La princesse Sophie, Auguste, Ida, Caroline, Pauline, Agnès, Elisabeth, Ernestine de Saxe-Weimar-Eisenach est née à Düsseldorf le 25 juillet 1888. Elle est le troisième enfant et la seule fille du prince Wilhelm de Saxe-Weimar-Eisenach et de la princesse Gerta de Ysenburg et Büdingen. Le prince Wilhelm non seulement était prince de Saxe-Weimar mais il était aussi frère de la princesse Pauline, mère du grand-duc régnant Wilhelm Ernst. La branche de la famille des parents de la princesse Sophie n´était pas fortunée et pour pouvoir vivre avec plus d’aisance, ils décidèrent de déménager à la ville universitaire de Heidelberg dans le grand-duché de Bade.
À Heidelberg, la famille menait une simple vie de famille mais vivant grâce à la Cour de Weimar. La princesse Sophie était considérée comme une jeune femme de grande une beauté, dotée d´un caractère joyeux et énergique. Elle était une musicienne douée , jouant plusieurs instruments à la perfection. Elle avait gagné des médailles lors d´expositions photographiques et elle aimait les sports d´hiver et la chasse. La princesse fréquentait les milieux d´étudiants aristocratiques de l´Université de Heidelberg. C´est alors là qu’elle fit la connaissance du baron Hans von Bleichroeder, le fils d´un riche banquier juif.
Ce fut le coup de foudre mais le grand-duc Wilhelm Ernst ne voulut pas en entendre parler. Le père de la princesse aurait quant à lui été favorable au mariage mais le grand-duc l’aurait alors menacé de couper les versements qui lui assurait son train de vie et celui de famille. Selon certaines sources, on arriva toutefois à un accord : Sophie renoncerait à ses prérogatives de princesse de Saxe-Weimar et le grand-duc, comme le chef de famille, lui donnerait l´accord. Mais selon ces mêmes sources, la princesse n’aurait pas accepté cette proposition. C´est alors qu´elle décida de s’adresser à l’empereur Guillaume II vers le mois de juin 1913.
Tous connaissaient la position très claire de l’empereur à propos des mésalliances : le refus. Guillaume II aurait déclaré qu´il était moins opposé au fait le baron von Bleichroeder soit juif qu’au fait qu’il n’était en définitive que le fils d’un banquier.
La princesse Sophie s’attendait déjà à pareille réaction. Elle confia qu’elle aurait aimé se marier avec le consentement de l’empereur mais que si au final ce n’était pas possible, elle se marierait tout de même.
En août 1913, la princesse Sophie, sa mère la princesse Gerta et le baron Hans von Bleichroeder se rendent en touristes en France. Le 11 août, ils descendent à l´hôtel Savoie à Fontainebleau. Ils prennent les chemins de l´époque avec la voiture de von Bleichroeder et c´est le désastre… Le véhicule reverse une fillette qui est gravement blessée. Le baron von Bleichroeder se rend aussitôt chez la famille de l’enfant et leur paye une petite fortune en dédommagement mais la fillette décède. A Weimar, on prend connaissance de ce terrible accident et du fait que la princesse Sophie était au volant.
La princesse Sophie de Saxe-Weimar-Eisenach s´est donnée la mort le 18 septembre 1913 à Heidelberg chez ses parents. Ce soir-là, elle se retire dans sa chambre apparemment dans son état d’esprit calme. Un peu après minuit, un coup de revolver retentit dans la nuit. Un domestique découvre le corps sans vie de la princesse. Elle avait une balle en plein front.
La presse s’empare aussitôt de cetet affaire et évoque l’histoire d´amour impossible entre la princesse Sophie et le baron von Bleichroeder. Toutefois, le prince Wilhelm, père de Sophie dément avec véhémence que cela ait pu être la cause de son suicide même si dans un communiqué adressé à la presse, il insiste sur le fait que von Bleichroeder était très inférieur à la famille de Saxe-Weimar pour envisager une union.
Le baron Hans von Bleichroeder se trouvait alors en mer Baltique. Il lui fut interdit d’ assister aux funérailles de celle qu’il aimait ainsi qu’à sa crémation. Le princesse Sophie fut le premier membre d´une famille régnante d’Allemagne à être incinérée.
Nul ne saura jamais ce qui a conduit la princesse âgée de 25 ans, à se suicider : les remords quant à la mort de la fillette sur cette route de France et la peur du scandale qui n’allait cesser de grandir ou son histoire d’amour avec le baron von Bleichroeder ? C’était il y a 100 ans. (merci à Alberto pour cet article – Merci à Damien B. Pour son aide pour la photo)
agnes
18 septembre 2013 @ 06:57
merci pour cet article passionnant. Je ne connaissais ni cette princesse ni cette tragédie.
Tristes destins pour ceux qui donnent la mort par accident, la culpabilité doit empêcher de vivre normalement,
agnes
18 septembre 2013 @ 07:01
Donc pour répondre à la question finale, elle n’a pas supporté l’annonce de la mort de la fillette, c’est évident.
Palatine
18 septembre 2013 @ 09:51
c’est aussi mon avis. Surtout si elle conduisait la voiture.
Maguelone
19 septembre 2013 @ 13:13
C’est mon avis aussi puisqu’elle avait soit-disant déclaré qu’elle se marierait quand même avec ou sans l’aval de Guillaume II.
YVELISE
18 septembre 2013 @ 08:04
Que cette histoire est triste!
stef34
18 septembre 2013 @ 08:09
je n’avais jamais entendu parler de cette histoire , pauvre princesse !
je pense qu’elle n’a pas supporté d’avoir tué cette fillette .
marielouise
18 septembre 2013 @ 08:19
Tragique histoire et comme cette jeune femme a souffert dans sa courte vie!
Il paraît certain que l’accident suivi du décès de la fillette l’a culpabilisé et elle aurait dû avoir un soutien psychologique …………mais nous étions au début du siècle passé!
patricio
18 septembre 2013 @ 08:46
Merci pour cet article, une histoire et une princesse que je ne connaissais pas
amitiés
Patricio
Rose
18 septembre 2013 @ 08:49
La découverte de ces destins inconnus est ce qui rend votre site si intéressant chère Régine. Merci beaucoup pour de portrait d’une princesse que je ne connaissais pas.
Pierre-Yves
18 septembre 2013 @ 09:29
Très romanesque et très tragique. On croirait entendre la voix de Frédéric Mitterrand nous contant cette histoire dans la série Le Crépuscule des Aigles. Ca pourrait d’ailleurs faire un sujet de film.
Renée
18 septembre 2013 @ 09:37
Merci pour ce portrait d’une princesse qui m’était inconnue. J’aime beaucoup ce genre d’articles
JAY
18 septembre 2013 @ 10:07
Juif ou baron … quel était le vrai problème?
Dame Tartine
18 septembre 2013 @ 13:40
l’article dit que le problème était sa profession : banquier. Mais parfois un problème en cache un autre, qu’on ne veut dévoiler.
Caroline de Monaco, avec un gendre pareil, aurait proclamé un grand mariage pour sa fille, et invité 2.000 personnes. En attendant, elle ne pipe mot.
JAY
18 septembre 2013 @ 15:33
Charlotte semble refaire la même erreur de casting que sa mere …..
le père de l enfant a 20 ans de plus, de confession différente et déjà un enfant !
Maguelone
19 septembre 2013 @ 13:17
Comme quoi, les erreurs des aînés ne servent pas beaucoup les cadets.
Caroline de « Hanovre » ne peut pas s’exprimer car elle a commis la même erreur mais il faut souligner le fait que Charlotte Casiraghi dit à qui veut l’entendre qu’elle n’est pas princesse ce qui n’est pas faux !
Dame Tartine
20 septembre 2013 @ 11:29
la mère de Charlotte est allée vivre quelques années à St Rémy pour protéger sa liaison avec l’acteur de cinema Vincent Lindon, avant de rompre et se remarier avec Ernst August.
Maintenant, elle peut difficilement empêcher sa fille de vivre avec un autre acteur.
JAY
18 septembre 2013 @ 15:35
a cette époque les banquiers était soit juifs soit protestants …!!!
Alberto
18 septembre 2013 @ 11:05
Merci à Régine par les corrections de mon français!
La cour de Weimar. La plus intelectuelle de l´Allemagne. Goethe, Schiller et Lizt seront toujours liés à cette cour bienviellainte. Dans les coeurs et cervaux de chaque allemand Weimar évoque la culture « kultur ». Hitler disait déjà que les alliés pouraient bombarder toute l´Allemagne sauf Weimar. Mais c´est Hitler lui même qui a sali la réputation de Weimar en plaçant Buchenwald dans le voisinage…
Pour en savoir davantage sur Weimar en français il y a le livre: http://www.amazon.fr/Weimar-l%C3%A9poque-Goethe-Jean-Delini%C3%A8re/dp/2747562581/ref=wl_it_dp_o_pd_S_nC?ie=UTF8&colid=3ADFSGUCKIH05&coliid=IXSE6J1YPVBOG
En anglais:
http://www.amazon.co.uk/Grand-Duchess-Life-Amalia-Saxe-Weimar-Eisenach/dp/B0092Q3FB4/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1379495115&sr=1-1&keywords=grand+duchess+saxe+weimar
Philibert
18 septembre 2013 @ 11:10
Merci, Régine, pour cette information complète à propos d’une princesse qui m’était inconnue.
C’est une bonne idée de l’avoir extraite de l’oubli pour le centenaire de sa mort.
Tepi
18 septembre 2013 @ 11:12
Cette histoire m’a bouleversée. Comme je regrette le destin de toutes cettes princesses , surtout du 19ième siècle …..Elles pouvaient pas vivre librement le plus important dans notre vie: l ‘ amour. Encore plus je regrette le destin ,parfois encore plus tragique ,des enfants des ces amours » interdits »……
Merci Alberto et Régine.
Marnie
18 septembre 2013 @ 11:54
Merci beaucoup de nous faire découvrir cette tragique histoire et ces personnages que je ne connaissais absolument pas !
J’en demande peut-être trop, mais ma curiosité est aiguisée ;-) sait-on comment le baron von Bleichroeder a poursuivi sa vie ? comment a-t-il traversé la Grande guerre et peut-être la Seconde ? Merci par avance !
Alberto
18 septembre 2013 @ 13:38
Il était mort au combat au front de l´est, en Pologne. Connu pour les allemands comme le « front russe ».
Le 1er juillet 1915.
Peut-être c´était mieux comme ça…ça serait trop tragique s´il périsait gazé dans un champs (à Buchenwald, à côté de Weimar, quelle horreur!).
Marnie
19 septembre 2013 @ 10:10
Merci Alberto ! et bien cette histoire est tragique jusqu’au bout…
Alberto
19 septembre 2013 @ 14:03
Ironique que pour Guillaume II le baron n´était pas bon le suffisant pour marier une princesse mais il l´était pour mourir pour la patrie….
C.S.
18 septembre 2013 @ 11:54
Merci de sortir de l’oubli ces histoires, tragiques ou heureuses. Elles sont toujours passionnantes, documentées, touchantes ….
Alberto
18 septembre 2013 @ 12:42
Ah, le baron Hans von Bleichroeder allait périr sur le front russe, au près de Varsovie, le 1er juillet 1915.
Ce sont donc deux jeunes destins brisés…
Mayg
18 septembre 2013 @ 12:48
C’est une triste histoire.
depassage
18 septembre 2013 @ 14:13
Je ne connaissais pas cette histoire, comme beaucoup je pense que c’est la mort de cette fillette qui est la cause de son suicide
Yannick
18 septembre 2013 @ 14:43
Triste histoire, très bien racontée !
Severina
18 septembre 2013 @ 15:54
Une histoire très triste, mais très intéressante, elle évoque un’epoque et un climat qui sont disparu après la Grande Guerre.
Merci a Alberto et Régine
Stella
18 septembre 2013 @ 16:48
Terrible histoire…
Mais on peut s’interroger sur l’immense scandale que susciterait à notre époque le fait que le père de la conductrice propose une forte somme d’argent en « dédommagement » de la perte d’une enfant.
Ce sont, certes les assurances qui s’en chargent, mais constater cet état de fait génère malgré tout une sorte de malaise.
Philibert
18 septembre 2013 @ 19:38
En Belgique, l’assurance auto n’est obligatoire que depuis 1956.
Avant cette date, quand les véhicules n’étaient pas assurés, c’étaient les conducteurs fautifs eux-mêmes qui payaient les dégâts de la partie adverse.
Et quand les dégâts sont corporels, la seule réparation possible (il y a cent ans comme maintenant), c’est l’argent, souvent sous forme de capital, parfois sous forme de rente.
La seule « anomalie » dans cette histoire de 1913 est que c’est le baron von Bleichroeder qui a indemnisé la famille de la victime et non la princesse elle-même…
Maguelone
19 septembre 2013 @ 13:25
Peut-être que la famille de la princesse n’avait pas le compte en banque qui suivait…
COLETTE C.
18 septembre 2013 @ 19:43
Triste destin pour tous les deux.Merci pour cette histoire passionnante.
Francine du Canada
18 septembre 2013 @ 20:32
Merci Régine, Alberto et Damien B. pour cette photo et ce reportage.
Alberto, j’apprécie vos commentaires instructifs; votre apport sur N&R est inestimable.
Merci aussi à Tepi… cette belle âme douce et sensible; je vous rejoins dans votre commentaire.
Amitiés, FdC
erwan
18 septembre 2013 @ 23:02
Une histoire triste bien racontée et qui évite de juger.
La fermeté sur les principes et les positions est ce qui tranche le plus avec notre époque.
Certains regrettent ce temps mais c’est presque incompréhensible aujourd’hui.
Corsica 2
19 septembre 2013 @ 03:45
Merci à Alberto d’avoir su nous faire vivre le tragique destin de cette jeune femme et de son amoureux. Sa souffrance devait être si intense qu’elle n’a pas trouvé d’autre solution, quelle tristesse !