90 quant au fait que le roi Hussein aurait l’intention de divorcer. Peu après, il apprend qu’il souffre d’un cancer qu’il parvient à surmonter suite à un premier traitement. Dans ses mémoires, la reine explique qu’elle a passé quelques temps aux Etats Unis auprès du neveu du roi, le prince Talal et de son épouse la princesse Ghida. Le prince souffrait d’un cancer et la reine tint à entourer le jeune couple dans l’épreuve. A son retour, ses beaux-enfants lui font part de toute une série de rumeurs quant à une possible idylle du roi avec une jeune femme travaillant au service de presse du palais. La reine indique avoir eu un entretien à ce sujet avec le roi qui contesta ces allégations.

En juillet 1997, la reine Noor se déplace immédiatement à Ostende en Belgique après qu’un avion militaire jordanien se soit écrasé sur la foule lors d’un meeting aérien, provoquant la mort de 10 personnes et plus de 40 blessés dont plusieurs brûlés graves. En compagnie de la reine Fabiola, elle a rendu longuement visite aux blessés. Son écoute et sa sollicitude avaient été appréciés de tous.

 

Noor de Jordanie est toujours aux côtés du roi lorsque celui-ci participe aux différentes négociations de pourparlers de paix au Proche-Orient. Elle l’accompagne également lors des funérailles de leur ami Itzakh Rabin. Après quelques années de rémission, le roi Hussein souffre à nouveau d’un cancer qui connaît une évolution en dents de scie. La reine reste constamment à ses côtés à la clinique Mayo dans le Minnesota. Leurs enfants sont également présents. Bien que déjà très affaibli, le roi se rend encore à Washington à la Maison Blanche à quelques reprises. Noor de Jordanie et Hillary Clinton devenant de proches amies.

Janvier 1999, le roi que l’on dit guéri revient enfin au pays. Sur le tarmac de l’aéroport d’Amman, tous les membres de la famille royale l’attendent très ému. Vêtue de blanc, la reine Noor prie en cet instant de grande émotion lorsque le roi embrasse le sol de son pays. Beaucoup de versions ont circulé quant aux événements qui ont eu lieu au cours des jours qui ont suivi ce retour triomphal. On a parlé du fait que le prince héritier Hassan, frère du roi Hussein et son épouse la princesse Sarvath avaient menacé la reine Noor de la bannir de Jordanie dès le décès du roi et d’autres tensions familiales. Le fait est que le roi Hussein convoqua son fils le prince Abdallah pour lui signifier qu’il en faisait son héritier. Le roi souhaitant que son fils le prince Hamzah, fils de la reine Noor soit ensuite son successeur.

 

Souffrant d’une grave rechute, le roi Hussein repart quelques jours plus tard pour les Etats Unis pour un traitement de la dernière chance. La reine Noor l’accompagne. Au moment d’embarquer à bord de l’avion, ses yeux cachés par de grosses lunettes sombres, elle ne peut toutefois dissimuler son chagrin, étreignant le prince héritier Abdallah.

Les médecins se rendent rapidement à l’évidence qu’il n’y a plus d’espoir. Le souverain demande alors à retourner dans son pays. Dans un avion médicalisé, il entreprend un long voyage du retour depuis le Minnesota avec une escale en Irlande. Dans son autobiographie, la reine Noor relate ces longues heures dans l’avion passées au chevet du roi de plus en plus affaibli, parlant de choses et d’autres. Le roi Hussein s’éteint le 7 février 1999 dans un hôpital d’Amman. La reine Noor qui a drapé ses cheveux d’un voile blanc en signe de deuil, sort de l’hôpital entourée par les fils du roi afin d’aller à la rencontre de la population.

Lors des funérailles qui voient la présence de nombreux chefs d’Etat, la reine et les femmes de la famille rendent un dernier aurevoir au roi sur les marches du palais avant que la cérémonie présidée par les hommes de la famille n’emmène le roi jusqu’à sa dernière demeure. Au moment de l’inhumation, la reine appuyée sur sa belle-soeur la princesse Basma suit du regard le cercueil de celui qui fut son époux pendant 20 ans.

Durant plusieurs jours, la reine Noor reçoit les condoléances des femmes jordaniennes entourées par les princesses de la famille dont la princesse Rania. La première sortie officielle de la reine Noor est pour les enfants de l’orphelinat que soutenait le roi Hussein. Elle pose ensuite portant le deuil avec ses enfants dont le prince héritier Hamzah dont elle dit qu’il ressemble tant au roi Hussein tant physiquement qu’intellectuellement.

La reine Noor se montre au cours des mois suivants plus en retrait suite à la montée sur le trône du roi Abdallah et de la reine Rania, n’assistant d’ailleurs pas aux festivités. Elle se partage alors entre les Etats-Unis, Londres et la Jordanie, toujours active au sein de la fondation Roi Hussein ou d’autres événements qu’elle avait créés comme le festival de Jerash. La reine trouve ses marques sur la scène internationale, laissant la place à la reine Rania en Jordanie.

Ainsi, elle s’implique dans les campagnes de lutte contre les mines antipersonnel, voyageant en Bosnie, dans le Sud asiatique, en Afrique et en Amérique latine. Elle a également poursuivi son engagement au sein de l’International Commission on Missing persons mise en place suite au conflit dans l’ex-Yougoslavie et dans la foulée d’un voyage qu’elle avait effectué en 1996 à Srebrenica.

Son fils aîné le prince héritier Hamzah épouse en grandes pompes à Amman en mai 2004 une lointaine cousine la princesse Noor de Jordanie. L’occasion pour la reine Noor d’accueillir plusieurs membres du Gotha dont elle est proche comme la reine d’Espagne, la famille royale grecque, l’impératrice Farah,… Son deuxième fils le prince Hashem a épousé la princesse Fahdah d’origine saoudienne.

En 2004, le roi Abdallah retire le titre de prince héritier à son demi-frère le prince Hamzah, ce qui crée, on l’imagine bien, des tensions familiales. Dans une lettre ouverte à son fils, la reine Noor lui renouvelle toute sa confiance et revient sur le fait que le roi Hussein avait toujours cru en ses grandes capacités. Le roi Abdallah a finalement désigné son propre fils le prince Hussein en tant qu’héritier du trône.

La reine Noor de Jordanie s’est aussi impliquée à l’invitation de l’ancien président de Colombie afin de promouvoir des programmes ruraux dans le pays. Depuis quelques années déjà, elle participe au Festival du Film de Tribeca à New York qui met en exergue des courts métrages et des documentaires.

La reine qui est aujourd’hui grand-mère de trois petites princesses Haya (fille du prince Hamzah), Halaah et Rayat (filles du prince Hashem), est membre fondateur de Global Zero qui vise à éliminer les armes nucléaires. Autres champs d’action de la reine : présidente fondatrice de la Bird Life International, de SOS Village d’Enfants en Jordanie et membre de la fondation Daniel Pearl. Son autobiographie « Mémoires d’une vie inattendue » a été publiée en 15 langues et est devenu un best seller.

Même si la reine Noor est loin d’avoir fait l’unanimité en Jordanie, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une femme intelligente, maîtrisant ses interventions et ses dossiers et qui fut une des « pionnières » au Proche orient en créant un rôle de reine consort pleinement investie aux côtés de son époux le roi. (Copyright photos : Getty images, reuters, Hola, Gamma & DR)