Elisabeth de Russie, surnommée Ella, née le 1er novembre 1864, était la soeur de la dernière impératrice de Russie, Alexandra Feodorovna, née Alix de Hesse.
Leur mère, la princesse Alice d’Angleterre, était une des filles de la reine Victoria d’Angleterre. Elle est morte prématurément de diphtérie après sa petite fille Marie qu’elle avait veillée jour set nuits. Elle laissa 5 orphelins à leur père le Grand Duc Louis IV de Hesse-Darmstadt. Les deux jeunes princesses passèrent de longs séjours à la Cour d’Angleterre chez leur grand-mère la reine Victoria, qui tentait de remplacer leur mère.
A l’âge de 20 ans, en 1884, Elisabeth épousa le frère du tsar Alexandre III, le Grand-Duc Serge. Elle devint la Grande-Duchesse Elisabeth Feodorovna.
Sa soeur Alix rencontra son futur époux, le futur tsar Nicolas II, à l’occasion du mariage de son aînée, et de nouveau 5 ans plus tard lors d’un séjour chez sa soeur à Saint Pétersbourg. Les deux soeurs eurent des relations tendues quelques années plus tard car Elisabeth était dans le clan des anti-Raspoutine.
Le 25 avril 1891, Elisabeth, restée luthérienne, se convertit à l’orthodoxie avec une grande ferveur. Elle écrivit à sa soeur Irène restée en Allemagne : « cet acte je l’ai fait au plus profond de ma foi, tu me dis que c’est la splendeur de l’église orthodoxe qui m’a séduite, ce en quoi tu te trompes, aucun signe extérieur ne peut avoir la force des convictions intérieures ».
Elle suivait les pas de sa mère la princesse Alice d’Angleterre avec qui elle avait soigné des blessés de guerre. Elle se dévouait auprès des pauvres et des malades avec beaucoup de générosité. Au début de la guerre russo-japonaise, Elisabeth se rendit sur le front pour apporter assistance aux blessés.
Le 17 février 1904, le Grand-Duc Serge fut assassiné au moment ou il quittait le Kremlin. Elisabeth entendit l’explosion de la bombe, se précipita dehors et ramassa dans la neige les morceaux du corps déchiqueté de son mari. Elle voulut rencontrer son assassin et sollicita sa grâce auprès du tsar Nicolas II, qui la refusa.
A partir de ce moment, elle mena une vie monacale, ascétique, mystique, une vie consacrée entièrement à Dieu et aux autres. Elle vendit ses bijoux et liquida tous ses biens. Elle nourrissait le projet de fonder un couvent. Elle mit 4 ans à penser son projet et le faire accepter par le Saint-Synode car elle ne voulait pas un couvent traditionnel avec des contemplatives, mais une communauté de religieuses au service actif du prochain au nom du Christ.
Leur vêtement était un habit gris, moins sombre que l’habit monastique orthodoxe. Il était blanc les dimanche et jours de fête.
Elle acheta une propriété de 4 maisons et un vaste jardin dans la rue Bolchaya Ordinka, y fit installer un hôpital, une pharmacie, une bibliothèque, un orphelinat, bâtir une église. Le couvent des Saintes-Marthe-et-Marie était né.
Le 9 avril 1910, Elisabeth prononça ses voeux et fut ordonnée abbesse, devenant mère Elisabeth. Elle confia aux soeurs : « Je laisse un monde brillant où j’avais une place brillante et avec vous toutes je monte dans un monde plus grand : le monde des pauvres et de la souffrance. » Mère Elisabeth dormait 3 heures par nuit sur un lit sans matelas.
Pendant la première guerre mondiale, les soeurs n’hésitèrent pas à aller jusque sur les champs de bataille pour s’occuper des blessés.
Après la révolution, elle resta sourde aux tentatives de l’Allemagne, son pays d’origine, d’y organiser sa fuite (son cousin Guillaume II d’Allemagne n’avait pas oublié qu’adolescent il voulait l’épouser).
En mai 1918, la mère Élisabeth fut arrêtée et déportée avec la soeur Barbara dans une école d’Alapaïevsk où elle retrouva cinq autres Romanov et un fidèle secrétaire.
À l’aube du 17 juillet 1918, Nicolas II et toute sa famille furent assassinés à Iekaterinbourg dans la cave de la maison où ils étaient détenus. Le soir du même jour, Élisabeth et tous ceux qui se trouvaient avec elle subirent le même sort. Après avoir été amenés au bord d’un puits de mine de fer désaffectée, ils y furent précipités vivants. Des pierres et des grenades furent ensuite jetées dans le puits. Elisabeth mourut le 18 juillet d’une longue agonie pendant laquelle elle avait chanté des cantiques de louanges selon les témoins du drame.
Au terme d’un long périple, ses restes furent placés dans l’église Sainte Marie-Madeleine de Jérusalem.
Elisabeth avait formé le voeu d’être enterrée à Jérusalem lors de son voyage en terre Sainte avec son mari en 1888 à l’occasion de la consécration de cette église, qui est devenu le lieu de son repos éternel. Cliquez ici, pour revoir un portait de la grande-duchesse Elisabeth de Russie, née princesse de Hesse. (Merci à Agnès pour ce reportage)
Demain : l’histoire du couvent orthodoxe des Saintes Marthe et Marie à Moscou
Elisabeth
19 novembre 2014 @ 08:24
Reportage très intéressant, Agnès, merci. Soupçonnait elle quelque un en particulier de l’assassinat de son mari? Je trouve l’attitude du tsar Nicolas II particulière.
Je ne savais pas que d’autres membres de la famille Romanov avaient tués de la même manière que le tsar et sa famille.
Elisabeth
Laurent
19 novembre 2014 @ 11:52
Madame,
Les bolcheviks ont assassinés plus de 20 membres de la Famille Impériale Russe
Des gens tellement sympathiques qu’il existe encore en France des communistes qui rêvent de ce monde merveilleux de Lénine et de Staline deux grands monstres de l’histoitre
agnes
20 novembre 2014 @ 06:23
oui la famille se savait en danger
Alexandre II, le pere du grand duc Serge, est mort assassine apres 6 ou 7 tentatives d’attentats.
Le couple Serge et Elisabeth vivait au Kremlin pour se proteger des attentats.
L’assassin attendait que le Grand Duc soit seul car il ne voulait pas tuer Elisabeth, ni les 2 enfants que le couple avait adoptes (du frere de Serge). Il n’avait pas lance la bombe un jour quand il a vu les enfants dans le carrosse.
Francine du Canada
21 novembre 2014 @ 00:41
Agnès, c’est documenté ça… cette histoire de bombe? FdC
Pierre-Yves
19 novembre 2014 @ 09:34
Cette princesse éprise d’absolu avait pour mari un homme peu équilibré, ayant un sérieux penchant pour la cruauté, et de surcroît, peu intéressé par les dames.
Son assassinat ne l’a pas fait regretter de grand monde. Peut-être, en dépit de tout, de sa femme.
Il semble en tout cas que l’évènement servit de détonateur à la carrière religieuse de la grande duchesse, dont la vie se termina dans des conditions atroces, alors qu’elle ne nuisait à personne, bien au contraire.
Anne-Cécile
19 novembre 2014 @ 16:48
Comme un membre de la Cour (je crois même que c’était un parent) le dit à l’annonce de son assassinat : « Finalement quelque chose a finalement traversé le cerveau du Grand-Duc ».
Il pensait qu’il avait été abattu…..
Michèle
19 novembre 2014 @ 10:23
Merci Agnès pour ce très beau reportage.
Vincent
19 novembre 2014 @ 10:49
La barbarie aveugles des bolcheviques fut immonde mais l’hypocrisie des nations étrangères fut pire. Qu’ont-ils fait ? Il aurait pu fermer toutes les ambassades soviétiques ainsi qu’un blocus commercial total. Mais non rien juste de l’indignation.
monica
19 novembre 2014 @ 19:44
Vincent, surtout l’Angleterre, car il faut dire que la reine Alexandra (tante de l’impératrice)et Edward n’ont rien fait était…..malgré leur dissensions aussi pour Raspoutine. P.Yves je n’ai jamais lu que Mikael son époux était cruel, il était homosexuel mais avait beaucoup d’affection pour sa femme.
Francine du Canada
19 novembre 2014 @ 11:07
Merci Régine; voilà un destin hors du commun que celui de Sainte Elisabeth de Russie.
monica
19 novembre 2014 @ 19:45
Magnifique princesse dans tous les sens du terme.
Francine du Canada
21 novembre 2014 @ 00:49
Définissez s.v.p. ce que vous entendez par « magnifique » chez la princesse Elisabeth de Russie? Hahahahaha! FdC
flabemont8
19 novembre 2014 @ 13:12
Merci, Agnès , pour la vie de cette princesse hors du commun .
Cosmo
19 novembre 2014 @ 13:23
Personnage étrange et troublant ! En tous cas sincère et absolue dans ses convictions.
Merci, Agnès pour ce portrait !
COLETTE C.
19 novembre 2014 @ 14:14
Merci pour ce portrait. Très émue par ce dramatique destin.
Jean Pierre
19 novembre 2014 @ 14:56
Je l’avais complétement oublié. C’est surtout son mari qui reste dans l’histoire et pas seulement à cause de son assassinat.
Je me demande toujours comment des personnes ayant été élevées dans la foi de la confession d’Augsbourg, elle et sa sœur, ont pu se convertir à l’orthodoxie. On est là aux antipodes de la « foi qui sauve ».
monica
19 novembre 2014 @ 19:47
J.Pierre, la foi n’a pas qu’une seule identité, elle a trouvé dans l’orthodoxie une autre foi qui lui convenait sans doute plus.
Gérard
22 novembre 2014 @ 20:38
Elle l’a écrit à sa sœur, que cette spiritualité lui convenait et pas seulement pour la beauté de la liturgie.
Gérard
22 novembre 2014 @ 22:00
A sa sœur Victoria. Son père le grand-duc Louis IV était furieux de sa conversion.
Cosmo
19 novembre 2014 @ 19:56
Jean-Pierre,
La conversion fut obligatoire. La Grande Catherine n’y échappa pas et les Romanov ne sont en réalité que des Schleswig-Holstein ou Anhalt-Zerbst, de la RPR, selon que l’on croit ou pas à la légitimité du fils de Catherine II.
Mais on peut se poser la question du plongeon dans une foi si ardente.
La grande-duchesse Elisabeth dut avoir une révélation mystique, sa soeur, une grande crise d’hystérie.
Cordialement
Cosmo
Philippe gain d'enquin
22 novembre 2014 @ 11:01
L’une étant sujette à la névrose, l’on peut – tel que vous le faites très justement -se poser la question…
patricio
19 novembre 2014 @ 15:50
Merci Agnès, reportage comme toujours très interessant.
Quelle fin terrible pour cette famille
pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur la famille du tsar au lendemain de la révolution lire « Mémoires d’exil » de Frédéric Mitterand
Amitiés
Patricio
Corsica
19 novembre 2014 @ 21:54
N’est-ce pas dans ce livre que Frédéric Mitterrand dit que le mariage n’a jamais été consommé ? En tout cas, par deux fois, cette femme a vu sa vie bouleversée par les idées révolutionnaires . Je suis frappée par la foi teintée de mysticisme pour Élisabeth, et de superstition pour sa sœur, l’impératrice . Je ne sais si la Grande Duchesse a été heureuse durant son mariage mais elle a certainement trouver sérénité et accomplissement dans sa vie religieuse . Agnès, merci infiniment pour cet article passionnant .
Claude-Patricia
19 novembre 2014 @ 22:06
Une belle et tragique histoire, merci chère Agnès!
Shandila
20 novembre 2014 @ 07:19
Merci Agnés, d’avoir évoqué le destin tragique de cette princesse. Une jolie femme et une bien belle âme.
Palatine
22 novembre 2014 @ 12:22
merci Agnes pour ce reportage intéressant. Personnellement, je trouve que cette dame avait tout d’une sainte. Je comprends que d’aucuns la prient.
Mélusine
30 mars 2015 @ 13:33
Quelle fin horrible et injuste, pour cette femme !