La maison de vente Christie’s mettait aux enchères à Paris deux pleurants issus du tombeau du duc de Berry et datant du début du 15ème siècle. Il s’agit de deux œuvres réalisées par Jean de Cambrai qui était l’un des grands sculpteurs de son époque. Le tombeau de Jean de France, duc de Berry (frère du roi Charles V) comptait initialement 40 pleurants.
Lors de la révolution, le tombeau qui avait été transporté dans la cathédrale de Bourges fut endommagé. Il ne resta plus que 29 pleurants. Le sculpteur Jean de Cambrai n’en avait réalisé que cinq en marbre, les autres ont l’œuvre d’Etienne Bobillet et Paul Mosselmann.
Les deux pleurants ont été adjugés à 5.025.000 € mais immédiatement préemptés par le musée du Louvre qui dispose à présent de deux semaines que pour confirmer son achat. Dans le cas contraire, il sera définitivement adjugé à l’acquéreur de Christie’s. (Merci à Anne)
Caroline
17 juin 2016 @ 09:23
Tout ce que j’espère, c’est que le Musée du Louvre achète finalement ces deux pleurants au nom de notre patrimoine français! Ou bien dans un autre musée uniquement en France!
Henri III
17 juin 2016 @ 10:01
C’est inacceptable que ce bien national soit vendu. Ca appartient aux français. Il ne devrait même pas y avoir une vente. Que le Louvre paie un tel prix est aberrant. On ne devrait aps vendre ce qui est notre histoire et notre bien.
aubert
17 juin 2016 @ 12:34
…il doit bien rester quelques bilboquets sauvés de la noyade dans les fonds de tiroir du Louvre
Helka
17 juin 2016 @ 18:38
Je suis entièrement de votre avis. Mais la France actuellement est en passe de vendre son âme!
aubert
17 juin 2016 @ 12:32
…le richissime vénézuélien aurait dû les acquérir pour les offrir à l’actuel et ô combien français, duc de Berry ?
Cosmo
17 juin 2016 @ 12:41
Etonnant à double titre ! Comment de telles statues peuvent-elles être en mains privées ? Où le Louvre va-t-il trouver cinq millions d’euros ?
isamarie
17 juin 2016 @ 16:52
finalement le louvre achète des oeuvres qui ont été volées ! C’est curieux quand même.
Leonor
20 juin 2016 @ 09:29
Les musées sont pleins d’oeuvres » volées ».
Tout dépend de ce qu’on entend par le verbe » voler ».
Actuellement aussi, Daech & co vendent ce qu’ils ont volé . Le trafic d’objets d’art rapporte beaucoup. Il se trouve évidemment des acheteurs, le monde étant ce qu’il est . Dans deux générations, personne ne saura plus que cela a été volé – on verra – , et la vente-revente des-dits objets sera entrée dans la normalité.
Si je dis » on verra », c’est que, avec l’informatique maintenant, il est possible que la traçabilité des objets devienne meilleure. Mais rêver à une transparence totale en la matière me semble illusoire.
Otma
17 juin 2016 @ 17:47
Pensez donc la même chose pour toutes les oeuvres étrangères! !! Ça changeras de refrain. Cela me rappelle les opa extérieures sur les entreprises françaises qui bien évidemment font hurler quand dans le même temps les mêmes applaudissent aux prises de participation à travers le monde !!! Conclusion :un pauvre patriotisme à géométrie variable.
jo de st vic
17 juin 2016 @ 17:50
Henri III d’accord mais comme vous le savez nombre de monuments, chateaux etc..ont été pillés sous la revolution de 1789..par des français qui ont par la suite (ou leurs heritiers) monnayé ces trésors, comment faire pour les recupérer aprés des propriétaires actuels 227 ans aprés ? c’est triste effectivement
Marie1
18 juin 2016 @ 07:48
Dans la cathédrale de Bourges uniquement le gisant, les pleurants répertoriés sont actuellement exposés dans différents musées du monde, ces deux pleurants étaient les derniers dans une collection privée.
Dans cet article on peut voir la reconstitution du tombeau du Duc de Berry.
http://www.alaintruong.com/archives/2016/03/31/33594826.html
Gérard
18 juin 2016 @ 08:03
Oui mais le Louvre l’achète par préemption et on ne peut empêcher quelqu’un de vendre ce qui lui appartient.
jo de st vic
18 juin 2016 @ 11:18
Isamarie….ces trésors ont été « volés » lors de la revolution de 1789 par des « français » puis revendus ça et là…attention l’Egypte , le Gréce, et d’autres pays pourraient nous reclamer la restitution d’objets rapportés indument..
Leonor
20 juin 2016 @ 09:32
Jo, vous savez bien que c’est déjà depuis belle lurette que la Grèce et l’Egypte réclament la restitution des oeuvres démontées et emportées jadis par les archéologues britanniques, français, allemands.
C’est un problème complexe.
Gérard
18 juin 2016 @ 12:36
Le tombeau de Jean de France (1340-1416), duc de Berry, avait été placé dans la Sainte-Chapelle de Bourges vers 1450-1453 mais il fut transféré en 1756 à la demande de l’archevêque de Bourges dans la crypte de la cathédrale Saint-Étienne.
En 1693, la Sainte-Chapelle fut incendiée et la toiture étant mal réparée, une partie du pignon s’écroula en 1756. Le chapitre avait les moyens suffisants pour les réparations mais sollicita un soutien de l’archevêque Georges-Louis Phélypeaux d’Herbault qui en profita pour faire détruire l’édifice malgré les protestations des chanoines et de la princesse de Conti. La Sainte-Chapelle fut rasée en 1775.
On sait que le tombeau du duc Jean a été mutilé à la Révolution comme tant d’autres c’est ainsi que pleurants ont été dispersés. Il y en avait 40 dont on connaît aujourd’hui la trace de 29.
Une première campagne de travaux du vivant du duc avait été dirigée par Jean de Cambray (ou de Cambrai), collaborateur d’André Beauneveu, et semble s’être arrêtée à la mort du prince en 1416. Jean de Cambray exécuta le gisant conservé dans la cathédrale de Bourges aujourd’hui, et cinq pleurants en marbre, aplatis dans le dos pour constituer des figures d’applique, mais son travail des draperies est inégalé et rappelle celui de Claus Sluter.
Charles VII, petit-neveu du duc, ordonna la reprise des travaux après 1450 et confia le travail à Étienne Bobillet et Paul Mosselmann (connu de 1441 à 1467).
Il s’agissait de terminer le décor architectural et de compléter les pleurants et ce fut le cas avec ces statuettes en albâtre veiné, sculptées en ronde-bosse et d’un esprit très différent.
Dix pleurants sont au Musée du Berry à Bourges, quatre d’albâtre sont au château berrichon de La Verrerie, à Oizon, chez le comte Béraud de Vogüé, un autre en albâtre est connu mais son adresse demeure secrète, deux de marbre sont à New York au Metropolitan Museum et avaient été achetés à la famille Gassot de Fussy, un en albâtre est conservé à la fondation danoise Custodia à Paris, ex-collection Fritz Lugt en l’hôtel Turgot, deux autres en albâtre sont au Louvre et ont été achetés en vente publique en 1953 et en 1972, deux sont au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, un en albâtre et l’autre en marbre, et proviennent de la collection d’Alexandre Petrovitch Basilewsky (collection qu’il vendit en 1884 au tsar Alexandre III et qui fut transportée de son hôtel parisien du Trocadéro à l’Ermitage), un d’albâtre a été acheté par Auguste Rodin en 1917 et se retrouve donc au musée Rodin à l’hôtel de Biron à Paris.
Quatre étaient dans la collection parisienne de Denys Cochin, la famille du baron Cochin, dont les deux qui furent vendus en 2013.
Sur ceux qui sont conservés au musée du Berry en l’hôtel Cujas à Bourges il y en a deux de marbre dus à Jean de Cambray et huit en albâtre.
Les deux pleurants qui ont été vendus chez Christie’s en 2013 provenaient de la collection de Pierre-Henri Péan de Saint-Gilles (1757-1823) et avaient été reçus par donation en 1807, par la suite ils étaient passés en 1876 dans la famille du grand mécène Denys, baron Cochin (1851-1922) du fait de son mariage en 1876 avec Hélène Péan de Saint-Gilles (1857-1946) et ils avaient été vendus par les héritiers de cette famille. Ils ont été achetés un peu plus de 4 millions d’euros en 2013 et sont restés en France.
Les deux derniers pleurants de marbre qui viennent d’être vendus et qui sont donc deux des cinq de Jean de Cambray (avec deux de Bourges et celui de l’Ermitage) ont la même provenance.
Cependant ces pleurants n’étaient peut-être plus dans la collection Cochin car après la mort pendant la Première Guerre mondiale des deux fils et du gendre du baron (le capitaine Augustin Cochin, mort pour la France à Hardecourt le 8 juillet 1916, le capitaine Jacques Cochin, mort pour la France le 13 février 1915 au combat du Xon, près de Pont-à-Mousson, et le comte Armand de Ghaisne de Bourmont, également capitaine, mort pour la France le 23 juillet 1917 au ravin des Fontaines à Vaux), celui-ci avait semble-t-il décidé de mettre en vente sa collection auprès de la galerie Georges Petit le 26 mars 1919.
jo de st vic
18 juin 2016 @ 17:18
Pourquoi ces heritiers français et mécènes n’ont ils pas fait don de ces oeuvres a la France ? .4,. millions d’Euros …
framboiz 07
20 juin 2016 @ 01:59
Parce que l’Etat ne leur fait pas cadeau de leurs impôts …Entre autres raisons !
jo de st vic
20 juin 2016 @ 12:30
Je ne vois pas trop le rapport framboiz 07…nous parlons de mécénes ? et non d’assujettis a l’impot.cela me fait penser a l’actuelle pétition (trés discréte » ) demandant le retour des droits Maurice Ravel dans le domaine public, contesté par les ayant droit qui n’ont d’ailleurs aucune parenté avec le compositeur…