Philippe II de Habsbourg, roi d’Espagne, de Naples et de Sicile, archiduc d’Autriche, duc de Milan et prince souverain des Pays-Bas, roi de Portugal et roi d’Angleterre de 1554 à 1558. Il est à la tête de toutes les possessions espagnoles en Amérique et en Asie. Ici, Philippe II par Sofonisba Aguissola.

 

Elisabeth de Valois, Fille de France par Antonio Moro

Philippe II est né à Valladolid, en Espagne, le 21 mai 1527, fils de Charles Quint et d’Isabelle Aviz, infante du Portugal. Sa vie est entourée, injustement, d’une légende noire.
Il eut une éducation soignée grâce à des précepteurs de renom. Il parlait, outre l’espagnol, le portugais, le latin, l’italien et le français.

Philippe II par Le Titien

A 16 ans, son père l’initia aux affaires publiques. Il le maria aussi à sa double cousine germaine, Marie-Manuelle d’Aviz, infante du Portugal. Elle meurt deux ans après en donnant naissance à don Carlos, prince des Espagnes (1545-1568). Carlos dut sa gloire et sa renommée, non à ses capacités propres mais à Schiller et à Verdi qui en firent le héros d’une histoire d’amour malheureuse avec sa belle-mère, Elisabeth de Valois.

Tout ceci releva de la légende et non de la vérité historique.Mais les rapports du père et du fils furent exécrables. L’infant, peut-être en raison de son ascendance consanguine ( Il avait 6 arrière-grands-parents au lieu des 16 normaux ), montrait des signes d’instabilité mentale. Son père songe à le marier à Elisabeth de Valois, fille de Henri II et de Catherine de Médicis, mais veuf son père la prend pour femme.

Don Carlos par Alonzo Sanchez Coello

En 1564, devant ce qu’il juge l’incapacité de son fils à lui succéder, Philippe II fait venir en Espagne ses neveux, les archiducs Rodolphe et Ernest, afin de leur assurer la succession de ses États. Irrité de cette conduite, don Carlos traite, en 1567, avec les Pays-Bas révoltés contre son père, et promettre aux rebelles de se mettre à leur tête. Philippe semble croire que don Carlos a conspiré contre sa vie et le fait arrêter : il est condamné par l’Inquisition. Quelques mois après, il meurt dans sa prison, selon les uns, de consomption, selon d’autres, empoisonné (1568).

Marie Tudor, reine d’Angleterre

Mais Philippe II avait conclu une alliance matrimoniale prestigieuse, en 1554. Il avait épousé sa double cousine germaine, Marie Tudor, reine d’Angleterre. Ce mariage devait permettre à Marie de restaurer le catholicisme en Angleterre. Il semble que la reine ait été amoureuse de son mari. Mais elle ne put lui donner un héritier. Elle meurt en 1558.

Elisabeth de France, reine d’Espagne par Juan Pantoja de la Cruz vers 1565

Le royaume d’Espagne n’ayant toujours pas d’héritier digne de lui, Philippe épousa Elisabeth de Valois, le 22 juin 1559.

Fille des souverains français, elle apportait avec elle les prémisses de la paix entre les deux royaumes.

Élisabeth est la première fille et le deuxième enfant du roi Henri II de France et de son épouse Catherine de Médicis. À sa naissance son père était encore dauphin.
François Ier meurt l’année suivante et le père de la petite Élisabeth devient roi de France sous le nom de Henri II laissant le titre de Dauphin à son fils aîné, François.

Élisabeth grandit à la cour au côté de la jeune reine d’Écosse Marie Stuart, fiancée du dauphin, dont elle partageait la chambre jusqu’au mariage de celle-ci en 1558, et de sa sœur cadette Claude qui épousera le duc Charles III de Lorraine, lui aussi élevé à la cour de France.

Marie Stuart, reine de France et reine d’Ecosse par François Clouet

Très tôt, le mariage d’Élisabeth a été un enjeu politique; la jeune princesse est promise au roi Édouard VI d’Angleterre qui meurt à l’âge de 16 ans en 1553 laissant le trône à sa demi-sœur Marie I d’Angleterre qui épouse le roi Philippe II d’Espagne, alors en guerre contre la France.

Le traité du Cateau-Cambrésis entre l’Espagne et la France stipule que le mariage de la jeune Élisabeth et du roi Philippe II d’Espagne, devenu veuf, scellera la réconciliation des deux royaumes.

Le mariage par procuration eut lieu à Notre-Dame de Paris le 22 juin 1559, le duc d’Albe représentant Philippe II, peu après le mariage de Claude, sœur cadette d’Élisabeth, avec le duc Charles III de Lorraine. Ce fut durant les festivités de son mariage que mourut tragiquement son père Henri II, victime d’un éclat de lance dans l’œil.

La princesse n’étant pas nubile, son départ pour l’Espagne fut repoussé jusqu’au 18 novembre. Elle ne rencontra le roi que le 31 janvier 1560. Il se raconte que lors de cette première rencontre, Élisabeth aurait dévisagé longuement son mari et ce dernier lui aurait demandé avec humour : « Vous regardez si j’ai des cheveux blancs ? » Le mariage — qui fut heureux — ne fut consommé que plus tard, en mai 1561, en raison du jeune âge de la mariée qui avait quatorze ans.

Fille et petite-fille de roi, Élisabeth fut aussi la sœur des trois derniers rois de France de la dynastie Valois, François II (1544-1560), Charles IX (1550-1574) et Henri III (1551-1589). François d’Alençon, duc d’Anjou, était également son frère cadet. Elle était aussi la sœur de Claude de France (1547-1575), duchesse de Lorraine, et de Marguerite de Valois, dite la Reine Margot, reine de Navarre. Elle fut donc la belle-soeur de Henri IV et de Marie Stuart.

Après une fausse couche, la reine d’Espagne donna naissance à deux filles.

Les infantes Isabelle et Catherine par Alonso Sánchez Coello

Isabelle Claire Eugénie de Habsbourg (1566-1633) qui épousa son cousin l’archiduc Albert. Ils furent les régents très appréciés des Pays-Bas espagnols, soit l’actuelle Belgique. En 1621, à la mort de son mari, Isabelle entra dans l’ordre des Clarisses.

L’Infante Isabelle par Frans Pourbus le Jeune

Sa titulaire était Isabelle-Claire-Eugénie par la grâce de Dieu infante de tous les Royaumes d’Espagne, Duchesse de Bourgogne, de Lothier, de Brabant, de Limbourg et de Luxembourg, comtesse de Flandre, d’Artois, de Bourgogne Palatine, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Namur, de Zutphen, marquise du Saint-Empire, Dame de Frise, de Salins, de Malines, des pays et cités d’Utrecht et de Groninge.

Elle fut même pressentie pour monter sur le trône de France à la mort de son oncle Henri III. On lui doit, selon la légende, la couleur “Isabelle”. Devant Ostende tenue par Maurice de Nassau et les rebelles des Provinces du Nord, elle jure de « ne changer de linge de corps qu’après la prise de la place ». Or après cette harangue à la troupe, Ostende résiste trois années, ce qui fit dire aux conteurs et soldats plaisantins qu’il existait bien une teinte fauve et une odeur particulière, bref une robe que l’on pourrait nommer « isabelle ». Son prénom célèbre allié à sa chevelure fauve aurait ainsi justifié la couleur isabelle d’un habit puis d’un cheval.

L’Infante Isabelle en clarisse

Catherine Michelle de Habsbourg (1567-1597) qui épousa à Saragosse le 11 mars 1585 Charles-Emmanuel Ier de Savoie avec lequel elle eut dix enfants. Elle est l’ancêtre de tous les Bourbons et Habsbourg vivant aujourd’hui.

L’Infante Catherine-Michelle, duchesse de Savoie par Sofonisba Anguissola

L’Infante Catherine-Michelle par Alonzo Sanchez Coello

Élisabeth mourut le 3 octobre 1568, 6 mois après son 23e anniversaire, alors qu’elle portait un fœtus de cinq mois de sexe féminin. Elle laissa son mari inconsolable. Le mariage de Philippe II avec la princesse Elisabeth fut éminemment politique mais il aima sa femme.

Le besoin d’avoir un héritier et de conforter les relations avec l’Empire, amenèrent Philippe II à se remarier peu après avec sa nièce, l’archiduchesse Anne d’Autriche qui lui donna le fils tant espéré pour lui succéder. Les filles du couple, toutefois, restèrent très proches de leur père.

Anne d’Autriche, reine d’Espagne par Antonis Mors

On peut noter que Marie-Anne avait aussi été fiancée à don Carlos. Ce dernier eut donc deux fiancées qui lui furent enlevées par son père.

Philippe III par Pierre paul Rubens

Philippe III continua la lignée des Habsbourg d’Espagne et comme sa soeur Catherine, il est l’ancêtre de tous les Habsbourg et Bourbons vivant aujourd’hui.

Le règne de Philippe II apparait sombre, dicté par l’Inquisition et la répression notamment aux Pays-Bas, avec le fameux duc d’Albe, mais il ne fut pas que cela. Il marqua l’apogée de la puissance espagnole pour laquelle on parle de Siècle d’or. Les richesses affluent d’Amérique, pourtant, à plusieurs reprises, la monarchie espagnole se place dans des situations économiques de crises dues aux banqueroutes. L’assainissement financier traduit la première banqueroute en 1557 puisque Philippe II refuse de payer les dettes de son père. D’autres banqueroutes auront lieu en 1575 et en 1597. Il fut le siècle de l’Escorial et du Greco.

L’Escorial

Le Titien enrichit les collections royales par tous les portraits qu’il fit des princes de la Maison d’Autriche, espagnole ou allemande. (Merci à Patrick Germain pour cet article)

Armes de Philippe II de 1580 à 1598