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Les regalia de l’Empire héréditaire furent constituées plusieurs siècles avant la proclamation de l’Empire héréditaire d’Autriche en 1804. Elles sont composées de pièces réalisées et conservées à Vienne par les empereurs des romains Ferdinand Ier (1556-1564) et Maximilien II (1564-1576) ainsi que de pièces réalisés et conservées à Prague par les empereurs Rodolphe II ( 1576-1612) et Mathias Ier ( 1612- 1619). C’est l’empereur Mathias qui réunit à Vienne les deux trésors. Ces joyaux formèrent à partir de 1804 les regalia de l’Empire héréditaire d’Autriche et figurèrent sur les armes impériales d’Autriche jusqu’en 1918.

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La Couronne impériale d’Autriche est à l’origine une couronne privée qui fut fabriquée à Prague en 1602 à l’attention de l’empereur Rodolphe II. L’idée de faire fabriquer cette couronne était venue du fait que la couronne impériale, tout comme les autres insignes impériaux, n’était utilisée que pour la cérémonie de couronnement et ne pouvait être portée le reste du temps par le roi ou l’empereur. Si donc un monarque voulait porter une couronne en-dehors de la cérémonie de couronnement, il lui fallait en faire fabriquer une.

Rodolphe II ne fut pas le seul empereur à se faire fabriquer une couronne privée ; néanmoins, la plupart des couronnes privées furent détruites après la mort de leur propriétaire et la matière en fut réutilisée pour une autre œuvre d’art. À la mort de l’empereur Rodolphe II en 1612, sa couronne privée ne fut pas détruite en raison de sa beauté et de sa valeur artistique exceptionnelles, et elle compta dès lors parmi les couronnes de la maison des Habsbourg. Elle fut utilisée entre autres lors du couronnement de Joseph II.

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Le 11 août 1804, voyant venir la dissolution du Saint Empire romain germanique sous la menace de Napoléon, l’empereur François II proclama la naissance de l’Empire d’Autriche, qu’il dirigea par la suite sous le nom d’empereur François Ier. Il choisit la couronne de Rodolphe II pour représenter le tout nouvel Empire d’Autriche, élevant cette couronne, presque deux siècles après sa fabrication, du rang de couronne privée non officielle à celui de Couronne impériale officielle. Elle conserva son titre et son utilisation de Couronne impériale jusqu’à la fin de l’Empire d’Autriche, après la Première Guerre mondiale. Elle ne fut néanmoins jamais utilisée lors d’un couronnement, l’Empire d’Autriche ne prévoyant pas de cérémonie de couronnement pour ses nouveaux empereurs.

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La couronne est composée de trois parties fondamentales : un diadème orné d’une couronne de lys en forme de couronne royale ; un arc diamétral semblable à celui de la Couronne impériale du Saint Empire romain germanique ; et une mitre dérivant des coiffes traditionnelles portées par les évêques dans de nombreuses églises catholiques. Chacune de ces trois parties porte son propre message : le diadème symbolise le double règne de Rodolphe en tant que roi de Bohème et de Hongrie. L’arc diamétral évoque à la fois les empereurs romains et la Couronne impériale du Saint Empire romain germanique. Enfin, la mitre rappelle le droit divin à l’origine du pouvoir de l’empereur, représentant du Christ sur terre.

Le plus marquant est sans doute la splendeur des reliefs gravés sur les quatre faces de la mitre, représentant les couronnements à Ratisbonne, Bratislava et Prague ainsi que la victoire contre les Turcs, qui sont les quatre principaux titres de Rodolphe II : général, empereur, roi et à nouveau roi. On remarquera par ailleurs l’émail merveilleusement travaillé par l’orfèvre Jan Vermeyen d’Anvers, ainsi que la riche bordure de perles et de pierres précieuses.

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Les regalia impériales d’Autriche comprennent aussi un globe d’or, probablement réalisé par Andreas Osnabruck dans l’atelier d’art de la cour impériale à Prague. Il fut commandé avec le sceptre par l’empereur Mathias Ier (1612-1619).

D’une hauteur de 27cm, il est en or, émail, diamants, rubis et perles et possède un saphir sur le sommet symbolisant, de même que pour la couronne et le sceptre, le lien entre l’empereur et le Ciel (lequel confie son pouvoir terrestre au souverain).

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Le sceptre, d’une longueur de 75cm, est en corne de narval pour le manche, émail, diamants, rubis et perles et se termine lui aussi par un saphir.

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Suite à la proclamation de l’Empire, François Ier fit réaliser un manteau du couronnement, symbole de sa souveraineté. Il fait désormais partie des regalia et en est la pièce la plus récente.

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La couronne ou bonnet archiducal fut commandé en 1616 à un orfèvre de Prague par l’archiduc Maximilien III Ernest, commandeur de l’ordre des chevaliers teutoniques pour l’Autriche. Il le remit dès cette époque à l’abbaye de Klosterneuburg afin d’être conservé auprès des reliques de Saint Léopold, patron de l’Autriche.

Le chapeau servira à tous les hommages d’obédience des souverains d’Autriche au palais de la Hofburg de 1619 à la dernière cérémonie d’obédience réalisée en 1835 sous l’empereur Ferdinand Ier. C’est donc une copie qui est conservée auprès des regalia dans le trésor de la Hofburg.

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La couronne d’Étienne Bocksay est peut-être la pièce la plus surprenante du trésor. Elle fut réalisée en Turquie au début du XVIIe siècle en or, rubis, émeraudes, turquoises et perles. Cette couronne fut offerte par le sultan ottoman Ahmet Ier (1603-1617) à son allié Istvan (Étienne) Bocskay comme attribut de souveraineté lorsque celui-ci devint prince de Transylvanie. C’était un ennemi de la suzeraineté des Habsbourg en Hongrie car il était fidèle au protestantisme.

L’action d’Étienne obligea Rodolphe II à reconnaître en 1606 l’indépendance de la Transylvanie mais il mourut prématurément. L’archiduc Mathias qui succédera à Rodolphe II, rétablit l’ordre en Hongrie et Transylvanie et s’empara de la couronne d’Étienne Bocksay comme butin de guerre. Il la rapporta à Vienne en 1610 et depuis lors, elle fait partie du trésor des empereurs d’Autriche.

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Beaucoup moins spectaculaires, quelques bijoux créés au XIXe siècle rappellent le souvenir des principales personnalités féminines de la famille impériale. Parmi eux, une parure de l’archiduchesse Sophie se compose d’un collier et de boucles d’oreilles en or, argent, diamants, émeraudes et topazes.

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Des nombreux bijoux portés par l’impératrice Élisabeth, seuls quatre joyaux sont conservés à la Hofburg. Ce sont trois broches et une bague, composées d’or, d’argent, de diamants et de perles.

A la mort de l’impératrice, ses bijoux ont été donnés par l’empereur à ses deux filles et sa petite-fille Erzi, entraînant leur dispersion.

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Le bracelet de l’impératrice Charlotte rappelle le souvenir de l’éphémère impératrice du Mexique. Il est composé d’or, d’émaux et de diamants et fut certainement réalisé en France au milieu du XIXe siècle.

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Autre pièce de taille, dans le trésor des Habsbourg, le berceau du roi de Rome symbolise à lui seul la richesse de l’Empire de Napoléon Ier.

Lorsque ce dernier fut contraint à l’exil sur l’île d’Elbe, puis à Sainte-Hélène, l’impératrice Marie-Louise qui était aussi archiduchesse d’Autriche, rentra à Vienne avec son fils et quelques effets personnels dont ce splendide berceau.

La naissance de l’héritier de la Couronne le 20 mars 1811 fut une grande joie pour l’empereur Napoléon, et toute la partie de l’Europe placée sous son pouvoir fêta l’événement avec lui. La ville de Paris offrit à l’impératrice Marie-Louise un berceau royal fabriqué avec plus de 280 kg d’argent.

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L’iconographie du berceau fait l’apologie du règne de Napoléon et symbolise les grands espoirs placés en son fils. Le berceau repose sur des cornes d’abondance, symboles du bon gouvernement et de l’abondance.

La force et la justice sont représentées par deux petits anges. Plusieurs abeilles décorent le berceau ; les abeilles sont à la fois le symbole du zèle du peuple parisien, et l’emblème de l’empereur Napoléon.

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D’un côté du lit, on peut voir la légendaire louve de Rome (évoquant le titre royal de l’enfant), de l’autre, la déesse de la Seine, rappel du lien de la ville de Paris avec Napoléon François Charles, le nouveau-né.

Une déesse de la Victoire couronne le berceau d’une couronne de laurier et d’une couronne d’étoiles. La couronne de laurier évoque la couronne impériale française portée par Napoléon, tandis que la couronne d’étoiles représente la gloire de la France sous le règne de Napoléon.

La plus grande étoile de la couronne porte un « N » pour « Napoléon« , qui était en son temps pour la France l’étoile la plus brillante du firmament ; au pied du lit, un aiglon qui ne sait pas encore voler lève les yeux vers cette étoile. Ce détail symbolise l’espoir que Napoléon François Charles connaisse un jour la même gloire que son père. Une gloire qui fut de courte durée pour Napoléon, mais une valeur inestimable pour ce berceau qui mérite une belle place parmi les trésors des empereurs d’Autriche. (Merci à Francky pour cet article et ses photos)