À la fin du XVIIIe siècle, la période révolutionnaire avait jeté les princes français sur les routes de l’exil. Tandis que la branche aînée des Bourbons sillonnait le nord de l’Europe jusqu’aux marches de la Russie, le duc d’Orléans, avec ses frères le duc de Montpensier et le comte de Beaujolais, de 20 ans plus jeune que les comtes de Provence et d’Artois, tentèrent l’aventure au Nouveau-Monde. La jeunesse du futur roi des Français relève de l’épopée.
En 1792, le citoyen Chartres, ci-devant prince du sang de France, avait mis son épée au service de la jeune République et combattu à Valmy parmi les sans-culottes. Un an après, le vent avait tourné et l’exécution du citoyen Philippe Égalité, ci-devant duc d’Orléans, fit peser de lourdes menaces sur sa progéniture. L’ex-duc de Chartres, devenu duc d’Orléans de droit, s’embarqua pour l’Amérique.
Acteur de la Révolution française, Louis-Philippe d’Orléans ne pouvait que jeter l’ancre là où éclata la Révolution américaine. C’est ainsi qu’il vécut à Boston et que la ville en garde le souvenir.
Situé 41 Union Street, sur la Piste de la Liberté («Freedom Trail»), Ye Ole Union Oyster House est le plus ancien restaurant en activité d’Amérique du Nord. Il offre un service ininterrompu depuis 1826. Trente ans avant la fondation du restaurant, Louis-Philippe d’Orléans habita dans la maison qui abrite encore ce rendez-vous des gastronomes et des curieux férus d’histoire. Pour y survivre, le prince enseigna le français aux dames de la bonne société de Boston.
Au second étage (le premier, en fait, mais le rez-de-chaussée est considéré aux États-Unis comme étant le premier étage), un petit buste fait mémoire de la présence en ces lieux de l’hôte princier. Celui-ci ne représente pas le jeune homme qu’il était à la fin du XVIIIe siècle, mais le souverain dans son grand âge, revêtu d’une majesté royale à laquelle il n’était pas destiné quand il était simple professeur de français, expatrié comme bon nombre de nos contemporains.
Louis-Philippe d’Orléans fut toujours un prince en avance sur son temps. Les Américains étant, comme on le sait, fâchés avec l’Histoire, Louis-Philippe y est titré Roi de France (« King of France ») et non Roi des Français (« King of the French »). Une dernière élévation sociale en forme de clin d’œil pour celui qui ravit sa couronne au dernier Roi de France, Charles X.
L’établissement perpétue aussi le souvenir du « Roi d’Amérique ». John F. Kennedy était, en effet, un habitué des lieux et s’asseyait toujours à la même table, sise à l’étage où vécut Louis-Philippe d’Orléans. Ainsi le touriste éclairé peut-il s’imaginer dans l’entourage de deux illustres personnages qui, à 150 ans d’Intervalle, traînèrent leurs guêtres au même endroit.
C’est aussi dans ce restaurant que, pour la première fois, il fut fait usage du cure-dent, objet provenant d’Amérique du Sud. (merci à Actarus pour ce reportage à Boston -Article dédié à Charles)
Francine du Canada
8 août 2014 @ 06:39
Merci à Régine et à Actarus pour cet article et ces photos; toutefois, j’aurais vu (et apprécié) une dédicace à Gustave… bien plus qu’à Charles (qui a, quant à lui, tellement d’occasions) mais, puisqu’il s’agit de « votre site », je comprends très bien que vous le meniez comme vous l’entendez. FdC
Régine
8 août 2014 @ 06:48
L’article est dédié à Charles de la part d’Actarus
aubert
8 août 2014 @ 08:23
et il y a dans cette dédicace le signe d’une subtile courtoisie digne d’Actarus comme de Charles.
Charles
8 août 2014 @ 11:04
Francine
Si cette si gentille dédicace d’Actarus vous a contrariée, j’en suis vraiment désolé pour vous !
Pour ma part, j’ai été touché par cette sympathique attention du facétieux Actarus.
*gustave de montréal
8 août 2014 @ 12:45
Gustave avoue honteusement qu’il n’a jamais visité Boston étant depuis toujours attaché à New York pour son Metropolitan Opera.
Francine du Canada
8 août 2014 @ 17:02
Pas grave mon cousin, nous irons ensemble et je serai votre guide : Nous irons nous promener du côté de Beacon Hill où il y a de superbes maisons victoriennes et au Quincy Market qui est une place très animée et l’incontournable « quartier des irlandais » et nous dinerons dans ce fameux restaurant tout en discutant de Louis-Philippe et des magnifiques opéras auxquels vous avez assistés à New York et ailleurs. Comme ce sera plaisant ce voyage.
Charles, je ne suis pas contrariée du tout et j’espère ne pas vous avoir vexé par cette remarque (pas très diplomate de ma part) et je vous présente mes excuses. Je vous aime bien et vous présente mes amitiés. Je voulais faire un clin d’oeil à Gustave et j’ai complètement raté la cible. ;-))) FdC
Charles
9 août 2014 @ 09:58
Francine,
Tout cela fait parti du passé et n’est pas bien grave.
Je vous apprécie également.
Bien à vous,
Charles
Actarus
8 août 2014 @ 20:50
Gustave de Montréal est donc aussi Gustave de New York. Si je fais un reportage dans la grosse pomme, je le lui dédierai. Pareil pour Francine si je vais à Québec ou à Chicoutimi. ^^
Francine du Canada
10 août 2014 @ 12:09
;-))) Actarus, Gustave, Charles et tous les autres. FdC
Sigismond
11 août 2014 @ 07:30
« Dans la grosse pomme », actaruse ? ♪♫♪♫ et des scoubidous ;-)))
DEB
8 août 2014 @ 07:19
Je savais qu’il était venu aux USA mais grâce à vous, Actarus, j’apprends les détails de son séjour.
C’est épatant !
Palatine
8 août 2014 @ 08:09
Très intéressant. Je rappelle que si Louis-Philippe put se débrouiller partout, en Amerique et en Suisse, c’est grâce à l’éducation de premier ordre dispensée par sa gouvernante Madame de Genlis.
clementine1
8 août 2014 @ 16:26
n’oublions pas la Norvège.
Damien B.
8 août 2014 @ 08:25
Excellent article Actarus ! J’aime beaucoup cette évocation richement illustrée de l’épopée de Louis-Philippe à Boston.
Au soir de sa vie le dernier roi des Français racontait volontiers à ses petits-fils belges (le duc de Brabant et le comte de Flandre) qu’il avait donné des cours dans sa jeunesse.
Actarus
8 août 2014 @ 21:05
Ce compliment me touche particulièrement, merci Damien.
Damien B.
9 août 2014 @ 07:26
C’est amplement mérité Actarus et j’espère que ton premier reportage sera suivi de nombreux autres.
Bien amicalement,
Damien
agnes
8 août 2014 @ 08:52
Sympa l’article, Actarus arrive à faire sourire même avec un article historique.
HRC
9 août 2014 @ 01:11
jolie remarque, Agnès !
flabemont8
8 août 2014 @ 10:23
Voici une histoire très intéressante , que j’ignorais . Merci Actarus pour ce reportage et pour les photos qui l’accompagnent .
Charles
8 août 2014 @ 10:37
Merci du fond du cœur cher Actarus de m’avoir si gentiment dédié ce sujet. C’est très sympa de votre part et cela me touche car vous savez à quel point je suis attaché aux princes de la Maison d’Orléans.
Bien à vous,
Charles
*gustave de montréal
8 août 2014 @ 16:12
mais pas aux huîtres ?
Actarus
8 août 2014 @ 20:55
Cher Charles,
comment ne pas vous dédier ma toute première contribution pour Noblesse & Royautés, à vous le fidèle de la première heure et compte tenu du sujet si particulier.
J’ai adoré mon petit séjour à Boston et cela m’a ému de mettre mes pas dans ceux de si glorieux personnages. Je ne pouvais pas faire autrement que d’en livrer ici une relation pour en faire profiter tout le monde, vous en premier.
Nous pouvons ne pas être d’accord sur tout – mais l’ennui naquit un jour de l’uniformité – nous n’en demeurons pas moins des hommes du monde et, pour une fois, j’abandonne le ton facétieux qui est ma marque de fabrique pour vous dire que je suis enchanté de vous avoir fait plaisir.
Bien à vous,
Actarus
Charles
9 août 2014 @ 10:04
Merci Actarus pour votre aimable message.
Je vous confirme bien volontiers que votre petit sujet m’a bien fait plaisir.
Bien à vous,
Charles
Tonton Soupic
8 août 2014 @ 12:10
Astaruc, je vous remerice de cet article sur notre cher Louis Philippe VI à Boxon. C’est un épisodique mal connu de l’Histoire d’Orléansville et de ses royaux habitants, qui régneront bientôt sur la France. Allez Babar !
COLETTE C.
8 août 2014 @ 13:06
Très intéressant ! Je découvre…
Gérard
8 août 2014 @ 14:43
Merci Actarus pour cet article et ces photos.
tody
9 août 2014 @ 13:30
Vive le Roi!
Dominique Charenton
9 août 2014 @ 17:56
Le journal du voyage de Louis Philippe a été publié en 1976; Un extrait :
» Le 15 [ mai 1797]. Nous [ Louis Philippe et ses frères le duc de Montpensier et le comte
de Beaujolais et le fidèle Beaudoin ] vînmes toujours chez les Barrens dîner chez le capitaine Chapman et nous y passâmes la journée pour donner encore un demi-jour de séjour à nos chevaux. …..il me dit qu’il était bizarre que quatre Français comme nous voyageassent dans ces pays perdus (back countries) …
Je ne veux pas omettre de rapporter ici ce dont nous avons été témoins chez le capitaine Chapman. Il n’y avait que deux lits dans la chambre qui formait toute la capacité de la maison et on ne nous accordait que ce qu’on appelle ici house-room, c’est à dire la permission d’étaler ses couvertures sur les planches inégales qui forment le plancher sur les deux côtés de la chambre et nos couvertes arrangées de manière à être tous les quatre de front entre les deux lits, les pieds u feu. Le capitaine Chapman se mit dans un lit avec sa femme , ce qui nous parut très simple. Une jeune fille assez jolie que nous savions n’être pas mariée, se mit dans l’autre et cela nous parut encore très simùple. Un jeune garçon bien découplé, âgé de
20 à 22 ans, arriva peu après, pendant que nous nous arrangions dans nos couvertures, sans autre cérémonie, il se déshabilla et se campa dans le lit de la fille, et quoique très naturel assurément, cela commença à nous causer quelque étonnement. Cela ne fit point le même effet sur le capitaine qui pour se délasser des fatigues du jour avait entamé avec sa femme une conversation dont nous étions le sujet ( quoique présents) et où il nous trouvait de drôles de gens de quitter notre home et d’endurer toutes les fatigues d’un voyage pénible pour voir des déserts, des sauvages et mille choses qu’il avait bien quelque raison de ne pas trouver dignes de tant de peines. L’attitude familière que le jeune homme prit avec sa fille ne le dérangeait pas davantage.Son autre fille souffla la chandelle et vint se placer dans le lit des jeunes gens de manière à ce que le garçon fût entre deux. Cela nous parut encore assez
extraordinaire; mais la conversation matrimoniale n’en continua pas moins. Quant à nous qui observions avec assez d’attention tout ce qui se passait, nous vîmes sur notre gauche à la lueur du feu qui brûlait encore, le jeune homme et la première fille se relever, s’asseoir sur le pied du lit, en un mot nous vîmes tout ce qu’on peut voir, et le moulin à paroles paternel continua son train comme auparavant.Qu’on qualifie les romans de M.Crévecoeur !!!!! »
NB : M.Crèvecoeur est l’auteur de Lettres d’un cultivateur américain, 1783, qui donne une vision idéale de la vie en Amérique.
in Louis-Philippe : Journal de mon voyage en Amérique, 1976 pages 134 à 137
Gérard
11 août 2014 @ 13:50
Une nuit mémorable donc pour nos jeunes princes…
Tonton Soupic
9 août 2014 @ 21:43
Actarus, si vous faites un reportage sur les coquillages des Marquises, me le dédicationnerez-vous s’il vous pliz ?
Mayg
10 août 2014 @ 22:41
Merci et felicitations a Actarus pour ce reportage.
kalistéa
14 août 2014 @ 20:33
Cher Actarus, c’est pour moi émouvant de revoir cet endroit où j’ai déjeuné il y a une quinzaine d’années.J’ai loupé l’épisode Louis-Philippe je pense car je ne me souviens pas de ce buste.Je suis arrivée en retard et confuse d’avoir fait attendre les amis qui voyageaient avec moi, j’étais troublée je présume, et nous avons eu du mal à trouver une place.On nous a surtout parlé de l’ancienneté de cette maison…Voilà que grace à vous la lacune est comblée.Merci beaucoup.
Bon long WE de 15 âout. K.