Un coffre japonais qui fut la propriété du cardinal Mazarin, parrain du roi Louis XIV a été vendu aux enchères au château de Cheverny pour plus de 7 millions d’euros. Il fut réalisé au Japon sous l’ère Edo vers 1630. Il fut dans la famille Mazarin jusqu’en 1802. Ce coffre en laque noir, argent et nacre de 9m2 avait disparu de la circulation depuis 1941. Il se trouvait dans une famille du Val de Loire qui l’avait acheté à Londres dans les années 70. Il a été acheté par le Rijksmuseum d’Amsterdam qui avait réussi à mobiliser plusieurs mécènes.(merci à Anne P. – Copyright photo : rouillac.com)
Philippe gain d'enquin
11 juin 2013 @ 08:35
Le cardinal Mazarin premier ministre des rois de Hollande ? Et la France ??? Encore un témoin de notre grandeur qui aura échappé au patrimoine commun. Pitoyable!
Francine du Canada
11 juin 2013 @ 15:47
Snif, snif… je pleure avec vous mon ami! FdC
Mélusine
11 juin 2013 @ 19:24
« Patrimoine français » provenant, en l’occurence, des ateliers du Japon, tout de même.
Combien d’oeuvres soustraites à leurs pays d’origine peuplent-elles nos musées français, sans que nous en soyons apitoyés ?
Philippe
12 juin 2013 @ 18:54
… provenant du Japon, et acheté par Mazarin à un marchand
d’Amsterdam !
C’est donc plutôt un retour vers le pays, la Hollande, dont les
explorateurs l’avaient ramené d’Orient.
Rien de grave.
Valeska
11 juin 2013 @ 09:06
Sept millions d’euros pour Mazarin?Admiratrice du Cardinal,je trouve que cela les vaut…mais pour notre Richelieu,j’aurais facilement multiplié la somme par deux! ;)
Zeugma
11 juin 2013 @ 10:11
Le quotidien français « Le Monde » avait publié, il y a plusieurs jours, un excellent article sur ce coffre.
L’objet est exceptionnel puisqu’il n’en existerait qu’un autre exemplaire comparable, plus petit, au Victoria & Albert à Londres.
Sa conservatrice du département japonais a d’ailleurs fait le déplacement pour examiner l’objet dans ses moindres détails. C’est elle qui a remarqué – par exemple – qu’un minuscule personnage avait six orteils.
Le coffre, qui servait à entreposer des bouteilles d’apéritif, a été soigneusement nettoyé … avec du savon de Marseille.
Il avait été acheté par Mazarin à des marchands Hollandais. Rappelons que, à cette époque, le Japon avait concédé aux seuls Hollandais le droit de commercer avec l’empire du soleil levant.
Les Japonais interdirent finalement l’exportation de leurs objets en laque dont ils voulaient garder le secret de la fabrication.
Beaucoup de meubles du XVIIIe siècle français, notamment des commodes « en laque » ne sont pas réellement en laque, au sens strict. Il y en a quelques très belles pièces au musée Camondo à Paris.
Signalons, au passage, que la succession de Mazarin s’élevait à trente cinq millions de livres ; constituant ainsi la succession la plus importante enregistrée sous l’ancien régime.
Cette somme énorme fut accumulée en peu de temps puisque Mazarin était quasiment ruiné au moment de son exil. Pour s’enrichir, il utilisa de nombreuses techniques que je ne vais pas énumérer ici.
Il avait le droit exorbitant de tirer de l’argent sur le trésor royal et utiliser les fonds à sa guise, pour des dépenses publiques (payer des soldats) aussi bien que pour ses dépenses personnelles.
Il était assisté par des jeunes gens très talentueux comme Fouquet ou Colbert (qui n’était pas l’homme honnête que l’on croit souvent).
Outre son intérêt artistique exceptionnel, ce coffre en laque, au parcours surprenant, nous ramène aux débuts du règne de Louis XIV.
Francine du Canada
11 juin 2013 @ 15:53
Merci Zeugma de ce commentaire très instructif, bien documenté… j’ai apprécié. Amitiés, FdC
Gérard
11 juin 2013 @ 22:19
Oui merci Zeugma. Dommage pour la France ; mais ce coffre à séjourné longtemps chez des aristocrates britanniques.
Gérard
11 juin 2013 @ 22:21
Et belle affaire pour l’heureux héritier d’un bar de salon !
COLETTE C.
11 juin 2013 @ 10:24
Heureuse que ce coffre ait été acheté par un musée !
cyrille ROBERT
11 juin 2013 @ 10:52
Bonjour ,
Ne me dites pas que La France a laissé partir ce patrimoine hors du territoire national ????
Caroline
11 juin 2013 @ 11:36
J’enrage que ce coffre n’ait pas été racheté par nos mécènes français!
A voter impérativement une loi pour interdire la vente de tous nos biens historiques et culturels au dehors de la France au nom de notre patrimoine français!!!!!!!
Mélusine
11 juin 2013 @ 19:19
Consolez-vous, Caroline. Nos musées regorgent d’oeuvres provenant de pays étrangers, achetées ou soustraites à leurs pays d’origine, sans que nous en soyons choqués.
Le Rijksmuseum étant un très beau musée, il nous suffira de lui rendre visite afin d’y admirer ce très bel objet et tant d’autres.
Sébastien
11 juin 2013 @ 11:57
Une histoire exceptionnelle que cette découverte effectuée lors d’une succession, dans une famille certes bourgeoise, mais dont rien ne pouvait laisser supposer qu’elle possédait un tel trésor… D’autant plus qu’il servait de mini-bar dans le salon !
Zeugma
11 juin 2013 @ 14:56
Plusieurs internautes semblent regretter que cette pièce exceptionnelle ne soit pas restée en France.
L’article du quotidien « Le Monde » précise que ce coffre est légalement exportable car c’est un objet d’importation.
Il s’agit d’un meuble japonais acheté à des marchands Hollandais par un Italien (naturalisé Français par Louis XIII, il est vrai), transmis par héritage au duc de Bouillon (qui avait épousé une des nièces du Cardinal), qui s’est retrouvé aux Etats-Unis, puis en Angleterre avant d’atterrir au fin fond d’une province française où il logeait des bouteilles d’apéritif.
Le Rijksmuseum l’a acheté parce que des mécènes ont donné de l’argent.
Beaucoup de Français éprouvent un ridicule complexe de supériorité sur nos amis Hollandais
Les Hollandais sont de grands navigateurs, des commerçants habiles et d’excellents agriculteurs.
Louis XIV, déjà, ne digérait pas la prospérité insolente de la petite république qu’il a vainement essayé d’envahir.
Rien n’empêchait Le Louvre de faire un appel au peuple (à l’instar de qu’il avait fait pour « Les trois grâces » de Cranach) ; il ne l’a pas fait. Il avait sans doute ses raisons.
Nous irons admirer ce meuble à Amsterdam comme nous allons admirer les impressionnistes français dans les musées canadiens, américains, russes, anglais que-sais-je ?
C’est en s’exportant qu’une culture resplendit.
J’ai, en ce qui me concerne, la plus grande admiration pour la culture japonaise et pour le peuple Japonais.
Mélusine
11 juin 2013 @ 19:13
Ce coffre ayant été acheté (comme vous le racontez) par Mazarin à des marchands hollandais, il retourne donc d’où il vient.
Ayant été créé au Japon, son retour aux sources aurait même dû s’effectuer vers ce pays.
Mais les oeuvres d’art sont grandes voyageuses et il ne tient qu’à nous d’aller les admirer ici ou ailleurs.
Cosmo
11 juin 2013 @ 22:47
Zeugma,
Merci pour vos deux commentaires très instructifs et pleins de bon sens !
Bien à Vous
Cosmo
flabemont8
11 juin 2013 @ 16:27
Comme il eût été préférable que ce coffre magnifique restât en France !
Jean Pierre
11 juin 2013 @ 18:18
Comme il eût été préférable que Mazarin restât en Italie……vaste débat….
Zeugma
12 juin 2013 @ 09:05
Mazarin fut l’un des meilleurs ministres de l’histoire de France.
Il appartenait à la clientèle Colonna, fut recruté par le Pape qui en fit un légat mais surtout il fut reperé par Richelieu et Louis XIII comme le plus intelligent membre du « parti français ».
A la mort de Louis XIII, on voulut l’éloigner des affaires mais sa connaissance des questions diplomatiques le rendait indispensable.
Il est, entre autre, un des maîtres d’oeuvre des traités de Westphalie qui mit fin à la guerre de trente ans et du traité des Pyrennées qui fit la paix avec l’Espagne (et la mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse).
Un homme très habile et d’une intelligence exceptionnelle. Sans parler de ses goûts artistiques raffinés.
Mélusine
11 juin 2013 @ 19:42
Et comme il eut été préférable qu’il tombât entre mes mains ! Je n’aurais jamais utilisé cette merveille comme meuble-bar et ne m’en serais jamais séparée.
Mais il aurait ainsi été définitivement et regrettablement soustrait aux regards de la foule.
Ainsi peut-on dire que c’est un moindre mal que ce coffre ait été acquis par un musée plutôt que par un collectionneur, n’est-ce-pas, chère Flabemont ?