Le 6 mars 1964, le roi Paul de Grèce s’éteignait à Athènes. Il avait régné 16 ans, 11 mois et 5 jours. Revenons sur la destinée de ce souverain, père du roi Constantin et de la reine Sophie d’Espagne et grand-père du roi Felipe VI.
Le 14 décembre 1901, la princesse héritière Sophie de Grèce, née princesse de Prusse, mettait au monde le prince Paul assistée par le médecin-gynécologue de la famille royale Constantin Louros et du gynécologue allemand Keller dépêché par l’empereur Guillaume II (frère de la princesse Sophie). Le gynécologue annonça au prince héritier Constantin : « Votre Altesse, votre troisième fils vient de naître. C’est un bébé robuste. Il sera très grand de taille ». Le nouveau-né pesait 4,750 gr et mesurait 55 cm.
Paul était le quatrième enfant et le troisième et dernier fils de Constantin et Sophie de Grèce. Le futur couple royal avait eu son premier enfant George en 1890, puis Alexandre en 1893 et Hélène (future reine de Roumanie) en 1896. Après la naissance de Paul, la famille s’est encore agrandie avec les princesses Irène (1904), future duchesse d’Aoste et Catherine (1913). Paul avait 11 ans de différence avec son frère aîné. Il se lia donc d’amitié avec des garçons de son âge plutôt qu’avec ses frères.
Il reçut une éducation moins sévère et austère que celle dispensée à George et Alexandre. En tant que troisième fils, il n’avait pas beaucoup de risque pour lui d’accéder un jour au trône de Grèce.
Son éducation fut supervisée par le très austère précepteur Docteur Hoening, chapelain poméranien de sa mère la future reine Sophie. Il imposa une discipline très stricte au jeune prince pour l’endurcir. Chaque matin, été comme hiver, Paul est emmené à la plage de Tzitzifies, près du port du Pirée. C’est là qu’il tisse des liens avec ses premiers amis d’enfance et qu’il conservera toute sa vie. Un groupe d’amis qui s’étendra avec d’autres jeunes dont il fit connaissance lors de ses longues marches au Mont Parnès au Nord d’Athènes.
Son père était un excellent botaniste qui lui transmit sa passion pour les arbres et le jardinage. Plus tard, devenu roi, Paul aimait se réveiller tôt lorsqu’il séjournait à Corfou à la Villa Mon Repos. Avec l’aide des enfants du voisinage, il élaguait lui-même les arbres de la propriété.
Ses parents lui choisissent dès l’âge de 6 ans, un valet personnel : Jean Veinoglou qui resta à son service pendant 46 ans jusqu’en 1952 au moment de sa retraite. Il suivit partout Paul de Grèce en Europe, en exil, aux Etats Unis,…
En 1913 voit le jour sa sœur Catherine. Une petite dernière au sein de la famille qui bénéficiera toujours de la protection de son frère Paul jusqu’à son mariage en 1947 avec le major britannique Richard Brandham. Son fils fut d’ailleurs prénommé Paul.
Lors d’une soirée en compagnie de sa soeur Irene ( future duchesse d’ Aoste ) alors qu’ils s’appliquaient à faire leurs devoirs, Irène observa sérieusement son frère et lui posa la question : « Quand tu seras roi Paul… »
» Ne dit pas des bêtises » lui rétorque-t-il. Seul notre frère aîné George sera roi »
» Bon ne te fâche pas Paul. Je voulais seulement te demander si un jour tu deviens roi, je devrais alors t’appeler » Votre Majesté » ?
« Bien sûr et tu devras baiser ma main aussi », lui répondit Paul pour la taquiner.
« Je ne comprends pas, tu deviendras aussi métropolite ? » demanda la petite princesse très étοnnée.
Son grand- père, le fondateur de la dynastie grecque, le roi George I souhaita que ses petits-enfants reçoivent une éducation grecque comme lui-même l’avait dispensée à ses enfants. Mais la princesse héritière Sophie voulait quant à elle une éducation anglaise comme celle qu’elle avait reçue de sa mère la princesse Victoria, fille de la reine Victoria d’Angleterre.
Un compromis fut trouvé : Paul et ses frères suivirent des cours d’été en Angleterre. Entre 1911 et 1914, il suivit ainsi des cours préparatoires à la St Peter School à Eastbourne. Il n’était pas un élève brillant mais s’illustra rapidement dans les disciplines manuelles comme le travail du bois.
Sa mère Sophie ne supportant pas la chaleur estivale d’Athènes, le retrouvait alors en Angleterre le week-end qu’ils passaient ensemble. L’éclatement de la Première Guerre Mondiale obligea Paul à quitter précipitamment son école et à rentrer en Grèce. Cela signifia aussi la fin des projets du roi Constantin que ses fils suivent des cours au Royal Naval College de Dartmouth.
Un an plus tôt, le 18 mars 1913, le roi George I avait été assassiné à Thessalonique. Alors âgé de 12 ans, Paul vécut très douloureusement la perte de ce grand-père adoré, qui bouleversa l’avenir de la famille royale grecque.
La victoire de son père le roi Constantin I lors des guerres balkaniques eut pour résultat de doubler la superficie du pays. Constantin était alors un souverain très populaire, adulé par son peuple.
Paul intègre la marine grecque en tant que cadet mais il doit à nouveau interrompre son parcours avec le départ en exil de son père en juin 1917. Toute la famille royale s’établit en Suisse à l’exception du prince Alexandre qui monte sur le trône à la place de son père.
L’interruption de la carrière navale de Paul inquiète beaucoup son père. Après le refus du gouvernement britannique d’accepter le prince dans les rangs de la Royal Navy, Constantin et Sophie sont soulagés de la proposition faite par l’empereur d’Allemagne (frère de Sophie) pour que Paul entre à l’Académie de Marine de Kiel. Mais l’effondrement de l’empire allemand en 1918, met à nouveau un terme aux aspirations de Paul qui rejoint alors sa famille en Suisse. Le voyage de retour est un enfer pour Paul car il avait contacté la grippe espagnole et la fièvre l’affaiblissait terriblement.
Suite au décès soudain de son frère le roi Alexandre (des suites d’une morsure de singe) en octobre 1920, le Premier Ministre Venizelos offrit le trône à Paul. Le jeune prince qui n’avait que 19 ans, refusa catégoriquement, déclarant que « Seul le peuple grec est habilité à choisir son roi »
Après le retour de son père le 6 décembre 1920 sur le trône de Grèce, Paul retrouve enfin la mer qu’il affectionne tant et continue sa formation au sein de la marine. En 1922, il est promu sous-lieutenant de l’académie navale hellénique. Il embarque alors à bord du croiseur « Elli » sous les ordres de l’amiral Periklis Ioannides, le second époux de sa tante paternelle la princesse Marie de Grèce, veuve du grand-duc George de Russie.
Ici en compagnie du futur roi Frederik de Danemark. Leurs enfants Anne Marie et Constantin se marieront plus tard.
Le prince fait preuve de courage et force l’admiration de ses compagnons lorsqu’en Asie Mineure, il reste au milieu du pont alors que le navire essuie des tirs. Lorsque ses supérieurs l’enjoignant de se mettre à l’abri, il leur répondit : « Messieurs, je n’ai pas peur, je fais mon devoir envers mon pays ».
Après l’échec en Asie mineure et le soulèvement de l’armée, le roi Constantin abdique pour lui et son fils aîné George. Il part pour la dernière fois en exil en Italie où il meurt trois mois plus tard. Paul n’accompagne pas cette fois-ci son père. Son frère George marié à la princesse Elisabeth de Roumanie, n’a pas d’enfant. Paul devient donc diadoque, prince héritier. Un titre qu’il portera pendant 25 ans.
Le 19 décembre 1923, sur indication du Premier Ministre Gonata, George de Grèce part pour Bucarest. Paul le suit à son tour et s’installe chez leur sœur la princesse Hélène, mariée au futur roi Carol II de Roumanie. Mais la vie à la Cour royale de Roumanie déplut rapidement à Paul et il opta pour retrouver sa mère la reine Sophie à Florence, où elle résidait avec ses filles les princesses Irène et Katherine. C’est à Florence que le prince Paul prend ses premiers cours de piano. Des années plus tard, ses mélodies résonneront dans le silence de la nuit à Tatoi.
Mais l’exil lui pèse. Il décide d’aller en Angleterre, pays qu’il connaît bien depuis son adolescence. Par l’intermédiaire d’amis intimes et du prince Alphonse d’Orléans, il s’engage dans une usine aéronautique comme apprenti mécanicien à Coventry sous le pseudonyme « Paul Beck ». Il mène une vie simple et sympathise avec deux collègues.
Paul de Grèce confiera plus tard qu’il se sentait libre et insouciant et qu’il prit plaisir à mener cette vie simple, pressentant que le futur lui amènerait de lourdes responsabilités. Après dix mois à Coventry, il part pour Londres où il s’installe dans un petit appartement situé près de la gare Victoria. Il y mène une vie oisive, fréquentant la bonne société britannique. Il reste un grand solitaire.
Avant la chute de la monarchie, il avait demandé la main de sa cousine Nina de Russie, fille du grand-duc George Mikjailovitch et de la princesse Marie de Grèce mais la jeune femme déclina sa proposition.
Dans le documentaire « Paul, un roi inhabituel » diffusé à l’occasion des 50 ans de son décès, sa fille cadette la princesse Irène rapporte que lorsqu’il fit la connaissance de sa future épouse la princesse Frederika de Hanovre, il lui offrit un pendentif qui contenait la photo d’une autre princesse qu’il avait beaucoup aimé. Frederika ne manqua jamais de le lui rappeler…
Le diadoque entretient ensuite une liaison avec une jeune roturière anglaise. Lorsque la reine Sophie de Grèce l’apprend et comprend que la relation est devenue sérieuse, elle se déplace jusqu’à Londres. Elle lui expose que le roi George II étant sans descendance, une union morganatique est inenvisageable à moins de mettre en péril la dynastie et compromettre une restauration de celle-ci. Paul s’inclina.
En 1925, il part aux Etats-Unis chez sa cousine Nina de Russie. Il travaille à l’usine de voitures « Ford » et vit son rêve américain. La presse s’intéresse de près à ce prince européen.
De retour en Europe, il accompagne sa mère la reine Sophie qui rend visite à sa nièce la princesse Viktoria Luise de Prusse, mariée depuis 1913 au prince Ernst August de Hanovre. Ce dernier est par ailleurs le fils de la princesse Thyra de Danemark, sœur du grand-père paternel de Paul. Le diadoque y fait la connaissance de la fille unique du couple la princesse Frederika qui n’a alors que 10 ans et qui l’appelle « oncle ».
Nostalgique de la Grèce, il saisit sa chance lorsque son ami danois Frederik Wessel l’informe pendant un dîner qu’il compte réaliser une croisière dans les îles grecs. Paul n’a pas remis les pieds dans son pays depuis 7 ans…
Ils partent à bord du yacht « Frefrada » depuis la Riviera. Muni d’un passeport danois au nom de Peter Wessel, il a aussi laissé pousser sa barbe. Les amis visitent Corfou et le Pirée. Paul manifeste son intention de visiter le domaine de Tatoi qui est ouvert au public. Il ne peut s’empêcher de sonner à la porte d’une des bâtisses où vit un ancien serviteur de la famille royale. Celui-ci le reconnaît d’emblée mais garde le secret. Ensemble, ils visitent l’ancienne chambre de Paul.
Lorsque le taxi les ramène vers le yacht, le chauffeur demande à Frederick Wessel qui sont les personnes sur la banquette arrière. Il répond qu’il s’agit de son épouse et de son cousin. Le chauffeur rétorque que pourtant l’homme qu’il véhicule ressemble au diadoxos (diadoque en grec) et Paul de réagir « C’est quoi un diadoxos » ?
Lors d’une visite d’une île, le prince croise un officier de la marine grecque. Des années plus tard, l’épouse du militaire racontera au roi Paul que son maria lui ayant expliqué qu’il avait croisé le diadoque, elle lui avait dit d’arrêter de dire es bêtises. Le pauvre homme pourtant n’en démordait pas…
En 1935, c’est la restauration de la monarchie et le retour en Grèce. Ses premiers mots seront « Ma patrie, ma douce patrie ». L’entente avec son frère n’est pas au beau fixe. George ne recherche pas une collaboration avec son héritier. Les 11 ans de différence d’âge ont créé une distance entre eux depuis le début.
Paul s’occupe du scoutisme grec et reprend sa place au sein de la marine royale. Il représente son frère lors de certaines cérémonies. De nouvelles rumeurs circulent sur la vie sentimentale du prince. On lui prête à présent une liaison avec jeune femme résidant à Athènes. Pourtant avare de confidences sur sa vie privée, Paul se confie un jour à son professeur d’aviation Xaralabos Potamianos à propos de ces rumeurs, indiquant qu’il ne connaît en fait même pas la jeune femme.
En 1937, ses fiançailles avec la princesse Frederika de Hanovre, petite-fille du dernier empereur d’Allemagne, son annoncées. Les chemins de Paul et Frederika se sont à nouveau croisés en 1934 lors du mariage de la princesse Marina de Grèce, cousine de Paul avec le duc de Kent. Mais leur relation s’est surtout développée lorsque la princesse Frederika résidait à Florence à la villa Sparta, résidence de la reine Hélène de Roumanie, née princesse de Grèce , sœur de Paul.
Le mariage est célébré à Athènes le 9 janvier 1938. Le 9 était le chiffre qui portait bonheur à Paul. Leur mariage fut une union très heureuse. En novembre 1938 voit le jour leur premier enfant. La population s’était approchée de la résidence du couple princier et apprenant qu’il s’agissait d’une fille, se mit à scander le prénom de « Sophie » (mère de Paul). Paul et Frederika baptisèrent donc leur fille Sophie.
Au cours des deux années qui suivent, le couple héritier visitent les îles de la mer Egée. Lorsqu’ils arrivent dans les villages parfois bien reculés, les habitants les apostrophent par leur prénom. Ils prendront ensuite l‘habitude de ce type de visites dans les différents coins du pays. Certaines zones étaient difficiles d’accès. Le seul moyen de transport était parfois les ânes des villageois. Il n’était pas rare qu’ils doivent traverser des rivières pieds nus et dormir la nuit dans des lieux au confort extrêmement rudimentaire, sur des matelas pleins de puces… Cela valut au couple une réelle affection de la part de la population qui était ravie de les voir arriver jusque dans les lieux les plus difficiles d’accès.
Juillet 1940, la princesse héritière Frederika met au monde le prince Constantin, l’héritier de la dynastie.
Lors du déclenchement de la Deuxième Guerre Mondiale, Paul de Grèce se rend à plusieurs reprises sur le front de guerre entre la Grèce et l’Italie pour soutenir les troupes.
Lors de l’invasion de la Grèce par les troupes allemandes, le roi George, le prince Paul, la princesse Frederika et plusieurs membres de la famille royale quittent la Grèce continentale pour la Crète. A Athènes sont cependant restées la princesse Alice (mère du duc d’Edimbourg) et la grande-duchesse Helena de Russie, épouse du prince Nicolas de Grèce, mère de la duchesse de Kent.
Un jour, la famille échappe à un bombardement de l’aviation allemande. Un proche collaborateur de Paul, Patamianos se rue alors sur le petit prince Constantin pour le protéger. Lorsque le prince Paul lui demande pourquoi il a agi de la sorte, Patamianos lui répond qu’au moins le petit héritier aurait survécu et la dynastie aussi…
Sur les conseils du roi George, la famille décide de partit vers l’Afrique du Sud. La princesse Frederika se lie d’amitié avec le général sud-africain Jan Smuts qui est chois comme parrain du troisième enfant du couple la princesse Irène née en 1942. Ici en compagnie de la princesse frederika, la princesse Katherine, la princesse Aspasie (veuve du roi Alexandre) et sa fille la princesse Alexandra (future reine de Yougoslavie).
Le 27 septembre 1946, le couple retourne en Grèce. Le roi George II arrive à Athènes en avion, il a payé son billet d’avion sur sa cassette personnelle. Paul et Frederika regagnent leur pays par navire au départ de l’Egypte. Frederika avait laissé ses nombreuses valises sur le pont. A proximité de la Crête, une violente tempête éclate mouillant et endommageant toutes leurs affaires. Frederika n’a plus qu’une seule robe et un chapeau qu’elle avait gardés dans sa cabine, pour porter au moment de son arrivée en terre grecque.
Les relations avec le roi George sont toujours aussi distantes. Le monarque se méfie de sa belle-sœur, qu’il juge dangereuse et néfaste en raison de ses liens familiaux avec l’Allemagne. Il craint aussi son influence et s’inquiète de la perception du peuple à son égard.
Dans le documentaire consacré au roi Paul à l’occasion des 50 ans de son décès, la princesse Irène de Grèce, sa fille, livre cette anecdote. Chaque dimanche, le roi George conviait Paul et Frederika pour le dîner à Tatoi. A chaque fois, une compote de fruits était au menu. La princesse dit à son époux que ce sera à nouveau pareil lors du prochain dîner. Ce fut le cas. Frederika cogne le pied de son époux pour le lui faire remarquer. Lorsqu’ils quittent Tatoi, elle lui demande intriguée pourquoi il n’a pas réagi à son coup de pied. Paul lui répond qu’il n’a rien senti du tout. En fait Frederika cognait le pied de son beau-frère…
Le 1 avril 1947, le roi George meurt subitement. Ci-dessus, une photo de la famille prie la veille au soir. Dans un premier temps, la population pense qu’il s’agit d’un canular puisque c’est le 1er avril… La musique classique diffusée en continu sur les ondes de la radio, fait prendre conscience que le roi est réellement mort. Paul devient roi et prête serment le 21 avril 1947.
Le roi Paul s’est directement très impliqué dans les affaires de l’Etat pour que le niveau moyen de vie de ses compatriotes augmente. Bien que conscient de son rang et sans jamais être familier, il était très aimable avec ses collaborateurs, mes ministres, mais aussi le personnel du palais de l’aide de camp au jardinier. « Nous sommes un grande famille » avait-il pour habitude de déclarer.
Lors d’excursions en famille ou avec des amis, il s’arrêtait pour converse avec les villageois.
Le lundi était son jour de repos. Avec son bateau et sans aucune escorte, il partait pour de longs moments en mer. Il arrêtait son bateau dans des baies désertes et entreprenait des balades dans les collines.
Lors d’une de ses balades, il est interpellé par deux policiers qui lui demandent ses papiers d’identité. Il ne les a pas sûr lui. Expliquant qu’il est le roi Paul, il sort un mouchoir de sa poche, brodé de la lettre « P » surmontée d’une couronne !
Chaque jour, il consacrait plusieurs heures à la lecture. Il s’intéressait surtout aux ouvrages philosophiques, littéraires et historiques. Il avait rédigé une thèse sur Platon mais refuse toujours de la publier.
Le couple royal fut un parfait tandem de brillants ambassadeurs de la Grèce à l’étranger, que ce soit en France, aux Etats-Unis, en Angleterre, en Inde ou encore en Italie.
Le souverain avait l’art de s’adapter aux différentes situations. Lors d’une visite d’une île au large de Bombay en Inde, un guide s’adresse à lui en tant que « Monsieur », ce qui était tout à fait inconvenant au vu de la présence officielle du roi mais celui-ci n’en fit rien et posa ensuite de nombreuses questions sur le temple visité. Le guide en fut déstabilisé. A un autre moment de la visite en Inde, il est question que les hôtes royaux soient transportés sur des brancards par des porteurs. Le roi refuse pour lui-même en raison de sa haute taille et de son poids, par respect pour les porteurs.
Lorsqu’ils découvrent le Taj Mahal, la reine lui demande s’il va lui ériger pareil monument lorsqu’elle sera morte. Le roi Paul lui répond qu’ils ont déjà le plus beau mausolée du monde…dans les jardins de Tatoi.
Au cours de l’été 1954, Paul et Frederika convient une centaine de membres du Gotha pour une croisière des îles grecques à bord du paquebot de croisière « Agamemnon » mis à disposition par un armateur. L’objectif de la reine était de faire connaître la Grèce et d’impulser le tourisme. Objectif parfaitement atteint. Dès l’été suivant, le nombre de croisières en Grèce avait doublé.
En 1960, le prince héritier Constantin participe aux jeux olympiques d’été à Rome. Il décroche une médaille d’or en voile après sa victoire dans la baie de Naples. Le roi est bouleversé d’émotion et de fierté.
Très proche de ses enfants, le roi Paul partage le bonheur de sa fille Sophie le 14 mai 1962 lors de son fastueux mariage à Athènes avec Juan Carlos d’Espagne qui n’est alors que prétendant au trône d’une Espagne sous le régime du général Franco.
Il passe l’été 1963 à Corfou en compagnie de la reine, de la princesse Irène, du prince héritier Constantin et de la fiancée de ce dernier la jeune princesse Anne-Marie de Danemark. Quelques semaines avant son décès, il a la joie de connaître son premier petit-enfant l’infante Elena.
Quelques jours avant sa mort, le diadoque Constantin ramena à son chevet l’icone de la Sainte Vierge de l’ ile de Tinos. Cette icône fut également apportée au chevet du roi Constantin I lorsqu’il devint soudainement malade en 1915. La population avait en effet exigé que celle-ci soit apportée au roi inconscient. Sa fièvre baissa et il put se rétablir. Ce ne fut pas le cas pour le roi Paul.
Le roi Paul décède le 6 mars 1964 plongeant sa famille dans un immense chagrin. Il ne vit pas le mariage quelques mois plus tard de son fils le nouveau roi Constantin avec la princesse de Danemark.
Le lendemain de son décès, un journaliste écrivit « Le roi souriant n’est plus vivant ». Il fut inhumé au mausolée royal de Tatoi à l’endroit qu’il avait personnellement choisi. Chaque année à la date de son anniversaire de naissance, il posait une pierre à cet endroit. Il posa la dernière le 14 décembre 1963.
Un an avant sa mort, il participe avec son épouse au tournage d’un documentaire pour la télévision américaine à l’Acropole. Soudainement, le soleil s’éclipse. Paul et Frederika en rigolent et le souverain déclare « Vous savez le seul roi en Grèce… c’est le soleil »
Troisième fils d’un souverain d’une monarchie qui a connu à plusieurs reprises les affres de l’exil, rien ne prédestinait Paul de Grèce à monter un jour sur le trône. Eduqué dans le respect des traditions familiales et du service à sa patrie, il eut aussi la chance de pouvoir mener une vie proche de la réalité du quotidien. Cette expérience fit de lui un souverain très humain, au contact facile et proche. Sa vie de famille pleinement heureuse était aussi un socle important pour lui. 17 ans plus tard, son épouse la reine Frederika décéda inopinément à Madrid où elle résidait par intermittence. Son gendre le roi d’Espagne intercéda auprès du gouvernement grec pour que celui-ci autorise le rapatriement de la dépouille et son inhumation à Tatoi auprès du roi Paul.
Le 6 mars dernier, ses enfants, petits-enfants et arrières-petits-enfants lui ont rendu hommage au cimetière de Tatoi, 50 ans après sa disparition. L’occasion de se souvenir en Grèce, d’un roi qui fut proche de son peuple dans ses attitudes et ses actions tout au long de son règne. (Un énorme merci à Tepi pour ses longues heures de recherches, ses traductions et ses différentes lectures en vue d’élaborer ce portrait – Article dédié à Corentine- Copyright photos : DR)
agnes
19 juin 2014 @ 07:13
très interessant, merci.
jul
19 juin 2014 @ 07:15
Magnifique article !
Tellement de belles photos anciennes et de détails touchants
Le jour de publication ne pouvait pas être mieux choisi
Un grand merci Tepi !
Luna
19 juin 2014 @ 07:46
Très beau portrait . Merci à Tepi.
Sixtine
19 juin 2014 @ 08:00
Merci à Tepi et à Régine pour cet article intéressant !
Shandila
19 juin 2014 @ 08:18
Un reportage superbe tant pour les commentaires que par les photos. Cela représente beaucoup de travail, mais je suis déjà impatiente de connaître la vie d’autres personnages.
Cette rubrique est un grand atout pour N et R. Mille mercis à TEPI et Régine.
corentine
19 juin 2014 @ 08:40
Tepi et Régine, je vous remercie beaucoup pour la dédicace, je suis extrêmement touchée . J’aime beaucoup la famille royale de Grèce.
l’article est excellent et très intéressant , je vous félicite Tepi et je vous remercie beaucoup.
Paul était un roi proche du peuple, j’ai apprécié le documentaire, encore merci de tout cœur Tepi
corentine
19 juin 2014 @ 08:51
En ce jour d’accession au trône du petit fils du roi Paul, le roi Philippe VI d’Espagne, une pensée toute particulière pour la reine Sophie née princesse de Grèce
Jean Pierre
19 juin 2014 @ 09:33
Bravo Tepi pour cette bio du roi Paul.
J’ignorais certains moments de sa vie et en particulier ses activités durant la période du premier exil.
Cependant son accession au trône de Grèce s’est fait en pleine guerre civile. Et les trois premières années de son règne furent très sanglantes. Il était roi d’un pays déchiré que sa femme Frederika ne participait – pour le moins – pas à apaiser. Mais dans ce conflit, il n’avait pas la main. Les Etats Unis et la Grande Bretagne dirigeaient la Grèce.
Je pense à la reine Sofia, sa fille, l’exil en Afrique du Sud, puis la Guerre civile. Elle a vécu une drôle d’enfance qui explique peut-être son caractère.
Passant il y a quelques années à Williams dans l’Arizona, j’ai vu au « visitor center » une photo du roi Paul et de la reine Frederika se rendant en train au Grand Canyon.
Tepi
19 juin 2014 @ 15:23
Je suis tout a fait d’accord avec vous. Mon portrait n’a aucun couleur politique , j’ai voulu l’ éviter Jean Pierre a tout prix. Mais vos placements me trouvent d’accord.
Je voudrai bien vous demander de me décrire le caractère de sa fille,Sophie.
Puis à Williams aux USA existe leur photo en public tandis qu’ en Grèce leur photos existent
seuleument chez les antiquaires et là aussi bien cachées ou chez les collectionneurs.
Jean Pierre
20 juin 2014 @ 12:52
Tépi, je ne connais pas la reine Sofia.
Mais je me disais que la vie qu’elle avait connue enfant entre exil et guerre civile avait dû marquer son caractère.
Oui dans l’Arizona, c’est bien une photo qui est exposée. De mémoire elle vient d’un reportage d’un journaliste qui suivait les souverains grecs lors d’un de leur déplacement aux USA;
Xavier
20 juin 2014 @ 19:03
En 1996, je n’ai vu que deux photos de la famille royale en Grèce.
La première se trouvait dans le musée consacré aux Jeux olympiques modernes, à Olympie (je ne sais d’ailleurs si ce musée existe encore aujourd’hui, Tepi pourrait peut-être nous le dire). Il s’agissait d’une photo du Roi Paul et de la Reine Frederika, prise lors de l’inauguration du musée, au tout début des années 60 si je me souviens bien.
La seconde, c’était dans l’un des monastères des Météores, et il s’agissait des portraits officiels du Roi Constantin et de la Reine Anne-Marie.
On trouvait aussi, à Athènes, dans des pochettes de timbres anciens pour collectionneurs, des exemplaires des timbres représentant tous les Rois et Reines de la dynastie, émis en 1957.
Cacouszka
19 juin 2014 @ 11:30
Magnifique portrait ! En ne vous contentant pas d’un simple déroulé biographique, mais en parsemant votre récit de vivantes anecdotes, vous nous plongez directement dans la vie du Roi Paul ! Un grand merci à Tepi, et à Régine !
Actarus
19 juin 2014 @ 12:13
Je suis désolé (lo siento mucho), mais quand on écrit « Felipe VI », il faut parler du roi Pavlos. ;-)
Actarus
19 juin 2014 @ 12:16
En plus son titre n’était pas roi de Grèce, mais roi des Hellènes.
Je constate que vous lui faites la poire belle ! ^^
Francine du Canada
19 juin 2014 @ 15:43
Merci à Régine et à Tepi pour ce magnifique portrait de Paul, roi de Grèce. Quel destin que le sien? Le portrait que vous en brossez est celui d’un roi simple, bien attachant et qui ne provoque pas les événements mais a assez de ressort pour s’adapter aux situations qui se présentent dans sa vie. Merveilleux portrait! Amitiés, FdC
Damien B.
19 juin 2014 @ 18:00
Ce portrait du roi Paul est très réussi. Merci Régine et Tepi de nous proposer cette lecture très vivante et si intéressante !
Tepi
20 juin 2014 @ 16:12
Damien B et toutes les autres lectrices et lecteurs je vous remerci infiniment pour vos commentaires. Je suis certaine que son petit-fils va lui ressembler comme roi.Merci beaucoup aussi à Régine.
CAROLINE VM
19 juin 2014 @ 19:03
Merci beaucoup , c’est passionnant !
Caroline
19 juin 2014 @ 23:03
Tepi,un grand merci pour votre reportage-photos historique sur le roi Paul de Grèce!C’était une nouvelle monarchie grecque d’origine germano-danoise,elle a seulement duré 135 ans jusqu’en 1967!
Philippos
19 juin 2014 @ 23:06
Μπράβο tepi. Υπέροχη δουλειά.vraiment magnifique portrait .merci beaucoup
Tepi
20 juin 2014 @ 16:01
Merci beaucoup Philippos pour votre commentaire en vous exprimant aussi en grec.
Mayg
20 juin 2014 @ 00:47
Merci à Tepi pour ce portrait, je me suis régalée.
Anais
20 juin 2014 @ 06:51
J’imagine le travail considérable que cela a dû représenter. Un tout grand merci à Tepi pour ce travail exceptionnel et la richesse des photos proposées.
On sent vraiment une famille heureuse. Comme cela a dû manquer ensuite à la reine Sophie lorsque l’on voit la complicité de ses parent.
Blouin
20 juin 2014 @ 10:32
Je cherche depuis longtemps et je crois que la princesse des Asturies, Leonor, a les yeux de son arrière grand-père. Merci pour cette magnifique biographie. Je pense que le roi Felipe VI ressemble aussi beaucoup à son grand-père grec.
beji
20 juin 2014 @ 10:50
merci pour cet article très interessant,j’ai regardé avec un grand plaisir les photos.
Sylvie-Laure
20 juin 2014 @ 13:37
Félicitations Tépi pour votre investissement pour ce portrait du roi Paul.
A bien des égards, par son éducation et ses gouts, il fait penser au roi Olav V de Norvège.
Vos photos rares sont des photos d’archives. Je pense que vous avez approché de très près la famille Royale Grecque. De celà je suis certaine.. Même peut être dans le cercle de la Famille Royale, mais là n’est pas le but de mes propos.
Le fils unique du roi Paul et de la reine Frédérika est né le 2 juin 1940, non pas en Juillet.
Sa fille ainée, vouait une adoration profonde à ce père, idéalisé, et si humain. A son décès, elle fut comme le reste de sa famille, dévastée , et ce portrait ici sur NR , lui est aussi adressé, à elle, comme à Corentine. La reine se reconnaitra, dans ces photos, cette ambiance grecque si chère à son coeur, et je pense que peut être, Sophia et sa soeur Irène, vivront une bonne partie de l’année en Grèce, auprès de leur frère et belle soeur.
Merci à vous, Tépi, pour ce très beau portrait. La reine Frédérika était une femme très belle, et le mariage fut très heureux.
Tepi
20 juin 2014 @ 19:18
Sylvie-Laure
La reine Sophie ( je ne peux pas encore écrire la reine mère Sophie et je m’ excuse aux Espagnols ) adorait son père. Sa soeur Irène passe plusieurs mois à Athènes.
Je suis certaine que Sophie viendra maintenant plus souvent en Grèce. Εlles sont des femmes très simles comme leur père. Μalheureusement une propagande politique très injuste, tournée surtout contre la reine Frederika a rendu le roi Paul trés méconnu en Grèce. Merci beaucoup pour votre correction. Aussi pendant le croisière des rois les membres du Gotha étaient 104 . Une belle époque pour la Grèce mais malheureusement elle a prit fin .Selon moi la famille royale de Grece est la plus mal traitée d’ Europe au siècle passé.Tepi.
Claude-Patricia
21 juin 2014 @ 13:30
chère Tepi,
Il est vrai que ce couple n’avait pas bonne presse à cause de la filiation de la reine Frédérika, mais maintenant je comprend mieux qui était ce roi.
patricio
20 juin 2014 @ 15:36
Bravo et merci a Regine et a Tepi.
Magnifique portrait d un de mes roi prefere. J ai appris a le connaitre mieu grace a Tepi qui m a offert un dvd sur le roi Paul. Votre port ait d aujourd hui est complementaire . Joli geste d avoir associe un portrait du roi Paul de Grece avec l avenement de son petit fils le roi don Felipe VI de España. Desole pour les accents je suis sur mon portable , problemes d ordinateur depuis quelques jours.
Amities
Patricio
Livia
20 juin 2014 @ 17:33
@ Tepi : Voilà un bel article fourni et divertissant…merci !
JAusten
20 juin 2014 @ 16:43
Merci Tepi pour ce portrait. Je me suis fait une meilleure idée de sa jeunesse.
Ce sont toujours les princes dont on « néglige » l’éducation qui font les rois dont les peuples se souviennent apprécient le plus.
Felipe doit tenir sa grande taille de son grand père.
Je comprends qu’il ait eu un attachement pour Nina, cette grande duchesse était très jolie (a contrario de Frederika (c’est mon avis) qui avait pourtant une si belle maman).
Xavier
20 juin 2014 @ 19:07
Chère Tepi,
Merci beaucoup pour ce superbe portrait du Roi Paul, agrémenté de photos qui me sont pour la plupart inconnues. Nul doute que si le Roi n’était pas mort si jeune, l’histoire grecque récente aurait été bien différente….
Claude-Patricia
21 juin 2014 @ 09:49
Bonjour à tous et merci à vous, Chère Tepi!! Si je pouvais en faire autant avec nos archives, ce serai formidable, ayant bien vu des cartes d’Orléans House à Twickenham par exemple et une médaille de l’ordre de Carlos III ! Il faudrait que je puisse en discuter avec la cousine de mon grand-père.
Je vais la contacter et essayer d’aller chez elle avec ma nouvelle imprimante! Je ne garantie rien, mais je vais le faire. Grace à ma nouvelle machine, je ferai mon maximum pour expédier des photos de mon livre aussi.
Bonne journée très ensoleillée!
flabemont8
21 juin 2014 @ 18:05
Merci , chère Tepi, pour ce bel article consacré à un roi méconnu , et pour les photos qui l’accompagnent .C’est toujours un grand plaisir de vous lire . Toutes mes amitiés .