Sir Winston Churchill fut Premier ministre de Grande-Bretagne pendant la Deuxième guerre mondiale, il s’est distingué par sa ténacité face au nazisme, par ses exceptionnels talents d’orateur, mais aussi par sa plume, qui lui valut un prix Nobel de littérature.
Mais il y a un élément de sa biographie que l’on ne trouve pas dans les livres d’histoire : la demeure familiale de Winston Churchill, Chartwell, dans le Kent, comprend une petite pièce qui donne directement sur le jardin. Il s’agit en fait d’un atelier baigné de lumière, dans le quel le grand homme venait se réfugier pour s’adonner à son loisir préféré : la peinture à l’huile.
Avec, toujours, son légendaire cigare entre les dents. Dans cet atelier, des dizaines de toiles ponctuent les murs et témoignent de la passion de l’homme d’état, qui s’absorbait de longues heures – avec la blouse blanche de rigueur – dans des rêveries colorées. Rares sont les grands personnages historiques qui furent aussi des artistes accomplis ; et les deux activités peuvent même sembler sinon opposées, du moins incompatibles. Cette part de créativité rend le personnage attachant et permet de garder un précieux témoignage de sa sensibilité, de son intimité, de sa vie intérieure.
Signataire de plus de 500 toiles – essentiellement des paysages – le brillant homme d’état avait l’âme d’un artiste et prenait cette pratique très au sérieux, tout en gardant une attitude modeste à l’égard de cet art. Il y trouvait un grand réconfort, et s’inspirait de l’impressionnisme et de ses peintres préférés : Van Gogh, Monet ou Turner, pour faire vibrer les couleurs et rechercher la lumière parfaite.
C’est assez tardivement, à l’âge de 40 ans, après la défaite cuisante des Dardanelles (en 1916) que Churchill découvre les bienfaits de la peinture. Assommé par une dépression qui le suivra jusqu’à la fin de sa vie (il la nommait affectueusement et non sans humour son « chien noir », « my blackdog »), il trouve dans la recherche picturale un calme, une forme d’évasion, un réconfort à nuls autres pareils. Il peignait comme d’autres font du jardinage, pour se vider la tête. Il disait : “Heureux sont les peintres car ils ne sont pas seuls. La lumière et la couleur, la paix et l’espoir leur tiendront compagnie jusqu’à la fin des temps.”
Sa maison et ses jardins à Chartwell sont un de ses sujets de prédilection : il revient sans cesse sur le motif du bassin aux poissons, un peu à la manière d’un Monet obsédé par les nymphéas de son jardin. Il aime aussi emporter son matériel en voyage et peint volontiers le sud de la France ou les villes marocaines.
Il entretenait des liens d’amitié avec des artistes de renom. Walter Sickert le guidait. William Nicholson l’a aussi influencé. Quant à l’Anglo-Français Paul Maze, il a été l’un de ses mentors artistiques. Ensemble, ils peignaient les environs de Saint-Georges-Motel, la résidence d’été de Jacques Balsan, le célèbre pionnier de l’aviation française.
Paul Maze avait son atelier dans le moulin du château. En 1939, Churchill lui confia : “C’est la dernière fois que nous peignons en temps de paix.” Durant la guerre, il ne fera qu’une seule toile, au Maroc : “Le minaret de la Koutoubia”, datée de 1943. Il l’offrira au président Franklin Roosevelt
En novembre 2014, Sotheby’s a vendu à Londres un ensemble de souvenirs qui appartenaient à Mary, épouse Soames, la dernière fille de Churchill.
Pas moins de 15 oeuvres y étaient proposées, ce qui n’était jamais arrivé jusque-là. Les quinze toiles de l’ancien premier ministre britannique avaient été exposées quatre ans plus tôt à Paris. Elles n’ont rien de sombre. Leurs couleurs chatoyantes d’inspiration impressionniste, leurs sujets paisibles, évoquent plutôt le bonheur attaché aux séjours dans la propriété familiale de Chartwell (Kent) et à des voyages d’agrément ou de convalescence, notamment en France. (Merci à Guizmo)
Robespierre
26 janvier 2021 @ 01:56
Excellente rubrique. Merci Guizmo. Winston C. était tellement de choses, c’est difficile de définir sa personnalité si complexe, mais il me plait tellement. Et c’est vrai qu’il avait de la sensibilité, chose rare dans son milieu social, où les petits garçons sont élevés d’une certaine façon. Il aimait le luxe, le champagne tous les jours, et était toujours à courir derrière l’argent, vivant au-dessus de ses moyens, et Chartwell était un gouffre financier, mais il a épousé une jeune fille qui lui plaisait et qui tout en étant de son milieu n’était pas riche. Petit-fils du duc de Marlborough il aurait pu trouver une riche héritière . Il est resté fidèle à son épouse. Il était sensible mais pouvait être, dans ses mots d’esprit, très corrosif. Car il avait de l’humour. Il avait cent idées par jour, mais si deux ou trois étaient géniales le reste était farfelu, et ça aussi ça me plait. C’était un excentrique, son médecin Lord Moran a écrit dans ses mémoires des anecdotes sur lui, et j’en ai déjà raconté une il y a un certain temps sur ce site.
Mais l’important et ce qui fait de lui un Grand Homme, c’est ce tour de force psychologique avant la Guerre, de parvenir à retourner l’opinion des Anglais à lutter contre Hitler et ne pas se coucher devant le nazisme. Si vous ne pouvez vous acheter une peinture de Churchill, achetez le dvd ‘the darkest hours », « les Heures sombres » où on voit comment il réussit à faire entrer les Anglais en guerre. La haute société, la noblesse étaient assez pro-allemandes d’ailleurs, et lui dès le début il comprit le danger du nazisme. Je suis allé voir ce film parce que je me suis toujours demandé comment il avait fait pour faire changer d’avis la classe dirigeante et le Parlement. Et j’ai vu.
Jual
26 janvier 2021 @ 14:24
Le film est remarquable notamment pour la transformation physique de Gary Oldman. Et pour les petites anecdotes concernant la manie de Churchill de dicter ses articles en étant dans sa baignoire.
Le livre de Boris Johnson « Winston » explique assez bien pourquoi Churchill n’était pas apprécié par ses pairs et c’est peu dire. Ca m’avait beaucoup impressionné sa souffrance à l’école et les lettres déchirantes qu’il écrivait à sa mère.
Pour se rendre compte de son aversion des nazis (et de son talent journalistique) on peut lire des articles écrits par Churchill dans le « Paris-soir » en ligne (sur l’excellent portail Gallica). En 1938-39 il était un contributeur régulier.
Baboula
26 janvier 2021 @ 17:34
« Les heures sombres « sont disponibles sur Netflix .
Menthe
27 janvier 2021 @ 17:23
Ah ! Grand merci, Baboula, voilà une bonne nouvelle.
Athena
26 janvier 2021 @ 20:26
On peut lire aussi ses Mémoires de guerre, très bien écrites , et passionnantes … Il y a aussi un livre dont j’ai malheureusement oublié le nom qui aborde Winston Churchill par le biais de la psychologie, et surtout du rapport à son père (il est d’ailleurs mort le même jour et le même mois que lui … ).
Phil de Sarthe
26 janvier 2021 @ 06:52
J’en accrocherais bien une chez moi…
Clémentine/Lola 1
26 janvier 2021 @ 15:22
Allez sur google images Phil et vous verrez une grande partie de son oeuvre. Il avait un réel talent.
Mon compagnon, il y a…de nombreuses années s’est basé sur l’un de ses tableaux (un ruisseau) et en le détournant a peint un très jolie tableau aussi. Il n’a pas persévéré et c’est dommage…
Phil de Sarthe
27 janvier 2021 @ 13:19
👍 Clémentine/Lola
Benoite
26 janvier 2021 @ 07:28
J’ai lu, dans je ne sais plus quel livre, que Churchill en visite dans un pays méditerranéen et accompagné par un groupe d’amis, se promenait peut être dans un port…
Il s’arrêta près d’un jeune peintre, qui avait installé son chevalet, s’interessa à sa peinture, échangea quelques mots avec l’homme aux pinceaux.
ce peintre là raconta l’anecdote, et il était Pablo Picasso. Churchill lui avait dit « vous avez du style, vous aurez du succès ».
Ensuite, pour en revenir à Churchill, il est vrai, que cet homme là, était un être à part. Il était doué pour s’évader d’une vie, il en avait plusieurs.. qui étaient nécessaires à son tempérament. Ses occupations le rassuraient et lui procuraient une sérénité nécessaire. J’aime bien ses peintures, et surtout les couleurs.
A l’automne dernier, je repeignais mon portail, très haut, et fatiguée de me pencher pour les peintures en taille basse, je ma cassais le dos, je suis allée tirer un fauteuil de jardin, à ma hauteur, et avec mon pot de peinture et pinceau, c’était bien plus aisé, et sans mal de dos. J’étais « Churchill », le temps de mon travail, l’idée m’a fait sourire sur le champ, et je l’ai rapporté à des ami(e)s. il ne manquait que le cigare, que je n’avais pas, bien sûr.. mais le travail dans un fauteuil (toile) ou autre, pour peindre une grosse pièce est bien plus pratique, et agréable. Essayez.. il me reste encore un peu de travail à finir sur ce portail là. Il est énorme.
Marie de Cessy
27 janvier 2021 @ 10:44
J’aime beaucoup les peintures de Winston Churchill.
Si j’en avais les moyens, je m’achèterai une.
Celle de la Kotoubia, de la Côte d’Azur et de Chartwell sont mes préférées.
Val
26 janvier 2021 @ 07:31
Cher vieux lion !!!
marianne
26 janvier 2021 @ 08:14
Je ne savais pas que Sir Churchill avait eu le prix Nobel de littérature .
Je ne savais pas qu’ il peignait . J’ aime beaucoup .
Merci infiniment Guizmo et Régine .
Caroline
26 janvier 2021 @ 22:18
Marianne,
Moi non plus comme vous !
Je croyais qu’ il était un grand diplomate anglais avec son éternel cigare à la bouche !
Merci beaucoup à Guizmo pour tous ces détails surprenants que je ne connaissais pas du tout ! 👍
Kardaillac
26 janvier 2021 @ 08:59
Une peinture fraîche de l’amateur passionné qui ne correspond pas au personnage imaginaire. Une belle lumière, un peu de vent. Un chromo de compagnie de navigation.
Quelle écart avec les toiles lugubres que l’on nous présente parfois ici pour parler de quelqu’un qui n’y connaît rien.
Jean Pierre
26 janvier 2021 @ 12:12
Il y a, pas très loin de Mimizan, un château qui fût construit par le duc de Westminster. Une résidence de chasse où le duc recevait tout ce qui comptait à l’époque dont bien entendu Coco Chanel.
Durant l’Entre Deux Guerres, Winston Churchill vint souvent et y passait son temps à peindre les paysages des lacs landais et les pins.
ciboulette
26 janvier 2021 @ 17:06
Des toiles agréables à contempler . Merci , Guizmo , pour le rappel de la vie de Sir Winston , son don et ses audaces politiques , sa dépression après les Dardanelles où tant de soldats perdirent la vie , et dont il se sentait responsable . Et son refuge dans la peinture , évasion mais aussi manière pudique de se livrer un peu . Un homme que l’on savait remarquable , et qui le fut encore au -delà de ce que l’on pensait .
giseleT
26 janvier 2021 @ 14:10
Comme Marianne je ne savais pas que Sir Churchill avait eu un prix Nobel de littérature ni qu’il peignait
merci pour ces informations
Mayg
26 janvier 2021 @ 14:20
Je ne savais pas qu’il avait obtenu le prnx Nobel de littérature.
Muscate-Valeska de Lisabé
26 janvier 2021 @ 15:23
Très chromo,ses thèmes.
Il ne pêchait pas par originalité.
Teresa2424
26 janvier 2021 @ 19:42
Gracias Guizmo y Regine
Gérard
27 janvier 2021 @ 20:56
Depuis 1965 et la mort de Sir Winston le domaine appartient au National Trust.
Leonor
28 janvier 2021 @ 19:01
Churchill était un touche-à-tout de génie.