La princesse Pauline, Marie, Laure de Broglie est née dans le 8ème arrondissement de Paris le 6 février 1888. Elle est la seconde fille et le 4ème enfant du prince Victor de Broglie, 5ème duc de Broglie (1846-1906) et de Pauline de la Forest d’Armaillé (1851-1928). Avant elle, sont nés Albertine future marquise de Luppé, Maurice le futur physicien et Philippe (décédé à l’âge de 8 ans d’une crise d’appendicite). Elle a 4 ans lorsque nait son petit frère Louis, futur prix Nobel de Physique en 1929.
La princesse Pauline passe son enfance entre Paris dans l’hôtel particulier de ses parents, rue de la Boétie; Dieppe où sa famille possède une villa mais où elle n’a pas le droit d’aller sur la plage car à l’époque on « craignait l’air de la mer pour la santé des enfants« , et le château de Saint Amadour en Anjou. La famille aime particulièrement la vie de campagne dans ce château hérité d’une vieille tante, la comtesse Pauline d’Armaillé. Mais la jeune Pauline souffre de solitude, ses parents sont souvent absents, très occupés par la vie politique, (le duc de Broglie a été élu député de la Mayenne), sa soeur ainée Albertine est mariée, son frère Maurice poursuit des études et Louis est trop jeune. Elle se retrouve donc seule avec sa nurse et en souffre. « Sans amies, sans personne à qui se confier », dit-elle dans ses mémoires.
En janvier 1901, un changement dans sa vie, son père Victor de Broglie devient le 5ème duc de Broglie et Pauline découvre le château de Broglie. C’est aussi l’époque où sa famille commence à se soucier de ses études jusque là fort négligées. Des professeurs viennent lui apprendre l’anglais, l’allemand, le piano et un peu de culture générale qui consiste en un peu d’histoire, de littérature, de latin et de grec. Elle apprend aussi l’équitation, le seul sport qui lui est permis et qu’elle aime.
A l’adolescence elle passe de longues heures, toujours seule, à lire dans l’impressionnante bibliothèque du château de Broglie et elle découvre les mathématiques et surtout les sciences, une passion qu’elle partagera avec ses frères. Elle visite le Museum d’Histoire Naturelle et obtient l’autorisation de s’inscrire à des cours de paléontologie.
En 1904, autre changement dans sa vie. Son frère Maurice épouse Camille Bernou de Rochetaillée. Madame de la Rochetaillée, la belle-mère de son frère va lui faire découvrir les voyages et le « monde », mais avant de faire son entrée dans le monde, la jeune Pauline doit apprendre à danser, ce qui ne lui plait guère.
C’est pourtant lors d’un bal qu’elle va rencontrer son futur mari, Jean de Pange. Le comte Jean, Marie, Louis, Clément Thomas de Pange est né en 1881. Il est le 5ème fils du marquis de Pange et de la marquise née Amélie Grasset. Jean de Pange a suivi des études de Lettres et de droit. Il est Lorrain, et est très marqué par la double culture française et allemande. Il passera sa vie à « combattre » pour l’union des peuples et portera très tôt l’idée européenne.
Pauline de Broglie devenue comtesse de Pange va désormais se consacrer à la littérature et à l’histoire. Elle animera un cercle d’études sur Madame de Stael, écrira ses mémoires « Comment j’ai vu 1900 » où elle nous fait découvrir toute une époque : celle du début du monde actuel. Publié en trois volumes, il dépeint avec beaucoup d’humour et de finesse la société aristocratique à la Belle époque.
Voici un extrait de ses mémoires : « Il m’est difficile de dire en quelle année, on installa le téléphone à la maison. Je crois que c’était vers 1896 ou 1898. Mes parents firent ce sacrifice à l’esprit moderne en grande partie pour remédier à l’éloignement et à la solitude de ma soeur qui habitait depuis son mariage avec le marquis de Luppé un bel hôtel entre cour et jardin, solennel et triste au bout de la rue Barbet de Jouy. On la plaignait. Cela paraissait très loin presque à la campagne. L’idée de pouvoir bavarder tous les matins, sans se déranger entre la rue Barbet de Jouy et la rue de la Boetie, parut si séduisante qu’on n’hésita plus. L’appareil fut posé chez nous dans un salon de passage. Il était en bois de palissandre et fut cloué au mur. Il ressemblait assez par sa forme aux petites boites distributrices de papier dans les toilettes. Il y avait deux écouteurs pendus à des crochets de chaque coté et au centre, un bouton sur lequel on appuyait pour obtenir la communication avec le poste central. La sonnerie était déchirante et s’entendait dans toute la maison. Mais on ne courait pas au téléphone. Un domestique était préposé à ce soin, décrochait l’écouteur, s’informait de ce qu’on désirait et allait chercher la personne demandée.
Le plus curieux est que le téléphone ne semblait absolument pas destiné aux affaires sérieuses. Le secrétaire de mon père qui occupait le bureau politique au rez de chaussée ne s’en servait jamais. Mon père non plus. On continuait à atteler la voiture (calèche) pour porter des lettres en ville ou faire des commissions. On considérait le téléphone comme une invention de luxe ne pouvant convenir qu’aux bavardages de dames et personne n’y attachait d’importance. »
Le couple a eu quatre fils : Maurice né en 1911 et décédé en 1927, Philippe né en 1913 et décédé en 1914, François né en 1918 (sans alliance), Victor né en 1923 et décédé en 1984, est le seul à avoir une descendance. De son mariage avec Isabelle Costa de Beauregard, il a trois enfants : Eveline née en 1956, mariée au comte Aubert de Proyard de Baillescourt d’où Laure-Victoire (1985), Henry (1988) et Olympia (1993) ; Christian né en 1958 (sans alliance) et Alain, né en 1961 et décédé en 1999 (sans alliance).
Le comte et la comtesse de Pange compteront parmi leurs amis Robert Schuman, Konrad Adenauer, le General et Madame de Gaulle et entretiendront des relations d’amitié avec l’archiduc Otto de Habsbourg. Le comte est décédé en 1957.
La comtesse de Pange fut membre du jury du Prix Femina. En plus de ses célèbres mémoires, elle publiera plusieurs livres dont : Madame de Staël et François de Pange, lettres et documents inédits (1925), Mme de Staël et la découverte de l’Allemagne (1929, Monsieur de Staël, Le dernier amour de Madame de Staël, d’après des documents inédits (1944); Lettres de femmes du XIXe siècle : Choisies et présentées par la comtesse Jean de Pange (1947)..
En 1970, elle sera décorée de la cravate de commandeur de la Légion d’Honneur. La princesse Pauline de Broglie, comtesse de Pange est décédée à Paris le 29 février 1972 , elle est enterrée à Pange en Moselle. (Copyright photos : DR – Merci à Corentine pour cet article)
June
30 mai 2013 @ 06:27
Une famille d’esprits brillants !
jul
30 mai 2013 @ 06:28
Merci Corentine pour cet intéressant portrait de la Comtesse de Pange !
En effet l’anecdote du téléphone que vous présentez est très amusante :)
On voit à quel point les mentalités ont changé ! Aujourd’hui tout le monde n’a d’yeux que pour des innovations technologiques à obsolescence programmée :D
Mais c’est toujours triste de lire que l’éducation des femmes étaient négligée. C’est choquant quand il s’agit d’une princesse, même si cela arrivait souvent.
Le Prince de Broglie, père de Pauline n’avait-il pas les moyens avant la mort du Duc, grand-père de Pauline ? Cela serait très étonnant.
Oubien était-il tellement accaparé par la politique pour ne pas se préoccuper de l’essentiel?
Je suis étonné que ses parents craignaient l’air de la Mer pour les enfants.
La Duchesse de Berry n’emmenait-elle pas Mademoiselle à Dieppe dès les années 1820 ?
Et plus généralement, les enfants Bretons et Normands étaient-ils souvent malades ?
A moins de penser que les enfants de la noblesse étaient constitués différemment des enfants des simples gens (ce qui est fort possible vu les préjugés de l’époque), on dirait fort une excuse de ses parents pour être tranquilles en vacances :D
MIKA
30 mai 2013 @ 21:41
JUL, il faut se souvenir du contexte de l’époque et des milieux.
Les enfants n’étaient pas les enfants-Rois d’aujourd’hui ! Ils étaient aimés, mais conservaient leur place.
Et dans les milieux bourgeois ou aristocratiques, les enfants étaient souvent plus attachés aux nurses qu’à leurs parents.
Il n’y avait pas cette sorte d’adoration totale et béate , que beaucoup ont devant leur progéniture aujourd’hui …
jul
31 mai 2013 @ 06:13
Entièrement d’accord avec vous, loin de moi l’idée que la petite-fille de Charles X était une enfant-Roi.
De plus, je ne pense pas que les parents qui veillaient à l’instruction des filles dès leur enfance étaient rares. Cela n’était pas le signe qu’elles étaient traitées en enfants-Roi.
Damien B.
31 mai 2013 @ 08:12
Jul, cela me rappelle une lettre du duc d’Aumale à son neveu le comte de Flandre.
Il l’invitait avec la comtesse, mais exprimait le souhait formel que ses enfants ne soient pas présents afin – écrivait-il – de ne pas interrompre leurs études.
jul
31 mai 2013 @ 12:50
Cela ne m’étonne pas du Duc d’Aumale Damien B. :)
HRC
30 mai 2013 @ 08:51
merci Corentine.
j’ai oublié la pluie le temps de lire, un vrai cadeau de votre part.
stef34
30 mai 2013 @ 09:24
Merci pour ce beau portrait .Je connaissais très mal cette princesse .j’aime beaucoup ces portraits du jeudi !
guewagram
30 mai 2013 @ 09:24
J’ai lu et re-lu plusieurs fois « comment j’ai vu 1900 » avec un grand plaisir.. La princesse Pauline y décrit son monde qui nous semble bien éloigné du notre. Sa solitude enfantine ne la préparait pas trop à la vie qu’elle eut ensuite quand « son » monde n’existera plus. Elle réussit tout cela magnifiquement.
Arielle
30 mai 2013 @ 09:54
Passionnant, merci beaucoup. Cette comtesse de Pange est bien attachante. Le château de Pange est une magnifique demeure (à une quinzaine de kms au nord-est de Metz) entourée d’un non moins magnifique jardin, qui a été réaménagé dans les dernières années selon un concept très moderne des jardins. Il fait bon s’y promener. La verdure y est parfois libre, parfois disciplinée, le tout est pensé, l’arrière du château donne sur un cours d’eau. Superbe.
Cosmo
30 mai 2013 @ 10:01
Ayant eu la chance de connaître la comtesse de Pange, je peux dire quelle femme extraordinaire elle était, intelligente et fine.
Son appartement donnait sur les jardins de l’hôtel Matignon et de son salon, où l’on pouvait asseoir soixante personnes, on voyait tout Paris.
Une anecdote amusante montre combien le monde aristocratique et princier a changé : lors de leur voyage de noces, les Pange ont passé quelques temps à Munich. Bien sûr ils ont été invités à la Cour et lors du repas, la comtesse, née princesse du Saint-Empire, dînait dans la première salle avec la famille royale et toutes les altesses quand son mari, simple aristocrate français, dînait dans la troisième salle, et ce bien qu’ils fussent mariés depuis peu. Le protocole dans les cours allemandes était intransigeant.
J’ai eu l’occasion de parler de Marcel Proust avec elle. Elle n’avait fait que l’apercevoir mais elle l’avait lu. Selon elle, la vision qu’il avait du monde aristocratique était magnifiée, voire faussée, par ses origines bourgeoises. La duchesse de Guermantes, malgré ses nombreux modèles, n’existait, dans sa perfection aristocratique, nulle part ailleurs que dans l’imagination de l’écrivain. Elle ne voyait personne dans son monde atteindre ce degré de raffinement et de délicatesse.
Je ne sais si ses mémoires sont réédités, mais je ne peux que recommander de les lire, tant ils sont amusants et fourmillent d’anecdotes sur le monde d’autrefois.
Merci à Corentine d’avoir rappelé à notre mémoire la comtesse Pauline de Pange, née princesse de Broglie !
Pierre-Yves
30 mai 2013 @ 14:07
L’anecdote de la cour de Munich que vous rapportez, Cosmo, nous fait réaliser qu’il y a des changements bienheureux !
D’autres dames de l’aristocratie, contemporaines de la comtesse de Pange, ont parlé de Proust: La princesse Marthe Bibesco, et aussi la duchesse Elisabeth de Gramont, qui a publié des mémoires et qui, comme vous le savez, était, sans doute, moins conventionnelle que Mme de Pange.
Mais je souscris volontiers à cette opinion qu’elle avait que la société aristocratique décrite par Proust dans La Recherche était probablement plus belle dans la réalité.
Mayg
30 mai 2013 @ 14:11
Merci pour ce témoignage Cosmo,
Mais je trouve ça quand même aberrant que des époux ne puisse pas mangé à la même table lors d’une réception à la cours, sous prétexte qu’il ne sont pas du même rang. Imaginez ce que seraient les réceptions du gotha de nos jours, si cette règle existait encore…
Kalistéa
1 juin 2013 @ 22:29
On imagine! Létizia, Mette-Marit, M-Teresa,Mary …il y en a trop pour qu’on les cite toutes ,s’amuseraient comme des folles à se jeter des boulettes de mie de pain dans une petite salle à manger près des cuisines…Pendant que la douairière Camilla ferait un indulgent sourire de Joconde!…
MDR.
Arielle
30 mai 2013 @ 15:20
Merci, Cosmo.
Francine du Canada
30 mai 2013 @ 18:35
Cosmo, merci pour ce témoignage; je n’en reviens pas que vous eussiez discuté de Marcel Proust avec la comtesse de Pange. Le moins qu’on puisse dire est que vous n’avez pas eu, jusqu’à présent, une vie ennuyante.
J’essairai de lire ses mémoires car… j’ai aimé cette page d’histoire concernant une comtesse dont je n’avais jamais entendu parler. Merci à Régine et Corentine! FdC
Cosmo
30 mai 2013 @ 22:53
Chère Francine,
J’ai la chance d’avoir eu, et d’avoir encore, une vie passionnante, faite de rencontres avec des êtres hors du commun mais aussi avec des êtres, comme nous tous, pleins de leur richesse personnelle et intime.
J’ai toujours apprécié les êtres pour ce qu’ils sont en eux-mêmes et non pour ce qu’ils paraissent ou pour leur héritage culturel ou dynastique.
Je peux vous livrer une anecdote concernant l’archiduc Rodolphe d’Autriche, qui me montrant sa maison m’a dit : » Etre né archiduc est le fait du hasard, je n’y peux rien. Avoir offert un toit à ma famille n’est dû qu’à mon travail, et c’est de cela dont je suis le plus fier. Ma mère (l’Impératrice Zita) nous a élevés dans l’esprit du travail et je ne peux que l’en remercier. »
Alors, prince ou manant, seul compte l’homme et son oeuvre !
Et ce n’est que comme cela que l’on peut approcher les « grands » de ce monde, en restant soi-même.
Amicalement
Cosmo
aubert
31 mai 2013 @ 12:52
Cher Cosmo, votre dernière phrase est une grande leçon.
Cosmo
31 mai 2013 @ 13:49
Je vous remercie pour votre appréciation, Cher Aubert.
Francine du Canada
1 juin 2013 @ 04:38
Cosmo, merci je me sens honorée de ce partage et j’aurais bien aimé l’archiduc Rodolphe d’Autriche; j’aime les gens vrais et authentiques! Amitiés, FdC
Francine du Canada
30 mai 2013 @ 18:38
« j’essaierai… » pardon!
HRC
30 mai 2013 @ 23:04
cher Cosmo, je n’ai lu que « comment j’ai vu 1900 ». Précis, évocateur, et écrit comme un bon roman.
( pour Caroline : appelez tonton google au secours, il y un paquet d’articles sur les Broglie, à diverses époques ! )
Corsica 2
31 mai 2013 @ 04:32
Merci infiniment Corentine mais aussi à vous Cosmo pour ce beau témoignage . L’anecdote du repas à la cour montre effectivement combien le monde princier a changé mais entre temps plus d’un siècle s’est écoulé et il y a eu deux guerres mondiales qui ont fait vaciller et tomber un certain nombre de trônes et de valeurs, hélas …
aubert
31 mai 2013 @ 12:47
Sous le règne de Louis XVIII, la duchesse d’Angoulême étant Fille de France avait droit aux portes ouvertes à 2 battants dont un était refermé pour le duc d’Angoulême qui n’était que Prince du Sang.
marie.françois
31 mai 2013 @ 19:25
Ceci est totalement faux, mon pauvre Aubert!
aubert
1 juin 2013 @ 12:48
Ma ou mon pauvre Marie.Francois je vous remercie de me faire remarquer mon erreur.
J’ai relevé cela, il y a bien longtemps dans un ouvrage consacré à la duchesse d’Angoulême dont l’auteur était probablement moins qualifié que vous.
Comme il y a bien longtemps votre qualificatif fait peut-être allusion au vieillissement de mes petites cellules grises !!
aubert
1 juin 2013 @ 17:19
Le titre de l’ouvrage était « la duchesse d’Angoulême, Antigone de la monarchie ». J’ai totalement oublié le nom de l’auteur.
Gérard
1 juin 2013 @ 15:09
Non Aubert, Angoulême était petit-fils de France et altesse royale. Sous Louis XVIII en revanche Orléans était premier prince du sang et altesse sérénissime tandis que Marie-Amélie était fille de roi et c’est à cette humiliation que mit fin Charles X en donnant l’altesse royale à tous les princes du sang. C’était très déplaisant pour la duchesse d’Orléans, tante de la duchesse de Berry, qui souffrait pour son mari.
aubert
2 juin 2013 @ 13:10
Je ne sais si l’anecdote des portes est vraie ou fausse.
Par contre sous Louis XVIII, la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI était Fille de France. Son mari le duc d’Angoulême n’était que l’arrière-petit-fils de Louis XV donc seulement Prince du Sang.
Si je n’ai rien compris qu’on veuille bien me renseigner.
aubert
31 mai 2013 @ 12:50
Madame de Pange avait fait ce qu’une de mes amies qualifie de « mariage de bout de table ».
…mais Monsieur de Pange avait d’autres qualités.
Gérard
1 juin 2013 @ 15:20
Le mot me paraît fort. Les filles des ducs et des princes français n’épousent pas que des ducs, ni des futurs héros d’ailleurs.
Gérard
2 juin 2013 @ 11:54
Je me trompe bien sûr et je confonds le mari de Pauline avec son neveu également Jean, l’aviateur.
aubert
2 juin 2013 @ 13:14
Mon commentaire vient à la suite de celui de Cosmo relatant le dîner viennois auquel les Pange assistèrent dans des salles différentes.
Il est bien évident que les filles de duc ne peuvent toutes épouser des ducs, ils ne sont pas assez nombreux.
Gérard
3 juin 2013 @ 19:16
Il me semble Aubert que si l’on naît petit-fils de France on le reste toute sa vie dans la pire hypothèse. Le duc d’Angoulême était le petit-fils du dauphin, fils de Louis XV, or les fils du dauphin n’étaient pas petit-fils de France mais fils de France et en conséquence leurs propres étaient petit-fils de France.
Après bien entendu quand Charles X est devenu roi Angoulême est devenu le dauphin fils aîné de France.
aubert
5 juin 2013 @ 20:11
Merci, j’avais en effet oublié que tous les fils de Dauphin étaient fils de France, donc leurs fils Petit-Fils de France.
Gérard
3 juin 2013 @ 19:28
L’anecdote que rapporte Cosmo est en effet effrayante, et j’ai l’impression qu’elle ne pouvait s’imaginer que dans les pays germaniques. Je me trompe peut-être mais il me semble qu’en France on n’aurait pas procédé ainsi quitte à mettre les deux époux dans la troisième pièce et c’était précisément ce qu’on redoutait pour ces mariages de bout de table, c’était que non seulement le conjoint était en bout de table mais qu’on y était soi-même. Évidemment dans tous les pays une fille de duc qui épousait un duc, était mieux placée que sa sœur qui avait épousé un simple gentilhomme. Il me semble que la France, comme le Royaume-Uni, attachait une importance particulière, et c’est encore le cas aujourd’hui, au titre de duc et je ne pense pas qu’elle ait attaché la même importance naturellement à un titre de prince ou de princesse du Saint-Empire. Mais bon il faudrait se replonger dans les manuels de savoir-vivre de l’époque à défaut de relire tout Saint-Simon. Aujourd’hui les manuels de protocole anglais sont encore extrêmement précis sur le sort réservé aux enfants aînés et cadets des pairs du royaume.
Cosmo
5 juin 2013 @ 11:38
Cher Gérard,
La différence entre la France et le Royaume-Uni d’un côté et les Empires allemands et autrichiens réside dans le fait que les femmes dans le premier cas ne portent pas de titre alors que dans le deuxième cas, elles en portent personnellement même si elles ne peuvent pas le transmettre.
Pauline de Broglie était en France titrée princesse par courtoisie, alors qu’en Bavière elle l’était juridiquement au titre du St Empire.
Il en est encore ainsi aujourd’hui.
L’importance des titres du St Empire dépend de la médiatisation ou non des familles. Les familles médiatisées ont rang de familles autrefois souveraines et sont considérées d’égalité de naissance avec les souverains, les autres font partie de l’aristocratie. Les princes de l’Empire (Reichfurst), comme Metternich, n’étaient pas médiatisés car leurs titres étaient postérieur à la disparition du St Empire.
Quand Louis XIV disait que les ducs et pairs ne devaient pas céder le pas aux princes du Saint-Empire, il se trompait car ces princes étaient souverains, même de territoires minuscules, alors que les ducs et pairs, tout cousins du roi qu’il aient été considérés, ne l’étaient pas.
Je reconnais que le protocole dans les Cours allemandes était un peu trop sévère. Mais il ne l’était pas moins chez nous en reléguant aux bouts de table…
Cela dit, Pauline de Pange était plutôt amusée de la situation qu’offusquée et j’imagine qu’il devait en être de même pour son mari.
;)
Amicalement
Cosmo
Zeugma
30 mai 2013 @ 10:06
Je remercie Corentine pour cet article.
« Comment j’ai vu 1900 » nous plonge, avec quantité de détails, sur la vie quotidienne d’une famille de la haute noblesse avant la première guerre mondiale.
Un seul exemple : quand la jeune fille allait au bal, plusieurs domestiques étaient mobilisés, le cocher, bien sûr, le portier pour lui ouvrir la porte à son retour, une femme de chambre pour la deshabiller et un valet pour lui réchauffer un bouillon.
Le livre donne le ton de l’époque (un peu comme Jean d’Ormesson dans « Le plaisir de dieu ») avec le souci de transmettre le souvenir d’une époque devenue probablement incompréhensible aux nouvelles générations.
Caroline
30 mai 2013 @ 12:39
Zeugma,je crois avoir lu un livre semblable ‘Mémoires d’une jeune fille rangée’ de Simone de Beauvoir!
Francine du Canada
30 mai 2013 @ 18:56
Caroline, je souris en vous lisant… un vieux souvenir refait surface : Je rencontre (dans un parc près de chez moi) un bon ami à moi (prêtre, curé de la paroisse voisine de la mienne) et il me demande ce que je lis? Et moi de lui répondre : « Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir » et lui… de rétorquer (avec un peu de couleurs aux joues) : « Et bien… on a vu plus rangée » ha! ha! ha!
Quelques années plus tard, c’est moi (heureusement seule dans ma bibliothèque) qui ai certainement eu quelques couleurs aux joues en lisant « Lettres à Sartre » Ouf, je me souviens m’être dit que j’éviterais certainement d’en parler avec mon ami prêtre. Ha! Ha! Ha! Amitiés, FdC
Christine
30 mai 2013 @ 10:21
Dans les années 80, le château de Pange a été loué à une association qui y organisait des centres aérés ; j’y ai fait de nombreux week-ends avec les Jeannettes des Scouts de France. Durant cette période, le château a été défiguré (peintures ignobles, lustres improbables, pas d’entretien, par à l’abandon etc…). J’ai souvenir d’y avoir soigné l’actuel comte de Pange, petit garçon, qui était tombé dans le parc du château. Ce château a ensuite été repris par la famille de Pange, qui a réalisé une magnifique restauration tant en ce qui concerne le parc, que l’intérieur du château. A visiter !
Charles
30 mai 2013 @ 10:45
Grand merci à Corentine pour cet interessant sujet.
Francky
30 mai 2013 @ 11:02
Bravo et merci Corentine, pour cette belle biographie. J’ignorais tout de Pauline de Broglie !
Caroline
30 mai 2013 @ 11:57
Corentine,un grand merci de ma part pour cet article bien documenté!
Le nom ‘de Broglie’ m’est assez connu,mais j’ignorais l’histoire de cette famille!
Anais
30 mai 2013 @ 12:19
Merci Corentine pour ce passionnant portrait. Est-ce que l’on trouve encore les mémoires de la princesse en librairie ?
Kalistéa
1 juin 2013 @ 22:39
Je ne pense pas Anais, à moins qu’elles ne soient rééditées.Mon exemplaire date de 1962 (Bernard Grasset ed.)
Quand on aime comme moi visiter les foires aux livres, on peut trouver des ouvrages édités il y a plus de 50 ou 60 ans.C’est comme çà que j’ai eu le mien.
Bon dimanche. k.
flabemont8
30 mai 2013 @ 12:22
Merci de nous présenter ce personnage , ses écrits, son rôle dans la vie littéraire .
COLETTE C.
30 mai 2013 @ 12:59
Merci, Corentine, c’est passionnant !
Quelle famille prestigieuse !
Germain
30 mai 2013 @ 13:33
Et il y en a meme a la télévision, puisque la journaliste « Laure Debreuil » s’appelle en réalité Laure de Broglie.
Thalie
30 mai 2013 @ 13:37
Merci Corentine!
« Comment j’ai vu 1900 » m’intéresse particulièrement…
Mayg
30 mai 2013 @ 14:07
Merci Corentine pour cet article.
Claudine
30 mai 2013 @ 14:52
Je connais très bien le chateau de Pange, les jardins sont une pure réussite.
Il existe un livre très intéressant « Le chevalier de Pange ou la tragédie des frères » écrit par Edith de Pange aux éditions Serpenoise.A lire absolument.
Arielle
30 mai 2013 @ 15:23
Je n’ai pas remercié Corentine nommément, je répare cet oubli maintenant. Merci beaucoup Corentine pour ce très intéressant article.
valerie
30 mai 2013 @ 15:55
Merci, pour ces magnifiques portraits, histoire de famille du Jeudi
Tepi
30 mai 2013 @ 18:36
Corentine
Un grand merci aussi de ma part…. Votre portrait est parfait.Ma prochaine lecture sera « comment j’ai vu 1900. » Grace a vous je l’ ai decouvert.
LPJ
30 mai 2013 @ 19:25
La politique occupa une place importante dans la vie familiale de la Comtesse de Pange.
Il est amusant que le Comte Aubert de Proyart de Baillescourt, époux de son unique petite-fille, a eu pour grand-mère maternelle la première femme député des Deux-Sèvres (bien avant Ségolène Royal !). Il s’agissait de la Baronne de La Chevrelière. Née Mageleine Lannes de Montebello (1906-1976 ; descendante du Maréchal d’Empire Lannes titré par Napoléon Duc de Montebello), elle épousa Jacques Aymé, 5ème Baron de La Chevrelière (famille également titrée sous l’Empire). Elle fut conseillère municipale en 1945 puis maire à partir de 1953 de Gournay, conseillère générale de Gournay (1958-1973) et député des Deux-Sèvres (1958-1973). A noter que le frère du Comte Aubert est l’époux d’une des filles de l’actuel Duc de Lorge et de sa défunte épouse Cécile du Temple de Rougemont (elle-même descendante des Princes Murat et donc des Bonaparte). Ceci étant dit bien évidemment pour les amateurs de généalogie et de curiosités.
Michèle
30 mai 2013 @ 19:51
Merci Corentine
Je ne connais pas personnellement la Comtesse de Pange comme Cosmo, mais très bien l´histoire de la famille de Pange et des ses ancêtres pour raisons personnelles.
La famille de Pange est au service de la lorraine et de la France depuis quatre siècles, anoblie en 1626 par le Duc Charles VI de Lorraine. et ses terres acquises en 1720 à Pange près de Metz
Le comte Jean de Pange historien et écrivain passe sa jeunesse à Vienne en Autriche où son père est attaché militaire de l´Ambassade de France auprès de la Cour des Habsbourg-Lorraine.
L´archiduc Otto de Habsbourg écrit dans la préface de l’œuvre posthume de Jean de Pange sur « L’Auguste Maison de Lorraine » : « l’action politique de Robert SCHUMAN eût été difficilement réalisable si des penseurs n’avaient pas préparé sa voie. Parmi ceux-ci, Jean de Pange occupe une place d’honneur » le livre fut publié en 1966 par son épouse, la Comtesse de Pange arrière-petite fille de Madame de Staël et du général de Ségur.
Michèle
sources diverses
Jean Pierre
31 mai 2013 @ 01:13
Et que l’on n’oublie pas le grand résistant Jean de Pange.
HRC
31 mai 2013 @ 09:07
en plus ! je l’ignorais.
aubert
31 mai 2013 @ 13:04
…qui s’est distingué dans la fameuse escadrille Normandie-Niemen.
La plupart des membres de cette famille, comme d’ailleurs celle de La Princesse Pauline, ont parfaitement honoré la Noblesse Française en étant dignes de leur naissance.
Suzanne
30 mai 2013 @ 20:24
Un grand merci à Régine et Corentine pour ce passionnant reportage
shandila
31 mai 2013 @ 06:08
Merci à Corentine pour cet attachant et intéressant portrait, ainsi qu’à Cosmo pour les précisions apportées.
Je pense que je vais acheter les mémoires de cette princesse.
Damien B.
31 mai 2013 @ 08:06
Merci Corentine pour cette excellente évocation de la comtesse de Pange que je découvre avec beaucoup de plaisir ce matin.
Michèle
31 mai 2013 @ 18:52
Bonjour Cosmo
Puis.je me permettre de vous donner le lien de deux Vidéos sur la comtesse Jean de Pange, mée Pauline de Broglie.
La comtesse Jean de Pange ou la plus Belle Epoque,
un entretien de Claude Santelli du 22 décembre 1970 chez elle, il est écrit Comtesse Jean de Pange née Corinne de Broglie.82 ans, certainement une erreur. car cela correspond bien à Pauline de Broglie née en 1888 et ayant 82 ans en 1970, comme vous avez eu l´honneur de la rencontrer vous pourrez me dire si c´est bien elle, quoique j´en ai aucun doute
http://www.ina.fr/video/CPF86628004
La vie comparée de madame de Pange et de monsieur Robert Galley, entretien du 4 aveil 1968
Rencontre avec la comtesse Jean de PANGE, née Pauline de Broglie, le 6 février 1888 dans une maison rue de la Boétie. Elle raconte le Paris de son enfance avec ses voitures à cheval, ses parcs et ses pavés. Elle remarque que la noblesse n’avait aucune conscience de la misère des domestiques et des nourrices…..
http://www.ina.fr/video/CPF8662129
Bonne soirée ou journée
Michèle
Cosmo
6 juin 2013 @ 13:28
Chère Michèle,
Merci pour ce lien ! Je viens de télécharger cet entretien.
Il s’agit bien de la même personne. On a du lui attribuer le prénom de Corinne en souvenir de son aïeule Germaine de Stael… ;)
Amicalement
Cosmo
Michèle
31 mai 2013 @ 18:58
Je repasse le lien de la deuxième vidéo a laquelle il manque un chiffre
http://www.ina.fr/video/CPF86621209
marie.françois
31 mai 2013 @ 19:34
merci Corentine, pour ce reportage.
Les memoires de la comtesse de Pange sont tres vivantes et pleines d’interet pour juger d’une époque et d’un milieu.
Celles de son époux sont par contre assez barbantes . Je ne siais si vous les avez lu.
Vous auriez pu ajouter dans votre article qu’enfant, elle allait visiter son grand pere, le duc de Broglie, dans son hotel de la rue de Soferino, qui n’est rien d’autre maintenant que le siege du PS.
cordialement
aubry
5 novembre 2017 @ 21:08
mon grand père AUBRY Emile né le 25 mai 1893 a loiré né de père inconnu,,on retrouve sa trace en 1906 a chantilly ou de 13 ans a 20 ans il était valet de chiens pour le prince murat en 1920 pour la marquise de noaille,nommé meilleur sonneur de trompe sous le nom de La Forest,sa mere ayant été servante au château de la forest d’armillié étrange coincidence qui fut surnomé la forest,il nous parlait souvent du prince de broglie et de sa famille il semble qu’il les connassit bien