Le Palais Dar ul-Aman, ancienne résidence des rois d’Afghanistan, construit dans un style néo-classique dans les années 1920, et ensuite détruit à la chute de la monarchie et lors du conflit avec l’Union soviétique, va renaître de ses cendres. Le palais va en effet être reconstruit. Un vaste chantier qui devrait durer 4 années et coûter 20 millions. D’ores et déjà des voix s’élèvent contre ce projet défendu par le président afghan qui estime qu’il s’agit d’un signe positif et d’espoir vers le futur.
Les détracteurs quant à eux, estiment que les finances de l’Etat sont à sec et qu’il y aurait mieux à faire, d’autres pensent en revanche que le laisser en ruines aurait permis de mieux ses souvenir des ravages des guerres successives. (merci à Anne)
DEB
1 juin 2016 @ 05:56
En effet c’est incompréhensible dans un pays exsangue où je pense qu’il il y a d’autres priorités .
Zorro
1 juin 2016 @ 09:29
C’est la Communauté internationale et/ou l’ONU qui vont probablement payer la facture.
Il est vrai qu’il y a, à première vue, d’autre priorité que la reconstruction d’un palais en ruine.
Pour ma part, je pense que c’est positif de reconstruire ce palais. Symboliquement, cela signifie la reconstruction de l’Etat de droit et de l’autorité. Je pense que c’est cela que le président afghan veut envoyer comme message. L’Etat de droit et l’autorité sont les bases sur lesquelles s’établissent une démocratie forte. Et ‘Afghanistan a besoin en priorité d’ordre.
Zorro
1 juin 2016 @ 09:47
La restauration du palais permet de rappeler aux Afghans un épisode intéressant de leur histoire plus ou moins récente et qui pourtant est à des années lumières de ce qu’ils ont connu ces vingt dernières années. En effet, les Afghans étaient gouvernés dans les années 1920 par le roi Amanullah et la reine Soraya qui étaient des monarques autoritaires (à la manière de despotes éclairés du XVIIIe siècle) et qui ont entrepris des réformes radicales (à la manière de Mustafa Kemal en Turquie) pour faire entrer leur pays arriéré dans la modernité. Ce couple d’aspect très européen s’est mis sur le dos les mollahs et a fini par être renversé en 1928. Une autre branche de la famille royale est montée sur le trône peu après. Zaher Shah, le dernier roi d’Afghanistan a été renversé à son tour en 1973 par un cousin qui a instauré la République qui elle-même s’est effondrée en 1978 avec l’invasion soviétique.
DEB
1 juin 2016 @ 18:00
Votre point de vue se soutient.
Bien sûr on peut voir la reconstruction du palais comme un symbole positif est si ce n’est pas l’état afghan qui paie !
Gérard
1 juin 2016 @ 07:58
L’État est peut-être exsangue mais l’argent ne doit pas manquer… Au demeurant effectivement ce palais peut être un symbole de la renaissance du pays.
JAY
1 juin 2016 @ 08:05
En effet discutable mais le pays ne doit pas rester une ruine et il faut aussi penser au rayonnement du pays et sa reconstruction.
Corsica
1 juin 2016 @ 08:52
Je suis entièrement d’accord avec DEB. Quand on est le douzième pays le plus pauvre du monde et qu’en raison des guerres successives le système de santé est en piètre état, que l’espérance de vie des hommes est de 41,9 ans et de 43,4 ans pour les femmes, que les ONG font ce qu’elles peuvent pour réduire une forte mortalité infantile et maternelle alors que 80 % des décès pourraient être empêchés par de simples mesures préventives et un accès à des soins de santé de base, on n’a pas l’indécence de mettre ses priorités dans la reconstruction du Palais Royal. Cela me met terriblement en colère, tout comme ces dirigeants qui, indifférents à la misère de leur peuple, détournent une grande partie des richesses de leur pays voire même de l’aide internationale. La seule note positive, c’est qu’au moins ces 20 millions n’iront pas enrichir un autre compte off shore mais resteront à Kaboul où la population, si elle en a le temps et l’envie, pourra rêver de sa beauté passée. Mais je ne suis pas sûre que cela soit sa priorité !
DEB
1 juin 2016 @ 18:02
Vrai Corsica.
Tous ces potentats qui se sont enrichis sur le dos des miséreux de leur pays m’ont toujours révulsée.
Cosmo
2 juin 2016 @ 06:15
Chère Corsica,
On ne peut que partager votre indignation. En outre, un palais construit en1920 n’a rien à voir avec la culture traditionnelle du pays. Cela va certes donner du travail mais la construction d’un hôpital ou de plusieurs écoles n’eût-elle pas été plus utile ?
Amicalement
Cosmo
Robespierre
2 juin 2016 @ 17:07
Bien d’accord avec vous et avec Corsica. Qu’on construise des hôpitaux et des écoles !
framboiz 07
1 juin 2016 @ 09:19
Un pays , qui renaît a besoin de symbole …
framboiz 07
1 juin 2016 @ 09:20
SymboleS , pardon !
1315jeann
1 juin 2016 @ 09:58
Même si un symbole aussi fort que la gloire passée de l’Afghanistan est important, force est de constater que l’Afghanistan a d’autres priorités ; par exemple, développer l’éducation des femmes !!!
Leonor
1 juin 2016 @ 10:10
Je ne sais pas quoi en penser. Vraiment pas.
Parfois, le symbole peut être très important. Il peut effectivement aider à la reconstitution d’un moral, d’un mental.
Mais, je sais, je sais. Le symbole, quand on crève de faim….
Mais l’Afghanistan ne crève pas de faim. Il est pourri d’autre chose.
Baboula
1 juin 2016 @ 12:37
Ce palais n’avait pas de passé archéologique .Le dernier roi Zaher Shah ,père de la nation,n’aurait peut-être pas voulu d’un tel mausolée .L’actuel président Ashraf Ghani a une bonne presse dans un pays où la corruption est reine .Dommage que la manne financière dont bénéficie en ce moment l’Afghanistan serve à relever des ruines plutôt qu’à construire écoles ou hôpitaux.
MILENA
1 juin 2016 @ 12:42
Je pense que le Président a raison, il faut aller de l’avant et reconstruire, cela donnera du travail, et ceux qui travaille consomme, et la consommation relance l’économie, etc…
le retour à la vie, au travail, à l’espoir…
*Gustave de Montréal
1 juin 2016 @ 12:42
C’est un important symbole du pays. Mais qui sont les héritiers du roi Zaher Shah mort en 2007?
Il semble avoir un fils héritier mais déjà agé de 82 ans ! A-t-il une descendance ?
cyrill lazaroshky-smolky
1 juin 2016 @ 12:49
Utterly insane! A ridiculous project as there is no sign of any possible rehabilitation of what has left from the Afghan Royal Family! The Americans had ruled out any possibility of the late king Zaher Shah to return again as king in his country, they opted for a republican system, more easy to manipulate according to their whims! They wanted a deeply divided country, a monarchy was far too « costly » for their plans, and of course teh Afghans now pay with all the divisions in their society!
Catoneo
1 juin 2016 @ 13:36
L’Afghanistan a besoin de retrouver une âme, le déversement continue de fonds internationaux ne semble pas suffire à stabiliser ce pays d’ethnies concurrentes, cerné d’appétits stratégiques divers.
Sans demander le rétablissement d’une monarchie qui avait fait ses preuves d’arbitre au dessus des tribus, il n’est pas mauvais de rebâtir une fierté afghane en relevant les ruines du château.
Notons que le Département d’Etat américain avait barré l’accès au roi Zahir Shah, venu à Kaboul ouvrir la Loya Jirga de 2002, pour protéger le pétain de service, Hamid Karzaï, satrape d’une république islamique aux ordres. Le pays a perdu douze ans de sang et de larmes à construire une imitation de démocratie anglaise ! Du déjà vu partout où sévit le génie américain.
Mayg
1 juin 2016 @ 13:46
Investir 20 millions d’euros dans ce projet quand on sait qu’une bonne partie de la population vie dans la pauvreté… !
Laurent F
1 juin 2016 @ 14:02
Sur la colline d’en face se situe le palais Tajbeg qui était la résidence de la reine Soraya. Dans le même état de délabrement que la palais royal, il fut le premier touché par l’invasion soviétique de 1979 étant alors la résidence du président Hafizullah Amin qui y fut assassiné.
Pascal
1 juin 2016 @ 21:29
Croyez vous très sincèrement que ne pas restaurer ce palais rendrait les Afghans plus « heureux » et que les sommes qui y semblent destinées se transformeraient en une pluie de bienfaits sur leurs pauvres têtes?
Voulez vous suspendre les travaux de restauration et d’entretien de Versailles (qui seraient moins coûteux sans les furies de la révolution dite française) au profit des réfugiés du moyen orient ?
Pourquoi pas…mais ne reprochons pas aux autres ce que nous faisons chez nous.
Corsica
2 juin 2016 @ 07:57
Pascal, si vous permettez, je pense que vous raisonnez d’une façon abstraite sans vous rendre compte de la difficile réalité de nombreux Afghans. Si vous aviez été allé un temps soit peu sur le terrain, vous réaliseriez que votre comparaison avec Versailles n’est pas à propos. On ne compare pas des choux et des raves. Même si beaucoup de Français ont l’impression de vivre dans l’un des pires pays de la planète, nous avons l’immense chance d’avoir encore l’un des meilleurs systèmes de santé, nous avons tous accès à l’éducation et notre système de prévention sociale est encore l’un des plus généreux du monde, nous pouvons donc penser à entretenir nos magnifiques monuments.
Ce n’est pas le cas de l’Afghanistan et ce n’est pas prêt de l’être ! Quand on vit dans des pays où les besoins de base les plus élémentaires ne sont généralement pas comblés, on ne vise pas le bonheur, notion d’Occidental nanti, mais bien la survie pour soi et sa famille. Donc quand vous dîtes « Croyez vous très sincèrement que ne pas restaurer ce palais rendrait les Afghans plus « heureux » et que les sommes qui y semblent destinées se transformeraient en une pluie de bienfaits sur leurs pauvres tête », je dis que les Afghans ne veulent pas être heureux ou couverts de bienfaits, ils veulent être en santé, éduqués et nourris, c’est seulement à ce moment là qu’ils pourront commencer à se demander s’ils sont heureux ! Monsieur Asheaf Ghani a la volonté de rétablir l’état de droit et la justice dans un des pays les plus corrompus du monde. Il dit aussi vouloir servir les Afghans. Je le crois sincère mais en voulant reconstruire un palais de 1920, il ne les sert en rien. S’il ne sait pas comment utiliser ces 20 millions pour améliorer le sort de ses compatriotes, qu’ils les donnent aux ONG qui font un travail remarquable sur place mais manquent cruellement de moyens.
Gérard
2 juin 2016 @ 21:34
Construire ou reconstruire ce palais qui fut très beau et qui était le symbole de l’ouverture au monde de ce pays pour en faire le Parlement, donnera du travail à des milliers d’Afghans qui pourront vivre sans être à la merci des mafias.
Corsica
3 juin 2016 @ 13:02
Gérard, comme le disent si bien Cosmo et Robespierre, construire des hôpitaux, des dispensaires et des écoles fera travailler le même nombre d’Afghans et au moins cela servira le peuple qui actuellement, vu l’état pitoyable des systèmes de santé et d’éducation, n’a pas besoin de symboles mais de réalisations permettant d’améliorer concrètement son quotidien.
Robespierre
5 juin 2016 @ 13:32
Je ne sais plus quel écrivain d’autrefois a dit qu’avant de faire des dentelles il faut faire des chemises.
Caroline
1 juin 2016 @ 22:33
Ignorant assez la mauvaise situation de l’Afghanistan, j’ai aimé lire tous les commentaires précédents dans cet article sortant de l’ordinaire!
Je doute que le tourisme se développera dans ce pays toujours en guerre!
Leonor
2 juin 2016 @ 09:29
J’ai demandé son avis à X, qui connait bien le terrain, et pour cause .
Voici, texto :
» Les Afghans (meme si ce terme ne signifie pas franchement grand chose) en sont -je pense- au stade d’une societe qui a besoin d’une figure/titre forte et legitime, ce que la royaute leur apportait a une epoque. Je vois bien l’Afghanistan dans une monarchie federale ou monarchie constitutionnelle, pour qu’il y ait une certaine autonomie des ethnies et regions
« Cela dit, je ne vois pas comment ils reviendraient de la democratie qui leur a ete imposee, sans passer par une longue phase d’anarchie totale, suivie par la prise du pouvoir par le plus puissant des seigneurs de guerre (facon Chine au 19eme – debut 20eme) à l’instant T. »
Fin de citation.
Philippe Gain d'Enquin
2 juin 2016 @ 12:30
S.A.R. le Prince Marwan est il appelé à y vivre et résider ???
Gérard
3 juin 2016 @ 19:18
Le roi Zaher Shah a eu un premier fils Mohamed Akbar Khan qui fut prince héritier et mourut le 26 novembre 1942 à 9 ans.
Le deuxième fils devint alors prince héritier, le prince Ahmad Shah Khan, né en 1934, qui a fait ses études à Oxford et à l’Institut d’Études Politiques de Paris puis a travaillé au Ministère des affaires étrangères à Kaboul. Le prince a été l’un des 14 membres de la famille royale arrêtés à la suite du coup d’état du 17 juillet 1973 mais le 26 juillet il a été autorisé à quitter son pays pour Rome. Il a ensuite vécu en Virginie à Alexandria et s’est consacré à la poésie. Il est devenu le chef de la maison royale à la mort de son père le 23 juillet 2007.
Il s’est marié à Kaboul en 1961 avec la princesse Khatul Bégum, fille du sardar Mohamed Umar Khan Zikeria et de la princesse Sultana Bégum, quatrième fille du roi Mohamed Nadir Shah. Il a eu deux fils et une fille. Son fils aîné le prince Mohamed Zaher Shah pourrait devenir roi sous le nom de Mohamed VIII, né en 1962, il a épousé la princesse Oshila Bégum, ils vivent à Springfield (Virginie) et ils sont les parents d’une fille la princesse Roxanne Khanum ; le deuxième fils est le prince Mohamed Emel Khan né en 1963, et la princesse est la princesse Hawa Khanum, épouse de Sultan Muhammad Nawaz.
Dans l’ordre généalogique nous trouvons ensuite le prince Mohamed Nadir Khan, né en 1941, qui est musicien mais qui est également diplomate et a épousé en premières noces son altesse royale la princesse Lailuma Begum, dont il a eu deux fils, le prince Mustapha Zaher Khan, né en 1964, ancien ambassadeur, haut fonctionnaire afghan, et son frère le prince Muhammad Daud Jan, né en 1966, photographe à Londres.
Le quatrième fils du roi et le prince Shah Mahmud Khan, né en 1946, diplomate puis homme d’affaires, il avait épousé en premières noces en 1966 son altesse royale la princesse Mahbouba Bégum, petite-fille par sa mère du roi Habibullah Shah d’Afghanistan. Il est mort à Rome d’un cancer le 7 décembre 2002 et a été enterré au mausolée du roi Nadir Shah à Kaboul. Il a eu deux filles de sa première femme, la princesse Bilqis Zahir, designer et créatrice de bijoux, et la princesse Ariane Zahir.
Le cinquième fils du roi, le prince Muhammad Daud Pashtunyar Khan, né en 1949, fut officier et les pilotes il a épousé en 1973 la princesse Fatima Bégum. Il est mort en 1980 laissant un fils et une fille. Le fils est le prince Duran Daud Khan, né en 1974, qui est consultant à Sharjah (Émirats arabes unis), la fille est la princesse Noal Khanum , née en 1978, qui a fait ses études à l’institut Saint-Dominique à Rome puis à Londres et qui est designer. Elle a épousé on s’en souvient, à Istanbul en 2013 le prince Mohamed Ali d’Égypte, prince du Saïd, fils aîné du roi Fouad II.
Le cinquième fils du roi est le prince Mirwais Zaher, né en 1957, qui a fait ses études à Kaboul, en Angleterre et à Rome à l’Académie des Beaux-arts. Il a été le secrétaire de son père. Il est conseiller du Ministère de l’information et de la culture à Kaboul. Il s’est marié au palais de la République de Saint-Marin le 30 mai 2009 et à la grande mosquée de Rome le 18 octobre avec la princesse Safya Zaher, née à Genève en 1967, de nationalité suisse et d’origine roumaine, elle s’est convertie à l’Islam en 2001. Elle est attachée au Ministère afghan de la culture et de l’information.
Précisons que Sofia Ileana Meţianu est fille de Lucian et de Georgeta, elle biologiste, lui musicien, célèbre compositeur vaudois, professeur au Conservatoire de Lausanne et que sa fille rejoignit en 1984 après des études artistiques. C’était une très belle jeune femme qui fréquenta les bals de charité suisses et en particulier celui de la princesse Margareta Sturdza. Elle épousa Touran Assefy Shah, né en 1959, apparenté à la famille royale afghane. Elle enseignait alors dans un institut artistique de Genève. Et elle s’occupa d’une organisation caritative dans la luxueuse station de Crans-Montana, Espoir pour l’Inde, parrainée par la princesse Françoise Sturdza. Cette vie mondaine ne convenait guère à son époux semble-t-il, et ils divorcèrent. Mais elle fit la connaissance du prince Mirwais qui vivait à Rome.
Le roi a eu aussi deux filles, la princesse Bilqis, veuve de son altesse royale le lieutenant général Sardar ‘Abdu’l Wali Khan, mère de trois filles, et la princesse Maryam Bégum, veuve du professeur Sardar Muhammad Aziz Khan Naim, qui fut tué au palais présidentiel de Kaboul le 27 avril 1978. Elle a eu un fils.
Voir : http://www.royalark.net/Afghanistan/barak15.htm.
Gérard
4 juin 2016 @ 14:15
Les autorités afghanes font valoir que les ruines du palais symbolisent depuis tellement d’années les souffrances de l’Afghanistan et la guerre qu’il faut en finir avec cet état de ruines pour symboliser la renaissance du pays. On construit un mur autour du palais pour empêcher désormais le passage des pillards et pour mettre en place le chantier de construction. La campagne qui a été lancée en 2012 auprès du public pour recueillir des fonds en vue de cette reconstruction a rapporté les sommes nécessaires pour le début des travaux, y compris auprès des fonctionnaires et des élèves. C’est un encouragement.
Le palais devait abriter le Parlement ainsi qu’il devait le faire dès l’origine lorsqu’il a été construit dans le style néoclassique par des architectes et des ingénieurs allemands et français (les architectes allemands Walter Harten et Josef Brix et le français André Godard, avec le concours de l’archéologue Alfred Foucher) dans les années 1920 à la demande du grand roi réformateur qu’était Amanullah, mais il y avait aussi son bureau. Le palais a toujours symbolisé depuis la volonté réformatrice d’un pays qui retombe sans cesse mais ne perd pas espoir. Le roi Amanullah fut déposé pendant un voyage en Europe et exilé par les fondamentalistes religieux (il est mort à Zurich en 1960 et son épouse la belle reine Soraya à Rome en 1968 et ils ont été inhumés à Jalalabad en Afghanistan), mais son palais, donc Darul Aman, c’est-à-dire en arabe « demeure de la paix » doit revivre.
Le palais en fait n’a jamais abrité le Parlement, il a servi à des ministères ; il a subi un premier incendie lié à des problèmes électriques en 1968, il en a subi un deuxième en 1979 lorsque les Soviétiques ont mis le feu au palais en même temps qu’ils assassinaient au palais Tajbeg le président Hafizullah Amin (les projets de restauration de ce deuxième palais royal avancent également).
Le palais Darul Aman a été reconstruit deux fois. Puis il a servi comme ministère de la défense du régime prosoviétique. En 1990 les chefs de guerre moudjahidines rivaux qui luttaient pour le contrôle de la capitale l’ont détruit finalement avec leur artillerie et leurs tirs de roquettes avant d’être chassés par les talibans islamistes. Les talibans furent chassés aussi en 2001 par les rebelles soutenus par les Américains, y compris par certains de ceux qui avaient détruit le palais pendant la guerre civile des années 1990. Depuis longtemps et depuis cette libération en tout cas l’idée est de reconstruire le palais pour y accueillir le Parlement comme il se devait. Mais l’Inde a accordé un financement pour la construction d’un Parlement à quelques centaines de mètres du palais, ce qui a retardé la restauration et ce nouveau Parlement a été inauguré en décembre 2015.
Pour l’instant une fois le mur de clôture construit, il va falloir restaurer l’infrastructure, y compris les routes d’accès et les services publics avant les travaux de construction eux-mêmes. Le plan du palais sera respecté car il est un bâtiment historique a précisé l’agence de construction qui dépend de la municipalité de Kaboul. Yasin Niazi qui dirige cette agence ajoute que le gouvernement a déjà budgétisé 16 millions de dollars à cette fin en vue de commencer les travaux en 2017. L’argent vient en partie de l’étranger et notamment de l’Allemagne qui est très attachée à cette reconstruction compte tenu de l’origine du palais, et aussi bien sûr de riches Afghans. Le palais sera identique à ce qu’il était lorsqu’il a été inauguré, on utilisera la même pierre provenant de la même carrière.
Walid Abu Fajar, chef de l’entreprise de construction locale qui a remporté l’appel d’offres pour le projet, a déclaré que la reconstruction est prévue pour durer trois ans. Mais peut-être cinq années seront-elles nécessaires et l’on évalue les frais globaux entre 16,5 et 20 millions de dollars US.
On espère que le gouvernement indien couvrira une partie des dépenses comme il a payé la construction du nouveau Parlement. Les habitants de Kaboul semblent être très concernés par le projet et s’étonnent qu’on n’ait pas rénové plutôt ce bâtiment, le plus emblématique de la capitale.
C’est notre histoire, c’est notre identité disent-ils en substance. Même quand il était à l’état de ruines on venait le voir et c’était même la principale attraction touristique, on venait le voir parce qu’il était le symbole que tous les malheurs de la terre n’avaient pu détruire complètement le palais comme ils n’avaient pu détruire le pays. C’est ici qu’on venait enseigner aux enfants ce qui s’était passé.
Le président afghan Ashraf Ghani a déclaré en inaugurant les premiers travaux le 30 mai : « Aujourd’hui, nous assistons à un retour au passé tout en construisant une fondation pour l’avenir ».
Le palais rénové puisque le Parlement a été finalement construit ailleurs servira comme musée et sera un lieu pour les cérémonies nationales. Il abritera également la Cour suprême.
Il reste que ce projet est critiqué par ceux qui font observer que beaucoup d’Afghans continuent de quitter le pays dans lequel ils ne trouvent pas d’emploi.
Leonor
6 juin 2016 @ 10:55
Un problème de base est que l’Afghanistan , cela n’existe pas. Pas comme nation. Pas dans la tête des Afghans ; ou, plutôt qu’Afghans, appelons-les les habitants de cet ensemble de territoires.
C’est un patchwork mal rabouté d’ethnies et de langues diverses, concurrentes voire ennemies; c’est une juxtaposition de tribus , type » chaque tribu sa vallée », avec rivalités, vendettas, etc.
Le sentiment d’une nationalité afghane y est à peu près inexistant , c’est l’appartenance à la tribu qui prime. Le pouvoir appartient en réalité d’une part aux chefs de tribu éventuellement seigneurs de guerre; d’autre part, aux mollahs. Au mieux, aux jirgas locales.
Dès lors, construire /reconstruire un édifice d’Etat ?
Pour contestable que cela soit, cela peut pourtant représenter symboliquement un début d’Etat, et être, à ce titre, important.
Les écoles et les hôpitaux le sont, importants, bien sûr, Corsica et Robespierre. Mais ….
Mais l’homme ne vit pas que de pain. Surtout dans ces pays et surtout dans ce pays.
Si le semblant d’Etat ne parvient pas à progressivement apparaître dans la réalité et dans les esprits, écoles et hôpitaux seuls ne pourront rien, démolis au fur et à mesure de leur construction par les talibans. Car eux tiennent à maintenir les habitants dans l’extrême pauvreté et analphabétisme : c’est la litière de leur puissance.
Sans doute ne faudrait-il pas voir les choses comme un dilemme .
Non pas symboles OU écoles-hôpitaux.
Mais symboles ET écoles-hôpitaux.
Marcher des deux pieds.
Mais évidemment, c’est vite dit…