La guitare-luth de la reine Marie-Antoinette sera vendue aux enchères le samedi 15 juin 2019 à Villefranche-sur-Saône. Fabriquée en ivoire, ébène et écaille brune par le luthier parisien Edmond Saunier, cet instrument de provenance royale a été réalisé vers 1770.
La reine Marie-Antoinette chantait et pratiquait différents instruments à cordes. Sur ce portrait de Gautier-Dagoty réalisé en 1776, le peintre a représenté la souveraine jouant de la harpe dans sa chambre en compagnie de sa suite. Derrière elle on voit aussi une guitare posée sur un pliant.
La guitare-luth de la reine Marie-Antoinette, estimée entre 50.000 € et 80.000 € par l’expert M. Cyrille Boulay, pourrait dépasser cette estimation compte tenu de la qualité et de la provenance prestigieuse de ce superbe instrument.
(Photo maison de ventes RICHARD et DR – merci à Charles)
Francois
8 juin 2019 @ 09:10
Ce serait magnifique de voir cet instrument
venir à Versailles dans le cabinet doré avec la harpe
Mais le prix sera beacoup beacoup plus haut que cette estimation
À moins d’un mécénat peu de chances de l’y voir
Guillaume
8 juin 2019 @ 09:51
Musées de Versailles et de Trianon, ou généreux mécène, portez vous acquéreurs.
Cet instrument doit pouvoir être visible par tous
septentrion
8 juin 2019 @ 11:42
Pourvu que l’Etat français se montre acquéreur….
Philippe Gain d'Enquin
8 juin 2019 @ 14:50
Un achat par l’État, le château de Versailles, ou une interdiction de sortie du territoire seraient judicieux.
framboiz 07
8 juin 2019 @ 20:17
Souhaitons qu’elle reste en France dans un musée , une souscription pour 80000 euros, c’est possible , non ? Reste à savoir qui la possédait …
Karabakh
9 juin 2019 @ 00:24
La guitare-luth est un hybride, empruntant d’une part la facture du luth, d’autre part la mécanique (6 cordes) et l’accordage (Mi-La-Ré-Sol-Si-Mi) de la guitare classique simple.
L’instrument produit une sonorité très douce et riche en harmonies ; il est d’ailleurs conçu pour jouer un répertoire baroque avec la technique de la guitare basique – sans ce montage particulier, seules les guitares classiques enrichies, possédant de 10 à 12 cordes, permettent de jouer ce registre initialement écrit pour des luths ou des guitares baroques. C’est possible de jouer du classique avec une guitare-luth. On gagne alors surtout en amplitude de son.
Il s’agit presque exclusivement de pièces artisanales, d’où le prix élevé voire délirant en comparaison d’une guitare standard.
Baboula
9 juin 2019 @ 19:15
Merci señor Joaquin Rodrigo .
Karabakh
10 juin 2019 @ 13:20
Il étaient marquis, c’est vrai. 😜
Karabakh
13 juin 2019 @ 11:31
Hum. La faute d’accord. 🙄
Cedric Gruenais
9 juin 2019 @ 07:41
A l’heure où tant de polémiques sont soulevées au sujet du liuto forte, ce luth (car s’en est un, malgré tout ce que peuvent en dire certains « puristes ») du XXeme siècle reprenant quelques traits de la lutherie de la guitare, on voit que ce procédé ne date pas d’hier ! Vive la liberté !
Claude-Patricia
9 juin 2019 @ 15:05
Pour un musée…
Gérard
9 juin 2019 @ 16:45
Il ne fait pas de doute que cette guitare-luth, qu’on appela autrefois mandoline, a bien appartenu à la reine Marie-Antoinette.
Sur la face avant nous avons notamment un médaillon circulaire en ivoire ajouré au monogramme entrelacé MA entouré d’une couronne composée de branches de rosiers retenues par des nœuds enrubannés ceinturées de deux cercles en ivoire sertis de petits cabochons de turquoises (manque) et finissant par un entourage alterné de motifs en nacre et en écaille brune.
Le manche en ébène est surmonté d’un dauphin en ivoire. La guitare est retenue par une cordelette attachée d’une part à un bouton en ébène et à l’extrémité par une pastille en ivoire (postérieure), à décor d’une médaille ornée du profil de Louis XVI entouré de l’inscription : « Ludovicus XVI Rex Christianiss. »
La guitare est conservée dans son étui d’origine en bois noirci et elle est due à Edmond Saunier né à Mirecourt dans les Vosges vers 1730 et mort après 1783, peut-être en 1789, à Paris, qui fut luthier à Bordeaux puis Paris et fut professeur de musique de Marie-Antoinette et de Madame Élisabeth.
On voit une guitare sur le portrait de Marie-Antoinette jouant de la harpe dans son salon, peint en 1776 par Jean-Baptiste Gaultier-Dagoty (1740-1786) où l’on a donc sur un pliant une guitare. On voit également des guitares sur des portraits de la comtesse de Provence ou de la vénérable Clotilde de France qui fut reine de Sardaigne de 1796 à sa mort en 1802.
On a également la trace de la guitare-luth de Marie-Antoinette qui n’a pas souvent changé de propriétaires. Trois familles l’ont eue successivement après la famille royale.
Elle fut dans la collection de Madame veuve de Sanglé-Ferrière et exposée au Petit Trianon en 1867 dans le cadre d’une exposition « Marie-Antoinette ». On précisait en 1867 qu’elle était dans la famille de la propriétaire depuis 1808 et à l’époque du Second Empire le propriétaire était Monsieur de Sanglé-Ferrière receveur des finances de la Nièvre et habitant Clamecy. Il essaya de la vendre 3000 francs et n’y parvint pas.
En 1955 elle fut présentée à nouveau dans une exposition au château de Versailles :
« Marie-Antoinette, Archiduchesse, Dauphine et Reine » sous le nom de mandoline. Il était indiqué alors dans le catalogue qu’elle provenait de l’ancienne collection Sanglé-Ferrière et Henri Manière lequel l’avait acquise en 1922, et qu’elle était alors dans la collection de Madame Gauthier-Manière fille d’Henri Manière.
Elle fut achetée alors à cette famille par les parents de l’actuel propriétaire à Drouot en 1975.
Karabakh
11 juin 2019 @ 10:54
La guitare-luth et la mandoline sont deux instruments différents (manche, cordier, etc) et, les deux ayant coexisté au XVIIIè siècle, la confusion est assez improbable, même dans une époque où l’on appelait pas toujours un chat par son nom. Puis, jouant de plusieurs instruments de cette famille des luths, donc m’y intéressant de très près, j’ai déjà entendu causer de cet instrument et je n’ai pas souvenir d’avoir entendu, pas non plus lu, quoi que ce soit allant en ce sens – si ce terme avait été utilisé, je pense qu’il en aurait été question dans les propos d’historiens, luthiers, etc.
Gérard
11 juin 2019 @ 14:08
https://www.leprogres.fr/rhone-69-edition-villefranche-et-beaujolais/2019/02/23/la-mandoline-de-marie-antoinette-retrouvee-en-calade-sera-t-elle-reconnue-tresor-national
Cet instrument a été d’abord qualifié de mandoline et ce n’est qu’après divers expertises qui firent repousser la vente aux enchères, qu’il est maintenant qualifié de guitare-luth. Il avait appartenu à une famille de Villefranche-sur-Saône qui l’avait acheté chez Drouot et en premier lieu semble-t-il il aurait été donné par la reine à un valet de chambre qui aurait été guillotiné.
http://marie-antoinette.forumactif.org/t4266p25-une-guitare-luth-et-non-pas-une-mandoline-ayant-appartenu-a-marie-antoinette
Karabakh
12 juin 2019 @ 20:03
Je connaissais l’historique mais je n’avais jamais lu qu’il a été question de mandoline, à un moment. Ce petit instrument a pourtant fait parler dans les lutheries, car il est très original en comparaison d’autres ouvrages de la même periode – toujours des pièces très uniques et très rares mais quand même moins « jolies » au sens noble du terme.
Cet objet fut donc d’abord regardé comme une mandoline. C’est assez amusant et étrange mais j’imagine que les propriétaires n’étaient pas connaisseurs. Cela arrive.
Juste. Au départ, j’ai pensé que vous parliez d’une appellation d’époque et donc cela me surprenait car les gens connaissaient déjà autant le luth que la guitare (dans une conception plus élémentaire mais déjà typique), bien sûr la mandoline aussi… et donc, je me représentait mal la confusion, et cela malgré que le XVIIIème fut très folklo sur les noms de choses – une appellation douteuse m’aurait moins surpris à l’égard de certains meubles, par exemple.
Bref. Quiproquo. Au temps pour moi.
Au final, cet instrument possède une grande valeur esthétique et, de ce que j’ai pu lire, il semble avoir aussi être très intéressant sur le plan acoustique.
J’imagine bien. 😉
Brigitte et Christian
10 juin 2019 @ 14:00
bonjour à tous
Merci à Charles pour cette information. Cet instrument doit avoir sa place dans un musée français si ceux ci ont encore les moyens d’effectuer cet achat ? attendons le 15 juin pour savoir .
amitiés de Dracénie sous le soleil
framboiz 07
10 juin 2019 @ 18:28
Merci,cher Gérard !
Gérard
11 juin 2019 @ 14:09
Merci à vous Framboiz.
Charles
12 juin 2019 @ 15:07
Gérard,
Tout ce que vous avez écrit est exact
Merci à vous
Gérard
13 juin 2019 @ 02:49
Merci Charles cher ami.
Gérard
13 juin 2019 @ 09:24
Dans sa recension des instruments de musique au château de Versailles l’Établissement public note la présence d’une mandoline sur le tableau Marie-Joséphine de Savoie, comtesse de Provence par Jean-Baptiste-André Gautier d’Agoty en 1777 et cette mandoline ressemble à la guitare-luth qui doit être vendue, et elle est qualifiée ainsi :
« Instrument à cordes descendant du luth et de même forme ; ses cordes métalliques sont couplées et jouées avec un plectre (lamelle de bois ou d’ivoire) ; apparaît au XVIIe siècle. »
Il est également noté une guitare dont la forme rappelle celle de nos guitares contemporaines dans le tableau du même Gautier d’Agoty et de 1775, Marie-Thérèse de Savoie (1756-1805), comtesse d’Artois, et le commentaire est le suivant : « La faveur de la guitare s’est maintenue du Moyen-Âge à la fin du XVIIIe siècle. On l’utilise dans les salons et les concerts, ainsi qu’au théâtre. Comme le luth, elle tend à disparaître, mais elle sera employée de nouveau dans l’opéra-comique, car ce n’est pas un instrument d’orchestre. »
Il est également signalé un luth joué par Arabella Hunt (1662-1705) chanteuse et luthiste anglaise, sur des estampes de Gottfried Kneller et John Smith. Le luth est ainsi décrit : « Instrument à cordes comportant un manche et un grand nombre de cordes associées par paire dont le jeu nécessite un doigté savant ; la caisse est en forme de poire coupée en deux ; s’intègre à l’orchestre au XVIIe siècle ; convient aux airs de cours par ses sons mélancoliques ; disparaît au XVIIIe siècle. »