Entre Haute-Vienne et Dordogne, les ruines du château médiéval de Châlus témoignent de la mort de Richard Cœur de Lion, Roi d’Angleterre, duc de Normandie et comte d’Anjou, le 6 avril 1199. Venu mettre le siège devant Châlus pour rébellion, il vient constater, en fin de journée, l’état des forces en présence. Casqué mais sans côte de mailles, il est atteint par un carreau d’arbalète, tiré du donjon par Pierre Basile. Il est soigné par un emplâtre de vin, d’herbes et de lard mais la plaie se gangrène.
Il a le temps de revoir sa mère, Aliénor d’Aquitaine et de dicter ses dernières volontés : il pardonne à Pierre Basile alors que les Châlusiens viennent de se rendre, demande que ses entrailles soient enterrées en la chapelle du château (elles n’ont jamais été retrouvées), que son cœur soit déposé dans la cathédrale de Rouen « en remembrance d’amour pour la Normandie » et son corps embaumé à Fontevraud auprès des siens.
Sa mort à 41 ans est un élément majeur avec la fin de l’Empire Plantagenêt et la naissance de l’idée de nation, incarnée par les rois de France.
Son blason à 3 léopards d’or sera repris par les rois d’Angleterre.
Le roi-chevalier est perçu comme un guerrier, impulsif et cruel, parfois capable de générosité et d’humilité, cherchant les prouesses et la gloire plutôt que soucieux de gouverner. Bon vivant et obèse en fin de vie, il était aussi lettré et poète. Il écrivit des chansons et poèmes durant sa captivité, à la manière des troubadours qui fréquentaient la cour de sa mère à Poitiers. Il parlait la langue d’oc et le latin.
Tracer son profil physique et psychologique est difficile tant il a fait naître de légendes (Ivanhoé de Walter Scott, Robin des Bois qui veut rétablir le règne de Richard sur l’Angleterre, entre autres). Même sa mort reste pleine d’inconnues, en particulier, son lieu exact. Ci-dessus un gisant lui rendant hommage au château de Châlus. (Merci à Danielle B.)
Alinéas
30 septembre 2017 @ 08:30
J’ai vécu un certain temps dans les environs de Limoges (Haute-Vienne) et je n’ai pas eu l’occasion de visiter les ruines du château de Châlus.. Peut-être à programmer.!
Francky
30 septembre 2017 @ 09:18
Merci Danielle,
C’est un château que je ne connais pas mais que vous m’avez donné envie d’aller voir de plus près… !!!
Haut-Landaise
30 septembre 2017 @ 09:24
Je souhaiterais de plus en plus une machine « à remonter le temps » ! HL
Marcel
30 septembre 2017 @ 10:22
Pierre Basile est, selon les chroniqueurs Roger de Wendover et Bernard Itier, bibliothécaire de l’abbaye Saint-Martial de Limoges, le chevalier Limousin qui blessa mortellement Richard Cœur de Lion lors du siège du château de Châlus-Chabrol le 26 mars 1199 d’un carreau d’arbalète1 qui atteignit le roi d’Angleterre à la base du cou.
Pierre Basile, est établi aux Pouyades, à Firbeix, une commune proche de Châlus.
Sa vie n’est mentionnée dans les chroniques médiévales qu’à l’occasion de la mort de Richard Cœur de Lion.
On raconte que Richard retira lui-même la flèche fichée dans son épaule. Un morceau de fer, voire le carreau, resta dans le corps du roi. La blessure s’infecta et Richard Cœur de Lion rendit l’âme à Châlus, le 6 avril 1199, auprès de sa mère Aliénor d’Aquitaine, qui malgré son âge, était venue de Fontevraud pour recevoir les dernières volontés de son fils.
Pierre Basile aurait été pardonné par Richard. Selon certains auteurs dont le chroniqueur contemporain Roger de Hoveden2, malgré ce pardon, Mercadier, fidèle capitaine de Richard, l’aurait fait écorcher vif puis pendre3. Des recherches historiques, et notamment la découverte d’un acte daté de 1239 relatif à sa succession, laissent cependant à penser que Pierre Basile vécut assez longtemps après son exploit de 11994.
Lors du siège du château de Châlus-Chabrol, Pierre Basile était accompagné d’un autre chevalier limousin, Pierre Brun, seigneur de Montbrun, château proche de Châlus, situé sur la commune voisine de Dournazac.
Bouvy
2 octobre 2017 @ 11:44
Merci de vos précisions. Je vous ferai , à l’occasion, un reportage sur le château de Montbrun, un des plus beaux de la région.
JAusten
3 octobre 2017 @ 21:18
excellente idée !
Danielle
30 septembre 2017 @ 10:50
Danielle B. merci pour cet intéressant article.
Gibbs ?
30 septembre 2017 @ 11:02
Merci Danielle car je suis passée de nombreuses fois à Châlus et tout rappelle ce roi.
Actarus
30 septembre 2017 @ 12:09
Si je puis me permettre… On peut dater la fin de l’empire Plantagenêt aux années 1202-1204, lorsque le roi Jean (Jean sans terre, pas le duc de Vendôme ^^) perdit la Normandie, confisquée par le roi de France en application du droit féodal (je laisse à Gérard le soin de vous narrer par le menu la longue histoire), et tout ceci à cause d’une femme (Isabelle d’Angoulême) que le roi d’Angleterre avait prise à son fiancé (Hugues de Lusignan). Là, je laisse à Lady Chatturlante le soin de prendre la suite…
Quant à l’idée de naissance d’une nation autour du roi de France, elle prit corps lors de la bataille de Bouvines (1214) qu’on peut qualifier d’affrontement final entre Jean et Philippe II Auguste.
Leonor
1 octobre 2017 @ 20:54
J’aime bien vos résumés, Actarus.
Muscate-Valeska de Lisabé
30 septembre 2017 @ 12:12
J’aime l’ambiance de la première photo.
COLETTE C.
30 septembre 2017 @ 14:44
Je le connais, ce n’est pas loin de chez moi (Corrèze)
MARIA EDITE
30 septembre 2017 @ 18:31
Je connais Châlus, j’y suis allée deux fois, mais pas dedans parce que c’était fermé. Dommage l’abandon de cette place si historique. Toute l’émotion que j’ai ressenti…
MARIA EDITE
30 septembre 2017 @ 18:53
Et je suis folle de Fontevraud!!!
Bouvy
2 octobre 2017 @ 12:00
La visite peut être jugée décevante mais c’est surtout une question d’ambiance. Le château est en hauteur avec un beau panorama sur les Monts de Châlus; l’accès au donjon est interdit par sécurité mais la vue de la terrasse est aussi belle. Sur la photo, les restes de la chapelle et le gisant en lave de Volvic offert par un ancien propriétaire, un jardin médiéval et une partie XVIII ème siècle. Le reste est privé. Le château a appartenu aux familles d’Albret, Borgia par mariage, Bourbon-Busset et Bourbon-Châlus, puis des propriétaires privés; les visites sont maintenant limitées à la haute saison.
Parella
30 septembre 2017 @ 20:07
Concernant le blason de Richard ce n’est pas si simple. En réalité il porta longtemps un écu avec deux lions affrontés (les couleurs ne sont pas connues avec certitude puisque seuls des sceaux existent qui, évidemment, ne comportent pas de couleurs).
Pour des raisons qui ne nous sont pas davantage connues, il prit, à la fin de sa vie, un écu à trois léopards (?) qui pourraient avoir été aussi bien des lions que des panthères d’or sur champ de gueules. C’est de ce changement que Jean dit sans-Terre fit ses propres armoiries en 1199 alors qu’il portait un écu de gueules à deux léopards d’or.
Depuis, les souverains d’Angleterre portèrent les armoiries de gueules à trois léopards d’or.
Cette stabilisations héraldique est donc plus tardive que celle des armoiries des capétiens et les hésitations apparues entre celles de Geoffroy Plantagenet et celles de Jean-Sans-Terre restent encore aujourd’hui mystérieuses.
ciboulette
30 septembre 2017 @ 20:55
Le roi Richard reste pour beaucoup des enfants que nous étions alors le » bon roi » dont Robin des Bois veut hâter le retour …Je trouve très beau l’arrangement floral et arboré de cet endroit .
Catoneo
1 octobre 2017 @ 07:38
Plantagenêts ou le rêve d’une Manche, mare nostrum, mer intérieure.
Philippe
1 octobre 2017 @ 08:11
Tiens, il me semblait que l’écu d’Angleterre, à trois léopards, datait de Jean sans Terre, et que celui de Richard, justement, à deux léopards affrontés, était unique dans l’histoire héraldique Plantagenêt … ?
Parella
1 octobre 2017 @ 20:53
Non pour la première remarque, oui pour la seconde. Je m’explique.
L’écu d’Angleterre à trois léopard date de l’extrême fin de la vie de Richard mais je n’ai jamais trouvé d’explication satisfaisante à ce changement d’armoiries impromptu. En revanche, il est vrai que le même Richard porta pendant la plus grande partie de sa vie cet exceptionnel écu à deux lions affrontés, unique chez les Plantagenêt et jamais plus repris ensuite. Pour les couleurs…mystère et boule de gomme car les seuls témoignages sont des sceaux, évidemment sans couleur. Gueules et or sont une extrapolation de celles qui suivirent.
Ghislaine-Perrynn
2 octobre 2017 @ 15:44
C’est sympathique ce parterre avec cette stèle (Guy des Cars y est il pour quelque chose ?)La Reine-Mère Elizabeth Bowes-Lyon était une admiratrice de Richard Coeur de Lion et alors qu’elle venait de visiter l’Abbaye de Fontevraud , manifestement ravie , elle avait demandé qu’une personne lui cueille quelques brins de genêt qu’elle avait gardé à la main pendant la visite de Châlus .