Assez d’accord avec vous. Le sujet est extrêmement complexe et en tant que Belge, je ne peux pas être entièrement objectif. Mais bon, les hommes politiques (le plus souvent incapables ou ayant mauvaises conscience ou des choses à se reprocher) ont toujours besoin de se trouver un paratonnerre pour esquiver leur responsabilité. Dans l’affaire de la débâcle militaire française (assez incompréhensible) en mai 1940, Léopold III (et l’armée Belge) étai(en)t le bouc émissaire tout désigné.
Mais je rajouterai à la liste (longue) de flingueurs pas très droits dans leurs bottes : Sir Winston Churchill.
Dans une de ses lettre adressée en 1945 au ministre des affaires étrangères britannique, Churchill indique au sujet de léopold III : « Je ne vois pas ce qu’il y a à reprocher au roi sinon d’être plutôt minable et d’être ainsi un parfait représentant du peuple belge qui a vainement espéré se tenir en dehors de cette guerre. »
En gros, Churchill reprochait à la Belgique et à son armée de ne pas s’être fait entièrement laminée en 1945 comme « juste retour des choses » en souvenir de l’intervention britannique et des nombreux morts anglo-saxons sur le sol belge pendant la Première Guerre mondiale (dont la légende persiste encore aujourd’hui à dire que le UK n’est entré en guerre à contrecœur et uniquement pour secourir la Belgique dont la neutralité avait été violée par l’Allemagne). C’est en très grande partie un faux prétexte. Le Royaume Uni ne pouvait pas resté neutre. Il est entré en guerre au côté de ses alliés (la France et la Russie) contre un pays qui était en train de la dépasser au plan commercial, industriel et militaire (maritime). L’invasion de la Belgique par les Teutons a été le casus belli qu’attendait Londres pour justifier (populairement) l’intervention britannique dans la guerre.
En plus de ça, les Anglais et les Français ont largement contribué au caractère inévitable de la Seconde guerre mondiale. D’abord en imposant à l’Allemagne le Diktat de Versailles et en faisant de l’Allemagne l’unique responsable de la Première guerre mondiale (une vaste blague) ensuite avec la politique d’apaisement initiée par Neville Chamberlain (le prédécesseur de Churchill).
En Juillet 1936 , le Roi Leopold III proclame la neutralité de la Belgique , elle qui avait été aux côtés de l’Angleterre et de la France – quel courage ! Ceci eut comme conséquence désastreuse de couper toutes communications entre les états majors français et belges , il ne seront renoués qu’ en 39 !
Après les violents combats de la Lys , le roi signa non pas une capitulation mais une reddition
Cette reddition lui sera funeste pour la suite et il devra abdiquer .
Alors oui je me souviendrai du courage des belges et des qualités de coeur des belges dans tous les sens du terme que ce soit en 14-18 ou en 39-45 ils ne sont en rien responsables des erreurs de ceux qui les ont gouvernés et c’est valable également pour les français qui, pour certains, ont donné leurs jeunes années , leurs vies , leurs espérances massacrées pendant que d’autres fuyaient ou les trahissaient .
Vous avez une vision très francocentrée. Voici ma version belgo-centrée. Entre nous deux, on pourra faire la synthèse.
En juillet 1936, Léopold III a restauré la neutralité de la Belgique.
Pour rappel, la Belgique a été contrainte de renoncer à sa neutralité en 1914 quand les Allemands sont entrés en Belgique (en commettant au passage des massacres sur des civils) pour attaquer la France. Après la guerre, la Belgique a été embarquée bien malgré elle dans la politique française anti-allemande. Les Etats-majors ont signés sans l’accord ni du Roi ni du Parlement les accords militaires franco-belges en 1920 qui liaient la Belgique à la politique étrangère française qui visait à isoler l’Allemagne et à soutenir des pays fragiles et instables à l’Est de l’Europe (Pologne, Petite Entente notamment). L’occupation conjointe franco-belge de la Ruhr en 1922 en a été la concrétisation. La Belgique a été entraînée dans une politique mondiale qui n’avait aucun rapport ni avec sa taille ni avec son poids sur la scène mondiale. C’était très déraisonnable et le roi Albert l’a toujours considéré comme tel (c’était une des raisons pour lesquelles le roi Albert était très pessimiste et souvent déprimé)
Dès que la crise économique a eu des effets en Europe (à partir de 1931 seulement), il est apparût clairement à la Belgique que la France n’avait pas/plus les moyens politiques, économiques et militaires de sa politique de domination européenne via la politique de détente et de Sécurité collective à la sauce SDN. La France n’était plus capable de soutenir économiquement ses alliés du centre-européen (alliances militaires de revers antiallemande). La France n’a pas bronché quand l’Allemagne a commencé à se réarmer massivement après l’échec de la conférence du désarmement et sa sortie de la SDN en 1933) ni quand l’Allemagne a commencé à coloniser les pays d’Europe orientale en les placant dans l’orbite économique allemande. Les prémices d’une guerre mondiale se précisaient dès 1933-1934 du fait de l’inconséquence de la politique étrangère française.
Dans ce cadre, tous les Etats européens ont pratiqué le « sauve qui peut » généralisé. La Belgique ne voulait pas être entraînée dans la politique antiallemande française et voulait se démarquer de son encombrant et exigent « allié ». C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le retour à la politique de neutralité de la Belgique en 1936, d’ailleurs très soutenue par les Flamands qui voulaient se tourner diplomatiquement et économiquement davantage vers les pays neutres de l’Europe du Nord (Pays-Bas, pays scandinaves, etc.)
Ce détachement de l’orbite française n’a pas été sans mal. La France (de plus en plus isolée à l’échelle européenne) comptait sur le soutien militaire et diplomatique de la petite Belgique, à qui elle faisait du chantage économique par ailleurs : la Belgique, économie ouverte s’il en est, avait vu ses marchés rétrécir suite au retour généralisé des barrières douanières de ses partenaires commerciaux traditionnels et était obligée d’avoir une position commerciale privilégiée avec la France qui faisait partie du bloc monétaire pratiquant l’étalon or.
Ce n’est donc pas un acte de lâcheté mais un acte de prise de responsabilité devant un pays, certes ami, mais qui avait joué avec le feu et était incapable de circonscrire l’incendie qu’il avait lui-même allumé.
Je ne parle même pas de la politique stupide de l’apaisement des britanniques (suivie aveuglément par la France) qui n’ont fait que renforcer l’Allemagne et conduit à la catastrophe.
Au vu des circonstances et du contexte, le roi Léopold III et l’armée Belge ont eu un courage et une attitude exemplaire tout au long du conflit et certainement en mai 1940 lorsque l’Armée Belge a largement contribué à l’embarquement (la queue entre les jambes) des soldats britanniques et français via Dunkerque.
Il y a ue plusieurs batailles de la Lys, en 1918 et en 1940. J’imagine que c’est la seconde qui est ici commémorée. Mais dans ce cas, c’est le 76ème anniversaire.
L’amitié entre les peuples belges & français demeurent, malgré la bêtise de leurs gouvernants successifs, qui n’étaient pas sous les bombes & obligés de fuir …Dans les Ardennes ,il y a toujours la statue du Roi Albert , beaucoup de petites filles eurent le nom d’Astrid !
Quand on voit le tracé de la ligne Maginot, on comprend mieux …
Caroline
25 mai 2016 @ 09:36
Aux Belges, que de souvenirs douloureux envers vos pères et grand-pères!
leonor
25 mai 2016 @ 09:57
Sur cette photo, le roi Philippe est physiquement un sosie de son père Albert.
JACQUES
25 mai 2016 @ 19:59
Dommage qu’il ne soit pas le sosie de son grand-père paternel…
Leonor
26 mai 2016 @ 14:25
Le grand-père paternel, ah non, Jacques. Que ce soit au physique ou au moral.
JACQUES
25 mai 2016 @ 11:03
Souvenons-nous du courage des soldats belges et de leur chef, le Roi Léopold III injustement calomnié par notre président du Conseil, Paul REYNAUD.
Zorro
25 mai 2016 @ 15:13
Assez d’accord avec vous. Le sujet est extrêmement complexe et en tant que Belge, je ne peux pas être entièrement objectif. Mais bon, les hommes politiques (le plus souvent incapables ou ayant mauvaises conscience ou des choses à se reprocher) ont toujours besoin de se trouver un paratonnerre pour esquiver leur responsabilité. Dans l’affaire de la débâcle militaire française (assez incompréhensible) en mai 1940, Léopold III (et l’armée Belge) étai(en)t le bouc émissaire tout désigné.
Mais je rajouterai à la liste (longue) de flingueurs pas très droits dans leurs bottes : Sir Winston Churchill.
Dans une de ses lettre adressée en 1945 au ministre des affaires étrangères britannique, Churchill indique au sujet de léopold III : « Je ne vois pas ce qu’il y a à reprocher au roi sinon d’être plutôt minable et d’être ainsi un parfait représentant du peuple belge qui a vainement espéré se tenir en dehors de cette guerre. »
En gros, Churchill reprochait à la Belgique et à son armée de ne pas s’être fait entièrement laminée en 1945 comme « juste retour des choses » en souvenir de l’intervention britannique et des nombreux morts anglo-saxons sur le sol belge pendant la Première Guerre mondiale (dont la légende persiste encore aujourd’hui à dire que le UK n’est entré en guerre à contrecœur et uniquement pour secourir la Belgique dont la neutralité avait été violée par l’Allemagne). C’est en très grande partie un faux prétexte. Le Royaume Uni ne pouvait pas resté neutre. Il est entré en guerre au côté de ses alliés (la France et la Russie) contre un pays qui était en train de la dépasser au plan commercial, industriel et militaire (maritime). L’invasion de la Belgique par les Teutons a été le casus belli qu’attendait Londres pour justifier (populairement) l’intervention britannique dans la guerre.
En plus de ça, les Anglais et les Français ont largement contribué au caractère inévitable de la Seconde guerre mondiale. D’abord en imposant à l’Allemagne le Diktat de Versailles et en faisant de l’Allemagne l’unique responsable de la Première guerre mondiale (une vaste blague) ensuite avec la politique d’apaisement initiée par Neville Chamberlain (le prédécesseur de Churchill).
DEB
26 mai 2016 @ 13:39
Zorro,
Bonne analyse que je partage.
*Gustave de Montréal
25 mai 2016 @ 13:50
Où la Lys ?
Ghislaine
25 mai 2016 @ 15:55
En Juillet 1936 , le Roi Leopold III proclame la neutralité de la Belgique , elle qui avait été aux côtés de l’Angleterre et de la France – quel courage ! Ceci eut comme conséquence désastreuse de couper toutes communications entre les états majors français et belges , il ne seront renoués qu’ en 39 !
Après les violents combats de la Lys , le roi signa non pas une capitulation mais une reddition
Cette reddition lui sera funeste pour la suite et il devra abdiquer .
Alors oui je me souviendrai du courage des belges et des qualités de coeur des belges dans tous les sens du terme que ce soit en 14-18 ou en 39-45 ils ne sont en rien responsables des erreurs de ceux qui les ont gouvernés et c’est valable également pour les français qui, pour certains, ont donné leurs jeunes années , leurs vies , leurs espérances massacrées pendant que d’autres fuyaient ou les trahissaient .
Zorro
27 mai 2016 @ 10:23
Vous avez une vision très francocentrée. Voici ma version belgo-centrée. Entre nous deux, on pourra faire la synthèse.
En juillet 1936, Léopold III a restauré la neutralité de la Belgique.
Pour rappel, la Belgique a été contrainte de renoncer à sa neutralité en 1914 quand les Allemands sont entrés en Belgique (en commettant au passage des massacres sur des civils) pour attaquer la France. Après la guerre, la Belgique a été embarquée bien malgré elle dans la politique française anti-allemande. Les Etats-majors ont signés sans l’accord ni du Roi ni du Parlement les accords militaires franco-belges en 1920 qui liaient la Belgique à la politique étrangère française qui visait à isoler l’Allemagne et à soutenir des pays fragiles et instables à l’Est de l’Europe (Pologne, Petite Entente notamment). L’occupation conjointe franco-belge de la Ruhr en 1922 en a été la concrétisation. La Belgique a été entraînée dans une politique mondiale qui n’avait aucun rapport ni avec sa taille ni avec son poids sur la scène mondiale. C’était très déraisonnable et le roi Albert l’a toujours considéré comme tel (c’était une des raisons pour lesquelles le roi Albert était très pessimiste et souvent déprimé)
Dès que la crise économique a eu des effets en Europe (à partir de 1931 seulement), il est apparût clairement à la Belgique que la France n’avait pas/plus les moyens politiques, économiques et militaires de sa politique de domination européenne via la politique de détente et de Sécurité collective à la sauce SDN. La France n’était plus capable de soutenir économiquement ses alliés du centre-européen (alliances militaires de revers antiallemande). La France n’a pas bronché quand l’Allemagne a commencé à se réarmer massivement après l’échec de la conférence du désarmement et sa sortie de la SDN en 1933) ni quand l’Allemagne a commencé à coloniser les pays d’Europe orientale en les placant dans l’orbite économique allemande. Les prémices d’une guerre mondiale se précisaient dès 1933-1934 du fait de l’inconséquence de la politique étrangère française.
Dans ce cadre, tous les Etats européens ont pratiqué le « sauve qui peut » généralisé. La Belgique ne voulait pas être entraînée dans la politique antiallemande française et voulait se démarquer de son encombrant et exigent « allié ». C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le retour à la politique de neutralité de la Belgique en 1936, d’ailleurs très soutenue par les Flamands qui voulaient se tourner diplomatiquement et économiquement davantage vers les pays neutres de l’Europe du Nord (Pays-Bas, pays scandinaves, etc.)
Ce détachement de l’orbite française n’a pas été sans mal. La France (de plus en plus isolée à l’échelle européenne) comptait sur le soutien militaire et diplomatique de la petite Belgique, à qui elle faisait du chantage économique par ailleurs : la Belgique, économie ouverte s’il en est, avait vu ses marchés rétrécir suite au retour généralisé des barrières douanières de ses partenaires commerciaux traditionnels et était obligée d’avoir une position commerciale privilégiée avec la France qui faisait partie du bloc monétaire pratiquant l’étalon or.
Ce n’est donc pas un acte de lâcheté mais un acte de prise de responsabilité devant un pays, certes ami, mais qui avait joué avec le feu et était incapable de circonscrire l’incendie qu’il avait lui-même allumé.
Je ne parle même pas de la politique stupide de l’apaisement des britanniques (suivie aveuglément par la France) qui n’ont fait que renforcer l’Allemagne et conduit à la catastrophe.
Au vu des circonstances et du contexte, le roi Léopold III et l’armée Belge ont eu un courage et une attitude exemplaire tout au long du conflit et certainement en mai 1940 lorsque l’Armée Belge a largement contribué à l’embarquement (la queue entre les jambes) des soldats britanniques et français via Dunkerque.
JACQUES
25 mai 2016 @ 19:58
Ce n’est pas le 70ème mais le 76ème anniversaire.
Pierre-Yves
26 mai 2016 @ 11:02
Il y a ue plusieurs batailles de la Lys, en 1918 et en 1940. J’imagine que c’est la seconde qui est ici commémorée. Mais dans ce cas, c’est le 76ème anniversaire.
framboiz 07
26 mai 2016 @ 14:06
L’amitié entre les peuples belges & français demeurent, malgré la bêtise de leurs gouvernants successifs, qui n’étaient pas sous les bombes & obligés de fuir …Dans les Ardennes ,il y a toujours la statue du Roi Albert , beaucoup de petites filles eurent le nom d’Astrid !
Quand on voit le tracé de la ligne Maginot, on comprend mieux …
Leonor
26 mai 2016 @ 14:27
Même question, même supposition de réponse.
JACQUES
26 mai 2016 @ 12:26
En fait, il s’agit du 70ème anniversaire de la première commémoration de la bataille de 1940.