Après des années d’inactivité, la fontaine des Innocents, dans le 1er arrondissement à Paris, sera remise à neuf. Les travaux ont débuté ce printemps. La fontaine trônant au centre de la place Joachim-du-Bellay n’était plus en usage depuis des années.
Les travaux se portent sur la façade ouest. Trois œuvres de la façade font l’objet des premières rénovations : deux bas-reliefs et un écoinçon. La rénovation de la fontaine ne sera pas uniquement sur le plan artistique. Un « écrin de verdure » selon les termes de la Ville de Paris, sera dressé tout autour de l’édifice, ainsi que l’application d’une mise en lumière nocturne. Un nettoyage des murs de la fontaine est prévu pour l’été 2023.
La fontaine des Innocents est l’œuvre du sculpteur Jean Goujon et de l’architecte Pierre Lescot. Elle est réalisée entre 1546 et 1549 dans l’esprit de la Renaissance afin de célébrer l’entrée solennelle d’Henri II à Paris.
Elle remplace une fontaine construite à l’époque de Philippe-Auguste qui était alimentée par une conduite en terre cuite amenant les eaux des sources du Pré-Saint-Gervais
Implantée sous la forme d’une loggia, elle est placée sur le parcours des entrées royales dans Paris empruntant la rue Saint-Denis. C’est un édifice d’angle avec deux travées côté rue aux Fers et une travée rue Saint-Denis.
Sur chaque face, le principe est le même : une ou deux arcades sont encadrées de pilastres corinthiens et surmontées d’un relief d’attique et d’un fronton triangulaire. L’eau s’écoule du soubassement par de petits mascarons. Les entre-pilastres sont ornés de nymphes d’où le surnom de fontaine des nymphes donné à l’origine.
La fontaine est inaugurée le 16 juin 1549 à l’occasion de l’entrée solennelle du roi Henri II dans Paris.
A l’origine elle était adossée à l’église des Innocents, à l’angle de la rue Saint-Denis et de la rue aux Fers, partie de l’actuelle rue Berger. Lorsqu’on supprime le cimetière des Innocents en 1786, on déménage la fontaine là où se trouvait le charnier. On détruit le cimetière, pour y mettre le marché des innocents, qui s’établit là en 1788.
La fontaine est donc démontée et remontée pierre par pierre au centre du marché qui vient d’être créé, sur la nouvelle place des Innocents. La fontaine ne possédant que trois faces, on lui en ajoute une quatrième, œuvre du sculpteur Augustin Pajou lorsque les architectes Poyet et Molinos réaménagent la fontaine.
Les pierres des deux faces anciennes furent employées à la construction des quatre faces, on les mêla alternativement avec des pierres nouvelles et toutes préparées, on donna aux unes et aux, autres une teinte générale qui détruisit la différence de leur couleur.
Par cet amalgame de pierres, par cette teinte commune qu’elles reçurent, l’ensemble du monument fut en harmonie parfaite avec ses anciennes parties, et son architecture conserva son caractère primitif, sans qu’on pût apercevoir aucun des nouveaux raccords.
Le 15 août 1809, les eaux de la Beuvronne, amenées à Paris par le canal de l’Ourcq en construction coulent à la fontaine.
En 1858, le marché est remplacé par un petit square car les gigantesques Halles de Baltard viennent de se construire, le petit marché devient donc inutile.
Sous la direction de Davioud, la fontaine fut déplacée et modifiée de nouveau (soubassement pyramidal, six bassins étagés sur chaque côté, vasque de bronze au centre, coupole métallique imitant des écailles de poissons).
Il faudra attendre l’horizon 2024 pour assister à la remise en eau de la fontaine. (Merci à Guizmo)
cerodo
25 juin 2022 @ 01:47
merci à Guizmo … et à Régine !
Baboula
25 juin 2022 @ 04:46
Merci à vous Guizmo pour l’histoire de ce beau monument.
Le projet de mise en lumière nocturne ne satisfera pas les oiseaux qui nichent dans les arbres déjà présents sur la place . Ils pourront voir leurs insectes préférés se faire griller . C’est l’écologie à la mode de la Mairie de Paris .
Ciboulette
25 juin 2022 @ 18:00
On en fait des bêtises , à Paris , dites-moi !
Merci Guizmo pour l’histoire assez mouvementée de ce monument , place qui porte le nom de mon poète préféré , Joachim du Bellay .
JALINE
25 juin 2022 @ 09:44
On restaure beaucoup en ce moment et c’est formidable !!!!!!!!!
Beque
25 juin 2022 @ 10:16
Une partie du cimetière des Saint Innocents adossé à l’église du même nom [nom donné par Louis VII en souvenir du massacre des Saints Innocents] était réservée aux fosses particulières, à des caveaux surmontés de chapelles et aux fosses communes des personnes décédées sur la voie publique ou retirées de la Seine. Le reste, outre quelques monuments, était consacré aux grandes fosses communes : il y en avait toujours deux ou trois d’ouvertes. Certaines de ces fosses contenaient jusqu’à quinze cent cadavres. Le sol du cimetière des Saints Innocents avait la propriété, prétendait-on, de « manger » les cadavres en neuf jours. Le cimetière renfermait quelques monuments. L’intérêt du cimetière des Saints Innocents résidait dans ses charniers qui longeaient le mur d’enceinte et ouvraient sur le cimetière par des arcades. Il y avait le charnier de la Vierge [avec le mausolée élevé par Nicolas Flamel à son épouse Dame Pernelle, décédée en 1397], celui des Lingères, celui des Ecrivains et le Vieux Charnier. Les arcades étaient décorées des armes de leurs fondateurs et abritaient parfois leurs sépultures. Il semble qu’il y a ait eu plus de deux millions de cadavres inhumés dans le cimetière jusqu’au moment de sa fermeture.
Sources : « Paris disparu », de Georges Pillement (Grasset, 1966)
Carolibri
25 juin 2022 @ 11:04
Merci c’est passionnant. Enfin une restauration, il était temps car on a craignait carrément sa destruction 🙏🏻
Danielle
25 juin 2022 @ 14:45
Une jolie fontaine qui agrémente le quartier, merci Guizmo.
Que de belles choses aurons nous en 2024 !!
Philippe G
25 juin 2022 @ 19:11
Il était plus que temps. La Fontaine était dans un sale état. Le soir, on pouvait voir courir les rats.
Ciboulette
27 juin 2022 @ 13:01
Vous entendez , Menthe ? Des rats !