Voilà un objet décoratif, je parle des cartels et des pendules, que je n’aime pas du tout. J’aime les bougeoirs et les chandeliers, éventuellement les pièces d’orfèvrerie, les petits sculptures, tout le bric à brac dont on peut décorer les manteaux de cheminée, sauf les pendules. Mais j’ignore tout à fait pourquoi.
La pendule aux sultanes du comte d’Artois, restaurée, a repris place sur la cheminée du salon des Nobles depuis la réouverture, en avril, du Grand Appartement de la Reine.
Sur un socle de marbre rouge griotte, quatre dromadaires couchés en bronze patiné, richement harnachés et caparaçonnés, portent sur leur dos une plaque de marbre ornée de perles et de trophées. Dessus, deux femmes enturbannées s’appuient sur un cadran au décor fleuri, représentant les signes du zodiaque. Elles couronnent le cadran d’un turban décoré d’un croissant de lune. Autour des jeunes femmes, drapés et coquillages évoquent des ailleurs lointains. Élément atypique de cette création, le cadran à aiguilles, qui indique le jour et le mois, est surmonté d’un second cadran tournant horizontal, constitué de deux cylindres indépendants : l’un présente l’heure, l’autre les minutes. Il est flanqué de deux enfants africains et surmonté de deux Amours ailés. À l’arrière de la pendule, un décor figurant une tente ornée d’un soleil dissimule le mécanisme de l’horloge et fut conçue pour se refléter dans un miroir.
C’était la mode des turqueries.
La pendule est l’œuvre de l’horloger Urbain Jarossay, horloger et valet de chambre de Mgr le Comte d’Artois, mort en 1790, et du bronzier François Rémond (ca 1747- 1812), dont le rôle fut très important dans l’art du bronze à Paris, du règne de Louis XVI à l’Empire. Il était maître dans la guilde des doreurs de bronze.
Livrée le 31 décembre 1781 au château de Versailles, elle venait garnir la cheminée du boudoir turc que le comte d’Artois, frère de Louis XVI, se faisait aménager dans ses appartements au premier étage de l’aile du Midi.
La restauratrice Blandine Brauchu a décloué, dévissé et démonté une à une les pièces de la pendule que le temps avait ternies. Au préalable, elle a jeté sur un papier blanc leur dessin pour retrouver aisément l’imbrication des éléments, comme sur un plan de montage. Elle a remarqué sur l’objet les symptômes des démontages et remontages successifs effectués lors de restaurations antérieures, et l’intégration de pièces de quincaillerie qui n’étaient pas d’époque. Bien que maladroites, ces interventions eurent l’avantage de limiter les pertes de la plupart des ornements.
« Parce que le nettoyage est irréversible, et tout sauf simple », la restauratrice a apporté un soin infini au décrassage de l’objet. Munie d’une brosse douce, d’éponges, de pinceaux, de chiffons doux et de cotons tiges, elle a nettoyé les bronzes dorés de la pendule, avec de l’eau claire et ses propres mélanges. Sous la crasse, les dorures sont restées en excellent état, excepté quelques lacunes ponctuelles. Elles sont comblées par des feuilles d’or 24 carats, tandis que les pièces argentées sont recouvertes d’une fine couche de cire qui les protégera de l’oxydation. Puis vient le moment de la
« remonture », c’est-à-dire l’opération de réassemblage des pièces démontées. L’horloger du château de Versailles, Bernard Draux, intervient ensuite pour réviser le mécanisme de la pendule, changé au XIXe siècle.
Devant l’objet qu’elle a restauré, Blandine Brochu admire une ciselure d’une extrême finesse, remarquablement conservée « Cette intervention, qui vise à redonner l’éclat à cette pendule exceptionnelle, permettra d’apprécier pleinement le raffinement de l’artisanat d’art sous le règne de Louis XVI et l’extraordinaire finesse du travail d’un bronzier d’exception. »
Cette singulière pendule à deux cadrans est désormais présentée dans le salon des Nobles du Grand Appartement de la Reine, où elle est conservée du fait du goût commun du comte d’Artois et de Marie-Antoinette pour le raffinement exotique.
Confisquée pendant la Révolution, la pendule du comte d’Artois fut envoyée au ministère des Affaires étrangères tandis que les deux candélabres à sept branches
« aux autruches » voisins furent expédiés au palais des Tuileries, puis au Louvre. Ce n’est qu’en 1971 que la pendule aux sultanes et les candélabres aux autruches réintégrèrent les collections de Versailles. Ils sont donc visibles dans le salon des Nobles. https://www.youtube.com/watch?v=ZuzjzkTnv9s
Tiré des Carnets de Versailles sous la plume de Clotilde Nouailhat, À l’heure des
« turqueries ».
Francois
11 novembre 2020 @ 08:29
Je la veux .
Menthe
11 novembre 2020 @ 11:00
Revoilà nos dromadaires, Baboula🐪
Ils sont bien fiers.
ciboulette
11 novembre 2020 @ 17:41
Ils n’ont pas changé .
septentrion 🍀
11 novembre 2020 @ 11:19
Quelle beauté !
Pierre-Yves
11 novembre 2020 @ 11:36
Voilà un objet décoratif, je parle des cartels et des pendules, que je n’aime pas du tout. J’aime les bougeoirs et les chandeliers, éventuellement les pièces d’orfèvrerie, les petits sculptures, tout le bric à brac dont on peut décorer les manteaux de cheminée, sauf les pendules. Mais j’ignore tout à fait pourquoi.
Gérard
11 novembre 2020 @ 12:27
La pendule aux sultanes du comte d’Artois, restaurée, a repris place sur la cheminée du salon des Nobles depuis la réouverture, en avril, du Grand Appartement de la Reine.
Sur un socle de marbre rouge griotte, quatre dromadaires couchés en bronze patiné, richement harnachés et caparaçonnés, portent sur leur dos une plaque de marbre ornée de perles et de trophées. Dessus, deux femmes enturbannées s’appuient sur un cadran au décor fleuri, représentant les signes du zodiaque. Elles couronnent le cadran d’un turban décoré d’un croissant de lune. Autour des jeunes femmes, drapés et coquillages évoquent des ailleurs lointains. Élément atypique de cette création, le cadran à aiguilles, qui indique le jour et le mois, est surmonté d’un second cadran tournant horizontal, constitué de deux cylindres indépendants : l’un présente l’heure, l’autre les minutes. Il est flanqué de deux enfants africains et surmonté de deux Amours ailés. À l’arrière de la pendule, un décor figurant une tente ornée d’un soleil dissimule le mécanisme de l’horloge et fut conçue pour se refléter dans un miroir.
C’était la mode des turqueries.
La pendule est l’œuvre de l’horloger Urbain Jarossay, horloger et valet de chambre de Mgr le Comte d’Artois, mort en 1790, et du bronzier François Rémond (ca 1747- 1812), dont le rôle fut très important dans l’art du bronze à Paris, du règne de Louis XVI à l’Empire. Il était maître dans la guilde des doreurs de bronze.
Livrée le 31 décembre 1781 au château de Versailles, elle venait garnir la cheminée du boudoir turc que le comte d’Artois, frère de Louis XVI, se faisait aménager dans ses appartements au premier étage de l’aile du Midi.
La restauratrice Blandine Brauchu a décloué, dévissé et démonté une à une les pièces de la pendule que le temps avait ternies. Au préalable, elle a jeté sur un papier blanc leur dessin pour retrouver aisément l’imbrication des éléments, comme sur un plan de montage. Elle a remarqué sur l’objet les symptômes des démontages et remontages successifs effectués lors de restaurations antérieures, et l’intégration de pièces de quincaillerie qui n’étaient pas d’époque. Bien que maladroites, ces interventions eurent l’avantage de limiter les pertes de la plupart des ornements.
« Parce que le nettoyage est irréversible, et tout sauf simple », la restauratrice a apporté un soin infini au décrassage de l’objet. Munie d’une brosse douce, d’éponges, de pinceaux, de chiffons doux et de cotons tiges, elle a nettoyé les bronzes dorés de la pendule, avec de l’eau claire et ses propres mélanges. Sous la crasse, les dorures sont restées en excellent état, excepté quelques lacunes ponctuelles. Elles sont comblées par des feuilles d’or 24 carats, tandis que les pièces argentées sont recouvertes d’une fine couche de cire qui les protégera de l’oxydation. Puis vient le moment de la
« remonture », c’est-à-dire l’opération de réassemblage des pièces démontées. L’horloger du château de Versailles, Bernard Draux, intervient ensuite pour réviser le mécanisme de la pendule, changé au XIXe siècle.
Devant l’objet qu’elle a restauré, Blandine Brochu admire une ciselure d’une extrême finesse, remarquablement conservée « Cette intervention, qui vise à redonner l’éclat à cette pendule exceptionnelle, permettra d’apprécier pleinement le raffinement de l’artisanat d’art sous le règne de Louis XVI et l’extraordinaire finesse du travail d’un bronzier d’exception. »
Cette singulière pendule à deux cadrans est désormais présentée dans le salon des Nobles du Grand Appartement de la Reine, où elle est conservée du fait du goût commun du comte d’Artois et de Marie-Antoinette pour le raffinement exotique.
Confisquée pendant la Révolution, la pendule du comte d’Artois fut envoyée au ministère des Affaires étrangères tandis que les deux candélabres à sept branches
« aux autruches » voisins furent expédiés au palais des Tuileries, puis au Louvre. Ce n’est qu’en 1971 que la pendule aux sultanes et les candélabres aux autruches réintégrèrent les collections de Versailles. Ils sont donc visibles dans le salon des Nobles.
https://www.youtube.com/watch?v=ZuzjzkTnv9s
Tiré des Carnets de Versailles sous la plume de Clotilde Nouailhat, À l’heure des
« turqueries ».
Teresa2424
11 novembre 2020 @ 17:53
Que artesanos!¡belleza