La National Portrait Gallery à Londres présente une toile jamais montrée en public jusqu’à ce jour du duc de Wellington par Sir Thomas Lawrence et qui fait partie de l’exposition « Wellington, triumphs, politics and passions » qui ouvrira ses portes le 12 mars prochain. (merci à Bertrand Meyer)
Severina
27 février 2015 @ 10:03
Magnifique tableau!
Dame Tartine
27 février 2015 @ 10:10
Soit le bonhomme a mis un truc pour se protéger de la pluie, soit le tableau n’est pas achevé, mais le visage est très noble. Bien fait
Philippe gain d'enquin
27 février 2015 @ 12:31
Il s’agit d’un procédé scénographique, fréquent lorsqu’il s’agit de privilégier un personnage « de premier plan »; seul le visage importe. Le corps n’est que suggéré. Oui le « tableau » est achevé, il rempli pleinement son rôle « informatif », « propagandiste », « honorifique » et… « historique »! J’ai appris cela en Histoire de l’Art, puis je l’ai enseigné à mes étudiants, futurs historiens d’Art (ou pas), et suis heureux de vous en faire bénéficier, chère Dame Tartine; à vous, PGE
Francine du Canada
27 février 2015 @ 15:36
Je n’ai jamais étudié l’Histoire de l’Art mais je suis très heureuse de prendre cette leçon cher Philippe et vous en remercie. FdC
Nathetvoila
28 février 2015 @ 07:58
Merci beaucoup de cette précision, j’ai appris quelque chose !! Ce procédé est assez étrange cependant car la partie « cachée » du corps occupe quand même une bonne partie du tableau et attire l’œil. Pour quelque chose qu’on ne veut que suggérer…je reste perplexe, mais j’admire quand même !
DEB
27 février 2015 @ 12:45
The Guardian dit que ce portrait avait été commandé par Sarah, countess of Jersey, en 1829 et n’était pas terminé pas à la mort de l’artiste.
La comtesse ( surnommée « silence » parce qu’elle n’arrêtait jamais de parler) n’avait pas voulu qu’uń autre peintre le termine.
Dame Tartine
27 février 2015 @ 13:47
Euh, n’en déplaise à mon ami PGE cela me semblait évident. Merci DEB. Ca faisait inachevé
Philippe gain d'enquin
27 février 2015 @ 16:24
I. Après l’ Empereur, le pauvre PGE est victime du duc de Fer, snif…
Francine du Canada
27 février 2015 @ 23:31
Et moi je suis victime du pauvre PGE snif, snif… Ceci dit je suis d’accord avec le constat que la tête étant terminée et très réussie, ce portrait est achevé et rempli parfaitement son rôle; il avantage beaucoup le duc de Wellington qui, bien que de belle apparence, avait un nez aquilin (assez vilain). FdC
Nathetvoila
28 février 2015 @ 07:59
:-)
Zeugma
27 février 2015 @ 10:35
Merci pour ce reportage !
Ce magnifique portrait est un camaieu sauf, évidemment, le visage avec le regard fixe et ces yeux qui traduisent une froide détermination.
Les lèvres fines – peu sensuelles – sont celles d’un homme d’action.
Le peintre aurait pu se concentrer sur le seul visage mais il a voulu probablement voulu montrer le duc de Wellington en pied, dans une attitude très raide accentuée par le foulard blanc qui entoure un long cou, l’ensemble n’étant pas dénué d’une pointe de morgue aristocratique.
aubert
27 février 2015 @ 11:01
…vous êtes un habitué des expositions et des galeries…en tous cas de leur prose.
ça nous change du « quel beau couple » et » où est la reine-mère »
Gérard
27 février 2015 @ 13:42
Ce portrait a été commandé à sir Thomas par Sarah Sophia Child Villiers, comtesse de Jersey (1785-1867), l’une des femmes les plus en vue d’Angleterre, d’une grande influence sociale, une maîtresse-femme, fille du 10e comte de Westmorland, John Fane, et de Sarah Anne Child, une riche héritière de banquier; Sarah épousa George Child Villiers, cinquième comte de Jersey. C’était une personne généreuse et volubile que l’on surnommait pour cette raison « Silence ». Elle avait une passion pour la politique ; fondamentalement elle était une Tory et elle pleura lorsque Wellington perdit le pouvoir le 16 novembre 1830. Les hommes politiques l’écoutaient avec attention et trouvaient dit-on certaines de ses idées remarquables, qu’ils auraient prises pour des « non-sens flagrants si elles avaient émané de lèvres moins charmantes » selon le mot d’Henry Greville.
Un jour on demanda à lord Jersey pourquoi il ne s’était jamais battu pour préserver la réputation de son épouse. Il répondit que cela l’aurait obligé à se battre contre chaque homme dans Londres.
Elle avait commandé ce portrait en 1829 à Sir Thomas Lawrence qui mourut le 7 janvier 1830. Elle refusa qu’il soit terminé par une autre main. À sa mort le portrait passa à son fils Georges Child Villiers, sixième comte de Jersey (1808-1859) qui avait été membre de la Chambre des communes. À la mort de celui-ci le portrait alla à son fils Victor Child Villiers, septième comte de Jersey (1845-1915), qui administra les prospères affaires de la famille Villiers et fut le 17e gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud. À la mort de celui-ci il fut à son fils Georges Child Villiers, huitième comte de Jersey (1873-1923), lui aussi homme politique conservateur, à la mort duquel le portrait passa à son fils Georges Child Villiers, neuvième comte de Jersey (1910-1998), qui donna à la Nation l’un de ses domaines familiaux Osterley Park (Middlesex), un magnifique domaine géorgien qui venait des Child.
Le huitième comte de Jersey se maria trois fois et eut quatre enfants, deux fils et deux filles. Les deux fils moururent avant lui, le deuxième laissant deux filles et le premier, le vicomte Villiers, laissant trois filles et deux fils dont l’actuel porteur des titres de comte de Jersey dans la pairie d’Angleterre et de vicomte Grandison dans la pairie d’Irlande, William Child Villiers, 10e comte, né en 1976.
Ce portrait a été vendu aux enchères chez Sotheby’s à Londres le 4 décembre 2013 et ce fut l’occasion de le revoir après deux expositions, une à Londres en 1952 et une à Jersey en 1973. Il fut acheté par des collectionneurs privés américains pour la somme de 962 500 £ sur une évaluation entre 800 000 et
1 200 000 £.
Pour cette exposition la famille ducale a également prêté un dessin de Lawrence, un portrait de l’épouse de Wellington, Catherine Sarah Dorothea Wellesley, duchesse de Wellington, née Pakenham (1773-1831), dite Kitty.
Le portrait nous montre Wellington à 60 ans, premier ministre ; il avait alors beaucoup hésité à s’installer au 10 Downing Street alors qu’il était si bien chez lui à Aspley House (N° 1 London). Lawrence peignit huit fois Wellington.
Lawrence était connu pour mettre longtemps à terminer ses portraits dont beaucoup le furent après sa mort par ses élèves.
Jean Pierre
27 février 2015 @ 15:26
Gérard, vous êtes un puits de science.
Merci pour toutes les infos complémentaires que vous apportez souvent.
Gérard
27 février 2015 @ 18:35
Serviteur, Jean Pierre.
Dame Tartine
27 février 2015 @ 23:19
Très intéressant votre récit, Gérard.
Gérard
28 février 2015 @ 09:50
Merci Dame Tartine et bonne fin de semaine.
Cosmo
27 février 2015 @ 19:38
Merci, Cher Gérard, pour cet agréable voyage dans l’aristocratie anglaise.
Je trouve le prix d’adjudication bien peu élevé, compte tenu du sujet et du peintre.
Amicalement
Cosmo
Gérard
27 février 2015 @ 23:00
C’est vrai ils auraient dû attendre l’année du bicentenaire.
flabemont8
27 février 2015 @ 17:39
L’artiste a bien montré le visage fin et aristocratique du duc , dont on pourrait dire aussi qu’il avait un visage en lame de couteau…Distinction, certes, mais aussi froideur et conscience de sa valeur …
Dame Tartine
27 février 2015 @ 23:21
En tout cas, je le trouve plus seduisant que le minet anglais qui a rendu Lorenz nostalgique.
septentrion
28 février 2015 @ 17:10
Bonjour Dame Tartine,
Je suppose que vous faites allusion au Marquis de Blandford. C’est le grand écart.
Cdt,
val
2 mars 2015 @ 10:24
On dirait qu’on lui a passé une camisole de force . Il n’a pas l’air très joyeux .
Shandila
27 février 2015 @ 18:22
Gérard, merci pour votre commentaire aussi instructif qu’agréable à lire.
Gérard
27 février 2015 @ 18:36
Merci beaucoup aussi Shandila.
COLETTE C.
27 février 2015 @ 20:56
Oui, le visage est ainsi bien mis en valeur.
Lady Chatturlante
27 février 2015 @ 22:27
Je le connaissais, naturellement je ne suis pas le grand public.
Camille Gilbert
27 février 2015 @ 22:37
Pour ma part, je vois une ambiguïté dans le personnage: en apparence, plein de morgue aristocratique, mais il semble esquisser un demi-sourire sur cette bouche bien dessinée, et son fin regard bleu pourrait être très accueillant si les circonstances s’y prêtaient. La légère dysymétrie du visage accentue pour moi cet effet un peu mystérieux.
Je profite de l’occasion pour moi aussi remercier Gérard, Gibbs, Zeugma, Lorenz, Meyer, Michèle, Philippe, et j’en oublie beaucoup, qui ne comptent pas leur temps pour renseigner les amateurs de généalogies et de détails de l’histoire que l’on aurait du mal à trouver sans lire des ouvrages spécialisés. Un grand merci à tous de partager votre érudition.
Gérard
28 février 2015 @ 09:55
Merci Camille et aussi pour votre analyse du duc.
Lili.M
28 février 2015 @ 04:18
Il faut remarquer sur ce site la contribution d’interventions de grande qualité sur des sujets relevant de spécialistes ou d’experts. Merci beaucoup à toutes ces personnes : Gérard, Palatine, Corsica,Cosmo et les autres.
Gérard
28 février 2015 @ 09:59
Merci Lili.
Corsica
2 mars 2015 @ 01:25
Lili M, merci infiniment . Votre commentaire me touche . Bonne semaine .
Camille Gilbert
28 février 2015 @ 15:02
En regardant plus attentivement, et m’inspirant des commentaires ci-dessus, plusieurs choses me frappent : sa mobilité, d’abord. La tête est légèrement tournée vers la droite, le reste du corps un tantinet vers la gauche. C’est là qu’on voit l’homme d’action, se prêtant gracieusement à la séance de pose, mais indiquant subtilement qu’il a autre chose à faire. Le décor inexistant ne met en valeur ni sa fortune ni ses succès. Il faut juger l’homme à nu pour ainsi dire.
La partie gauche du portrait est la partie claire et virile. Il n’a pas le physique d’un jeune premier, mais d’un homme de caractère. Les verticales sont soulignées, coup long , figure longue, oreilles, nez et favoris qui reprennent ces lignes. Le foulard blanc, un peu incongru mais accentuant la face claire dénote aussi une indépendance légèrement provocatrice. Loin de trouver le nez vilain, il est pour moi l’élément vital et central du visage, celui qui lui donne structure, en même temps solide et tout en finesse. Les sourcils fournis et élégamment arqués ajoutent au caractère aristocratique et décideur de l’homme.Le teint est rose, affirmant sa bonne santé physique et intellectuelle, au pic de ses facultés. Le côté droit, beaucoup plus sombre que l’autre, serait-il la face cachée du personnage? Voulue par le peintre ou le sujet, ou en complicité?
Veuillez excuser ce long commentaire. C’est vrai que j’aime lire les portraits, terrains neutres même si , bien heureusement, on ne voit pas tous les mêmes choses.
Gérard
1 mars 2015 @ 12:38
Très belle analyse Camille.
Camille Gilbert
2 mars 2015 @ 01:19
Merci, Gérard.
Francine du Canada
2 mars 2015 @ 01:05
Merci Camille; je n’ai rien vu de tout cela. J’ai vu un autre portrait du duc, sur lequel il porte un uniforme rouge et chose étrange, il insère sa main droite dans son uniforme exactement comme le faisait Napoléon et ça m’a vraiment surprise. FdC
Camille Gilbert
2 mars 2015 @ 15:25
Chère Francine, intriguée par votre commentaire, j’ai couru de bon matin sur Google Images voir de quel portrait il s’agissait. Si nous parlons du même, c’est une oeuvre de Robert Home. Quelle différence avec celui de Sir Thomas Lawrence. En fait , après avoir vu celui que nous a présenté Meyer, je n’ai aimé aucun autre de la galerie.
Celui de Robert Home est très conventionnel et réducteur. Le sujet ne regarde ni le peintre ni quiconque, le contact est inexistant, et comme il n’y a aucune expression personnelle ou intelligente dans le regard, le personnage n’en impose pas. Tout ce qui faisait la puissance de l’autre portrait a disparu. La bouche est mesquine, rend le nez busqué disproportionné. La lèvre inférieure est épaisse, aussi en disproportion avec la lèvre supérieure, éliminant son côté spirituel. Il y a des petites boucles partout, ça fait désordre, dans les favoris accroche-coeur, les cheveux bouclés. La moustache de trois jours donne un aspect négligé à l’officier. Le foulard étrangle le cou qui ici allongeait la silhouette et maintenant la rapetisse. Le rouge et les ors sont parfaitement conventionnels et les épaulettes en pattes d’araignée qui s’avancent sur la poitrine ne sont pas du meilleur effet. Ici, la cape cachant le corps a simplicité et noblesse, son côté artistique (je veux dire, style artiste) dirigeant notre regard sur un seul élément, la tête. Et la position du bras parfaitement incongrue? Elle n’ajoute rien au tableau, sinon une petite note ridicule (pose reprise par d’autres peintres, elle doit avoir une signification, mais je n’ai pas cherché laquelle.) Merci, Francine, de m’avoir engagée sur cette comparaison, cela me fait apprécier d’autant plus notre portrait. Camille.
Francine du Canada
3 mars 2015 @ 23:05
Il s’agit bien de l’œuvre de Robert Home et je trouve votre analyse très intéressante. Merci Camille! Amitiés, FdC
Camille Gilbert
5 mars 2015 @ 12:24
Chère Francine, je suis en retard pour vous répondre, je ne sais pas si vous me lirez. Je voulais simplement ajouter qu’ayant regardé toute la galerie des portraits du duc, on décerne au moins trois personnalités distinctes. J’ai pensé que lorsqu’on réagit sur une ou deux photos, c’est souvent un seul aspect de la personne qui est mis en lumière. J’essaie de garder cela en perspective lorsque je commente. Evidemment quand on relativise tout, on n’écrit plus rien, ou on écrit essentiellement soit à partir de ce que l’on sait du noble ou royal en question, ou sur les circonstances de la « photo-op ». Merci en tout cas d’avoir pris la peine de nous trouver un élément de comparaison. Camille.
Figaro
28 février 2015 @ 16:12
Je n’aime pas ce tableau inachevé, la tête paraît ridiculement petite par rapport à l’ensemble. En plus, on dirait une tête posée sur une pique et habillée d’une cape, ce qui pour un aristocrate anglais ou français est de très mauvais goût.
Camille Gilbert
2 mars 2015 @ 01:25
Figaro, en revoyant le tableau encore une fois, c’est ce que je me suis dit. Par les temps qui courent, je ne l’aurais pas mentionné, mais on dirait une tête posée sur une assiette, ou, comme il n’y a pas d’assiette, une tête flottante, une apparition. L’humanité et la force du personnage empêchent cependant d’entretenir des images de fantômes.