Le roi Siméon de Bulgarie vient d’être débouté par le Tribunal suprême de Sofia qui rendait une décision de justice définitive dans la bataille menée par le roi pour récupérer la propriété du palais de Krichim. Le palais situé au centre du pays accueillait au temps de la monarchie la famille royale et ses invités pour des chasses. Le palais est entouré d’un vaste parc et de terres d’une superficie de 37 hectares. Le Tribunal estime que le Palais de Krichim était à cette époque entretenu avec des fonds de l’Etat et n’était pas une propriété privée de la famille royale. Le roi Siméon entendait récupérer le bien, se basant sur une décision de 1998 rendant illégale les nationalisations intervenues sous le régime communiste. Le roi est encore en litige avec l’Etat bulgare pour trois autres résidences situées à Vrana, Tsarska Bistritsa et Sitnyankovo. (Source : Journal Novonite – Copyright photo d’archives : DR)
philippe gain d'enquin
12 juin 2012 @ 08:25
Le roi s’est fait rouler dans la farine ce qui n’est pas à la gloire de cette république encore largement mafieuse. Là aussi l’exemple grec (cf. le palais de Tatoï)s’érige en intangibilité d’une mauvaise foi. Pitoyable!
marie-francois
12 juin 2012 @ 19:13
Simeon ne s’est pas fait rouler dans la farine comme vous l’indiquez un peu rapidement.
Il a récupéré une résidence à Sofia ( Vrana) ou il réside lorsqu’il est en Bulgarie ainsi qu’une autre à Borovetz ou a eu lieu le mariage de sa fille Kalina.
Parler de palais est exagéré car rien n’est vraiment grand en Bulgarie.
L’ancien palais royal de Sofia comme le domaine d’Euxinograd à Varna au bord de la mer noire, n’ont pas fait l’objet de restitution.C’est d’ailleurs à Euxinograd que l’on peut voir un chapiteau du chateau de St Cloud acheté par la princesse Clémentine,au moment de la vente des ruines du dit chateau, dans les années 1870.
Les autorités bulgares n’ont pas été moins généreuses que leurs voisines serbes ou roumaines vis à vis de leurs anciens rois.
Débat
12 juin 2012 @ 09:05
La bataille juridique a, sans doute, été rude car l’ambiguité de la situation ( bien d’état, si j’ai bien compris) n’a pas facilité la tâche des avocats du Roi Siméon.
JAY
12 juin 2012 @ 11:56
le roi comme tout citoyen bulgare est dans son droit d essayer de recup ce qu il estime sa propriéte apres il y a les lois et la justice …
il y va aussi des moyens qu il peut donner aux generations de princes bulgares a venir…
marina c
12 juin 2012 @ 13:00
Tant mieux! Déjà qu’il a réussit a « récupérer » le palais de Vrana, construit avec les deniers du royaume. (Contrairement au palais de Tatoi, en Grèce, construit avec de l’argent amené de Danemark par George 1er.)
Mélusine
12 juin 2012 @ 13:08
Il a eu moins de chance que le Roi Michel de Roumanie.
Avec le temps, les choses s’arrangeront peut-être.
COLETTE C.
12 juin 2012 @ 13:50
Amusant ! j’allais juste écrire la même chose que MELUSINE !
Mélusine
12 juin 2012 @ 20:49
C’est de la télépathie, COLETTE C.
Amusant également, lorsque, au cours d’une conversation, on prononce la même phrase que son interlocuteur, au même moment.
beji
12 juin 2012 @ 16:38
En effet,lorsqu’on voit dans quel état se trouve Tatoï,on a l’impression qu’il a été bombardé .
Cosmo
12 juin 2012 @ 16:46
Les lois de restitution varient considérablement d’un pays à l’autre. Certains pays restituent leurs biens aux anciens propriétaires, sous certaines conditions, d’autres les indemnisent. La république tchèque a été la plus libérale dans ce domaine et ce probablement à cause de l’iniquité des décrets Benès.En Russie, la restitution peut se faire mais encore faut-il montrer que l’on va pouvoir faire quelque chose du domaine et qu’on a les moyens de l’entretenir.
Ce procès montre toute la difficulté de la situation. Déterminer l’ancien propriétaire, quel droit appliquer à la restitution? Celui de la période avant la spoliation ou le droit actuel? Peut-on considérer le majorats ou les fideicommis comme encore valables? Est-ce l’aîné qui va se voir restituer le bien ou le bien va-t-il être partagé entre les clamants actuels?
Enfin, se pose, et non le moindre, le problème des droits acquis par les tiers, en toute bonne foi.
Certaines familles, comme les Schwarzemberg avec plus de 300 000ha en Bohême, ou les Karolyi avec plus de 500 000ha en Hongrie, ne peuvent prétendre à la restitution complète en raison de l’énormité des domaines.
Bref, le sujet est vaste et complexe. Autant de pays, autant de tentative de réponses et beaucoup d’insatisfaction!
C’est dommage pour le roi Siméon, mais après avoir perdu une couronne et des élections, il devrait s’en remettre. Et il lui reste encore sans doute le recours aux institutions européennes.
Anne-Cécile
12 juin 2012 @ 20:35
Votre analyse est très pertinente.
Je connais peu l’histoire passée de la République tchèque mais en Bulgarie, en Ukraine, en Russie et Pologne….une grande partie des biens fut acquis grâce aux fruit du servage « esclavage » le plus vigoureux dans cette partie du monde (hors exclavage des Noirs etc….), ou du fruit des investissements modernes permis par l’argent du servage etc….
Il ne me semble pas très heureux de revendiquer la « richesse des ses ancêtres », alors même que dans ces pays règne encore la grande misère (certains cependant voient s’accroitre leur classe moyenne).
De plus plusieurs familles royales ou grandes familles aristocrates, à travers la génération actuelle, revendiquant le retour de biens, se sont livrés chez leurs voisins au cours de l’histoire à nombre de razzias et de destructions de biens de leurs homologues et je les vois mal proposer de céder un de leurs biens en dédommagement, à titre personnel.
Une des conditions dans le système russe de conditionner le retour d’un bien à l’objet de sa destination me parait pleine de bon sens (en mêmê cet Etat n’est pas bousculé « trop » par les demandes de restitution, la plupart des Romanov et de leur noblesse ayant renoncé à demander quoique se soit).
Cosmo
12 juin 2012 @ 21:00
Je ne me lancerai pas dans le débat sur l’origine et le bien fondé de la propriété. D’autres l’ont fait avant moi avec brio et tous se sont cassés le nez car c’est un débat vieux comme le monde, ou presque.
Je crois que les bouleversements de l’histoire ont été tels depuis 1918 et 1945 qu’il est difficile de revenir au statu quo ante. Et je trouve relativement indécentes ces demandes de restitution de domaines par contre je trouve normale la restitution de biens juifs. Je me sens en pleine contradiction mais que faire?
Il y a aussi une dimension actuelle à laquelle on ne peut pas échapper. Comment vivre sur ces domaines qui autrefois étaient de vrais mondes?
J’ai connu en Lituanie un domaine dont le propriétaire n’a pas voulu car il ne se sentait pas d’assumer une vie somme toute bien différente de celle de ses ancêtres. Et j’ai des amis en Hongrie qui s’y essaient mais cela est artificiel et ne les mènera pas loin.
C’est un sujet difficile.
Cordialement
Cosmo
Mélusine
12 juin 2012 @ 23:01
Cosmo
Vous le dites bien, « c’est un sujet difficile », je dirais même douloureux.
Outre les dimensions de ces domaines qui les rendent ingérables, car nécessitant trop de personnel à employer afin qu’ils deviennent productifs, il y a le problème des compétences.
Autrefois les propriétaires terriens l’étaient de père en fils et savaient mener leur affaire.
Ce qui n’est pas le cas de ceux qui récupèrent leurs biens, ou tentent de le faire actuellement, à plus forte raison lorsque les héritiers de ceux qui en ont jadis été chassés ne parlent pas, plus ou mal la langue du pays de leurs ancêtres
De plus, pour certains il n’est pas envisageable de mettre à la porte les familles qui sont installées dans ces maisons et sur ces terres depuis de si nombreuses années.
Pas plus qu’ils ne sont en mesure de financer les coûteux travaux de remise en état des lieux qu’il faut y effectuer rapidement, afin de les rendre à nouveau habitables, etc…
Dans bien des cas, d’un point de vue strictement humain, le problème est poignant mais insoluble et les restitutions ne sont même pas réclamées, les anciens propriétaires en ayant fait leur deuil, pour toutes ces raisons.
Et puis, à l’heure actuelle, quand on sait les sacrifices nécessaires à l’entretien d’un simple petit manoir, on peut comprendre les réticences voire les découragements quand il s’agit de châteaux, domaines agricoles et vastes propriétés, qui sont de véritables gouffres financiers.
Le vent de l’histoire a tourné, des fortunes se sont évaporées, les modes de vie ont changé et les héritiers de l’exil ont appris à s’adapter et construire un nouveau bonheur là où le destin les a jetés.
Cosmo
14 juin 2012 @ 14:06
Mélusine,
Vous résumez parfaitement la situation. Nous pouvons ajouter que certains sont mariés à des épouses pour qui ces domaines n’ont pas le même attrait familial et qui se voient mal vivre au fin fond de la Poméranie, de la Bohême ou de la Prusse, dans un château aux toitures en difficulté, sans meubles et au milieu de terres souvent désolées et difficiles à mettre en valeur. Et pas une école à la ronde!
Ne vaut-il mieux garder les souvenirs de « Une enfance en Prusse orientale » de Marion Donhoff ou du monde balte disparu d’Edouard von Keyserling, que de chercher des problèmes sans solution?
Cordialement
Cosmo
Mélusine
14 juin 2012 @ 23:13
Tout ceci me rappelle une histoire connue, Cosmo.
Il y a de nombreuses années, May Schneider visitant l’impressionnant château de Brissac, surnommé « le colosse du Val de Loire » avec ses 48m de hauteur et ses 204 pièces, s’écrie alors « voilà une famille où je n’épouserais pas l’aîné ! »
Elle épousa donc le cadet. Sans se douter que quelques années plus tard son destin la rattraperait, au décès de l’aîné.
Son époux devenu dès lors 12ème duc de Brissac et elle-même se retrouveront quand même châtelains du lieu !
HRC
15 juin 2012 @ 15:36
et Ernst Wiechert, cher Cosmo.
HRC
15 juin 2012 @ 21:44
il me semble que dans un Keyserling, « maisons du soir », un jeune homme échoue à reprendre sa place dans le domaine familial. Déjà à l’époque…
Anne-Cécile
12 juin 2012 @ 20:15
Est-ce que ce palais fut acheté avec l’argent de l’état et offert aux membres de la famille royale à titre personnel, acheté avec l’argent public pour simple usage des princes, acheté avec l’argent de la fortune Cobourg pour en faire une résidence familiale avec quelquefois un usage royal etc…?
Chacun avance ses arguments.
Au-delà de ces différences d’appréciation, que seuls les tribunaux peuvent trancher ce genre de litige . Ce principe fondamental connait des exceptions…
Je remarque aussi si les quelques palais rendus aux Cobourg leur furent rendus….lorsque Siméon était chef de gouvernement!
Enfin s’il parvient à récupérer un jour ces biens, je ne lui demanderai qu’une chose….assumer « ces biens privés’ seul sans demander des subventions de la Bulgarie et de l’UE . Et ne pas les vendre à l’Etat ou à de riches personnes privées.
Car pour une famille riche, avec des descendants autonomes, cela ferait un peu mesquin et avide.
Alexis R
13 juin 2012 @ 11:58
Anne-Cécile,
Les propriétés restituées à la famille royale bulgare l’ont été par décision de la cour constitutionnelle bulgare rendue en 1998, soit trois ans avant le retour définitif de Siméon II en Buglarie, la victoire du Mouvement National Siméon II aux élections législatives et la désignation de Siméon II comme Ministre-président (premier ministre) le 24 juillet 2001.
Donc non, les propriétés restituées ne l’ont pas été lorsque Siméon II était chef du gouvernement.
Alexis R.
Anne-Cécile
16 juin 2012 @ 20:42
En 1998 a été votée la loi cadre. Et depuis cette date les requêtes en restitution sont présentées.
Pour les Sakscoburgstki, les juges ont rendu leur décision de remise des propriétés (sauf pour Krichim dont la bataille commencea il me semble en 2008) sous le gouvernement du Ministre Simeon de Saxe -Cobourg.
Sont dans le collimateur de l’Etat bulgare : Vrana Palace, Saragyol Lodge, Sitnyakovo Lodge, et Biskra Palace.
erwan
12 juin 2012 @ 21:46
Le roi Simeon me semble largement doté en résidences. J’espère qu’il saura en assumer l’entretien.
Il a malheureusement cédé à l’ambiguité en s’engageant politiquement alors que le pays retrouvait difficilement sa liberté. Il a pris ce risque en toute connaissance des conséquences probables.
Sa position est bien différente du roi Michel de Roumanie qui s’est tenu et a été tenu à distance.
En entrant en politique le roi Simeon, devenu son propre partisan, a choisi le sort de tous ses compatriotes. Sa demande est compréhensible. La réponse de la justice bulgare l’est tout autant face à un citoyen devenu ordinaire.
Caroline
12 juin 2012 @ 22:51
Quelle déception pour le roi de Bulgarie! Connaissant assez bien l’histoire de la justice,je partage les commentaires de Mélusine et de Colette C.!
Cosmo et Anne-Marie,j’ai bien aimé vos échanges de points de vue!
Caroline
12 juin 2012 @ 22:52
Pardon,Anne-Cécile [au lieu de Anne-Marie]!
Jean Pierre
13 juin 2012 @ 12:24
Ce combat judiciaire est il mené de concert avec sa sœur ?