A Drouot le 29 juin prochain, la maison Ader mettra en vente ce buste du sculpteur Guillaume Geefs (sculpteur officiel de la cour sous le règne de Léopold I) représentant le prince Louis-Philippe de Belgique (1833-1834), premier enfant du roi Léopold I et de la reine Louise-Marie. Le petit héritier fut baptisé en l’honneur de son grand-père maternel le roi Louis-Philippe des Français. Il décéda des suites d’une grave infection des muqueuses avant d’avoir atteint l’âge d’un an. Cette pièce historique est estimée entre 2.000 et 3.000 €.
Claude-Patricia
11 mai 2015 @ 11:49
Bonjour à tous,
Puisque nous sommes dans la descendance du roi Louis-Philippe, voici la suite de mon texte :
…La comtesse de Paris et ses filles se transformèrent en infirmières et se dévouèrent pour les blessés de guerre. Ceux-ci leur en furent certainement reconnaissant mais ne purent s’empêcher de faire découvrir la richesse de leur vocabulaire au perroquet de la comtesse de Paris, qui, bon élève l’accueillit un jour par un strident : « Bonjour Maman cochon ».
La France pansait ses blessures dues à la guerre et la Maison de France se trouvait en mal d’héritier. Les descendants du fils de louis-Philippe, Antoine d’Orléans, duc de Montpensier étaient espagnols, ceux du comte d’Eu brésiliens, le frère aîné du duc de Guise, le beau prince Henri était mort, le duc d’Orléans n’avait aucun espoir d’engendrer un enfant légitime. Ne restaient plus par ordre de préséance que son frère Ferdinand, titré duc de Montpensier,son beau-frère le duc de Guise, son cousin le duc de Vendôme et son fils Charles, descendants du duc de Nemours. C’était peu, aux normes d’une famille royale. Aussi, les soeurs de Ferdinand, la Reine Amélie, la duchesse d’Aoste, la duchesse de Guise et l’infante Louise décidèrent-elles de le marier.
Elles dénichèrent une jeune fille bien sous tous rapports, et de plus fort riche, ce qui excusait la modestie de sa noblesse castillane. Ferdinand d’Orléans épousa donc Isabelle, marquise de Valdeterrazo en 1921, et s’installa avec elle au château de Randan qu’il avait hérité de sa mère.
Ses soeurs respirèrent, hélas pour peu de temps, car le duc de Montpensier mourut d’une façon inexplicable, du moins inexpliquée, avant d’avoir pu produire une descendance. Bientôt le château de Randan brûla mystérieusement et les trésors qu’il contenait disparurent.
Revenu de tout, le duc d’Orléans reprit ses errances. Il ne lui restait plus de terres à découvrir, et son cher pôle avait été sillonné en tous sens par les expéditions étrangères. Sa collection d’animaux était quasi complète et il avait dû se séparer de son yacht.
Il repartit cependant pour l’Amérique du Sud d’où il ramena de nombreux serpents, puis il s’enfonça dans le continent africain. Du Cap, il remonta lentement vers Karthoum, se livrant immodérément aux plaisirs de la chasse et faisant à chaque étape des massacres. La Somalie, l’Ethiopie, l’Egypte, il parcourut toutes ces contrées jusqu’à satiété. Epuisé, il arriva à Palerme en son palais d’Orléans qu’il avait hérité de son arrière grand-mère la reine Marie-Amélie. Cette très vaste demeure sans grand caractère située en dehors de des gros remparts normands de la capitale sicilienne, abritait de somptueuses collections constituées par le roi Ferdinand et la reine Marie-Caroline. Mais surtout s’étendait tout autour sur des dizaines d’hectares le plus beau parc de l’île, où orangers et citronniers se mêlaient aux palmiers et aux essences rares; Aujourd’hui il ne reste rien du décor original du palais, dépersonnalisé par l’administration qui l’occupe, et le parc est réduit à l’embryon de ce qu’il fut. Le chaud soleil de l’hiver sicilien, le ciel éternellement bleu, l’air marin, les parfums de fleurs ne parvinrent pas à rétablir le duc d’Orléans. Une congestion pulmonaire l’emporta en quelques jours au mois de mars 1926. Les portes de son pays, qui, de son vivant lui étaient restées fermées, s’ouvrirent devant sa dépouille mortelle et il put reposer à Dreux dans le panthéon des orléans, crée par Louis-Philippe.
flabemont8
11 mai 2015 @ 14:31
Merci, Claude-Patricia , pour ces deux articles , mais un homme qui massacre des animaux n’aura jamais de ma part ni sympathie , ni respect !
Mary
12 mai 2015 @ 20:56
Pareil pour moi Flabemont ! Justice immanente ! Et si ce déplaisant
» môssieu »était » revenu de tout »,que n’était- il revenu aussi du goût pervers de massacrer des animaux libres et qui vivent selon leur instinct ?
Je garde ma compassion pour des gens qui le méritent ! Il n’avait pas même l’excuse d’avoir faim pour chasser !!!
Gérard
14 mai 2015 @ 21:58
Le duc d’Orléans grand explorateur et naturaliste, voyageur infatigable, a laissé il y a presque un siècle ses collections taxidermiques au Muséum et elles viennent en grande partie d’être restaurées et sont présentées. Elles ont contribué à l’amour de la nature et des animaux de plusieurs générations et à l’étude des espèces animales. Ce sont aussi des œuvres d’art avec des scènes saisissantes. Il faut éviter l’anachronisme de porter des jugements actuels sur la chasse que nos grands-parents pratiquaient largement et toutes classes confondues en des temps où les espèces n’étaient pas en danger. La cruauté envers les animaux existe mais elle est rarement le fait des chasseurs.
Claude-Patricia
11 mai 2015 @ 12:25
1918 1939 Le roi et les royalistes.
Le nouveau chef de la Maison de France se trouva alors être le duc de guise, qu’une ribambelle de morts inattendues plaçait dans une position à laquelle il n’avait pas été préparé. Son nouveau statut de Prétendant le condamna brusquement à l’exil. La république, reconnaissante de son rôle pendant la Grande Guerre lui fit savoir qu’il pourrait continuer à séjourner en France pourvu qu’il demeurât en dehors de la politique, mais il avait trop le sens du devoir pour se laisser fléchir. Il fit part de sa décision à son unique fils, l’actuel comte de Paris, lui aussi obligé par la loi de s’expatrier : « Nous partirons en exil ». Puis il remplit une fiole de sa terre bien-aimée sur laquelle il inscrivit « Paname », et les lèvres serrées, mais le coeur brisé, il alla s’installer le plus près possible de la France, en Belgique.
Le duc de Guise, en accédant à la tête de la Maison de France, trouva en face de lui l’Action Française. Le vieux parti royaliste avait plutôt sommeillé pendant des décennies. En 1910, Charles Maurras en avait pris la tête. Ce patriote intransigeant, ce théoricien infiniment intelligent, cet écrivain au vaste talent, aidé du polémiste Léon Daudet et de l’historien Bainville, transforma un outil vétuste en machine puissante et ultra-moderne. Se modelant sur le dernier cri de la mode politique, le parti monarchiste se dota de structures admirablement rodées et dans le vide grandissant creusé par les erreurs et les faiblesses de la République, attirait de plus en plus d’adhérents. Bien sûr, l’Action Française soutenait le prétendant, mais désormais sa force, son importance lui permettaient de se passer des avis de ce dernier. Au début, cependant une crise les rapprocha. En 1928, le pape prononça l’interdiction de l’Action Française en excommuniant ses adhérents.Cette décision à l’encontre d’un parti qui se voulait ouvertement catholique paraissait inexplicable, elle répondait cependant au désir velléitaire de l’Eglise de se gagner une gauche qui la récusait en sacrifiant une roite qui la soutenait. Il fallu maisser passer des années, il fallut aussi les efforts conjugués d’une des filles du duc de Guise, la princesse Françoise, installée à Rome, et du cardinal secrétaire d’etat Eugène Pacelli, futur Pie XII, pour venir à bout du différent qui opposait désormais la Maison de france et le Saint-Siège. Cette injuste mesure n’avait fait qu’encourager la duchesse de Guise à soutenir l’Action Française, dont certains idéaux correspondaient aux siens mieux qu’à ceux de son mari.
La Maison de France avait élu domicile au Manoir d’Anjou, hérité du duc d’Orléans, et situé à la porte de bruxelles. Un parc un peu triste entourait une vaste villa qui contenait les trésors réchappés des guerres et des révolutions, les portraits de famille par Champaigne, Rigaud, Largillière, Ingres, Reynolds, Gros, Pourbus, Vigée-Lebrun, l’argenterie du régent ciselée par Thomas germain, d’innombrables et fascinants souvenirs historiques comme la table de Marie-Antoinette ou un morceau du manteau de Saint-Louis. Les Orléans avaient toujours accumulé les livres. Le seul château d’Arc-en-Barrois en Champagne contenait trente mille éditions rares appartenant au duc de Chartres. La bibliothèque du Manoir d’Anjou constituée en grande partie par le duc de guise, représentait des années de recherches et d’achats judicieux.
Gérard
11 mai 2015 @ 14:17
La mort du jeune prince héritier à moins de dix mois, victime des négligences des gouvernantes, fut une horrible épreuve pour le couple royal et surtout pour le roi qui revécut les affres de la mort de sa première femme et de son premier enfant.
Palatine
12 mai 2015 @ 07:14
Quand on voit le nombre d’enfants morts à cause de négligences de gouvernantes ou domestiques, c’est atterrant. Louis XV a aussi perdu ainsi son deuxième fils.
aubert
14 mai 2015 @ 13:39
espérons que les gouvernantes monégasques dont on a pu admirer le frais sourire ont plus de compétences.
Gérard
14 mai 2015 @ 21:45
Il y eut en effet une gouvernante anglaise et en même temps une nourrice belge et une sous-gouvernante allemande qui ne s’entendaient pas dans tous les sens du terme. Elles avaient acquis leur autonomie après une dépression postnatale de la reine. Le personnel était belge.
Le roi écrivait à la reine Marie-Amélie le 21 décembre 1833 : « Les nourrices sont une peste et Mad. Dittz en est la digne représentante. Nos médecins ne m’inspirent pas trop de confiance mais Miss Lumley marche très bien à présent. » Le roi a gardé une tendance à l’anglomanie.
Après le voyage à Paris du roi et de la reine ils constatèrent les dégâts sur la santé du jeune prince qui était né en parfaite santé et plutôt fort, et pour conserver le lait de la nourrice se séparèrent de la gouvernante. Après on changea finalement la nourrice car après son succès elle était devenue plus arrogante encore. Une « grosse et fraîche paysanne commune et simple » fut la nouvelle nourrice.
Mais il y eut aussi la diversité des médecins consultés, leur multiplicité et celle des traitements essayés sur le cher Babochon. Le célèbre docteur James Clark fut consulté trop tard.
En définitive la faculté considéra que le prince souffrait d’une laryngie ou d’une bronchie avec beaucoup de fièvre et « une toux curieuse ».
Déjà la princesse Charlotte de Grande-Bretagne la première épouse de Léopold était morte des suites de son accouchement d’un fils mort-né, dit-on du fait de la négligence en 1817 du médecin accoucheur sir Richard Croft, 6e baronnet, lequel si marqué par cette tragédie devait se suicider à la suite d’une autre naissance difficile l’année suivante.
Le roi fit chevaliers de son Ordre le docteur Clark, futur médecin de la reine Victoria et nommé baronnet, et son confrère François-Joseph Moreau, médecin du roi des Français, qui avait embaumé Louis XVIII, avait été chirurgien de Charles X et le médecin-accoucheur des Orléans et c’est lui qui avait mis au monde le jeune prince quand il avait accompagné Marie-Amélie à Laeken. Louise avait exigé son retour. Il conseilla de changer de climat.
Le roi Léopold écrivait dès le 13 mai 1834 à Charles Le Hon, son ambassadeur à Paris : « Ce qu’il y a de plus triste, c’est que cet enfant était si fort et si beau, et que s’il eût appartenu à quelque paysanne, il serait probablement frais et dispos maintenant, mais à force de timidité et d’improvisation, on avait permis à un état inflammatoire des membranes muqueuses de s’établir » – Le comte Le Hon est l’ancêtre de la reine Paola -.
L’enfant mourut de fièvre et d’épuisement le 16 mai au soir à Laeken dans les bras de sa mère, laissant aussi la Belgique dans le désarroi.
Dame Tartine
11 mai 2015 @ 15:32
Le pauvre enfant a une tête de petit vieux
aubert
14 mai 2015 @ 13:41
mon rêve, ce buste sur ma cheminée !
Robespierre
16 mai 2015 @ 09:36
Ah oui alors !
Nathetvoila
11 mai 2015 @ 16:52
c’est ravissant !
COLETTE C.
11 mai 2015 @ 18:43
Très émouvant, ce buste et expressif.
ludovic hubert
11 mai 2015 @ 19:49
il fut surnomé babochon par c’est parents
Lady Chatturlante
13 mai 2015 @ 17:42
Bescherelle ta mère, Ludovic Hubert…
Gérard
14 mai 2015 @ 22:11
Ou parfois à l’anglaise Babychou.
Zeugma
11 mai 2015 @ 20:23
Ce buste devrait faire moins que « Les Femmes d’Alger » de Picasso ou « L’homme au doigt » de Giacometti qui sont mis en vente demain, mardi 11 mai, chez Christie’s à New-York
Le Picasso est estimé aux environs de cent quarante millions de dollars et la statue de Giacometti à dix millions de dollars de moins..
Camille
12 mai 2015 @ 20:24
J’ai vu pire comme représentation d’un jeune enfant (je n’aime par exemple pas les portraits du XVIe avec les enfants de France qui semblent tous avoir au moins 7 à 10 ans de plus que leur âge réel au moment de la pose), mais c’est vrai que le buste donne l’image d’un enfant plus âgé.
Robespierre
16 mai 2015 @ 09:37
je ne suis pas expert en bébés, mais je n’ai jamais vu un enfant de dix mois avec un tel nez crochu