Récit par Iankal21 de trois rencontres avec l’artiste Marina Karella, princesse Michel de Grèce. Les photos qui suivent proviennent du catalogue (éditions Fereniki) de la grande rétrospective de l’œuvre de Marina Karella au Musée Benaki de l’art moderne en 2005.
« C’était en 1999 et la peintre exposait à la Galerie Zoumboulakis au plein centre d’Athènes, Place Kolonaki. C’est samedi aux alentours de 11h, un peu tôt pour les habitués et Peggy Zoumboulakis, mémoire vivante du marché de l’art grec, tient cénacle avec les intimes dans son espace bureau, à peine séparé de la salle où l’artiste, souriante, chemise blanche et pantalon droit noir, talons noirs, s’entretient avec quelques visiteurs. J’attends mon tour.
Soudain, la Reine Sophie d’Espagne arrive escortée par le Prince Michel de Grèce ! Un séjour athénien, paraît-il, en strict incognito. Ils se dirigent à l’espace bureau de la maîtresse des lieux pour la saluer, les intimes aussi, et puis la reine se présente devant les quatre marches qui conduisent à la salle. Marina est là, elles s’embrassent sur les deux joues et la princesse plonge dans une svelte et profonde révérence.
Nouvelle discrète attente pour la féliciter tout en profitant du magnifique travail exposé. Des intérieurs et des sujets marins de Patmos.
« No ordinary light », 1988, Huile sur toile, 122 x 96 cm. Collection de Michel de Grèce, Paris. (Spéculation personnelle : aperçu de l’Intérieur du Palais Royal d’Athènes, le titre faisant référence à la biographie du Roi Paul, « No ordinary Crown »)
« Transparency », 1988. Huile sur toile, 122 x 96 cm. Collection privé, Athènes.
« Patmos, 8.30 a.m. », 1994, Huile sur toile, 200 x 140 cm. Collection Thyssen-Bornemisza, Espagne.
En 2005, je m’apprête à visiter la grande rétrospective de son œuvre au Musée Benaki de l’art contemporain, quand deux oiseaux joyeux s’échappent de la salle. C’est le jeune prince d’Aoste et sa fiancée Olga de Grèce, complicité et fou-rires conjugués.
L’exposition est grande, les toiles, les sculptures, les porcelaines se succèdent, sans oublier les costumes de scène et leur virtuosité.
« An evening song », 1978. Peinture à l’acrylique, 205 x 160 cm. Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
« Absence », 1982, three panels. Résine, huile sur toile, 210 x 300 cm, collection privée, Paris.
« Source », 1987. Marble, gold leaf, 90 x 70 x 80 cm, collection privée, Italie.
« La nuit unique », 1995. Huile sur toile, 220 x 110 cm. Collection privée, Paris.
« A Place Beyond Dawn I-XV », 1996. Huile sur toile, chaque panneau 82 x 66 cm, collection privée.
« Flowers of the Rock », 2000. Huile sur toile, 155 x 180 cm. Collection privée, Grèce.
“Luminary”, 1994. Métal et résine, 250 x 60 x 60 cm. Collection privée, Paris.
Greene Street studio, New York, 1989.
«Flight», 1997. Bronze, platinum leaf, 50 x 25 x 60 cm. Collection privée, New York. (ma sculpture préférée)
SM la Reine d’Espagne, 2003, Aquarelle sur papier, 217 x 60 cm, The Mari-Cha Collection, Hong-Kong
Pavlos, Marie Chantal, 2002, Aquarelle sur papier, 217 x 70 cm et 217 x 60 cm, The Mari-Cha Collection, Hong-Kong
« The Voyager », 1995. Porcelaine de Sèvres, 32 x 19 x 19 cm. Collectoon privée.
Jeu de 27 cartes pour « Le Jeu Divinatoire ». Editions Robert Laffont, Paris, 1990.
Takis Horn, le charme incarné du théâtre et du cinéma grecs, en Don Juan, 1968, le premier à lui confier décor et costumes
Dessins de costumes pour les Troyennes, production de la Biennale de Valencia en 2001, avec Irène Papas en Hécube, et la troupe de La Fura Dels Baus. Musique par Vangélis Papathanassiou, Décors par Santiago Calatrava.
Costumes pour le film de Niki de Saint Phalle « Un rêve plus long que la nuit », 1977.
Malgré la multitude des œuvres exposées, le fan boulimique que je suis, reste sur sa faim ! Elle est présente, costume veste croisée pantalon gris et je lui en parle de ma … faim.
« Mais qu’est que vous voulez, l’exposition est énorme tout de même ! ». – « Oui, mais vous méritez encore plus ! » Elle répond avec un sourire désespéré.
Plus tard, je reviens avec le catalogue, lui demandant si elle veut bien le signer. On se trouve à l’entrée de l’exposition où trône un de ces sièges drapés de rétine dorée, avec un globe terrestre sur l’accoudoir.
Dans l’absence d’autre meuble d’appui elle s’assoit sur ce trône (!) et me demande mon nom. Oh, je préfère pas, ça peut créer une impression de fausse intimité. Mais non, je vous connais maintenant et je vous apprécie ! Elle dédicace le catalogue « avec amitié ».
« The world » Collection Diane de Fürstenberg, Paris. Une sculpture similaire, mais toute en rétine dorée, était placée à l’entrée de l’exposition.
5 représentations exceptionnelles de la tragédie d’Euripide « Hippolyte » sont annoncées entre le 7 et le 11 juin 2017. L’actrice-culte du public athénien, Amalia Moutoussis, interprètera les 1.466 vers de tous les rôles.
Sa voix sera accompagnée au plus près par le compositeur Dimitri Kamarotos. Aucun site ou théâtre antique est retenu, mais la vénérable salle de « Parnassos », idéale pour la sonorité et la concentration requise pour une acrobatie pareille. D’ailleurs c’est le lieu de tant de débats et concerts liés à l’évolution culturelle du jeune Etat hellène.
Ci-dessus, le siège (1890) de l’Association Philologique « Parnassos ».
Des dépliants de quelques pages tiennent lieu de programme et sont laissés à cueillir au bas de l’escalier monumental. Muni d’un dépliant pareil, je m’apprête à rentrer en salle, d’où sort… Marina de Grèce, qui me demande, mais où vous avez trouvé ça ? – Juste en bas de l’escalier… mais tenez… – Merci, je vais en chercher… – Je vous en prie, d’ailleurs je suis grand admirateur… – Merci, vous viendrez alors à l’expo (elle démarrait dans quelques jours à la Gallérie Zoumboulakis). – Bien sûr…
Demandez le programme… Voici quelques photos des œuvres contenues dans cette exposition, des aquarelles inspirées des poèmes de l’Alexandrin C.P. Cavafy. Les photos proviennent des sites des Galeries Passebon et Mitterrand.
On peut apercevoir les premières versions de ces œuvres dans son atelier Parisien, pendant la présentation avec Pierre Passebon de la sculpture dont les ventes sont versées à la Fondation « Elisa » qui lutte en faveur des enfants maltraités et dont la Princesse est cofondatrice.
Exposition des œuvres à la Galerie Mitterrand à Paris. A gauche « Voix », à droite « Désirs »
Je clos cette série de rencontres avec une photo de Valentina Vagenas pour un article de Dimitri Rigopoulos au quotidien « Kathimerini », dédié au nouvel atelier de Marina Karella en plein centre d’Athènes, conçu par l’architecte Constantin Bouras. »
Régine ⋅ Actualité 2021, Expositions, Grèce, Souvenirs royaux 27 Comments
Alice
1 avril 2021 @ 03:02
Merci pour ces expériences si bien racontées! Quelle magnifique artiste!
Cécile
1 avril 2021 @ 05:45
Œuvres magnifiques… C’est très plaisant de regarder cela en commençant sa journée !
Phil de Sarthe
1 avril 2021 @ 05:57
Un grand merci Lankal, pour nous avoir permis cette découverte, et fait partager votre admiration pour MK..👏😋
Bambou
1 avril 2021 @ 06:03
Une vraie artiste, qui n’usurpe pas ce titre.
Sur la photo où on voit Marina habillée de noir, je trouve qu’elle ressemble beaucoup à Gala, l’épouse de Salvadore Dali.
Pascal
1 avril 2021 @ 06:06
C’est un article magnifique par le style et par l’image .
Je n’avais jamais rien vu de sa production ,si certaines ”compositions” me laissent indifférent certaines toiles sont superbes et révèlent une vraie artiste .
Mais au delà vous faites l’évocation d’une très belle personne .
Merci Lankal.
miloumilou
1 avril 2021 @ 06:29
J’aime beaucoup personnalité de cette femme, Marina Karella même si je n’aime pas toute sa création!
Kalistéa
1 avril 2021 @ 13:14
Comme moi , Milou Milou .J’aime beaucoup… ou pas !
o
1 avril 2021 @ 08:57
Une très grande artiste…. !💝🌞
Pureté et grandeur de l’expression
Roxane
1 avril 2021 @ 09:55
Merci Iankal21 !!!! C’est merveilleux, super intéressant ! J’ai découvert grâce à vous cette artiste que je ne connaissais qu’en tant qu’épouse de son écrivain de mari. Je ne savais pas qu’elle avait un univers aussi riche, varié. De quelle région de Grèce est-elle originaire ?
Charlotte (de Brie)
1 avril 2021 @ 10:18
Merci Iankal pour ce partage.
Les drapés sur certaines oeuvres ne sont pas en évoquer ceux des statues de la Grèce Antique.
J’ai été particulièrement émue de voir les Tarots Divinatoires de Yaguel Didier, illustrés par Marina Karella, ma grand-mère en avait un exemplaire qu’elle avait acheté pour les cartes magnifiques réalisées par la princesse.
Il trône, si j’ose dire, sur notre table à jeux avec une collection de cartes à jouer.
Charlotte (de Brie)
1 avril 2021 @ 10:20
Lire « sans » évoquer !
Marie d’Aix
1 avril 2021 @ 18:21
Merci Lankal21 pour votre narration… j.aime beaucoup la personnalité de cette princesse et la puissance et l’originalité de son œuvre !
Menthe
1 avril 2021 @ 10:20
Merci beaucoup Iankal !
Que l’on aime ou pas ses créations, la princesse a un véritable talent, c’est indéniable.
J’y trouverai mon bonheur.
Jean Pierre
1 avril 2021 @ 11:02
Cet article nous permet de découvrir les différents aspects du travail de Marina Karella que je connaissais mal.
L’installation « absence » m’évoque « l’autel noir » de Nicky de Saint Phalle.
Baboula
1 avril 2021 @ 11:43
Je ne connaissais pas le travail de Marina Karella , merci Iankal pour cette belle découverte que je vais approfondir .
aubépine
1 avril 2021 @ 12:09
J’avoue que je n’accroche pas !
miloumilou
1 avril 2021 @ 12:19
Oui merci lankal21 pour cet intéressant portrait d’une princesse libre !
Marie Saintonge
1 avril 2021 @ 12:29
Belle âme de cette magnifique artiste reflétée dans son oeuvre et son univers onirique.
Debora12345
1 avril 2021 @ 13:46
@Iankal21, merci pour ce partage !
COLETTE C.
1 avril 2021 @ 14:21
Une artiste ! J’aime le portrait de la reine émérite d ‘Espagne.
Danielle
1 avril 2021 @ 15:15
Je n’aime que les fleurs et le portrait de la reine Sophie d’Espagne.
Merci Lankal.
Iankal21
1 avril 2021 @ 17:29
Elle est née à Athènes dans une famille de grands industriels. Son charisme était évident très tôt et elle était prise sous l’aile du peintre légendaire Tsarouchis. Son talent à éclaté au grand jour, quand sous l’insistance de Takis Horn elle a commencé de dessiner décors et costumes pour des productions selectes.
PATRICIA
1 avril 2021 @ 21:04
Quelle belle découverte ! Un travail extraordinaire sur les reliefs, les drapés. De la profondeur dans les visages ! Magnifique et un grand merci pour cette belle exposition !
Vitabel
1 avril 2021 @ 22:55
J’aime la photo de l’artiste dans son atelier et certaines de ses œuvres, merci lankal 21.
Michelle M
1 avril 2021 @ 23:51
Merci beaucoup Lankal21. Je lis souvent les textes de son epoux mais je ne connaissais pas tellement les oeuvres de son epouse, c’est une artiste aux multiples talents, et moi aussi j’ ai prefere le portrait de la reine Sophie.
particule
2 avril 2021 @ 11:44
Belle personnalité et une vraie artiste. Le couple, qui n’a jamais fait le buzz, est une harmonie de dons. De quoi les admirer tous les deux.
Cosmo
2 avril 2021 @ 21:49
Merci de nous faire découvrir l’œuvre de la princesse. Elle est une artiste véritable mais je n’aime pas tout d’elle. Je trouve son talent un peu dispersé.
Quel couple !