A Sint Amands au bord de l’Escaut, le roi et la reine des Belges ont rendu hommage au poète Emile Verhaeren (qui y est enterré) à l’occasion du centenaire de son décès. (Copyright photos : Palais royal)
Encore appris à l’école, retrouvé sur google, ce qui m’a permis de voir d’autres poèmes tout aussi beaux Aucune émission à la TV sur la poésie… dommage.
Dédié au sud-ouest
Emile Verhaeren
Sur la bruyère longue infiniment
voici le vent cornant novembre;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l’eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d’oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
– Le vent sauvage de Novembre ! –
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d’éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d’église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L’avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d’ahan,
L’avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L’avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n’en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
Bonne journée à tous. HL
Merci de me faire revenir oh allez je vais oser 60 ans en arrière lorsqu’à l’école primaire nous avons appris ce poème…
Je ne me souvenais plus de toutes les paroles mais en vous lisant elles me reviennent, et avec elles les soirées où Maman me les faisait répéter.
Elle me disait « tu dois les intégrer, toi qui es née en Novembre »
Pour ma part j’avais appris cette poesie qui m’a fait decouvrir un grand auteur dont j’ai desormais plusieurs recueils.
Chanson de fou (1)
Le crapaud noir sur le sol blanc
Me fixe indubitablement
Avec des yeux plus grands que n’est grande sa tête ;
Ce sont les yeux qu’on m’a volés
Quand mes regards s’en sont allés,
Un soir, que je tournai la tête.
Mon frère ? – il est quelqu’un qui ment,
Avec de la farine entre ses dents ;
C’est lui, jambes et bras en croix,
Qui tourne au loin, là-bas,
Qui tourne au vent,
Sur ce moulin de bois.
Et Celui-ci, c’est mon cousin
Qui fut curé et but si fort du vin
Que le soleil en devint rouge ;
J’ai su qu’il habitait un bouge,
Avec des morts, dans ses armoires.
Car nous avons pour génitoires
Deux cailloux
Et pour monnaie un sac de poux,
Nous, les trois fous,
Qui épousons, au clair de lune,
Trois folles dames, sur la dune.
Que de souvenirs! merci HL.
Emile V était semble-t-il un grand poète du vent.Moi ,voici ce dont je me rappelle:
-Ouvrez les gens! Ouvrez la porte !
Je frappe au seuil et à l’auvent.
Ouvrez les gens! je suis le vent
Qui s’habille de feuilles mortes.
-Entrez, monsieur, entrez le vent,
Voici pour vous la cheminée
Et sa niche badigeonnée,
Entrez chez nous, monsieur le vent.
« Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale proche de l’anarchisme lui fait évoquer les grandes villes dont il parle avec lyrisme sur un ton d’une grande musicalité. Il a su traduire dans son œuvre la beauté de l’effort humain.
Biographie
Verhaeren est né à Saint-Amand (en néerlandais : Sint-Amands) en Belgique, au bord de l’Escaut, dans une famille aisée où l’on parlait le français, tandis qu’au village et à l’école régnait le flamand. Il fréquenta d’abord l’internat francophone Sainte-Barbe, tenu par des jésuites à Gand, puis il étudia le droit dans la vieille université de Louvain. C’est là qu’il rencontra le cercle des écrivains qui animaient La Jeune Belgique et il publia en 1879 les premiers articles de son cru dans des revues d’étudiants.
La Lecture (1903) par Théo van Rysselberghe. Verhaeren est représenté en veston rouge.
Chaque semaine, l’écrivain socialiste Edmond Picard tenait à Bruxelles un salon où le jeune Verhaeren put rencontrer des écrivains et des artistes d’avant-garde. C’est alors qu’il décida de renoncer à une carrière juridique et de devenir écrivain. Il publiait des poèmes et des articles critiques dans les revues belges et étrangères, entre autres L’Art moderne et La Jeune Belgique. Comme critique d’art, il soutint de jeunes artistes tels que James Ensor.
En 1883, il publia son premier recueil de poèmes réalistes-naturalistes, Les Flamandes, consacré à son pays natal. Accueilli avec enthousiasme par l’avant-garde, l’ouvrage fit scandale au pays natal. Ses parents essayèrent même avec l’aide du curé du village d’acheter la totalité du tirage et de le détruire. Le scandale avait été un but inavoué du poète, afin de devenir connu plus rapidement. Il n’en continua pas moins par la suite à publier d’autres livres de poésies. Des poèmes symbolistes au ton lugubre caractérisent ces recueils, Les Moines, Les Soirs, Les Débâcles et Les Flambeaux noirs.
En 1891, il épousa Marthe Massin, peintre connue pour ses aquarelles, dont il avait fait la connaissance deux ans plus tôt, et s’installa à Bruxelles. Son amour pour elle s’exprime dans trois recueils de poèmes d’amour : Les Heures claires, Les Heures d’après-midi et Les Heures du soir.
Les Hommes du jour, n°82, 14 août 1909, dessin de Aristide Delannoy.
Dans les années 1890, Verhaeren s’intéressa aux questions sociales et se lança dans la « révolte anarchiste ». Son implication sociale apparaît clairement dans des articles et des poèmes parus dans la presse libertaire (L’En-dehors, Le Libertaire, La Revue blanche, etc.) et surtout dans des manuscrits inachevés et demeurés inédits, comme la pièce La Grand-Route et le roman Désiré Menuiset et son cousin Oxyde Placard.
Il travailla à rendre dans ses poèmes l’atmosphère de la grande ville et son opposé, la vie à la campagne. Il exprima ses visions d’un temps nouveau dans des recueils comme Les Campagnes hallucinées, Les Villes tentaculaires, Les Villages illusoires et dans sa pièce de théâtre Les Aubes. Ces poèmes le rendirent célèbre, et son œuvre fut traduite et commentée dans le monde entier. Il voyagea pour faire des lectures et des conférences dans une grande partie de l’Europe. Beaucoup d’artistes, de poètes et d’écrivains comme Antonio de La Gandara, Georges Seurat, Paul Signac, Auguste Rodin, Edgar Degas, August Vermeylen, Léon Bazalgette, Henry van de Velde, Maurice Maeterlinck, Stéphane Mallarmé, André Gide, Rainer Maria Rilke, Gostan Zarian et Stefan Zweig l’admiraient, correspondaient avec lui, cherchaient à le fréquenter et le traduisaient. Les artistes liés au futurisme subissaient son influence. Émile Verhaeren était aussi un ami personnel du roi Albert et de la reine Élisabeth ; il fréquentait régulièrement toutes les demeures de la famille royale.
Transfert des restes d’Émile Verhaeren en Belgique, 1927.
En 1914 la Première Guerre mondiale éclata et, malgré sa neutralité, la Belgique fut occupée presque entièrement par les troupes allemandes. Verhaeren se réfugia en Angleterre. Il écrivit des poèmes pacifistes et lutta contre la folie de la guerre dans les anthologies lyriques : La Belgique sanglante, Parmi les Cendres et Les Ailes rouges de la Guerre. Sa foi en un avenir meilleur se teinta pendant le conflit d’une résignation croissante. Il n’en publia pas moins dans des revues de propagande anti-allemandes et tenta dans ses conférences de renforcer l’amitié entre la France, la Belgique et le Royaume-Uni. Le 27 novembre 1916, il alla visiter les ruines de l’abbaye de Jumièges. Le soir, après avoir donné une nouvelle conférence à Rouen, il mourut accidentellement, ayant été poussé par la foule, nombreuse, sous les roues d’un train qui partait.
Le gouvernement français voulut l’honorer en l’ensevelissant au Panthéon, mais la famille refusa et le fit enterrer au cimetière militaire d’Adinkerke. En raison du danger que représentait l’avancée des troupes, ses restes furent encore transférés pendant la guerre à Wulveringem avant d’être en 1927 définitivement enterrés dans son village natal de Saint-Amand où depuis 1955 un musée, le musée provincial Émile Verhaeren, rappelle son souvenir. En 2015-2016, à l’approche du centenaire de sa mort,
le musée des Avelines de Saint-Cloud, en région parisienne, lui consacre une exposition hommage intitulée Émile Verhaeren (1855-1916), poète et passeur d’Art. »
Gibbs
8 juin 2016 @ 06:56
Il serait bien de préciser que c’est en province d’Anvers.
Merci
Clémence
8 juin 2016 @ 06:56
La Reine n’avait-elle pas porté cette robe (de Dries Van Noten, je crois) lors de sa Joyeuse Entrée à Anvers?
Un petit Belge
8 juin 2016 @ 17:19
Oui, tout à fait. La Reine avait porté cette tenue de Dries Van Noten lors de la Joyeuse Entrée en province d’Anvers à l’automne 2013.
Anne2
8 juin 2016 @ 19:14
Je crois que oui, elle lui va superbement bien
Cosmo
8 juin 2016 @ 08:20
Emile Verhaeren, grand ami de Stefan Zweig et bien d’autres écrivains, était aussi un ami du roi Albert et de la reine Elisabeth.
Gibbs
8 juin 2016 @ 12:24
Cher Cosmo,
J’ajouterai que bien que néerlandophone, il n’a écrit qu’en français.
De nombreuses rues portent son nom dans la partie francophone de la Belgique (En Flandre : je l’ignore).
Amicalement,
kalistéa
8 juin 2016 @ 08:51
C’est un mannequin ?
Gibbs
8 juin 2016 @ 12:25
kalistéa !!!
C’est un épouvantail !
Pierre-Yves
8 juin 2016 @ 12:34
Dans le nord de la France, on appelle ça un géant. On les sort dans les fêtes, parfois appelées ducasses.
Gibbs
9 juin 2016 @ 08:46
Pierre-Yves,
Exact et cela est aussi le cas en Belgique.
Je pense notamment à la ville d’Ath mais il y en a d’autres.
Haut-Landaise
8 juin 2016 @ 10:45
Encore appris à l’école, retrouvé sur google, ce qui m’a permis de voir d’autres poèmes tout aussi beaux Aucune émission à la TV sur la poésie… dommage.
Dédié au sud-ouest
Emile Verhaeren
Sur la bruyère longue infiniment
voici le vent cornant novembre;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l’eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d’oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
– Le vent sauvage de Novembre ! –
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d’éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d’église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L’avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d’ahan,
L’avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L’avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n’en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
Bonne journée à tous. HL
Gibbs
8 juin 2016 @ 12:30
Haut-Landaise,
Merci infiniment – je viens de lire le poète à mon époux- aux Belges que nous sommes et qui vivons dans le sud-ouest.
Quel dommage qu’il n’y ait pas d’émission consacrée à la poésie; c’est un si bel art que j’aime depuis longtemps.
Gibbs
9 juin 2016 @ 08:47
le poème !
ciboulette
8 juin 2016 @ 13:54
Merci , Haut-Landaise , de présenter ici une œuvre de ce grand poète ( aussi appris en classe ) .
Leonor
8 juin 2016 @ 17:50
Merci, Haut-Landaise.
Xantya
8 juin 2016 @ 19:12
Merci de me faire revenir oh allez je vais oser 60 ans en arrière lorsqu’à l’école primaire nous avons appris ce poème…
Je ne me souvenais plus de toutes les paroles mais en vous lisant elles me reviennent, et avec elles les soirées où Maman me les faisait répéter.
Elle me disait « tu dois les intégrer, toi qui es née en Novembre »
Marieschenka
8 juin 2016 @ 11:33
Pour ma part j’avais appris cette poesie qui m’a fait decouvrir un grand auteur dont j’ai desormais plusieurs recueils.
Chanson de fou (1)
Le crapaud noir sur le sol blanc
Me fixe indubitablement
Avec des yeux plus grands que n’est grande sa tête ;
Ce sont les yeux qu’on m’a volés
Quand mes regards s’en sont allés,
Un soir, que je tournai la tête.
Mon frère ? – il est quelqu’un qui ment,
Avec de la farine entre ses dents ;
C’est lui, jambes et bras en croix,
Qui tourne au loin, là-bas,
Qui tourne au vent,
Sur ce moulin de bois.
Et Celui-ci, c’est mon cousin
Qui fut curé et but si fort du vin
Que le soleil en devint rouge ;
J’ai su qu’il habitait un bouge,
Avec des morts, dans ses armoires.
Car nous avons pour génitoires
Deux cailloux
Et pour monnaie un sac de poux,
Nous, les trois fous,
Qui épousons, au clair de lune,
Trois folles dames, sur la dune.
j21
8 juin 2016 @ 12:32
Je me souviens avoir appris des poésies d’Emile Verhaeren à l’école élémentaire. Souvenirs, souvenirs et nostalgie d’une époque .
bianca
8 juin 2016 @ 14:54
Merci de citer cette récitation que j’avais apprise (et d’autres aussi de cet auteur merveilleux)
Nania
8 juin 2016 @ 16:33
Une très belle robe pour Mathilde et une jolie cravate assortie pour le roi…J’aime bien!
kalistéa
8 juin 2016 @ 16:54
Que de souvenirs! merci HL.
Emile V était semble-t-il un grand poète du vent.Moi ,voici ce dont je me rappelle:
-Ouvrez les gens! Ouvrez la porte !
Je frappe au seuil et à l’auvent.
Ouvrez les gens! je suis le vent
Qui s’habille de feuilles mortes.
-Entrez, monsieur, entrez le vent,
Voici pour vous la cheminée
Et sa niche badigeonnée,
Entrez chez nous, monsieur le vent.
Charmant…
Danielle
8 juin 2016 @ 17:20
Ce poète me rappelle des souvenirs de récitations.
La sculpture est spéciale.
clement
8 juin 2016 @ 18:22
magnifique poète belge qui me rappelle mes jeunes années en classes primaires !
Alain Golliot
8 juin 2016 @ 19:01
Que je me suis ennuye a apprendre ces vers creux…. Mais qu’ll repose en paix..,
Bruno
8 juin 2016 @ 19:04
Mort à Rouen écrasé par un train.Une statue à sa mémoire est visible dans les jardins de l hôtel de ville de Rouen
Gibbs
9 juin 2016 @ 08:55
Bruno,
Merci de le rappeler car je l’avais oublié.
Long mais vaut bien une messe : Wiki
« Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale proche de l’anarchisme lui fait évoquer les grandes villes dont il parle avec lyrisme sur un ton d’une grande musicalité. Il a su traduire dans son œuvre la beauté de l’effort humain.
Biographie
Verhaeren est né à Saint-Amand (en néerlandais : Sint-Amands) en Belgique, au bord de l’Escaut, dans une famille aisée où l’on parlait le français, tandis qu’au village et à l’école régnait le flamand. Il fréquenta d’abord l’internat francophone Sainte-Barbe, tenu par des jésuites à Gand, puis il étudia le droit dans la vieille université de Louvain. C’est là qu’il rencontra le cercle des écrivains qui animaient La Jeune Belgique et il publia en 1879 les premiers articles de son cru dans des revues d’étudiants.
La Lecture (1903) par Théo van Rysselberghe. Verhaeren est représenté en veston rouge.
Chaque semaine, l’écrivain socialiste Edmond Picard tenait à Bruxelles un salon où le jeune Verhaeren put rencontrer des écrivains et des artistes d’avant-garde. C’est alors qu’il décida de renoncer à une carrière juridique et de devenir écrivain. Il publiait des poèmes et des articles critiques dans les revues belges et étrangères, entre autres L’Art moderne et La Jeune Belgique. Comme critique d’art, il soutint de jeunes artistes tels que James Ensor.
En 1883, il publia son premier recueil de poèmes réalistes-naturalistes, Les Flamandes, consacré à son pays natal. Accueilli avec enthousiasme par l’avant-garde, l’ouvrage fit scandale au pays natal. Ses parents essayèrent même avec l’aide du curé du village d’acheter la totalité du tirage et de le détruire. Le scandale avait été un but inavoué du poète, afin de devenir connu plus rapidement. Il n’en continua pas moins par la suite à publier d’autres livres de poésies. Des poèmes symbolistes au ton lugubre caractérisent ces recueils, Les Moines, Les Soirs, Les Débâcles et Les Flambeaux noirs.
En 1891, il épousa Marthe Massin, peintre connue pour ses aquarelles, dont il avait fait la connaissance deux ans plus tôt, et s’installa à Bruxelles. Son amour pour elle s’exprime dans trois recueils de poèmes d’amour : Les Heures claires, Les Heures d’après-midi et Les Heures du soir.
Les Hommes du jour, n°82, 14 août 1909, dessin de Aristide Delannoy.
Dans les années 1890, Verhaeren s’intéressa aux questions sociales et se lança dans la « révolte anarchiste ». Son implication sociale apparaît clairement dans des articles et des poèmes parus dans la presse libertaire (L’En-dehors, Le Libertaire, La Revue blanche, etc.) et surtout dans des manuscrits inachevés et demeurés inédits, comme la pièce La Grand-Route et le roman Désiré Menuiset et son cousin Oxyde Placard.
Il travailla à rendre dans ses poèmes l’atmosphère de la grande ville et son opposé, la vie à la campagne. Il exprima ses visions d’un temps nouveau dans des recueils comme Les Campagnes hallucinées, Les Villes tentaculaires, Les Villages illusoires et dans sa pièce de théâtre Les Aubes. Ces poèmes le rendirent célèbre, et son œuvre fut traduite et commentée dans le monde entier. Il voyagea pour faire des lectures et des conférences dans une grande partie de l’Europe. Beaucoup d’artistes, de poètes et d’écrivains comme Antonio de La Gandara, Georges Seurat, Paul Signac, Auguste Rodin, Edgar Degas, August Vermeylen, Léon Bazalgette, Henry van de Velde, Maurice Maeterlinck, Stéphane Mallarmé, André Gide, Rainer Maria Rilke, Gostan Zarian et Stefan Zweig l’admiraient, correspondaient avec lui, cherchaient à le fréquenter et le traduisaient. Les artistes liés au futurisme subissaient son influence. Émile Verhaeren était aussi un ami personnel du roi Albert et de la reine Élisabeth ; il fréquentait régulièrement toutes les demeures de la famille royale.
Transfert des restes d’Émile Verhaeren en Belgique, 1927.
En 1914 la Première Guerre mondiale éclata et, malgré sa neutralité, la Belgique fut occupée presque entièrement par les troupes allemandes. Verhaeren se réfugia en Angleterre. Il écrivit des poèmes pacifistes et lutta contre la folie de la guerre dans les anthologies lyriques : La Belgique sanglante, Parmi les Cendres et Les Ailes rouges de la Guerre. Sa foi en un avenir meilleur se teinta pendant le conflit d’une résignation croissante. Il n’en publia pas moins dans des revues de propagande anti-allemandes et tenta dans ses conférences de renforcer l’amitié entre la France, la Belgique et le Royaume-Uni. Le 27 novembre 1916, il alla visiter les ruines de l’abbaye de Jumièges. Le soir, après avoir donné une nouvelle conférence à Rouen, il mourut accidentellement, ayant été poussé par la foule, nombreuse, sous les roues d’un train qui partait.
Le gouvernement français voulut l’honorer en l’ensevelissant au Panthéon, mais la famille refusa et le fit enterrer au cimetière militaire d’Adinkerke. En raison du danger que représentait l’avancée des troupes, ses restes furent encore transférés pendant la guerre à Wulveringem avant d’être en 1927 définitivement enterrés dans son village natal de Saint-Amand où depuis 1955 un musée, le musée provincial Émile Verhaeren, rappelle son souvenir. En 2015-2016, à l’approche du centenaire de sa mort,
le musée des Avelines de Saint-Cloud, en région parisienne, lui consacre une exposition hommage intitulée Émile Verhaeren (1855-1916), poète et passeur d’Art. »
Caroline
8 juin 2016 @ 23:00
La reine Mathilde est ravissante avec sa robe fleurie.
framboiz 07
8 juin 2016 @ 23:39
Merci pour ce moment poétique, qui efface l’étrange impression, laissée par la tombe , pourtant située dans un beau site …