Parution du livre de Charles-Eloi Vial « Sauver l’Empire. 1813 : la fin de l’Europe napoléonienne ».
En voici le résumé : « De toutes les années de l’épopée napoléonienne, 1813 est une de celles qui ont le moins retenu l’attention des historiens, la bataille de Leipzig en octobre demeurant seule dans la mémoire collective.
Cet affrontement titanesque où l’Empereur fut battu par une gigantesque coalition levée contre lui venait pourtant à la suite de longs mois de combats incertains et d’innombrables pourparlers.
Malgré le désastre de la campagne de Russie, Napoléon avait tout fait pour préserver ses conquêtes, refusant de voir que ses alliés conspiraient contre lui.
Outre l’Angleterre, la Russie et la Suède, la Prusse, l’Autriche, puis finalement tous les États souverains de l’Allemagne tournèrent le dos au conquérant, le grand Empire se réduisant comme peau de chagrin. Or, ce tableau d’une Europe excédée fait écho à celui d’une France harassée, déjà prête à tourner la page.
À l’aide d’archives inédites, Charles-Éloi Vial revient notamment sur les premiers mois durant lesquels Napoléon parvient à reconstituer son armée et remporter sa dernière campagne.
Conjuguant histoire politique et militaire, il raconte et analyse également l’action oubliée des diplomates, qui tentèrent de sauver l’édifice de la ruine, au cours de négociations serrées dans les différentes capitales européennes et lors d’un congrès de paix de la dernière chance organisé à Prague.
Le fameux entretien de plusieurs heures entre Napoléon et Metternich au palais Marcolini, qui scelle le sort du premier Empire, est ici raconté avec une rare maestria. Vient enfin le temps de la triste campagne d’automne, de la défaite et de la consommation de la trahison des anciens vassaux.
Cet ouvrage novateur révèle la fragilité de l’œuvre napoléonienne et découvre la naissance de l’Europe contemporaine ».
« Sauver l’Empire. 1813 : la fin de l’Europe napoléonienne », Charles-Eloi Vial, Perrin, 2023, 416 p.
Passiflore
17 janvier 2023 @ 09:37
Le 26 juin 1813, Metternich, ministre autrichien des Affaires étrangères, vient à Dresde rendre visite à Napoléon. L’entrevue dure neuf heures. Metternich propose un marché à Napoléon : restituer certaines des conquêtes de l’Empire contre la promesse de la paix, ou voir l’Autriche rejoindre les pays coalisés contre la France. Metternich attend l’été 1813 pour engager son pays contre la France. Napoléon doit affronter une coalition qui regroupe l’Angleterre, la Russie, la Prusse et l’Autriche. Trois armées sous le commandement de Schwarzenberg, de Blücher et de Bernadotte lui sont opposées. Macdonald recule devant Blücher ; Oudinot puis Ney sont successivement repoussés par Bernadotte (le 23 août.)
Napoléon accepte la bataille finale qui se déroule du 16 au 19 octobre 1813. Le 16, Napoléon, avec 150.000 hommes, résiste victorieusement à Schwarzenberg et Blücher. Le 18, les coalisés reprennent l’offensive mais le corps saxon fait défection, brisant son front de défense. Napoléon doit donner l’ordre de la retraite. Macdonald réussit à traverser l’Elster à la nage mais Poniatowski se noie (le 19 octobre). Et ce qui reste de l’armée française repasse le Rhin à Mayence.
Passiflore
17 janvier 2023 @ 17:26
La noyade du valeureux prince Joseph Poniatowski (1763-1813) a plusieurs raisons, si l’on peut dire. Le 19 octobre, au début de la matinée, un caporal du génie fait sauter par erreur les ponts. Quinze mille hommes sont ainsi fait prisonniers.
Poniatowski fait porter des grenadiers français blessés dans une barque. Une balle l’atteint au bras. Il éperonne son cheval pour entrer dans la Pleisse qu’il traverse avec l’aide d’un capitaine français. Il se dirige, alors, vers l’Elster. Une autre balle le frappe et il tombe de cheval. Il se fait hisser sur la selle et se lance dans les eaux de l’Elster. Au moment où il parvient sur la rive gauche et s’efforce d’en escalader la paroi glissante, une dernière balle l’atteint en pleine poitrine. Il tombe de sa selle, glisse sous sa monture et disparaît dans les flots boueux.
Napoléon lui avait dit : « Prince, vous allez défendre le faubourg du Midi et couvrir la retraite » – « Sire, il ne me reste que bien peu de monde » – « Peu importe ! Sept mille Polonais sous vos ordres valent un corps d’armée. » – « Sire, nous sommes prêts à nous faire tuer. »
Jean Pierre
17 janvier 2023 @ 10:12
Charles-Eloi Vial écrit que l’on ne se souvient que de la bataille de Leipzig pour l’année 1813. Tu m’étonnes ! Quand on a vu le monument mémorial qui y est consacré on n’est pas prés de l’oublier.
Naucratis
17 janvier 2023 @ 19:22
Je confirme !
Le Völkerschlachtdenkmal est… comment dire ? Colossalement inoubliable !
Passiflore
18 janvier 2023 @ 13:12
A Iena, il n’y a, évidemment, pas de statue mais, sur le plateau on peut suivre le « Lannesweg » (orthographe ?) et voir la Napoleonsteine (où se trouvait son bivouac). Et, dans le musée (un peu comme à Waterloo), on trouve surtout des souvenirs à l’effigie de Napoléon (dont un jeu de cartes que j’ai acheté).
Robespierre
17 janvier 2023 @ 12:35
Il y a sur ce site des spécialistes de Napoléon. Quelqu’un pourrait-il me donner la réponse à une question que je me pose. Napoleon avait-il un accent corse en français ou parlait-il sans accent ?
DEB
18 janvier 2023 @ 19:04
Il avait un accent corse, Robespierre.
N’oublions pas que le français n’était pas sa langue maternelle et qu’il parlait peu ou pas du tout le français quand il a commencé ses études au collège d’Autun ( 3 mois et 20 jours ) puis à l’école militaire de Brienne.
Toute sa vie, il restera fâché avec l’orthographe et utilisera un correcteur pour revoir ses textes.
kalistéa
18 janvier 2023 @ 19:41
Cher Roby, Napoléon parlait français avec l’accent bourguignon (celui de la romancière Colette dont elle était si fière ) pour la bonne raison que , arrivé en Bourgogne ( Brienne, Auxonne), à l’âge de huit ans et demi , il y apprit la langue française. Il ne retourna en Corse qu’à seize ans ,Il n’avait donc pas l’accent corse comme on le lit couramment.Pendant la campagne d’Italie il n’eut aucune difficulté comme on s’en doute pour apprendre l’italien littéraire (Toscan) qu’il parlait couramment, pour les autres langues italiennes (milanais , napolitain,,,) il les compren ait bien sûr et répondait en toscan.c’est un des grands arguments que servent les italiens qui se sont appropriés Napoléon pour dire que l’Empereur était italien!
DEB
19 janvier 2023 @ 17:57
Kalistea, ses condisciples surnommait Napoléon « la paille au nez» en allusion à la façon dont Napoléon prononçait son prénom.
C’est pas très bourguignon !
Robespierre
20 janvier 2023 @ 08:38
Vous avez peut-être raison toutes les deux, l’accent bourguignon roule les « r », si je m’en réfère à Colette. Ca pouvait passer pour un accent corse chez certains.
Il y avait un vulcanologue appelé Haroun Tazieff qui roulait les « r » et on croyait que c’était parce qu’il était d’ascendance russe (son nom…). Eh bien non, il avait été élevé en Belgique et avait l’accent du Hainaut, où chez les anciens on roulait encore les « r ». Ma mère m’a raconté, car ça la faisait rire.
kalistéa
20 janvier 2023 @ 21:15
Tout à fait Robespierre , ma mère âgée de plus de 80 ans vint habiter paris ayant habité toute sa vie en Corse… on lui disait régulièrement qu’elle avait l’accent russe , quelque fois qu’elle ne pouvait renier sa Bourgogne… Elle en était bouleversée et assez furieuse .je le souviens d’Haroun Tazieff , le premier volcanologue .
Pelikan du Danube
17 janvier 2023 @ 17:01
Le béotien que je suis considère que Napoléon a été victime de sa mégalomanie, une sorte d’hybris, et écartelé entre les nécessités d’un royaume bien inscrit dans ses frontières naturelles et les rêves universalistes de la révolution.
Les Français étaient sans doute à bout de forces et lassés de ses rêves de conquête?
Louis XVIII et Talleyrand ont préservé l’essentiel, son neveu a achevé le travail avant de sombrer à son tour pour des raisons bien obscures.
Reste son œuvre ”civile” dont nous avons longtemps bénéficié et bénéficions peut-être encore ,un peu…
Esquiline
18 janvier 2023 @ 17:44
Il ne fut hélas pas la seule victime de sa mégalomanie …
kalistéa
18 janvier 2023 @ 19:47
Cher Pelikan , j’apprécie votre résumé ;-