Le portrait du régent Philippe d’Orléans est de retour au musée des Beaux-Arts d’Orléans après avoir été prêté pour des expositions à la Nouvelle-Orléans (pour les 300 ans de sa fondation par le régent) et à Houston.
Le portrait du régent Philippe d’Orléans est de retour au musée des Beaux-Arts d’Orléans après avoir été prêté pour des expositions à la Nouvelle-Orléans (pour les 300 ans de sa fondation par le régent) et à Houston.
Bambou
14 février 2019 @ 06:15
Habitant Orléans, je vais aller voir ce superbe tableau au musée des beaux-arts où je me rend régulièrement et qui possède de magnifiques oeuvres. Si vous venez assister aux fêtes johanniques en mai prochain, allez le visiter. C’est ce qu’avait fait Brigitte Macron en 2016 lorsque son époux avait été l’invité d’honneur de ces fêtes en hommage à Jeanne d’arc.
Gérard
15 février 2019 @ 19:30
Ce tableau est une huile sur toile de 248 x 160 cm et comme l’observe le professeur Joël Cornette (« Philippe d’Orléans, régent de France », Histoire par l’image [en ligne]) est attribué à Carle van Loo qui toutefois n’avait que 18 ans à la mort du Régent en 1723. Le portrait a également été attribué à Guy Noël Aubry.
Le catalogue de référence de l’œuvre de Carle van Loo ne mentionne pas cette toile, et celui des peintures de l’école française du Musée des Beaux-Arts d’Orléans le classe dans la catégorie « École française », et le date des environs de 1749, ce qui pourrait laisser imaginer qu’il s’agit plutôt d’un portrait du duc de Chartres puis d’Orléans, Louis dit le Pieux, fils du Régent et qui lui ressemblait, ou d’un portrait posthume.
Ce portrait en pied est d’abord celui d’un homme de guerre en armure qui désigne le casque surmonté d’un panache blanc qui le relie à Henri IV son arrière-grand-père.
Philippe en effet a combattu pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg et la guerre de Succession d’Espagne et pour sa première campagne en 1691 il avait 17 ans et participa au siège de Mons par le roi.
À Leuze, en septembre 1691, il chargea à la tête de la cavalerie ; à Steinkerque, en 1692, il fut blessé ; à Neerwinden, en 1693, il mena cinq assauts successifs. En 1706, lors de la guerre de Succession d’Espagne, Louis XIV lui confia l’armée d’Italie, mais il ne put résister aux assauts d’Eugène de Savoie malgré sa bravoure à Turin. Il alla l’année suivante en Espagne, où il connut de nouveau de nombreux succès, notamment en Catalogne, à Lérida et Tortosa.
Ce portrait représente aussi le prince tenant de la main gauche un bâton de commandement fleurdelisé comme sur son portrait par Jean-Baptiste Santerre (1717) qui est au Musée du Prado à Madrid. C’est la marque de son commandement des armées françaises en Espagne en 1707 (et les membres de la famille royale sont supérieurs aux maréchaux) mais c’est là aussi une manière de suggérer les huit années de la régence du royaume. Il porte dans les deux portraits les insignes du Saint-Esprit et de la Toison d’or.
Les guerres de la fin du règne de Louis XIV ont montré les inquiétudes des grandes puissances face à l’expansion de la France dans les colonies. Or la Louisiane ne comptait alors pas plus d’une trentaine de familles françaises et le Régent voulut développer ce territoire et le relier aux autres territoires de la Nouvelle-France, l’Acadie et le Canada, par la construction d’une chaîne de forts
En 1718, La Nouvelle-Orléans, capitale de la colonie, est érigée au bord du Mississippi et sur la rive méridionale du lac Pontchartrain. Le Régent sera bientôt aidé par John Law – et par les esclaves – pour les cultures de l’indigo, du tabac et du riz.
Pour ce tricentenaire de la ville en 2018 le Musée d’Art de La Nouvelle-Orléans (NOMA) a présenté The Orléans Collection, composée de pièces magnifiques venant de la collection de Philippe II duc d’Orléans et qui ont été prêtées notamment par la National Gallery de Londres, le J. Paul Getty Museum et la National Gallery d’Écosse.
Gérard
16 février 2019 @ 21:41
L’exposition présentée à La Nouvelle-Orléans et à Houston permettait de voir quelques-unes des œuvres qui ont figuré dans la Collection Orléans, et c’était tout à fait inhabituel d’autant que nous avons un peu oublié en France la splendeur de cette collection réunie surtout par le Régent. Il aurait été souhaitable qu’elle pût être présentée en France car c’est la première fois qu’une grande partie a été réunie depuis deux siècles.
Le prince n’avait hérité que de quinze tableaux de son père. Il eut ensuite des tableaux dans la succession de la première épouse de Monsieur, Henriette d’Angleterre, et du chevalier de Lorraine, l’ami de celui-ci.
On pouvait voir dans la collection du prince notamment l’Assemblée des dieux d’Antoine Coypel qui avait été peinte pour le plafond de la grande galerie que Philippe d’Orléans, le Régent, avait fait aménager au Palais-Royal. La grande galerie fut supprimée en 1785 et la fresque originale du plafond a disparu.
Zeus se tient triomphant au centre dans un halo de lumière, entouré de Vénus, Minerve, Neptune et Mercure, et c’est une sorte de spirale somptueuse qui monte vers le ciel et que l’artiste et ses héritiers ont conservée et elle n’avait quitté la France qu’une seule fois auparavant. Elle est conservée au Musée des Beaux-Arts d’Angers.
Le Régent a permis à la France de sortir des difficultés de la fin du règne glorieux de Louis XIV, à l’économie de repartir et à la vie politique de reprendre en sorte que les pouvoirs puissent se parler, et ce fut donc aussi la première tentative véritablement organisée d’un empire colonial français.
L’Allégorie de Philippe II, duc d’Orléans, régent du royaume (château de Versailles) par Antoine Dieu glorifie le Régent à la fois comme grand mécène des arts et artisan du négoce outre-mer. Son portrait en médaillon est entouré de la Loi et de la Renommée ainsi que de Minerve déesse de la guerre et des arts.
Lui-même avait pris des leçons de dessin auprès d’Antoine Coypel et Saint-Simon rapporte que le duc se retirait souvent l’après-midi dans ses appartements pour peindre.
À sa mort en 1724 l’inventaire de sa collection comprenait 537 tableaux. C’était peut-être en Europe la plus belle collection qui ne soit pas en main royale.
Elle était présentée à l’intérieur du Palais-Royal dans des espaces ouverts au public. La collection comprenait des œuvres de toute l’Europe, et de toutes époques et elle provenait d’achats ou de cadeaux offerts au prince. Parmi les achats, longuement négociés, celui de la collection de la reine Christine de Suède qui était morte à Rome en 1689 et dont les héritiers n’arrivaient pas à se défaire à leur convenance. Philippe chargea le financier Pierre Crozat de parvenir à un accord qui permit d’acquérir une centaine d’œuvres dont certaines provenaient des Gonzague. Des héritiers de grandes familles proposaient au duc d’acheter des tableaux, des héritiers des cardinaux de Richelieu, Mazarin, Dubois, des Colbert, des ducs de Noailles, de Gramont, de Vendôme.
Le prince n’hésitait pas devant l’éclectisme et appréciait en particulier les peintres flamands et néerlandais avec 19 Rubens, 10 Van Dyck, 6 Rembrandt…
Mais on trouvait des Titien, Raphaël, Reni, Véronèse, Tintoret, des Carrache, du Corrège, trois Caravage…
Sa collection surprenait notamment par la juxtaposition de peintures sacrées et profanes qui choquait certains visiteurs.
Son fils Louis dit le Pieux maltraita certaines œuvres qu’il trouvait impies et qui furent restaurées ultérieurement.
La collection fut dans l’ensemble maintenue même si parfois un membre de la famille empruntait un tableau ou une gravure pour son usage personnel.
Mais au temps de Philippe qui devait devenir Égalité la situation changea. Le duc avait fait construire les deux galeries latérales du Palais-Royal qui lui avaient coûté très cher et qui n’étaient pas encore rentables. Il voulut également par précaution au moment où commençait la Révolution avoir des liquidités et il vendit notamment en ventes publiques à plusieurs reprises des tableaux à Londres dans les années 1790.
C’est ainsi que beaucoup de toiles partirent à l’étranger y compris en Amérique plus tard.
On retrouva des toiles dans la collection royale britannique, dans celle de Catherine de Russie, dans celles des ducs de Sutherland et des ducs de Bridgewater. Beaucoup de ces toiles sont aujourd’hui dans les plus grands musées du monde.