Très bel ouvrage illustré et documenté à propos des monarchies du Moyen Orient de 1869 à 1945. (Merci à Théo)
Sultans in Splendours, Monarchs of the Middle East 1869-1945, Philip Mansel, Parkway Publishing, 2002, 192 p
Très bel ouvrage illustré et documenté à propos des monarchies du Moyen Orient de 1869 à 1945. (Merci à Théo)
Sultans in Splendours, Monarchs of the Middle East 1869-1945, Philip Mansel, Parkway Publishing, 2002, 192 p
Caroline
12 mars 2010 @ 07:52
Quel regal de lire ce beau livre ‘exotique’!
Nicole
12 mars 2010 @ 08:55
Un ouvrage qui me paraît très intéressant.
Dominique Charenton (Royauté2)
12 mars 2010 @ 11:09
Bonjour,
voici un extrait d’une communication du comte Rudt de Collenberg au 17 ème Congrès International de Généalogie, publiée dans » Genealogica et Heraldica » Lisboa,1986
» L’un ou l’autre d’entre vous se souviendra peut être de ma communication au Congrès de Madrid, intitulée « » Le pape et ses cousines sultanes « » Il est donc naturel que je choisisse dans le cadre du thème proposé par ce Congrès « » La généalogie hors de l’Europe « » , la dynastie des Osmanli qui représente mis à part sa structure « »harémique » », un cas unique.Au cours de son histoire, plus de six fois centenaire,elle introduisit trois « »lois de familles » » qui ne strouvent nulle
part ailleurs : une fois celle du « »fratricide » », puis celle dite du « » Kafes » » ou de la « »Cage » », prescrivant l’emprisonnement et l’isolement de tous les membres mâles de la famille, à l’exception de son chef, le sultan lui même, puis celle stipulant que seul celui ci serait en droit d’engendrer des enfants et cela, bien sur, seulement après son accession au trône.
Les différents aspects et effets généalogiques de ces trois « »lois » » feront l’objet de la présente communication.
……
Je voudrais pour commencer, brosser le cadre historique dans lequel se déroule l’ascension et le déclin de la dynastie ottomane. Une tribu turque – moitiè pasteurs nomades, moitié guerriers – sous la conduite de son chef Ertugrul arriva en Anatolie au cours de la 1ère moitié du XIII ème siècle, en provenance de l’Asie centrale et s’établit ou fut établie ( forte
d’environ 4 000 tentes ) en territoire seldjouke, aux confins de la frontière occidentale avec l’Empire byzantin. Vers 1300, cette tribu alors commandée par le fils d’Ertugrul, OSMAN, acquit une indépendance effective et lui et ses descendants profitèrent
tant de l’écroulement de l’Empire seldjoukide en Anatolie que celui de l’Empire byzantin dans les Balkans, pour établir l’état le plus important sur les deux rives du Bosphore, transportant, en 1390, la capiitale de Bursa – capitale depuis 1324 – à Andrinople.
MEHMED II couronna le tout en conquérant en 1453 Constantinople et par la suite la Grèce.
Les Ottomans devinrent de ce fait les continuateurs des empereurs byzantins à plusieurs égards.
Ces 200 ans, allant de la naissance d’OSMAN à la prise de Constantinople forment la première période de la dynastie des OSMANLI. Elle se passe encore dans le cadre de l’ancien Empire de Byzance et est caractérisée par l’assimilation et l’osmose entre Turcs et Grecs- avec pour seule différence le religion.
L’état des OSMANLI était et resta mahométan – et quiconque voulait participer à son gouvernement ou à son administration devait se convertir à l’Islam – ce que fit alors une grande partie de la population autochtone, à commencer par bon nombre de familles de la haute aristocratie byzantine.
Ces conversions et la grécisation des OTTOMANS suscitèrent souvent au cours de cette période une opposition de la part de ceux qui voulaient retourner aux origines turques et rester anatoliens.
Ces deux tendances se manifestent aussi dans le « » connubium » » comme nous le verrons plus loin.
Avant 1453, la dynastie OTTOMANE,seulement une parmi beaucoup d’autres, avait le choix de chercher
ses épouses soit dans les familles « »princières » » turques d’Anatolie, soit dans les familles chrétiennes du monde byzantin, la Grèce et les Balkans.
Avec la prise de Constantinople et deux générations plus tard avec la conquête de l’Egypte, disparurent toutes les familles et dynasties qui avaient pu auparavant offrir des « »femmes égales » » aux OTTOMANS.
C’est alors que commence la deuxième période de
leur histoire, la grande époque de l’Empire Ottoman. elle apporte aun changement total du « »connubium » » de la dynastie.
La loi coranique prévoit en plus des quatre épouses légitimes, un nombre illimité de concubines. Au cours de la première période, un mariage avec un membre de l’une des familles « » égales « » était conclu par une cérémonie religieuse – la « » Nekyath « ». Cela se comprend tant pour les épouses d’origine turque, que pour celles d’origine chrétienne, qui en général purent garder leur religion. Les concubines ne jouèrent, à côté des épouses légales, qu’un rôle secondaire, même si leurs enfants avaient part à la succession.
Depuis 1453, faute de « »princesses adéquates » », le harem des sultans ne fut plus composé que de concubines esclaves, d’où furent exclues toutes filles ou femmes turques qui, étant libres ne pouvaient être esclaves ou concubines.
Dès la fin du XV ème siècle plus une seule goutte de sang turc ne viendra donc s’ajouter à celui déjà bien mélangé de la dynastie – nous le verrons en détail par la suite .
L’origine des esclaves formant le harem était diverse – et changea avec le temps.
Les esclaves pouvaient être présentées par la mère du sultan, offertes par les grands dignitaires, préparées à l’extérieur pour entrer par la suite au harem ou être achetées sur le marché ; des jeunes filles capturées lors des guerres ou razzias trivèrent également leur chemin dans le harem.
Le harem comprenait des centaines de personnes, employées du moindre travail domestique jusqu’au plaisir du sultan.
Pour notre étude ne sont intéressantes que celles qui eurent un contact direct avec le sultan et , parmi celles ci, seulement celles qui donnèrent des enfants à la dynastie.
En bas de l’échelle de celles ci il y avait les « »novices » » qui pouvaient devenir des
privilégiées ou « »Gedikiler » », puis des favorites ou « »Gözde » ». Au moment de donner un enfant au sultan, elles deviennent des « » Hasekiler » » : « »Haseki Kadun » » si mère d’une fille; « »Haseki sultane » » si mère d’un garçon. La mère du premier né est appelée la « Bash haseki sultane « ». Selon les époques les « » Haseki
sultane « » étaient limitées à 4,7 ou en nombre illimité.
Au dessus de toutes, règnait la Sultane Validé, la mère du Sultan règnant, qui décidait souvent non seulement du destin du harem ou du sérail, mais égalemnt de celui de l’Empire.Un siècle est même connu sous le nom de « »Règne des Sultanes » ».
Cette structure pouvait donner lieu non seulement à la possibilité d’une grande progéniture, mais aussi à des intrigues et à des rebellions. On connait les révoltes et rebellions de 1507, 1511 et 1514 et les intrigues du fameux prince DJEM qui s’enfuit en Occident. Ces
querelles dynastiques avaient été souvent réprimées dans le sang : MEHMED II avait fait éxécuter deux frères; BAYEZID II, trois fils et deux neveux; SELIM III, trois fils, deux frères et huit neveux et ainsi réduit le nombre des mâles de la famille.
Finalement les deux révolts de 1553 et 1561 des fils de
SULEYMAN I provoquèrent une loi destinée à mettre fin à tout danger de rebellion à l’intérieur de la dynastie : la loi du « » fratricide « », qui décrétait qu’à la mort du Sultan, son successeur , dès son ascension, était tenu à éliminer par la corde ou la strangulation, tous ses frères – il n’y avait alors plus de branches cadettes – et par la noyade toutes les femmes
enceintes de son père.
SELIM, n’ayant à son élévation, plus de frères – son père les ayant auparavant exécuter – ce fut
MURAD III qui en 1574 mis à mort 5 frères; son fils
MEHMED III fit de même en 1595 et n’élimina pas moins de 19 frères et 7 femmes enceintes de son père.
Mais il fallut se rendre vite à l’évidence que cette loi du « » fratricide » » mettait la dynastie, la réduisant à deux yeux, en bien plus grand péril que des révoltes possibles.
Ainsi, en 1603, AHMED I la remplaça par une autre loi de famille,celle dite du « »Kafes » » : au lieu de tuer à chaque changement de trone, les membres mâles de la famille, la nouvelle loi prescrivit que tous les enfants mâles de la famille – fils des Sultans –
seraient relégués, confinés, isolés ou emprisonnés dans un pavillon du sérail d’où ne sortait à la mort d’un Sultan, que son successeur. Alors les fils du défunt Sultan y venaient rejoindre les frères du nouveau Sultan . Au lieu d’être tués les mâles de la famille furent aisni tenus en attente pour le cas où l’on
aurait, besoin de l’un d’eux.
Afin d’être efficace la loi du « »Kafes » » défendit logiquement aux princes d’avoir de la progéniture. Il est vrai que ceux ci recevaient pour leur agrément de 6 à 8 concubines, mais celles ci furent rendues stériles par des breuvages et si par hasard un enfant naissait il était immédiatement tué.
Après 1603, le premier enfant qui naquit d’un prince ne vit le jour qu’en 1857.
A la base de la loi du « » Kafes » » il incombait uniquement au sultan de pourvoir à la continuation de la dynastie. Aucun enfant ne pouvait naître que de lui et cela après son acension au trône. Dès sa montée sur le trône le premier devoir du nouveau sultan fut de continuer la dynastie, tâche rendue difficile
si l’on tient compte qu’il avait souvent passé la quarantaine et avait été confiné pendant des dizaines d’années. On connait l’état pitoyable de certains d’entre eux tant physique que mental.
Néanmoins entre 1617 et 1839 , les sultans n’eurent pas
moins de 197 enfants; la résiatnce physique de ces enfants subit certainement les conséquences de l’emprisonnement de leurs pères : au moins 134 moururent enfants et seulement 32 atteignirent l’âge adulte.
…..
La loi du « »kafes » »imposa une autre loi inévitable. Jusqu’au sultan AHMED I (1603) la succession dans la dynastie était réglée par la loi de la « »primogéniture » ». Depuis 1603, l’aîné du
sultan, conçu après son ascension au trône, était
évidemment encore un enfant mineur, inapte à régner. On eut donc recours à la loi du « »séniorat » » – qui n’est pas inconnue des autres pays islamiques. Dorénavant, la parent le plus âgé, soit un frère, soit un cousin succédait au sulatan défunt.
Avec les réformes de MAHMUD II 1808-1839, commence la
troisième période de la dynastie qui voit l’abolition définitive du « »kafes » ». Cette période , coïncide avec le déclin de l’Empire, le fameux « »Homme malade » » . La dynastie, par contre, se portera de mieux en mieux. Si avant MAHMUD II, la moyenne des princes vivant à la mort d’un sultan était dans le « »kafes » » d’environ 4, elle passa dès ABDULMECID II à 10, puis à 20 pour s’y maintenir.
Le système du harem reste; mais nous le
verrons, le niveau de son « »contenu » »baisse; la loi du séniorat est également maintenue qui nous vaut pour les derniers sultans, un âge au moment de leur accession, respectivement de 65, 57 et 54 ans.
Ayant brossé un court aperçu de l’histoire de la dynastie penchons nous sur quelques aspects spéciaux de sa généalogie »
….
Mariages et femmes :
Nous employons le mot « »mariage « » dans le sens de « »connubium » » couvrant toutes les relations entre un sultan et les femmes de son harem. On peut en distinguer deux selon ce que nous venons de dire.
Premièreement les mariages « »légaux « » officiels, célèbrés devant un prêtre, puis les relations avec les concubines esclaves. Comme nous le disions les maraiges sont pour des alliances avec les Turques ou Mahométanes . Des mariages avec des Turques et des
Chrétiennes ne se trouvent évidemment que dans la première période, sauf trois exception que nous signalerons plus tard.
Les Chrétiennes sont soit des Byzantines soit des filles des familles régnantes des Balkans. Mentionnons les plus importantes : quatre PALéOLOGUE deviennent sultanes comme femmes de MURAD I, de BAYEZID I, de MEHMED I et de MEHMED II, trois autres épousent des
fils d’ORHAN, de MURAD I et de BAYEZID I. OHRAN épouse lui même une CANTACUZèNE, et BAYEZID I la fille d’une CANTACUZèNE : une FADRIQUE de Salona. MURAD II épouse une COMNèNE de Trébizonde et MEHMED II compte parmi ses femmes une COMNèNE et la veuve d’un COMNèNE, originaire elle de la maison des GATTILUSII.
Trois princesses serbes entrent dans la maison des OSMANLI : Theodora DUSCHAN en épousant ORHAN, Despina fille de Lazar GREBELIANOVITCH en épousant BAYEZID I, et Maria BRANKOVITCH en épousant MURAD II.
Tamara SHISMAN de Bulgarie est femme de MURAD I , qui a pour autre femme la fille du seigneur byzantin de Köstendil.
Une autre Byzantine, la fille du seigneur de Yarhizar, devient la mère de MURAD I. Parmi les femmes de MEHMED II, on notera encore une ERIZZO de Negroponte, et une fille de Georges PHRANTZES.
Mais on est en droit de douter que MEHMED II se soit soumis à une cérémonie de mariage avec ces deux dernières, comme du reste avec les COMNèNE de Trébizonde.
Nous avons fait allusion à la tendance qui voulait renouer avec la tradition turque et faire revenir la
dynastie dans le monde islamique, provoquant des mariages anatoliens. Ainsi MURAD I, MURAD II et BAYEZID I épousent des CANDARLI, MEHMED II et BAYEZID II épousent des KARAMANLI;
7 filles ottomanes deviennent des CANDARLI et 5 des
KARAMANLI.
Trois DULKADIRLI, chiites des confins de l’Empire persan, sont mariées à MEHMED I, MEHMED II et BAYEZID I. Devletsah,
la mère de MEHMED I est de la famille turque des
GERMYANOGLU.
On ne connait que deux alliances avec les SHAHS de Perse, celle du Sultan SELIM I et celle du Shah ISMAIL avec une fille du sultan BAYEZID II.
Plus surprenant est le fait que nous trouvions que 3
alliances avec les Khans de CRIMéE, pourtant dynastie destinée à hériter du trône en cas d’extinction des OSMANLI. Seuls 2 fils de BAYEZID II épousent consécutivement une princesse tartare et une
fille du sultan SELIM II épouse le khan SAADET I.
Nous comptons avant 1520, environ une trentaine de
mariages « »légaux » » et célébrés, dont environ la moitié avec des Chrétiennes.
En parlant de la deuxième période, il faut commencer par
mentionner les 3 mariages qui sortent de l’ordinaire, c’est à dire qui sont exceptionnels. Le 1er est celui entre SULEYMAN I et son esclave russe – éventuellemnt grecque de Crimée – la fameuse ROXELANE, dû entièrement à l’ambition et la persuasion de cette dernière.
Puis nous en avons deux autres qui étaient inévitables puisqu’il s’agissait de deux jeunes filles turques ,
filles de Scheih ül Islam, qu’OSMAN II et IBRAHIM s’étaient mis dans la tête d’inclure dans leur harem, le premier avançant des considérations ethniques.
Toutes les autres sultanes, « »Validé » » « » Bash Haseki « » « »Hasekiler » » ne sont liées aux Sultans par
aucun lien légal. Leur position provient du fait d’avoir été choisies et d’avoir eu des enfants du Sultan. Elles étaient et restaient toutes esclaves – sinon affranchies – et nous ne connaissons l’origine ethnique que de quelques unes, mais pas même celle de toutes les mères des Sultans.
Il n’y a – et nous insistons sur ce point – parmi elles aucune Turque et probablement aucune sujette du sultan. La majorité des concubines de la deuxième période paraissent avoir été soit des prisonnières ou
captives de la Méditerranée, soit des Grecques, des Albanaises, des Russes, et des jeunes filles réputées pour leur beauté du Caucase.
Les Arabes et les Abyssiniennes , comme les Africaines
ne semblent jamais s’être élevées au-dessus des rangs les plus inférieurs du harem – ou d’avoir dépassé la position de servantes des plus fortunées « »Hasekiler » ».
On notera parmi les plus connues les Vénitiennes Nurabanu de la maison VENIER et la mère des Sultans MUSTAPHA II et AHMED III de la masion des VERZIZZI de
Crète. Puis la fort importante sultane de MURAD III : Saffye, d’origine dalmato-albanaise et les deux sultanes de MEHMED III les Chypriotes Flatro et Nores, la première « » Bash Haseki » » comme mère du « »primogenito » ». De ces dernières nous savons
qu’elles furent présentées au jeune MEHMED III, par la Vénitienne VENIER.
On connait la présence au XVIII ème siècle d’une Française Rose de BARBEYRAC de SAINT MAURICE qui serait – on peut en douter – la mère d’ABDULHAMID I.
Par contre la prétendue mère de MAHMUD II, personnage préféré des romanciers et romancières de la littérature
rose,Aimée Du BUC de RIVERY , la cousine martiniquaise de l’impértrice Joséphine, est de pure invention; cette légende a été maintes fois réfutées par tous les historiens. Mais elle est dure à mourir.
Le niveau culturel des sultanes semble avoir été fort différent.
Pour jouer le grand rôle politique qui fut le leur aux XVI ème et XVII ème siècles , il fallait malgré tout un « »background » » et une éducation hors de l’ordinaire et de celle dispensée par le harem. Avec le temps le niveau baissa de plus en plus. Une esclave
offerte ne pouvait être que d’un niveau bien supérieur à une esclave achetée au marché ou procurée par achats à ses parents au Caucase, comme c’était la coutume depuis la fin du XVIIIème siècle.
Cela est prouvé par les fréquentes descriptions qui nous donne un tableau effrayant de leur niveau culturel et de leurs manières et éducation, par exemple celles de la mère d’ABDULAZIZ, la fameuse Besma Pertevinyal, dite avoir été blanchisseuse au harem.
Au siécle dernier ( XIX ème ) presque toutes les occupantes du harem provenaient du Caucase, ou étaient Circassiennes ou Arméniennes comme les mères de Sultans ABDULMECID I et ABDULHAMID II , le « » boucher des Arméniens « » bien connu.
La majorité d’entre elles viennent de régions et de lieux bien précis : les généalogies modernes de la maison en indiquent 8 de Batoum, 4 de Poti et de
Gendj, 3 de Hope, de Tiflis, de Kars et de Szouchoun , ce qui fait penser qu’une attirait l’autre.
On notera avec curiosité qu’une grande partie de ces dames venaient de l’Empire Russe et étaient sujettes du Tsar.
A part l’achat direct, des ex-membres du harem se chargeaient également de recruter des jeunes filles , de les éduquer et de les offrir au harem.
On ne relate qu’une cérémonie de mariage, celle
entre ABDULMECID II et une ceraine Besma. On prétend que s’il s’avérait qu’une concubine avait été en tant que sujet ottoman « » libre « » et non esclave, une cérémonie secrète de mariage légalisait l’union.
…
Le sang des sultans :
Jetons un coup d’oeil sur le sang qui coulait dans les veines des Sultans, sans insister sur le rôle et l’influence directe des mères. Nous trouvons que des neufs premiers sultans , prédecesseurs de SULEYMAN I, cinq y compris OSMAN I provenaient d’un mariage conclu avec une Turque, quatre sont issus de mères chrétiennes, dont deux de mariages « »légaux » » : MURAD I
et BAYEZID I et deux – à ce qu’il paraît – d’esclaves :
MEHMED II et BAYEZID II, la mère de ce dernier était d’origine slave des Balkans. SULEYMAN I était fils d’une Circassienne.
Puis viennent les grandes sultanes – Validé : La Roxelane, Russe-Grecque; La Venier, Venitienne; la Saffye, Albano-dalmate; la Flatro, Chypriote, mères respectivement de SELIM II, MURAD III,
MEHMED III, et AHMED I. Les 3 frères OSMAN II, MURAD II et IBRAHIM avaient des mères Grecques. La mère des deux derniers est la plus connue de toutes les sultanes : Kösem Mâhpeyker; Russe fut la mère de MEHMED IV; celles de ses frères SULEYMAN II et AHMED II restent des esclaves inconnues; MUSTAPHA et AHMED III, frères utérins, nés d’une Vénitienne, née en Crète.
Des sultanes de la génération de MAHMUD I, une seule est connue, la mère d’OSMAN III, elle était Russe. SELIM III eut une Géorgienne comme mère. On ne connait pas celle de ses cousins et successeurs MUSTAPHA IV et MAHMUD II.
Ce dernier avait d’une Arménienne : ABDULMECID II et d’une Caucasienne ABDULAZIZ. Les derniers 5 sultans comptent parmi leurs mères 3 Circassiennes, une Arménienne et une Caucasienne.
Elles démontrent bien le changement qui eut lieu dans la
composition du harem après la 2 ème moitié du XVIII ème siècle. »
….
enfants, fils et filles:
Il n’est pas étonnant que la dynastie ottomane compte
parmi les dynasties les plus prolifiques du monde et il est impossible de dire ce qu’elle serait devenue, sans les meutres, la loi du « »fratricide » », celle du « » kafes » » et la restriction de la procréation à une seule personne.
Le chiffre que nous avons concernant les naissances de la famille n’est certainement pas complet : 497 en tout; 235 mâles, mais dont seulement 62 eurent une descendance qui se départage selon les 3 périodes : 1ère : 34 ; 2ème : 10 ; et 3 ème : 18.
Le sang des ottomans se propagea également par les filles, dont nous en connaissons 264. Dans la première période nous en avons un certain nombre mariées aux familles turques d’Anatolie, mais aucune avec des familles byzantines ou des Balkans. La question
qui se posait pour les Sultans après 1453 , celle de la disparition des familles égales, se posa également concernant le mariage des filles.BAYEZID II fut à l’origine d’une politique matrimoniale
bien concertée, qui visait à donner aux personnages importants ou influents de l’Empire une fille de la dynastie, liant ainsi la classe dirigeante au destin de celle ci. Il se créa donc par les filles une couche de la société, la plus haute et la plus importante, étroitement liée à la dynastie et à laquelle on
pouvait en toute tranquilité confier le gouvernement.
Quelques chiffres indicatifs à ce sujet . De BAYEZID II à MEHMED III, 16 ottomanes épousèrent des grands vizirs, 3 des kapudan-pachas , 20 des vizirs et autres pachas. Au XVII ème siècle, 10 grands vizirs furent alliées à des princesses ottomanes, 8 kapudan-
pachas, et 29 autres vizirs zt pachas.
Les mariages du XVIII ème siècle sont de 10 avec des grands vizirs, 4 avec des kapudan-pachas et 17 avec d’autres vizirs et pachas. Nous avons donc
en tout 36 grands vizirs, 15 kapudan-pachas et 66 autres vizirs et pachas qui sont soit gendres, soit beau-frères des Sultans.
Par l’intermédiaire de ces princesses, le sérail et surtout les Sultanes Validé, disposaient d’un instrument auquel se fier et par lequel gouverner.
La position de ces princesses étaient mportantes « »iure proprio » » ; elles gardaient les prérogatives
de la maison , pouvaient divorçer de leurs maris, mais ceux ci pas d’elles; ils ne pouvaient du reste entrer dans le lit conjugal que par le pied du lit – comme il était prescrit aux concubines des Sultans.
Les archives de Raguse contiennent les instructions
qui furent données aux ambassadeurs et qui n’omettent jamais de dresser la liste de toutes les princesses mariées , auxquelles il fallait remettre les « »présents d’usage » » en même temps qu’aux Sultan et Sultanes.
Il faut insister sur le fait qu’au XVIème et XVIIème siècles,tous ces hauts dignitaires – grands vizirs, vizirs, pachas et généraux – n’étaient que des Mahométants de fraîche date : soit des renégats, soit des ex-janissaires recrutés parmi les jeunes Chrétiens, ou tout au plus des Mahométants de la 1ère génération.
Au XIX ème siècle, la coutume des mariages avec les « »grands commis » » fut totalement abandonnée. On ne connaît plus qu’un seul grand vizir qui est le gendre du Sultan.
Si le rôle joué par la majorité des Sultanes sur le terrain politique est bien connu – et les récents dépouillements d’archives occidentales apportent de plus en plus d’information à leur sujet –
on ne se rend pas toujours bien compte du fait suivant :
simultanément à l’armée des Janissaires – ex-Chrétiens, l' » » armée des concubines » » d’origine Chrétienne et leur descendance, tant dans la dynastie que dans la couche gouvernementale , sont à la tête d’un Empire Islamique qu’elles influencent inconsciemment
où non, et en font un Empire des plus tolérants basé sur
l’autonomie des races et des religions – comme elles se reflètent dans le sang de la dynastie même .
Nous ne pouvons mieux faire en résumer qu’en établissant les quartiers des derniers Sultans .
Nous trouvons alors que la 1ère goutte de sang turc
n’apparaît qu’à la 13 ème génération et qu’elle n’est alors qu’UNE sur 8192 !!!!
Du point de vue généalogique, il sera difficile de trouver hors de l’Europe au moins une autre
famille aussi « »Européenne « » que la dynastie ottomane,
mais en même temps aussi diverse. »
********************************************************
Fin de la communication du comte Rudt de Collenberg que certains pourront trouver longue, j’ai pensé qu’à l’occasion du message sur le magnifique ouvrage de Philip Mansel , Splendeurs des Sultans, qu’une étude de la plus prestigieuse dynastie – en plus elle possedait le Califat – du monde islamique , pouvait trouver sa place.
On y trouve des curiosités comme le pouvoir des princesses Ottomanes, que le Sultan auteur du « génocide » Arménien était lui même aux
trois quart Arménien ! ( sa mère et la mère de son père étaient Arméniennes ! ) etc…
Bien cordialement
Anais
12 mars 2010 @ 12:25
Le livre semble très intéressant. Je vais me renseigner pour l’acheter.
Nicole
12 mars 2010 @ 12:29
Dominique, un cours d’histoire. Magnifique. Je vais relire avec attention tout cela. Merci encore.
Dominique Charenton (Royauté2)
12 mars 2010 @ 13:55
Bonjour,
Le sultan Abdulmecid Ier (1823-1861) vu par Prosper Mérimée dans une lettre écrite à F. de Saulcy (1807-1880) , polytechnicien, archéologue, numismate,
sénateur en 1859, qui fut président d’honneur de la Société Française de Numismatique en 1868, succédant au prince Alexandre de Hesse.
» Malte 1er décembre 1841, du Lazaret
Je profite de la peste dont je suis véhémentement soupçonné, mon cher ami, pour vous donner des nouvelles..
…..
Que vous dirai-je de Constantinople ?……La procession du Baïram m’a assez amusé, bien qu’à tout prendre cela ressemble à Robert le diable joué à Carpentras.
Le directeur n’ a pas les moyens de suffire à la mise en scène et c’est un mélange assez pitoyable de misère et de clinquant. J’y attrapai un fameux coup de poing
d’une turquesse que je pressais involontairement dans la foule.
Le sultan [ Abdulmecid Ier (1823-1839-1861) ] à l’air effouté [?], chétif, c’est le digne représentant d’un peuple qui s’en va. L’année dernière il s’évanouit en faisant sa prière, sur quoi son médecin l’avertit de se ménager et de ne pas s’occuper de son harem. Alors S.H. ( son hautesse disait le général Gardanne ) lui montrant
ce que de Witte, appelle un ithyphallus, lui dit : voyez si je m’épuise lorsqu’il me reste encore cela.
Vous ne sauriez imaginer rien de plus drôle que les Turcs dans leur nouvel accoutrement. La procession du Baïram offrait un échantillon de tous les costumes approprées aux différens emplois. Vous y auriez vu les
maréchaux brodés sur toutes les coutures, à cheval avec des souliers en pantoufle,…..cinq à six pousts pahas à trois queues, un chanteur amiral, etc.etc. Telle est la cour turque.
Le Sultan passe dans une rue et voit un garçon de
café qui lui plait, il le fait venir au sérail, le traite comme une aiguille et en fait son ministre de l’instruction publique lorsqu’il est devenu trop large pour le satisfaire. »
in Prosper Mérimée, Correspondance générale, volume III, 1943, pages 138 et 139
Jocelyne Choquette:.
12 mars 2010 @ 14:24
Merci beaucoup pour cet exposé historique. Très intéressant !
Dominique Charenton (Royauté2)
12 mars 2010 @ 15:45
Une précision au message 3,
« Sultan auteur du “génocide” Arménien était lui même aux
trois quart Arménien ! ( sa mère et la mère de son père étaient Arméniennes ! ) etc… »
Il s’agit d’Abdul Hamid II (1842-1918)qui régna de 1876 à 1909, dit le » sultan rouge » à cause du 1er massacre d’arméniens qu’il ordonna en 1895 où 200000 arméniens trouvèrent la mort et de nombreux autres furent islamisés de force et qui précéda celui de 1915
martine
12 mars 2010 @ 19:00
Et,ben, Dominique,pour un cours d’histoire sur les sultans de la Turquie,il est fameux et bien écris.
Dans mes livres »le harem » et »l’histoire de la Turquie »il y a ces passages avec toute la généalogie des sultans(épouses,enfants etc)avec détails(meurtres trahisons,esclaves etc)et ,également le compte-rendu du livre cité.
Mes livres n’ont pas….192p,mais 600p l’un et l’autre 380p,des photos super avec récits,achetés à la fnac de Lyon,il y a 12ans.
vincent meylan
12 mars 2010 @ 19:21
Dominique Charenton,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre commentaire et je souhaiterais revenir dessus et en savoir plus.
Je n’ai pas d’opinion très définie sur la fameuse sultane blanche, épouse du sultan Abdul Hamid 1er, mère présumée du sultan Mahmoud, souvent présentée comme Aimée Dubucq de Rivery, cousine de l’impératrice Joséphine. Mais évidemment cette « légende » me fascine depuis longtemps.
Je n’ai que deux témoignages à apporter à ce sujet :
La famille ottomane, d’après ce que certains de ses membres m’en ont dit, l’a semble t-il, toujours tenu pour valable.
En tout cas, c’était l’opinion des descendants du dernier sultan (Vahideddin) et du dernier calife (Abdul Mejid).
Le deuxième élément est l’énigme de son site funéraire qui est aujourd’hui inclus dans l’enceinte d’une école coranique et auquel nul ne semble pouvoir accéder. J’en ai fait l’expérience moi-même. On ne peut y entrer, alors que le monument existe. On peut au plus épier par les fenêtres extérieure que le monument contient bien un tombeau.
La tradition, et l’explication que certains vous donnent à Istanboul de l’ « omerta » qui entoure ce monument est que la sultane Nakshidil (son nom ottoman) était chrétienne et que son nom exact est mentionné sur la plaque qui se trouve au pied du monument.
Cela vaut ce que çà vaut. Mais j’ai toujours pensé qu’il serait intéressant, sur le plan historique, d’avoir accès à ce tombeau, pour vérifier la fameuse plaque. Peut être la solution de l’énigme est elle là, ou pas ?
A votre avis, comment s’est créée cette légende ? Quand à t-elle débutée ? Je ne pense pas qu’elle remonte à Lesley Blanch qui l’évoque longuement dans son livre, « the wilder shores of love ».
Je vous trouve d’ailleurs un peu dur avec cette dame qui a tout de même écrit de très jolies choses.
Avez-vous d’autres infos à ce sujet ?
Cordialement
Vincent Meylan
Nemausus
12 mars 2010 @ 21:39
Bonsoir,
je vous conseille en effet ce livre que je possède déjà (édition de 1990 aux éditions Balland et en français) : il y a de très nombreuses photos en N&B des différentes monarchies du proche et moyen-orient.
francesca
12 mars 2010 @ 22:47
Merci à Dominique Charenton pour son résumé très succint du programme d’agrégation d’histoire de 2004. Simple, facile à lire en diagonale. Bravo.
Rien d’exotique, ma très chère Caroline. De l’histoire que nous nous devone de connaître avant d’avancer la moindre opinion.
Je vous conseille la merveilleuse expo de l’IMA sur les trésors du monde de l’Islam de ces époques.
shandila
13 mars 2010 @ 17:56
Un très grand merci à Dominique Charenton, pour toutes ces informations.
Cela donne vraiment envie d’en découvrir plus.
cisca
13 mars 2010 @ 21:05
Livre remarquable, à acheter si vous le trouvez encore.