Cette table et ce miroir ont été offert en 1874 au prince Alfred, fils de la reine Victoria, à l’occasion de son mariage avec la grande-duchesse Marie de Russie. Ils ont été restaurés en faisant appel à des artisans écossais. Le prince Alfred (1844-1900) prit la tête de la maison de Saxe-Cobourg Gotha. Dans sa descendance, on retrouve la princesse Marie qui devint reine de Roumanie. (The Royal Collection)
Caroline
21 décembre 2018 @ 10:52
Ma-gni- fique ! Vive l’ art de la marqueterie !!!
Un grand bravo aux artisans écossais pour leur patience infinie et leur exactitude ! J’ en suis subjuguée !
Gérard
21 décembre 2018 @ 12:24
On aperçoit notamment au centre de la table les armes d’alliance de ce nouveau couple.
Le mariage eut lieu à Saint-Pétersbourg parce que la fiancée était la fille du tsar Alexandre II, lequel avait dansé avec la jeune reine Victoria, un an avant son mariage avec le prince Albert, une mazurka à Windsor et la reine avait dit : « Je n’ai jamais été aussi heureuse. »
Le mariage du prince Alfred duc d’Édimbourg avec la grande-duchesse Marie Alexandrovna se déroula dans la grande cathédrale du Palais d’Hiver le 23 janvier 1874 (nouveau style) et ce fut le seul mariage de ses enfants à laquelle la reine Victoria n’assista pas, mais le peintre d’origine vaudoise Nicholas Chevalier fut chargé de lui en ramener des croquis et le voyage de ce peintre fut payé par la reine, le prince de Galles et le prince Alfred. Le prince de Galles représentait la reine et était bien sûr accompagné de la princesse qui était la sœur de la tsarine. Le prince Arthur, duc de Connaught et Strathearn était également présent comme témoin avec les frères de Marie, les grands-ducs Vladimir, Alexis et Sergueï.
Un service anglican suivit dans le hall Alexandre au cours duquel le doyen de Westminster bénit le jeune couple. Le mariage orthodoxe avait été célébré par le métropolite de Saint-Pétersbourg en présence des patriarches de Moscou et de Kiev.
La nouvelle duchesse reçut de son père une magnifique collection de bijoux de famille dont une parure qui avait appartenu à Catherine II, il lui avait également commandé une parure de diamants et de rubis birmans auprès du joaillier de la cour Bolin. La reine Victoria avait envoyé à la jeune mariée de la myrte d’Osborne.
La grande-duchesse portait sur sa robe une cape de velours cramoisi ornée d’hermine avec une longue traîne. Son époux était en uniforme de la marine royale britannique d’autant qu’un cuirassé russe avait été nommé en son honneur le Herzog Edinburgsky.
Ce mariage fut à l’origine d’une querelle de préséance. Le tsar souhaitait que sa fille fût appelée altesse impériale mais la reine voulait qu’elle soit altesse royale ce qui prévalait en Angleterre. Et Victoria lui donna un rang meilleur que celui prévu, qui aurait été de suivre les filles de la reine, le deuxième rang parmi les femmes après la princesse de Galles ce qui ne lui convenait pas trop toutefois car elle était fille d’empereur, on l’appela aussi altesse royale et impériale. La reine avait dit qu’elle pouvait se faire appeler comme elle voulait mais que royal devait précéder imperial.
Par la suite devenue duchesse douairière de Saxe-Cobourg et Gotha et alors qu’elle
n’appréciait pas le nouveau duc, elle mourut peu après la chute des trônes et un chroniqueur sarcastique prétendit qu’elle fut terrassée par une crise cardiaque lorsque un homme la salua d’un « Bonjour Madame Cobourg ». Elle mourut le 24 octobre 1920 dans son sommeil à Zurich.
Le couple n’avait pas été très heureux et leur seul fils (un autre mourut à la naissance) se tira une balle de revolver le jour du 25e anniversaire du mariage de ses parents dans des circonstances peu claires mais alors qu’il souffrait d’une syphilis très douloureuse. Il mourut deux semaines plus tard et son père mourut l’année suivante laissant le trône à son neveu puisqu’il ne lui restait plus que des filles. Le duc était désespéré de la mort de son fils et il buvait plus que de raison. Il succomba à un cancer de la gorge. Il accusait sa femme de l’avoir séparé de son fils, lequel n’avait jamais été heureux, après une éducation confiée à un professeur le docteur Rolfs qui l’humiliait en présence de tiers.
Lady Chatturlante
21 décembre 2018 @ 13:29
Dans sa descendance, vous pouvez dire qu’il s’agissait ni plus ni moins de sa fille. Enfin, de l’une des trois.
Son seul fils est mort jeune, après avoir usé sa chandelle par tous les bouts.
C’est pourquoi à la mort du prince Alfred, le titre de duc de Saxe-Cobourg-Gotha est revenu à son neveu le prince Charles, fils du défunt prince Léopold, duc d’Albany (mort d’hémophilie).
Quand j’étais petite fille je confondais le duché d’Albany et le royaume d’Albanie.
COLETTE C.
21 décembre 2018 @ 14:47
Un peu « chargés » !
Gérard
21 décembre 2018 @ 16:01
La carrière d’officier de marine du duc et le caractère très fort de sa femme l’éloignèrent souvent de son foyer et de son fils qu’il aimait pourtant beaucoup et certainement celui-ci l’aimait-il plus que sa mère qui était très autoritaire, et peu maternelle.
La duchesse Marie sa mère cependant écrivait sa fille la princesse royale Marie de Roumanie le 14 avril 1899 : « Notre pauvre, pauvre Alfred ! Il nous a toujours causé de la souffrance et des problèmes et pourtant on espérait toujours pour lui un avenir meilleur, que quelque chose travaillerait pour lui et donnerait un but à sa vie. Et maintenant tout semble trop sinistre, trop vite de mots ! »
Gérard
21 décembre 2018 @ 17:49
Le cadeau de mariage comprenait également d’autres meubles dont une chaise qui est présentée dans l’exposition de la Royal Collection.
Les objets ont été restaurés dans les ateliers de celle-ci. Les meubles présentent des motifs géométriques colorés en paille taillée et posée sur un fond peint de couleurs vives. La technique consiste à s’inspirer de l’artisanat paysan et des motifs russes tirés de l’art décoratif des années 1870. Certaines zones n’avaient plus leur décoration de l’époque et ont été restaurées selon la technique originale qui consiste à appliquer de la paille naturelle sur les zones dégradées. La nouvelle paille de blé provient de fournisseurs spécialisés en Ecosse. Les pailles sont ensuite cuites à la vapeur, fendues et repassées afin de découper les formes délicates à appliquer avec un adhésif sur les meubles d’origine.
DEB
22 décembre 2018 @ 09:50
Merci de nous éclairer sur cette technique, Gérard.
Gérard
22 décembre 2018 @ 11:36
Merci à vous DEB.