La princesse Sophie, Dorothea, Ulrike, Alice de Prusse voit le jour le 14 juin 1870 au Neues Palais de Potsdam. Elle est le septième enfant de l’empereur Frederic III d’Allemagne et de l’impératrice Victoria, née princesse de Grande-Bretagne. La princesse Sophie est l’une des nombreuses petites-filles de la reine Victoria. Sa naissance arrive à un moment délicat à savoir la guerre franco-allemande de 1870 avec les célèbres batailles de Woerth et Sedan. Son père y prend part et gagne l’admiration de ses troupes.
Quelques jours avant son baptême, la présence de son père à la cérémonie était totalement incertaine. Il arrive finalement quelques heures avant la cérémonie qui se déroule le 24 juillet 1870. Sa mère la princesse Victoria écrivait à ce sujet à sa propre mère la reine Victoria : » Le baptême s’est bien passé mais l’ambiance était lourde et mélancolique. Les visages des invités étaient inquiets et leurs yeux en larmes. Comme si un malheur mettait de l’ombre à la cérémonie alors qu’elle aurait dû être gaie et bénie« . Le futur empereur Frederic III était en effet parti pour le front à l’aube sans prévenir sa femme et embrasser ses enfants, voulant leur éviter des scènes d’émotion. Les conditions de son baptême étaient un premier signe de sa future vie, ponctuée de tragédies et d’amertume.
Sophie a 7 frères et sœurs : Frederic Guillaume (futur empereur d’Allemagne et dernier empereur), Victoria dite Charlotte (1860-1919), Albert dit Heinrich (1862-1929), Franz dit Sigismund (1864-1866), Friedrieke dite Victoria (1866-1929), Joachim dit Waldemar (1868-1879) et Margrete (1872-1954)
La princesse grandit dans une ambiance familiale très tournée vers l’Angleterre. Sa mère, fille de la reine Victoria souhaite que ses enfants vivent dans la même atmosphère chaleureuse qui régnait au sein de la famille formée par la reine Victoria et le prince Albert et met un point d’honneur à mener une vie très « british », ce qui lui sera toujours reproché par le son fils aîné, le futur (et dernier) empereur d’Allemagne. Sophie dont le surnom est « Sossy » est très proche de ses sœurs Margarete et Victoria. Son père est plus proche des aînés.
Sophie est considérée comme une élève douée et très motivée. Son programme d’éducation était très stricte sans qu’aucune négligence ne soit permise. La princesse était dotée d’une mémoire, dit-on, impressionnante, ce qui l’aidera beaucoup plus tard dans ses devoirs de reine. La princesse séjourne régulièrement auprès de sa grand-mère maternelle en Angleterre et parfois pendant plusieurs semaines. Lorsqu’elle est en Allemagne, Sophie vit auprès de ses parents au Neues Palais de Potsdam ou au Palais du prince héritier à Berlin sur la célèbre artère Unter den Linden.
A l’occasion duJubilé de la reine Victoria en 1887, Sophie et les siens assistent à de nombreuses festivités organisées pour commémorer l’événement. La princesse reste d’ailleurs plus de temps auprès de sa grand-mère et fait la rencontre du prince Constantin de Grèce, fils aîné du roi George I et de la reine Olga de Grèce, née grande-duchesse de Russie. Il est de 2 ans son aîné. La même année, le prince héritier Constantin arrive à Berlin pour y suivre les cours de l’école de Guerre ainsi que des cours en Sciences politiques. A la Cour de Berlin, il retrouve la princesse Sophie de Prusse. Ils apprennent à mieux se connaître et leur relation évolue progressivement
Le père de Sophie devient empereur d’Allemagne le 9 mars 1888 après avoir été 27 ans prince héritier. On le dit animé d’idées plus libérales et souhaitant réformer les institutions de son pays mais Frederic III est gravement malade depuis de longs mois. Il souffre d’un cancer très avancé du larynx. Ses médecins ont des avis divergents sur le traitement. Certains évoquent une ablation du larynx, d’autres des opérations plus ciblées et d’autres encore une simple cure au bon air.
Il était enchanté des fiançailles de sa fille Sophie avec le prince héritier Constantin et les convia à son chevet pour leur présenter tous ses vœux de bonheur. Un mois avant son accession au trône, une opération visant à lui pratiquer une sorte de trachéotomie se passe mal et prive le futur empereur de la parole. Un voyage en Italie avec son épouse n’améliore pas sa santé précaire.
Il ne règne que 99 jours, miné par la maladie mais soutenu jusqu’au bout par son épouse l’impératrice Victoria. L’anniversaire de la princesse Sophie est célébré dans l’intimité familiale le 14 juin 1888. Le lendemain, l’empereur s’éteint à l’âge de 56 ans. C’est le frère aîné de Sophie qui lui succède et qui entend directement imprimer sa marque, à l’opposé de celle amorcée par son père et influencée par sa mère jugée trop britannique. L’impératrice veuve Victoria s’appuie beaucoup sur ses filles les princesses Sophie, Margrete et Victoria pour surmonter son deuil.
L’annonce de leurs fiançailles officielles est retardée de quelques mois suite aux décès des empereurs Guillaume et Frederic. Entre temps, la princesse Sophie se prépare pour ses nouvelles obligations. Elle commence à apprendre le grec, s’informe à propos des coutumes, du folklore,… du peuple grec. Le jour de son arrivée sur le sol grec, la jeune princesse souhaite montrer ses connaissances linguistiques à sa nouvelle patrie et s’adresse à son fiancé en parlant le grec ancien à la surprise générale. Son professeur en Allemagne estimait que le grec ancien était la vraie langue du pays…
Le mariage de Sophie et Constantin était le premier d’un prince héritier ou roi à avoir lieu en Grèce. En effet, le premier roi Othon s’était marié en Bavière et le roi George I en Russie. Comme il n’y avait pas la place suffisante au palais pour héberger les nombreux invités nobles, le roi George demanda l’aide des riches Athéniens qui possédaient de grandes maisons. Ceux-ci mirent donc des chambres de leurs résidences à disposition des invités de marque ainsi que leurs calèches.
Des tous les invités présents au mariage, l’empereur Guillaume II, frère de Sophie, laisse une très mauvaise impression au peuple mais aussi aux autres invités. Il est arrogant avec une mine autoritaire et un regard hostile. Il montre clairement que rien ne lui plaît dans la capitale grecque sauf les soldats de la garde royale ! Lors de son arrivée le 14 octobre avec son épouse, il est accompagné de 10 bateaux de guerre pour souligner la puissance de son pays…
Le 15 octobre (ou le 27 selon que l’on prenne le calendrier grégorien ou julien) 1889 à Athènes, la princesse Sophie de Prusse épouse le prince héritier Constantin de Grèce. La cérémonie se déroule en deux temps : une célébration publique selon le rite orthodoxe et une deuxième privée en l’église du Palais royal d’Athènes selon le rite protestant. Le roi George I était en effet resté protestant, raison pour laquelle cette église avait été érigée au sein du palais.
La mariée a choisi de se convertir à la religion orthodoxe un an après son mariage, ce qui lui vaut les foudres de son frère l’empereur. Les Athéniens furent très impressionnés par les feux d’artifices qui illuminèrent pour l’événement le ciel de la capitale.
Dans son ouvrage « Mémoires insolites », le prince Michel de Grèce explique l’historique des carrosses de la famille royale grecque. Ceux-ci ont été achetés à la France qui souhaitait se débarrasser d’un carrosse commandé pour l’entrée solennelle du roi Henri V (comte de Chambord) à Paris. Le roi George I de Grèce le racheta. « Sur les portières, on peignit ses armoiries au-dessus de celles de la Maison de France et désormais le carrosse servit lors de tous les mariages de la famille royale grecque à amener la mariée à la cathédrale d’Athènes ». Le carrosse qui conduisit la princesse Sophie de Prusse appartenait donc au comte de Chambord. Le même fut utilisé par la princesse Frederika de Hanovre lors de son mariage avec le prince Paul de Grèce, par la princesse Sophie de Grèce lors de son mariage en 1962 avec Juan Carlos d’Espagne, puis par Anne-Marie de Danemark lors de son union avec le roi Constantin. Aujourd’hui, ce véhicule historique est abandonné dans un dépôt du domaine de Tatoi sans que l’on ait la permission d’y accéder.
Le lendemain, le roi George I de Grèce invita les 400 maires du pays pour un dîner en l’ honneur des jeunes mariés. Certains étaient complètement illettrés et incapables de comprendre ce que le protocole attendait d’eux. Mais le roi George les mit tous très rapidement à l’aise et la cérémonie vira vite à la fête populaire. On raconte l’anecdote suivante au cours de ce dîner en l’honneur de Sophie et Constantin. Le roi George reconnut un ancien cuisinier du palais, devenu maire de son petit village. L’ex-employé du palais tend timidement la main au souverain qui le félicite. « Bravo Jean » lui dit le roi, « je te souhaite de devenir député ». « Merci Votre Majesté, j’ai pu progresser dans la vie ». Et le roi ironique de rétorquer « Je vois, Jean, seulement moi je n’ai pas progressé. Roi tu m’as laissé et roi tu me retrouves ! »
Apres son installation à Athènes, Sophie envisage avec beaucoup d’appréhension le début sa nouvelle vie. Dans un premier temps, le jeune couple princier loue la grande maison d’un riche habitant d’ Athènes. Leur palais mit en effet 10 ans avant d’être construit. La mère de Sophie, l’impératrice douairière lui prodigue de nombreux conseils. Femme très cultivée, Victoria connaissait bien l’histoire de la Grèce. Elle conseilla à sa fille de se concentrer sur ses propres œuvres caritatives en marge de celle de la reine Olga. Mère et fille ont échangé une vaste correspondance de plus de 2000 lettres entre 1889 et 1901. Dans l’une de ses lettres, Sophie de Grèce se lamente et explique à sa mère que sa résidence n’est pourvue d’aucun luxe. La réponse de Victoria ne tarde pas et elle tance sa fille en lui faisant remarquer que sa baignoire est faite en marbre de Pendeli (une montagne près d’Athènes) considéré comme le marbre le plus blanc et trop onéreux que pour être acheté en Allemagne…
Sophie donne naissance à son premier enfant prénommé George le 19 juillet 1890 au domaine de Tatoi. Constantin et Sophie de Grèce auront cinq autres enfants : Alexandre né en 1893 à Tatoi (il sera le futur roi Alexandre, époux d’Aspasie Manos et décèdera des suites d’une morsure de singe), Hélène née à Athènes en 1896 (futur épouse du roi Carol de Roumanie et mère du roi Michel de Roumanie), Paul (futur roi de Grèce et père de l’actuel roi Constantin) né en 1901, Irène (future épouse du prince Aimone de Savoie-Aoste et mère de l’actuel duc d’Aoste) née en 1904 et Katherine (future lady Brandam) née en 1913.
Le prince héritier George a pu être sauvé à sa naissance grâce à l’ intervention de la sage- femme que l’impératrice douairière Victoria d’Allemagne avait envoyée à Athènes. Le bébé avait le cordon ombilical autour du cou. Lors des autres naissances, le gynécologue Konstadinos Louros était présent. Sophie a risqué de perdre la vie lors de la naissance du prince Alexandre. Des années plus tard, le même gynécologue assistait à la naissance de l’enfant du roi Alexandre, la princesse Alexandra. Il assista aussi la princesse Hélène lors de la naissance de son fils unique le futur roi Michel de Roumanie.
La princesse Sophie était considérée comme étant une manique de la propreté et veillant à ce que les poussières soient faites plusieurs fois par jour. Les petites rues d’Athènes étaient souvent très poussiéreuses au passage des calèches, ce qui incommodait Sophie. La chaleur estivale à Athènes lui était insupportable, raison pour laquelle elle partait à cette période soit chez sa mère, soit chez sa sœur Margrete avec qui elle restera toujours très intimement liée. Elle appréciait aussi les séjours dans sa chère Angleterre. Très influencée de la culture anglo-saxone depuis sa naissance, Sophie en fera la première langue parlée avec ses enfants même si sa maîtrise du grec fut très rapide et parfaite. Au début de son mariage, au cours d’une audience, deux dames grecques s’adressèrent à la princesse en allemand en signe de respect. Sophie leur répondit en grec…
Ici, Sophie de Grèce en 1897 lors de la guerre greco- turque. La princesse héritière avait l’habitude de se rendre au chevet des soldats blessés et admis dans un hôpital organisé par ses oins. A ses côtés, sa dame d’honneur Angeliki Kondostavlou qui est restée fidèlement auprès de Sophie jusqu’ a la fin de sa vie.
Photo prise l’ époque des fiançailles de la princesse Marie de Grèce, fille du roi George I et de la reine Olga avec le grand duc George Mikhailovich de Russie. Depuis la gauche, le prince Christophe (assis), le grand-duc Michael Nikolaevich ( père du grand-duc George, futur époux de la Princesse Marie ), la reine Olga de Grèce, le roi George I de Grèce, le grand-duc George Mikhailovich ( futur époux de la princesse Marie). L’enfant assis devant eux avec les pieds croisés est le prince Alexandre de Grèce. Derrière, depuis la gauche, le prince Nicholas de Grèce, la princesse héritière Sophie, le prince héritier Constantin, le prince André ( père du duc d’ Edimbourg) et la future mariée, la princesse Marie.
L’année 1901 est une année douloureuse pour Sophie de Grèce puisque sa grand-mère la reine Victoria décède le 22 janvier et sa mère l’impératrice veuve Victoria décède à Friedrichshof. Ci-dessus, l’une des dernières photos avec sa mère et ses frères.
Mère stricte et exigente, elle mettait un point d’honneur à ce que tous ses enfants, se réunissent quotidiennement à 17 heures pour prendre le thé. Le prince Alexandre arrivé en retard, se fit sermonner malgré l’intervention de son père le prince héritier Constantin.
La princesse était habituée à se promener seule dans les rues d’Athènes et se rendait en visite dans des régions plus reculées et plus pauvres du pays. Après ses visites sur le terrain, elle décida de fonder un hospital pour enfants qui porte son nom et existe encore aujourd’hui. De nombreux petits Grecs eurent la chance de pouvoir bénéficier des soins dispensés dans cet établissement médical.
Sophie de Grèce est aussi à la base du projet de plantation d’arbres à Athènes et dans le reste du pays. A cette époque, la capitale et ses alentours ne possédaient aucune verdure.
Le 18 mars 1913, le roi George I est assassiné à Salonique. Son fils Constantin lui succède. Sophie devient reine de Grèce. L’avènement du prince héritier Constantin et de son épouse Sophie est très bien accueilli par les Grecs. Une prophétie disait que lorsque Constantin et Sophie (prénoms des derniers souverains de Constantinople avant la prise de la ville par les Turcs) règneraient, la ville redeviendrait chrétienne…
La Première Guerre Mondiale met la reine Sophie dans une position délicate. On lui reproche sa trop grande promiscuité avec son frère l’empereur d’Allemagne.
La nouvelle reine n’était pas en bons termes avec sa belle-mère la reine Olga. Elle lui demanda d’ailleurs de quitter le palais. La reine Olga retourna dans son pays natal la Russie avant de devoir s’exiler lors de la révolution russe. Sophie n’appréciait guère les dames de la haute société grecque. Elle avait d’autres affinités et souhaita même un temps faire anoblir certaines personnes mais cela ne se concrétisa pas.
En août 1913, la reine Sophie avec les princesses Hélène et Irène ainsi que le prince Paul accueillent le roi Constantin à son retour en vainqueur des guerres balkaniques.
Un violent incendie éclate en 1916 au domaine royal de Tatoi. La reine a juste le temps de sauver sa plus jeune fille Katherine des flammes. On évoquait déjà à l’époque l’hypothèse très probable d’un attentat. Jusqu’à son départ en exil, la reine Sophie s’est impliquée dans l’organisation des hôpitaux du pays, dont certains étaient dotés de matériel sanitaire à la pointe.
En 1917, le roi Constantin abdique pour lui et son fils aîné George. La famille royale part en exil en Suisse. Le deuxième fils de la reine Sophie monte sur le trône mais le roi Alexandre décède le 25 octobre 1920 des suites d’une morsure de singe. Il était marié depuis moins d’un an avec Aspasie Manos. Mariage morganatique dont naîtra la princesse Alexandra, future reine de Yougoslavie.
La reine Sophie avait une faiblesse de cœur pour son fils Alexandre. Alors qu’il était en visite à Paris et qu’elle était en exil, elle essaya de le revoir au cours de se séjour mais cela ne se concrétisa pas. Son grand malheur fut de ne pas pouvoir le revoir avant sa mort. La reine reporta toute sa tendresse sur la princesse Alexandra, fille de son défunt fils Alexandre. Dans ses mémoires la princesse Alexandra de Grèce, devenue plus tard reine de Yougoslavie écrivait « Je menais une vie merveille avec Amama (la reine Sophie) qui m’adorait et me gâtait outrageusement. De tous ses petits-enfants, j’étais la préférée. Amama était grande, mince et très élégante. Elle portait toujours le deuil du roi Constantin. Le noir, le mauve pâle ou le gris argent de ses habits de veuve lui seyaient particulièrement. »
Le roi Constantin et la reine Sophie rentrent alors en Grèce et règnent jusqu’à une nouvelle abdication en 1922.
Pendant ce nouvel et bref règne, les mariages des enfants de la reine Sophie et du roi Constantin se succèdent : leur fils aîné George qui règne de 1922 à 1925 épouse à Bucarest la princesse Elisabeth de Roumanie. Mariage sans descendance qui se soldera par un divorce. Sa fille aînée la princesse Hélène épouse le 10 mars 1921 le futur roi Carol de Roumanie. Mariage malheureux dont est issu le roi Michel de Roumanie.
La reine Sophie n’était pas enthousiaste à l’idée du mariage de sa fille Hélène surnommée Sitta avec le prince héritier de Roumanie. Elle estimait que les futurs mariés avaient de trop grandes différences de caractère et avaient grandi avec une éducation fort distincte. La séparation d’avec sa fille était d’autant plus pénible, qu’elle s’était beaucoup appuyée sur elle après la mort de son fils le roi Alexandre. Lors de la cérémonie de mariage à Athènes, Sophie de Grèce constata la distance de certains membres du Gotha à son égard, attitude qui se répètera plus tard lors du nouvel exil.
Le professeur K.Louros écrit dans ses mémoires que pendant la maladie du roi Constantin, la reine restait jour et nuit a son chevet, essayant d’apaiser sa souffrance. Le roi ne la reconnaissait plus et dans ses délires demandait sa présence. Le médecin raconte que la souveraine avait alors fait place à une femme dévouée à son époux, aimante jusqu’au bout. Les souverains grecs donnaient l’image d’un couple uni mais il n’en fut pas toujours ainsi. Le roi Constantin entretint longtemps et ce jusqu’à son décès une relation que les Historiens qualifient toutefois de platonique et épistolaire avec la comtesse Paola d’Ostheim. On raconte que Sophie était allée se confier à son beau-père à propos des écarts de conduite de son époux. Le roi George lui conseilla de s’entretenir à ce sujet avec sa belle-mère la reine Olga… La reine Sophie perd son époux le roi Constantin qui décède le 11 janvier 1923 à Palerme en Sicile.
En exil, Sophie de Grèce a habité la villa Spoletti à Florence. La porte de sa maison était, dit-on, toujours ouverte aux Grecs qui souhaitaient lui rendre visite. Un jour, une boîte avec l’inscription « A notre chère reine, deux Grecs » lui fut apportée. A l’intérieur se trouvait de la terre de Grèce. La reine expliqua alors « Ils me l’ont apporté comme cadeau de Noël. Je ne désire rien d’autre que cela… »
Ci-dessus, une photo rare où l’on peut distinguer la reine Sophie de Grèce qui se trouve à côté de la princesse Frederika de Hanovre (future épouse de son fils le prince Paul et future reine de Grèce). De gauche à droite, au premier rang, la princesse Katherine de Grèce , la princesse Frederika de Hanovre, la reine Sophie de Grèce, la princesse Victoria – Louise de Hanovre, née princesse de Prusse (mère de Frederika ), la princesse Margrete de Prusse (sœur « préférée » de la reine Sophie), les frères de la princesse Frederika. Au deuxième rang, de gauche à droite, la princesse Irène de Grèce (fille de la reine Sophie, future épouse du duc d’Aoste) , le prince George de Hanovre, le prince Paul de Grèce (futur époux de la princesse Frederika de Grèce) et Ernst-August III de Hanovre (père de la princesse Frederika)
Au cours de l’été 1931, la reine sombre progressivement dans une grande mélancolie. Elle reste prostrée durant des heures dans ses pensées silencieuses. Ses proches lui conseillent alors d’accomplir un voyage en Angleterre. Mais à son retour en octobre 1931, sa santé ne présente aucune amélioration. Elle commence même à ressentir de vives douleurs au niveau de l’estomac. Elle voyage jusqu’à Francfort pour se faire examiner par des spécialistes. Lors de l’opération qui lui est pratiquée, les médecins constatent un cancer très avancé. Ils annoncent à ses enfants que la reine va mourir dans quelques jours voire au maximum quelques semaines. Toutefois après cette intervention chirurgicale, elle ne se plaint plus de douleurs.
Avant son hospitalisation, elle avait écrit une lettre depuis son lieu d’exil : « Arrêtez les querelles intérieures. Notre patrie, ce beau pays, a besoin de se remettre des malheurs qu’ elle a traversés. Vous devez tous travailler avec toute votre force et avec prudence pour la prospérité de notre glorieuse mais si profondément traumatisée patrie. » Paroles toujours d’actualité 80 ans après sa mort…
Quelques instants avant de mourir, la reine Sophie de Grèce appelle ses enfants auprès d’elle. « Vous êtes tous près de moi ?.Non, il manque un.. Alexandre (NDLR : décédé en 1920). Où est Alexandre? » Elle le cherche du regard puis appelle son défunt époux.
Souffrant d’un cancer pendant plusieurs années, la reine Sophie de Grèce, née princesse de Prusse, sœur du dernier empereur d’Allemagne, mère de 3 rois successifs de Grèce, grand-mère du roi Constantin de Grèce, du roi Michel de Roumanie, de la reine Alexandra de Yougoslavie et de la reine Sophie d’Espagne, s’est éteinte le 13 janvier 1932 à Francfort. Elle n’a pas connu la dernière restauration de la monarchie avec le règne de son fils le roi George II de 1935 à 1947, auquel succèdera son autre fils Paul (père du roi Constantin, de la princesse Irène et de la reine Sophie d’Espagne).
La reine Sophie d’Espagne raconte dans ses entretiens avec la journaliste Pilar Urbano que lors de sa naissance en 1938, la foule présente près du domicile de ses parents à Athènes ayant appris que le bébé était une fille, se mit à crier le prénom de « Sophie » en référence à sa grand-mère maternelle, raison pour laquelle la petite princesse fut finalement baptisée ainsi.
Une petite-fille de la reine Sophie de Grèce qui partage avec son aïeule d’étranges similitudes de vie : un père décédé des suites d’une longue maladie et elles ont toutes les deux perdu leur mère et grand-mère la même année à savoir la Victoria et l’impératrice Victoria d’Allemagne en 1901 pour la reine Sophie de Grèce et la princesse Victoria Luise de Hanovre et la reine Frederika de Grèce en 1981 pour la reine Sophie d’Espagne.
La dépouille de la reine Sophie de Grèce a été inhumée en 1936 sur le domaine de Tatoi auprès de celle de son époux. Ses dernières paroles n’avaient-elles pas été « Je pars mes enfants … Aimez la Grèce …. ». Un amour qui ne lui fut pourtant pas toujours réciproqué. (Un tout grand merci à Tepi pour son inestimable et si précieuse aide, ses recherches bibliographiques et d’archives ainsi que ses si nombreuses traductions – Merci aussi à Vassilis Barkoulas por la photo de la tombe de la reine Sophie au domaine de Tatoi- Merci à Arthuro E.Beéche pour la photo de la reine Sophie avec la princesse Fredrika enfant – Sources bibliographiques : « Sofia » d’Andreas Skandamis – « Pour l’amour de mon Roi » d’Alexandra de Yougoslavie – « Born to rule » de Julia P.Gelardi – « Les années passées « du Professeur Konstantin Louros – « Constantin I, roi des Héllènes » de Léon Maccas – « Mémoires par la Cour du roi George I » de Christini Kosti (dame d’honneur de la reine Olga de Grèce) – « Mémoires insolites » de Michel de Grèce)
Vassili
3 mai 2012 @ 06:03
Merci Regine et Tepi. Tres interessant portrait de la Reine Sophie. Bonne journee a tous.
June
3 mai 2012 @ 06:52
Merci à vous tous pour le texte et les photos !
Je le redis,ces articles du jeudi concernant les royaux sont un de mes grands plaisirs de lecture sur le site ! :) !
agnes
3 mai 2012 @ 07:09
Merci beaucoup pour ce passionnant article. Quel travail derrière tou cela.
Sur la photo 5, je trouve une ressemblance entre le roi Constantin, époux de Sophie et le roi actuel de Grèce (son petit fils).
Damien B.
3 mai 2012 @ 07:42
Merci Régine et Tepi de cette très agréable lecture. L’iconographie est superbe !
Jean I
3 mai 2012 @ 08:05
Merci à Tepi et Régine pour ce magnifique portrait de la reine Sophie de Grèce. L’histoire de la monarchie est Grèce étant assez « mouvementée », je n’avais pas les idées très claires à propos de la succession des souverains. Grâce à cet article, je comprends à présent comment du roi George I, c’est le roi Paul qui est au final monté sur le trône.
Quel destin que celui de Sophie de Grèce : fille de l’empereur d’Allemagne, petite-fille de Victoria, reine de Grèce, mère de rois !
On remarque aussi l’imposant diadème de diamants que al reine portait et qui a été revu en public récemment, coiffé par la princesse Marie Chantal.
Merci aussi pour les explications à propos du carrosse de la famille royale.
J’ai lu cet article avec énormément de plaisir car il m’a beaucoup appris historiquement et l’iconographie est superbe. Soyez en remerciée, chère Tepi.
jul
3 mai 2012 @ 08:34
Wow, magnifique portrait. Je me suis régalé en lisant l’histoire de la vie de la Reine Sophie de Grèce ! Les photos sont superbes.
Merci beaucoup Tepi ! c’est très agréable de commencer avec une lecture aussi intéressante et détaillée.
J’ai même ri en lisant qu’elle était maniaque de la propreté :D
Cette reine était mal comprise en raison d’apparences. Bien que née princesse de Prusse, elle était finalement plus anglaise qu’allemande et a toujours montré beaucoup d’attachement à sa nouvelle patrie : la Grèce.
J’ai beaucoup apprécié les passages concernant ses réalisations dans le domaine social.
Pour ce qui est de l’Empereur Guillaume II, j’ai tendance à voir les incidents du début de son règne comme des maladresses (désastreuses dans les esprits je sais bien). Il voulait prouver qu’il était un maître ayant de l’autorité sur un pays puissant.
Petite précision : les prénoms des frères et soeurs de Sophie (Princes de Prusse) « dit » « dite ».
Il faut savoir que dans les familles protestantes, les prénoms sont en général sont en général classés en fonction du prestige, dans l’ordre décroissant des parrains et marraines. Les premiers prénoms sont pour l’honneur. Souvent le prénom qui sert à appeler l’enfant dans la vie quotidienne est choisi dans ceux à la fin de la liste. Les premiers n’étant donc jamais utilisés.
tepi
3 mai 2012 @ 14:06
Jul
Merci pour vos precisions.J’ ai esseye d’ arriver a votre niveau …
jul
3 mai 2012 @ 21:38
Tepi, c’est moi qui vous admire. Si j’ai bien compris, le Français n’est pas votre langue maternelle?
tepi
4 mai 2012 @ 15:48
Jul
Ma langue maternelle est le grec.Malheureusement dans mon milieu social et professionnel j’ utilise l’ anglais. Quand je vous ai ecrit » j’ esseye d’ arriver a votre niveau » je voulais dire votre facon de presenter vos sujets historiques.Votre dernier portrait pour le prince de Schwarzbourg etait magnifique.
Sixtine
3 mai 2012 @ 08:41
Merci pour cet article si bien documenté qui rappelle que la reine Victoria était, en quelque sorte, la grand-mère de l’Europe !
J’ai eu une pensée aussi pour toutes ces princesses, nouvelles épousées, devant « aller prendre leurs fonctions » dans un pays étranger, dont la population ne leur était pas toujours favorable, où les us et coutumes étaient parfois fort différents des leurs…Et parfois sans le soutien de leur époux…
OURS
3 mai 2012 @ 09:09
Merci pour cet impressionnant reportage.
Rose
3 mai 2012 @ 09:13
Ouaah ! un des plus beaux portraits publiés ici .. complet, entrainant le lecteur du début à la fin, objectif en ne laissant pas de côté les zones d’ombre et riche d’une iconographie rare. Un vrai travail de biographe.
Un grand merci de cette très belle contribution.
Pierre-Yves
3 mai 2012 @ 09:51
Bravo pour cet article très richement illustré que j’ai eu beaucoup d’intérêt à lire.
Je me pose la question suivante: pour quelle raison le roi Constantin a t-il entraîné son fils ainé dans son abdication en 1917 ? Quel problème posait le prince George ?
tepi
3 mai 2012 @ 13:49
Pierre – Yves
Le gouvernement de l’ epoque a pris la decision pas le roi Constantin I.
Jean Pierre
3 mai 2012 @ 09:51
Quel passionant article, merci beaucoup……cela prouve que les allemands qu’ils soient bavarois ou prussiens ou hanovriens ont toujours eu du mal à s’acclimater avec les grecs…que de maladresses !
Clémence
3 mai 2012 @ 13:45
Oui, et l’histoire se répète aujourd’hui, dans un autre contexte certes: Angela Merkel a du mal à s’acclimater avec Georgios Papandreou!…
MoniqueDN
3 mai 2012 @ 10:06
J’ai toujours plaisir à lire cette rubrique du jeudi. Merci à Tepi et Régine ! C’est un travail formidable que vous avez accompli. J’ai beaucoup aimé ce très beau portrait de la Reine Sophie de Grèce. Encore merci !
Anais
3 mai 2012 @ 10:15
Tepi, Régine, un tout grand merci pour ce portrait qui est l’un des plus réussis depuis le début de « Noblesse et Royautés ». J’imagine le travail qui a dû être le vôtre et réitère mes remerciements pour toute cette préparation à Tepi. Les photos qui illustrent le sujet sont d’une grande qualité, tout comme le texte très fouillé, très détaillé, enrichi d’anecdotes savoureuses.
Je suis toujours aussi ravie de lire ce genre de portrait car cela permet de voir les connexions familiales qui existent : la reine Alexandra de Grèce étant la petite-fille de la reine Sophie, de même que le roi Michel de Roumanie,…
Merci aussi pour toutes ces anecdotes, notamment lors du mariage (repas, la calèche,…)
Quelques questions :
– pourquoi le roi Constantin a-t-il renoncé au trône pour lui et son fils aîné lors du premier départ en exil ?
– des souverains grecs quel est, selon vous Tepi, le couple qui a le plus été apprécié par le peuple grec ?
– est-ce que la reine Olga de Grèce avec qui la reine Sophie ne s’entendait pas, est aussi enterrée à Tatoi ?
– il est question d’un premier palais où le prince héritier Constantin et la princesse Sophie ont habité. Existe-t-il encore ?
Je ne veux pas me répéter mais j’ai été enchantée par cette lecture qui m’a beaucoup appris. Merci à vous Tepi car ces derniers temps, vous avez permis aux lecteurs du site de mieux connaître les membres de la famille royale grecque, à l’instar des portraits de Damien par le passé sur la famille Romanov.
tepi
3 mai 2012 @ 14:28
Anais
Aucun Roi n’a jamais renonce a son trone.Constantin fut oblige de laisser son trone a son deuxieme fils.Selon le gouvernement Alexandre ,sans aucune preparation pour acceder au trone, serai un petit pion dans leur mains…
2) Selon moi la reine Olga et som epoux le roi George I.
3) Oui la reine Olga est enteree a Tatoi.
4) Oui il existe et actuellement est la residence officielle du President de la Republique hellenique .
Cosmo
3 mai 2012 @ 11:52
Merci pour ce beau reportage qui lie si bien passé et présent.
La reine Sophie semble avoir été une grande reine, comme l’est sa petite-fille.
Les photos sont superbes.
Seul l’Empereur Guillaume fait tâche dans ce tableau.
Régine
3 mai 2012 @ 12:47
Merci pour tous ces messages et un énorme merci à Tepi. La rédaction de cet article a pris un certain temps mais il n’aurait pu voir le jour sans le travail de recherches, de documentation et de traduction de Tepi. Les échanges de mails ont été très très nombreux mais le résultat en valait la peine !
tepi
3 mai 2012 @ 13:59
Merci pour vos commentaires chers lecteurs et lectrices. Mais un plus grand merci a ma chere Regine pour sa finesse , sa patience , son aide pour la redaction et la presentation de cet article .Je suis vraiment fiere de vous avoir » connu » et de collaborer avec Regine.
Philomène
3 mai 2012 @ 12:52
Reportage très intéressant et photos magnifiques. Merci à vous
Peg
3 mai 2012 @ 13:08
Mille Mercis aux auteurs de ce reportage
Charles
3 mai 2012 @ 13:19
Un très grand merci à Régine et à Tepi pour son aide.
Magnifique portrait fort bien documenté et illustré.
Voilà pourquoi j’aime de plus en plus Noblesse et Royautés !
Sophie
3 mai 2012 @ 13:20
Quel destin ! Née fille d’empereur, petite-fille de LA reine Victoria, mariée à un roi, mère de rois, grand-mère de rois et reines. Impressionnant ! Ce portrait m’a permis de mieux cerner les liens familiaux au sein du Gotha. Sophie de Grèce est donc la grand-mère de Michel de Roumanie, l’arrière-grand-mère d’Alexandre de Serbie, la grand-mère de Sophie d’Espagne, du roi Constantin de Grèce, du duc d’Aoste,…
Merci infiniment à Tepi pour ses recherches, les illustrations enrichissent à bon escient le texte et rendent encore plus agréable sa lecture.
La vie familiale du roi Constantin et de la reine Sophie semblait se dérouler de manière peu protocolaire. J’ignorais que le palais de Tatoi avait été incendié. Les photos sont saisissantes.
Je n’ai pas bien compris pourquoi le roi Constantin a abdiqué pour lui et son fils George. Que reprochait-on à George ?
On évoque le côté « british » de Sophie. J’ai lu que son frère le dernier empereur d’Allemagne vouait une haine féroce à leur m ère car elle avait été assistée lors de son accouchement par un médecin anglais et que le bébé (le futur empereur) en avait conservé des séquelles.
Enfin, quel dommage de lire que ce carrosse si chargé d’histoire, croupit dans un entrepôt. Ce genre de détails me brise toujours le cœur. Merci donc Tepi de refaire vivre l’histoire de la monarchie grecque.
Au niveau des bijoux, sur la photo n°11 , Sophie alors princesse héritière porte un fin diadème. Je pense l’avoir vu porté par l’Infante Elena lors d’un mariage chez le duc et la duchesse de Wurtemebrg (le duc héritier ?). Il est donc encore dans la famille. L’autre plus volumineux (photo 1) est réapparu porté par la princesse Marie Chantal lors des 40 ans de règne de la reine Margrethe de Danemark.
Je suppose bien que cet article a été le fruit d’un très long travail mais j’encourage tous les lecteurs à nous apporter de telles contributions.
tepi
3 mai 2012 @ 16:18
Sophie
Je vous remercie beaucoup pour vos positifs commentaires. Le Prince George etait considere par le gouvernement comme germanofile tout comme sa mere , la reine Sophie ( a tort).Le prince Alexandre, selon eux ,serait plus facilement manipule.. En 1920 apres la mort du roi Alexandre , la reine Olga est devenue pour un court delai regente. Ils ont demande alors au prince Paul de devenir roi. Le prince Paul a refuse et il a dit que le trone appartiens toujours a son pere , le roi Konstantin I et apres a son fils ,le Prince Geoge ( prine heritier).Le 1 Novembre 1920 apres un referendum Konstantin a pris 1 millions de votes pour et seuleument 10883 contre son retour au trone de son pays. Il est retourne alors pour regner seuleument 2 ans encore.
Je n’ ai jamais vu l’ infante Elena avec le fin diademe qu’ elle porte la reine Sophie sur la photos 11. L’autre le plus volumineux fut un cadeau de mariage de son frere le Kaiser Guillaune II de l’ Allemagne.
corentine
3 mai 2012 @ 14:16
Merci Tepi et Régine
comme Charles, la qualité des articles, documents, photographies, est une des raison de mon attachement à NR
un complément extrait des mémoires du prince Christophe de Grèce
« La malchance s’acharna sur nous de toutes les manières au cours de l’été 1916. Cela commença par l’incendie de Tatoï. En me réveillant un matin, j’eus l’impression que je sentais une odeur de brûlé. Comme quiconque d’autre toutefois ne remarquait rien, je pensais que j’avais dû me tromper.
Plus tard dans la matinée, la sonnerie du téléphone retentit. C’était la reine Sophie pour dire que le feu avait éclaté et que le roi était parti sur les lieux pour se rendre compte.
En regardant dehors, je vis une légère colonne de fumée. Il faisait ce jour là une chaleur suffocante et la terre était dessechée.
Dans le courant de l’après midi, ma belle soeur Hélène (épouse du prince Nicolas), un ami américain et moi-même allâmes jouer au tennis à la légation de Russie. L’un de nous pensa à regarder dans la direction de Tatoï. Un lourd nuage de fumée s’élevait haut dans le ciel. Toute la forêt était en feu.
Inquiet soudaint quant au sort du reste de la famille, je partis pour Tatoï. A mi-distance nous croisâmes une auto dans laquelle se trouvait la reine Sophie et ses deux plus jeunes enfants. Elle nous cria en passant que le roi était toujours sur les lieux.
Le feu avait atteint maintenant des proportions effrayantes. A chaque km, la fumée se faisait plus dense et une lueur rougeoyante embrassait l’horizon.
A Tatoï, le désordre était indescriptible. Une ceinture de feu encerclait maintenant la for^t toute entière. La moitié du groupe de batiments dépendant du château était déjà en flamme. le pavillon royal n’était déjo plus qu’un monceau de cendres et le roi était assis devant le logis de notre mère à quelques distances de là entouré de meubles de toutes sortes. L’un de ses pieds portait un bandage.
Un peu plus tôt dans la journée, il l’avait échappé belle.
Il s’était avancé dans la forêt aec quelques sauveteurs pour combattre le feu, et la reine Sophie avec leur fille la plus jeune l’accompagnait. Dans leur émotion, nul ne s’était rendu compte que les flammes avaient gagné en plusieurs endroits , les encerclaient peu à peu et allaient bientôt leur couper la retraite. Alors dans leur épouvante de se trouver ainsi pris au piège, ils s’étaient sauvés dans toutes les directions essayant toutes les issues pour ne faire que constater qu’ils étaient pour ainsi dire complètement cernés par le feu.
La reine Sophie qui avait été la première à se rendre compte du danger s’était emparée de l’enfant et avait couru sans reprendre le souffle pendant près d’un km jusqu’au premier endroit à l’abri où elle s’était écroulée de terreur et d’épuisement.
le roi qui connaissait depuis son enfance le moindre coin de la forêt se souvint d’un sentier de chèvres qui devait vraissemblablement être encore praticable. C’était une chance bien mince, il s’y engagea avec son fils Paul. Ce fut une course contre la mort. les flammes jaillissaient à droite et à gauche comme ils couraient. Ils avaient enfin atteint la lisière de la forêt quand le roi se prit le pied dans une racine et tomba se foulant la cheville. Deux soldats bondirent à son secours et l’emmenèrent à découvert, mais ils l’échapèrent de justesse. Un instant plus tard les deux incendies se rejoignaient et leur sentier se trouva coupé.
Je faillis bien moi aussi y laisser ma peau. Je proposai à mon frère de monter à la tour qui dominait le domaine pour voir si une route était encore praticable vers Athènes. En posant le pied sur cette plateforme je vis que toute la forêt de pins n’était plus sur des km à la ronde qu’une seule msse de flammes : Tatoï était perdu. Je me préparais à redescendre quand je vis une longue pointe de feu s’avancer droit vers la tour. je bondis vers l’escalier où je me laissai choir. Les flammes atteignaient la porte quand je la franchis.
Quand la nuit tomba, il ne restait plus rien du chateau de Tatoi, rien de la forêt. Plusieurs milliers d’animaux avaient péri dans l’incendie.
le lendemain au cours de son enquète, la police découvrit des bidons à essence en trois endroits différents de la forêt. »
tepi
3 mai 2012 @ 16:35
Corentine
Merci d’ avoir copier pour nous un si grand morceau par le livre « Memoires » du prince Christophe de Grece.
Charles
3 mai 2012 @ 17:58
Corentine
Merci infiniment d’avoir reproduit pour nous le récit du prince Christophe de Grèce concernant l’incendie du palais de Tatoi.
J’aime ce type d’échange et de partage des connaissances entre lecteurs passionnés et passionnants de Noblesse et Royautés.
Cela devrait être le réflexe de chacun de nous au lieu de se quereller sur des sujets sans importance comme les tenues de certaines princesses.
corentine
4 mai 2012 @ 10:40
merci Charles
je suis tout à fait d’accord avec vous.
il me semble que ce site est l’endroit où l’on peut s’enrichir en partageant nos connaissances, nos lectures, nos documents, nos photos…
merci encore à Régine pour NR
agnes
4 mai 2012 @ 06:06
Des bidons d´essence?
A t´on trouvé les pyromanes?
corentine
4 mai 2012 @ 10:36
agnès,
le prince Christophe de Grèce écrit dans ses mémoires
« le lendemain (de l’incendie) la police découvrit des bidons d’essence en trois endroits différents de la forêt. Cela ne faisait que conirmer nos propres soupçons et n’était sans doute pas sans corrélation avec le bruit qui courait avec persistance, entre autres racontars circulant alors à Athènes, que la reine Sophie avait fait installer à Tatoï une ligne téléphonique secrète par le moyen de laquelle elle communiquait avec les sous-marins allemands.
Il était devenu si commun pour nous à cette époque de recevoir des lettres anonymes où l’on nous exprimait des menaces de mort que nous les escomptions d’une façon systématique et n’y faisions plus guère attention. Il n’en n’était pas moins désagréable de se dire qu’un jour ou l’autre on allait peut-être mettre ces menaces à exécution. »
corentine
4 mai 2012 @ 10:44
ligne 2, il faut lire « confirmer nos propres soupçons »
pardon pour les fautes, j’écris vite, un oeil sur le livre et un oeil sur le clavier
tepi
4 mai 2012 @ 17:44
Corentine
Il faut pas vous excusez,vous avez tellement contibuez a la comprehension des evenements cites dans le texte …. Bravo !!
agnes
4 mai 2012 @ 18:53
Merci pour la réponse et pour le temps passé À copier le livre.
Mayg
3 mai 2012 @ 14:39
Merci pour ce très beau reportage.
Gigi
3 mai 2012 @ 15:43
Bravo. je trouve passionnant de lire vos articles. Merci beaucoup.
Damien 2
3 mai 2012 @ 16:14
Le titre exact est « reine des Hellènes ».
corentine
3 mai 2012 @ 16:55
extraits des mémoires du prince Christophe de Grèce
« Le roi Constantin était maintenant virtuellement prisonnier des alliés. M Jonnart, commisaire spécialement nommé par les alliés, vint à Athènes avec mission expresse de demander l’abdication du roi.
En fin de compte, mon frère décida non pas d’abdiquer, mais de nommer son second fils Alexandre régent par interim arès qu’il aurait reçu l’ssurance de pouvoir rentrer dans son pays à l’issue de la guerre.
Il obtint cet accord et le nouveau roi prêta serment. Le nouveau roi n’était qu’un enfant gauche et apeuré qui prononça les répons en begayant, les larmes aux yeux.
Le trone de Grèce était occupé par un jeune homme solitaire, à l’existence sans joie, roi de nom uniquement. A 24 ans le roi Alexndre qui s’était trouvé appelé à prendre la place de son père dans des circonstances si tragiques, était l’une des figures les plus pitoyables d’Europe, bien qu’il eût été lui même le dernier à en convenir car il avait horreur de se plaindre. Il endossait maintenant toutes les responsabilités avec les inconvénients qu’elles comportaient. Il était prisonnier dans son propre palais. On ne tenait aucun compte de ses ordres et jour et nuit des mouchards le surveillaient. S’il manifestait la moindre sympathie envers quelqu’un, on faisait disparaitre l’interressé de son entourage sur le champ.
Il écrivait souvent à ses parents, mais les lettres n’étaient jamaiis transmises. Du moment où il lui dit adieu le jour de son accession au trône à celui de sa mort, (3 ans et 4 mois plus tard) sa mère n’eut plus jamais de ses nouvelles.
La reine Sophie adorait son fils et son coeur était lourd de chagrin. Lorsqu’en 1918, elle apprit qu’il allait venir à Paris, elle versa des larmes de joie « Enfin j’arriverai à lui téléphoner » se dit-elle, et pendant des jours, elle ne parla de rien d’autre.
Elle fit appeler l’hotel où il était descendu et attendit en retenant son souffle. ce fut la voix tranchante du ministre de Grèce qui lui dit « Sa Majesté s’excuse, mais elle ne peut venir à l’appareil ! ».
La reine Sophie s’éloigna humblement du téléphone. Elle ne dit rien mais cela faisait mal de voir la douleur que trahissait son visage. Longtemps après, nous apprimes que l’on n’avait pas même fait aprt du coup de fil au roi Alexandre.
Deux années s’écoulèrent et sa mère espérait toujours , attendant des nouvelles. Elle découpait dans les journaux les moindres petits entrefilets parlant de lui, s’accrochait aux lèvres des amis qui parvenaient à le voir de temps à autre.
…..
La reine Sophie apprit en Suisse la nouvelle (morsure du roi Alexandre par un singe) et elle fut terrassée d’angoisse. Tout de suite elle eut le pressentiment que son enfant ne s’en remettrait pas et elle implora les autorités presque à genoux pour qu’on lui permit d’aller le voir. Mais on lui refusa l’autorisation de sortir de Suisse.
Elle s’inclina sans ^protester devant cette decision mais son courage était brisé. Elle implora notre mère (la reine Olga) de partir à sa place, ce qui fut accordé, mais celle-ci arriva douze heures trop tard. »
Huguette
3 mai 2012 @ 17:00
Merci Tepi et Regine pour cet article passionnant :-)
Juste quelques informations sur le diadème de la Reine Sophie…
http://bijoussimo.centerblog.net/201-marie-chantal-de-grece
tepi
4 mai 2012 @ 17:53
Huguette
Votre blog est un vrai petit bijou.J’adore le lire et j’attends avec impatience votre prochain sujet ..
patricio
3 mai 2012 @ 17:41
merci à Régine et à Tepi, magnifique portait, comme d’habitude
amitiés
patricio
Clémentine1
3 mai 2012 @ 21:13
Magnifique reportage, merci à ses auteurs. Je n’ai rien à ajouter, tout a déjà été fort bien dit.
COLETTE C.
3 mai 2012 @ 21:52
Quel travail de recherches, Tepi, merci !
Ces photos sont très belles et rares; aussi, je vais tirer un photocopie de votre article et le conserver.
Pourriez me dire les mariages qu’ont fait les frères et soeurs de la Reine Sophie ? Merci
*gustave
4 mai 2012 @ 05:50
Ces renseignements sont disponibles sur l’internet. En bref:
CHARLOTTE (pcsse Saxe-Meiningen)
HENRI (Irene de Hesse & du Rhin )
VIKTORIA (pcsse Schaumburg-Lippe et Alexandre Zoubkov)
MARGUERITE ( Hesse-Cassel)
Arturo Beeche
4 mai 2012 @ 06:15
Dear tepi and regine…so glad my Greek photos could be of some use to you.
Nice piece onm Queen Sophie…congratulaitons!
Brilliant!
tepi
4 mai 2012 @ 16:05
Arturo
Un grand merci d’ avoir lu l’article et encore une fois un grand merci pour votre permission de publier la photo avec la prin. Frederika , prise de votre dernier livre ( superbe ) » Dear Ellen ».
limaya
4 mai 2012 @ 16:40
merci aux auteurs de ces articles vraiment passionnants,j’ai enrichi mon « savoir » grâce à vous.Rien à voir avec ce que l’on peut trouver sur N.R habituellement question commentaires Ouf quel repos ! ! Gala ou Voici n’aurait il pas un site susceptible de faire le bonheur de certains ? ? ? Gustave ,en ce qui me concerne je me lasse vite parfois ds ma recherche de renseignements divers
Mélusine
4 mai 2012 @ 18:23
Félicitations et chaleureux remerciements à tous ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce passionnant portrait de la reine Sophie de Prusse, si abondamment illustré.
Mélusine
4 mai 2012 @ 18:26
Sophie de Prusse reine de Grèce, plus exactement.
COLETTE C.
4 mai 2012 @ 19:57
Merci, Gustave.
erwan
4 mai 2012 @ 22:33
Merci à vous Tepi pour ce portrait passionnant, si bien illustré. Il nous a permis de lire nombre de commentaires enrichissants.
La légende voulait que le règne de Constantin et Sophie permette de rendre Constantinople à la chrétienté.
Les drames de ce début de siècle ont sans doute empêché la prédiction ou la prophétie de se réaliser.
dominique
5 mai 2012 @ 06:23
J’ai lu le reportage sur la reine Sophie avec beaucoup d’intérêt,les photos sont superbes, j’ai découvert un peu plus sur la famille royale.
Merci Tepi et Régine, pour ce magnifique portrait sur la famille de Grèce.