Le cabinet de Pierre Gole est un vestige rare et précieux du premier mobilier du château de Versailles. Il se compose de bois d’ébène et de palissandre marqueté de cuivre et d’étain. Il a été offert par le roi Louis XIV à sa favorite Mademoiselle de Fontanges. Il est aujourd’hui au musée Jacquemart-André. (© Culturespaces / S.Lloyd)
luigi
15 février 2021 @ 01:13
Offert à « la Fontanges », belle comme un ange, sotte comme un panier », la pauvrette n’aura pas connu longtemps ce précieux mobilier…..
Robespierre
15 février 2021 @ 16:33
Vous soulevez un fameux lièvre, cher Luigi. Fontanges était tout ce que vous dites, et même plus, car elle avait de grandes prétentions et voulait être duchesse, déjà après quelques étreintes royales. Elle aimait l’argent. Ce coffret à bijoux (je ne l’ai pas remarqué quand je suis allé à ce musée) devait coûter très cher, et parfois on aime imaginer ce qui serait arrivé si Angélique avait vécu. Un règne absolu, avec un roi vieillissant fou d’elle et super généreux, et la Maintenon probablement envoyée dans un couvent. La Montespan sur ses terres. Je suppose que la donzelle se serait occupée aussi de politique et aurait fait renvoyer maints ministres pas assez empressés auprès d’elle. La mort de la Fontanges a rebattu les cartes. Le roi s’est jeté à corps perdu dans la religion, il a fini par épouser la Maintenon qui a eu une bonne prise sur le roi (le sexe légitime, la peur du Jugement Dernier et la bondieuserie sont des armes puissantes et la Maintenon en fit bon usage). La Fontanges ne se remit jamais de son accouchement et mourut à petit feu, et je pense qu’un bon bouillon de onze heures régulièrement administré par une soubrette qui aimait les écus a dû aider. Si c’est la Montespan qui paya, c’est la Maintenon qui rafla la mise. J’aurais aimé être petite souris pour écouter le sermon édifiant qu’elle lui servit à la mort de sa belle « nous sommes si peu de choses, etc etc Il est temps de vous repentir, etc etc « . La mort d’Angélique et du bébé avaient tellement « sonné » le roi, que la Maintenon armée d’une trique morale eut beau jeu d’éloigner définitivement le Démon de midi de Versailles.
Isabelle d'Ottawa
17 février 2021 @ 15:28
Bien dit Robespierre. J’adore vous lire!
Cosmo
17 février 2021 @ 17:47
Bravo pour votre commentaire si juste et plein d’esprit.
Val
15 février 2021 @ 08:14
Pas eu le temps d’en profiter la pauvre Marquise ! Louis XIV , la Montespan, et la Maintenon beau trio de méchanceté la Montespan sorcière en chef ! Liselotte princesse Palatine et la Marquise de Sévigné
en parle en des termes bien peu flatteurs.
Phil de Sarthe
15 février 2021 @ 08:23
Quelle splendeur! Et il est en France!
Dommage qu’il ne soit pas à Versailles, mais il est peut être plus visible dans un musée?
Francois
15 février 2021 @ 09:02
Le règne de Louis XIV est extrêmement long .
Il est donc normal d’y voir plusieurs tendances de goûts décoratifs .
dans la deuxième partie de sa vie ceux ci se sont allégés .
N’est qu’ à voir le décor du plafond de sa chambre .
L’influence de madame de Montespan dans l’epurement des goûts
de son royal amant y est certainement un peu pour quelque chose .
Mais le style Boule que nous admirons ici perdurera et reprendra
vigueur au XIX ème .
Les meubles N3 de style Boule feront fureur de plus ou moins bonnes
factures , mais dans un esprit de décorum indégnable .
Leonor
15 février 2021 @ 11:24
Question rangement, il n’avait pas le sens pratique, le Roi Soleil. Parce que ici, ça fait beaucoup de bazar décoratif pour bien peu d’espace de rangement. Enfin, ça brillait, c’était le principal.
PS : Oui, je sais que c’est beau et que c’est une oeuvre de grand art. Pas la peine de me le répéter. Mais quand même, pour ranger les rubans de la Fontanges, y’en a pas bezef, de place, hein …. ;-)
ciboulette
15 février 2021 @ 15:49
Les rubans , les jarretières , les bas de soie , les jupons , les jupes , les caracos , les souliers . . .en effet ! Ou alors , il faut supposer qu’il n’y avait rien à ranger et que Mademoiselle de Fontanges se promenait toute nue , ce qui est possible , après tout !
Danielle
15 février 2021 @ 11:34
Un travail d’une grande finesse pour ce cabinet, une merveille.
septentrion 🍀 🍀 🍀
15 février 2021 @ 11:53
Une pièce de toute beauté
Caroline
15 février 2021 @ 22:18
Ma- gni- fique !
Quelle était la durée du travail artisanal de ce cabinet certainement unique en son genre ?
Gérard
16 février 2021 @ 13:50
Ce cabinet de la duchesse de Fontanges est dû à Pierre Gole né à Bergen en Hollande en 1620 et mort à Paris en 1684 ou 1685.
Il est en bois d’ébène et de palissandre et en marqueterie de cuivre et d’étain. Pierre Gole était devenu ouvrier du roi en 1651 et il est considéré comme le créateur de la marqueterie métallique que l’on retrouve sur les panneaux de ce meuble.
Mais c’est une étude de Jean-Nérée Ronfort en 1985 qui a identifié ce meuble comme un meuble d’origine royale.
Le paysagiste Édouard André (1840-1911), qui est à l’origine du musée Jacquemart- André où se trouve ce meuble, l’acheta en Italie en pensant qu’il s’agissait d’un cabinet italien.
En réalité ce fut un cadeau de Louis XIV à la duchesse de Fontanges qui mourut en 1681 à l’âge de 19 ans après des fausses couches et une fluxion.
On pense aujourd’hui qu’un fragment de poche placentaire était resté et s’était infecté.
Le roi devait dire que de toutes ses favorites c’était celle qui lui manquait le plus.
Le piètement sur lequel repose le meuble est travaillé à la façon de cariatides qui racontent une histoire mythologique celle d’Hercule et d’Omphale, où le héros échange sa massue contre une quenouille et c’est une allusion aux dernières amours du roi et de la duchesse de Fontange. Ronfort a pu confirmer sa thèse par le dépouillement des archives du Mobilier Royal. Le meuble est retourné après la mort de Mademoiselle de Fontanges dans la collection royale et il a été vendu 70 ans plus tard.
Il a été restauré récemment par le serrurier maître d’art Alain de Saint-Exupéry.
Ghislaine LPB
16 février 2021 @ 18:57
Merci Gérard , instructif et appréciable pour se reposer du fatras d’imbécillités de certains posts .
Robespierre
17 février 2021 @ 10:27
Excellente intervention. Le venin faut qu’il soit craché à un moment ou un autre, sinon il empoisonne celle qui le produit. Bon rétablissement !
Gérard
17 février 2021 @ 23:58
La tendance est toujours de se lâcher un peu dans un blog. Il ne faut pas je crois en abuser. C’est un peu comme dans un repas de famille quand on est nombreux et l’affection qu’on éprouve pour les convives nous convie à la modération.
Cosmo
18 février 2021 @ 15:25
Sauf si on parle de l’Affaire Dreyfus…
JALINE
5 mars 2021 @ 14:20
C’est dommage que ce cabinet ne soit pas resté à VERSAILLES et ait été rélégué dans un musée –
Il est magnifique et sa place est à VERSAILLES –
Pascal
5 mars 2021 @ 17:27
Oui je suis d’accord .
On pourrait au moins concevoir cette grande réorganisation pour ce qui est dans les musées nationaux ou assimilables (le musée Jacquemart-André est à l’Institut de France ) mais j’entends déjà les hurlements des conservateurs des musées concernés …