Les Jardins du Temple de Debod, couvrant une superficie de 7 hectares, sont édifiés sur la colline de Principe Pio (ou Montagne du Prince Pio), délimitée au nord par la promenade del Pintor Rosales, à l’ouest et au sud par la pente de la rue d’Irun et à l’est par la rue de Ferraz.
Inaugurés le 20 juillet 1972, ils ont été conçus (par Manuel Herrero Palacios) pour abriter le temple égyptien.
Cette colline a été rendue tristement célèbre en 1808, pour avoir été le lieu d’exécution des espagnols révoltés contre les troupes napoléonniennes.
Une plaque y fait référence, ainsi que le fameux tableau de Goya « El Tres de Mayo » (ou « Los fusilamentos »), conservé au Musée du Prado. Il y eut également, à cet endroit, le soulèvement militaire de juillet 1936, qui allait donner lieu à la guerre civile espagnole.
Le Temple de Debod, situé dans les Jardins du même nom, vient d’une région désertique au sud de l’Egypte antique. Entre 200 et 180 avant J.C., Adijalamani, roi nubien de Meroe, ordonna la construction d’un temple à Amon (considéré comme le roi des Dieux)… plus connu par la suite comme Temple de Debod.
L’axe de l’entrée est également celui de la symétrie, propre à l’architecture religieuse égyptienne, qui se lit en façade malgré l’addition d’une salle sur la gauche.
Cette dernière avait probablement la fonction d’un « mammisi », un petit sanctuaire annexe des grands temples ptolémaïques et servant à la célébration de la naissance divine de Pharaon. Son accès se fait par le vestibule qui dessert également la chapelle d’Adijalamani.
Dans cette chapelle, on peut voir un bas-relief montrant le roi nubien Adijalamani offrant un plateau d’aliments au dieu Harpocrate et à la déesse Ouadjet.
Sous la présidence de Nasser, l’Egypte se lance, en 1954, dans la construction du haut barrage d’Assouan. Les eaux du lac ainsi généré vont alors engloutir la région de Nubie, vallée du Haut-Nil depuis Assouan jusqu’à la cataracte de Dal, au Soudan.
Cette dernière recélant de nombreux sites archéologiques, les gouvernements égyptien et soudanais demandent l’aide de l’UNESCO afin de sauver ces sites. Et une vaste campagne internationale est alors engagée.
Une équipe d’archéologues espagnols sauve ce temple en 1960 en le démantelant, le rapportant pierre par pierre, puis le reconstruisant à son emplacement actuel après que le gouvernement égyptien l’ait offert à l’Espagne en 1968. Il est à noter qu’il est installé sur cette colline, avec la même orientation par rapport au soleil que celle qu’il avait à son emplacement d’origine.
De l’extrémité de ce jardin on a une vue époustouflante sur la ville de Madrid, et plus particulièrement sur la Cathédrale de la Almudena et le Palais Royal.
Des « gardiens » plus que des policiers à cheval font la ronde régulièrement… mais l’atmosphère est bon enfant : des familles, des jeunes lisent ou même pique-niquent.
Ce temple égyptien dans la capitale espagnole est évidemment surprenant : on peut dire que c’est le monument le plus ancien de Madrid… tout comme l’obélisque de la Concorde l’est à Paris. (merci à Pistounette)
Florence Bouchy-Picon
15 février 2022 @ 00:59
La photo représentant le palais royal et l’Almudena ressemble à une peinture de Jean-Michel Houasse.
JAusten
15 février 2022 @ 01:02
Merci pour la découverte. Je ne connaissais pas du tout
Pistounette
15 février 2022 @ 05:42
Normalement autour du Temple se trouve une étendue d’eau, telle qu’on peut le voir sur la dernière image : j’ignore pourquoi il n’y en avait pas lorsque j’ai visité ce jardin, et pris ces photos en mai 2019.
Les indications que je mets se trouvent sur des panneaux explicatifs apposés sur les côtés du jardin.
Ciboulette
15 février 2022 @ 07:55
Merveilleusement mis en évidence , il semble vraiment surgir des sables du désert . J’ignorais son existence à Madrid , en revanche je me souviens de la campagne de sauvetage du site d’ Abou Simbel par les équipes de Christiane Desroches-Noblecourt , sous l’égide de l’Unesco , et des temples de l’île de Philae .
Pascal M
15 février 2022 @ 09:13
Et dire qu’il y a quelques années nous sommes allés visiter cette belle ville, sans connaître l’existence de ce site…
Merci à Pistounette pour cet article plaisant et détaillé:):)
Pistounette
15 février 2022 @ 18:40
Pascal M,
J’ai découvert ce jardin un peu par hasard, en « musardant » (comme j’aime le faire) après avoir visité la Cathédrale de la Almudena et le Palais Royal, qui ne sont qu’à quelques centaines de mètres. Intriguée… j’ai fait quelques recherches !
Arielle
15 février 2022 @ 09:18
Très intéressant, merci.
Beque
15 février 2022 @ 12:21
Plusieurs pays occidentaux s’alarment du sort des monuments du sud de l’Egypte lors de la construction du barrage d’Assouan, en 1960. On cherche d’abord à sauver le temple d’Abou Simbel. L’Espagne, les Pays-Bas et l’Italie donnent de l’argent. Reconnaissant, Nasser décide de récompenser l’Espagne en lui offrant un monument. Le temple de Debod est démonté et transporté, pierre par pierre, sur l’île Eléphantine sur le Nil en face de la ville d’Assouan, l’année suivante. Le temple « en kit » restera là pendant neuf ans jusqu’au mois d’avril 1970 quand les blocs de pierre descendront le Nil jusqu’au port d’Alexandrie. Les pierres du temple furent embarquées à bord du bateau à vapeur Benisa et parvinrent dans le port de Valence, douze jours plus tard. Deux semaines après, le monument de l’Egypte méridionale trouve sa destination actuelle.
Jean Pierre
15 février 2022 @ 18:19
Nasser ne pouvait rien refuser à son ami Franco.
Silvia 2
15 février 2022 @ 13:03
Et oui, il est sur le site de la ville de Madrid, peu visité. C est tout de même un monument retiré d Égypte,
Et ce à la moitié du XX siècle. Et surtout c est Franco qui l a reçu en cadeau…l Espagne recevait ce « cadeau » pendant que nombre de sa population émigrait en Europe car trop pauvre!! J espère qu un jour ce site retrouvera son pays.
Esquiline
15 février 2022 @ 13:58
Coïncidence, samedi passé le magazine Mediterraneo diffusait sur Rai Tre un reportage sur le déplacement des habitants de la Nubie auxquels on a donné moins d’attention qu’aux monuments et qui vivent encore aujourd’hui dans la précarité de l’éternel provisoire.
Ceci dit n’étant passionnée que par les pays qui ont un riche passé antique chaque sauvegarde de ces précieux vestiges me réjouis.
Aldona
15 février 2022 @ 14:18
Merci Pistounette, la dernière photo avec cet éclairage donne un mystère à ce lieu
Beque
15 février 2022 @ 19:55
Oui, elle est magnifique, cette photo : prise par vous, Pistounette ?
Pistounette
16 février 2022 @ 08:58
Non, Beque, j’ai pris cette photo sur internet car, ainsi que je le dis plus haut, il n’y avait pas d’eau autour du temple quand j’ai visité le jardin, en mai 2019… et je ne sais pas pourquoi !
Beque
16 février 2022 @ 18:20
Pistounette, en 2019 on pouvait encore voyager où on voulait !
Danielle
15 février 2022 @ 14:36
Le premier site que j’ai visité lors de mon circuit en Espagne en 2019, très beau et une histoire étonnante.
Florence Bouchy-Picon
15 février 2022 @ 23:53
Rectification d’une erreur sur le prénom ce peintre du XVIII ème siiècle se nommait Michel Ange Houasse et la peinture que je cite est ‘ »L’oiseleur ».