Vente le 4 février 2022 à 14 heures à Marseille par la maison R&C d’une lettre signée par Marie Thérèse de France (1778-1851), fille du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette qui devint plus tard duchesse d’Angoulême.
Voici le descriptif détaillé de cette pièce historique estimée entre 3.000 et 4.000 € : « MARIE THÉRÈSE CHARLOTTE DE FRANCE, (1778-1851). Dauphine de France et Duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI et Marie-Antoinette. Surnommée « Madame Royale », elle est la seule des enfants royaux à survivre à la Révolution française.
Rare brevet accordé à la veuve d’un ancien valet de chambre de Louis XVI et Marie Antoinette. Pièce signée de sa main “Marie Thérèse”, contresignée par son secrétaire Théodore Charlet, cachet de cire rouge à ses armes. Château des Tuileries, 5 mai 1826. 1 page in-folio à l’encre noire sur vélin (36 x 49 cm).
Brevet d’une pension de 600 francs en faveur de la Veuve Camot.
“Aujourd’hui Vendredi cinquième jour du mois de Mai mil huit cent Vingt Six , Marie Thérèse Charlotte Dauphine de France, étant à Paris, voulant reconnaître en la personne de ladite Marie Thérèse Joséphine Ansoul, veuve de Jean François Camot, valet de chambre de Son Altesse Royale, les bons et fidèles services rendus par défunt son mari à Sa Majesté la Reine de France, mère de Madame la Dauphine, et à Son Altesse Royale, Accorde à la dite Vve Camot une pension annuelle et Viagère de Six cents francs, sans retenue, qui lui sera payée pendant sa vie par son Trésorier général, de trois mois en trois mois à commencer du premier avril dernier, pour le premier trimestre être payé le premier juillet prochain, le second le premier octobre suivant et ainsi de suite jusqu’à l’extinction de la présente pension.
Et pour assurance de sa volonté Madame La Dauphine m’a commandé d’expédier le présent Brevet qu’elle a signé de sa main et fait contresigner par moi Secrétaire des Commandements de Son Altesse Royale et de ses maison et finances. Fait donné au Château des Tuileries le jour an ci-dessus”.
Correspondance de de Théodore CHARLET (1785-1859), secrétaire de la Duchesse, adressée à son frère Alexandre Charlet Juge au tribunal civil de 1ere instance du département de la Seine, 1823.
8 lettres in-4 autographes signées Th. Charlet, écrites à l’encre noire sur papier à son en-tête “Le Secrétaire des Commandements et Trésorier Général de son Altesse Royale Madame Duchesse d’Angoulême’, expédiées d’avril à août 1823 de St Sauveur et Bordeaux.
Trois des lettres avec tampons du secrétaire aux armoiries de la Duchesse dont deux chargées avec cachets postaux.
Th. Charlet demande à son frère à qui il a donné procuration pour retirer des sommes de la banque de France de les verser sur sa caisse pour le service de Madame La Dauphine. Il le tient au courant de ses déplacements au côté de la Duchesse d’Angoulême et le remercie de lui donner des nouvelles de sa famille.
‘Nous quittons St Sauveur le 26 de ce mois pour nous rendre à Pau, ou nous ne resterons que fort peu de temps. Je précéderai sans doute Madame de vingt-quatre heures : nous serons à Bordeaux le 31 de ce mois, mais quand en partirons-nous pour retourner à Paris ? Je l’ignore. La santé de Madame est très bonne : S.A.R. s’est fort bien trouvée de l’usage des eaux et moi aussi car je les ai prises fort exactement. Tu me fais grand plaisir, mon cher ami, en me disant que ma mère, ta femme et ton fils se portent bien : je forme bien des vœux pour que cela dure longtemps […]”, L.A.S. du 20 juillet 1823.
On joint 1 L.A.S. Charlet à son frère Vichy juillet 1824 1 p.in-4 et 1 pièce autographe signée “Th. Charlet” : “Je soussigné, reconnais que toutes les sommes que M. Alexandre Charlet mon frère a reçues pour moi de la Banque de France, en vertu de ma procuration pendant l’année mille huit cent vingt-trois, ont été par lui versées à ma caisse pour le service de Madame La Dauphine au moyen de quoi je le quitte et décharge de toute chose à ce sujet. A Paris, le deux janvier mille huit cent vingt-quatre”. (Merci à Pistounette)
Jean Pierre
1 février 2022 @ 09:03
La pension continua t-elle a être versée durant l’exil de la duchesse d’Angoulême ?
Dagobert 1er
1 février 2022 @ 14:07
Je me suis posé la même question !
Pascal🍄
1 février 2022 @ 09:32
Ce genre d’annonce me fait toujours penser au mathématicien Chasles qui
COLETTE C.
1 février 2022 @ 11:10
Lettre dans la descendance de la Veuve CAMOT ?
Naucratis
1 février 2022 @ 11:39
Tout d’abord, un grand merci à Pistounette pour cet article très instructif et cette information.
Marie-Thérèse de France (voilà un nom qui n’est pas ici usurpé) est un personnage encore largement méconnu et dont les caricatures seules en font quelqu’un d’aigri.
Deux corrections toutefois : je ne suis pas sûr qu’on puisse dire que Madame royale soit un surnom. Je crois qu’il s’agit plutôt d’un titre officiel à la cour. Par ailleurs en 1826, on ne peut pas dire qu’elle devint plus tard duchesse d’Angoulême car elle l’est déjà.
Il n’empêche, encore merci pour cet article !
Bambou
1 février 2022 @ 14:11
Stéphane Bern avait fait un très bon Secrets d’Histoire sur cette princesse méconnue !
Bambou
2 février 2022 @ 13:59
Mère du duc de Bordeaux, Henry V, me semble t’il.
Bambou
2 février 2022 @ 14:00
Non, je confond, excusez moi, Henry V, fils du Duc de Jerry assassiné.
Gérald
2 février 2022 @ 19:32
@Bambou
Vous ne confondez pas, le duc de Bordeaux, le comte de Chambord et le potentiel Henri V étaient la même personne, « l’enfant du miracle », fils posthume du duc de Berry.
Gérald
4 février 2022 @ 19:35
@Bambou
En revanche, ce n’était pas la mère du duc de Bordeaux mais sa tante par alliance : son mari, le duc d’Angoulême, était le frère du duc de Berry.
Sigismond
1 février 2022 @ 15:59
Il me semble que la fille aînée du roi était appelée officiellement Madame, mais que pendant les périodes où le frère puîné du roi, Monsieur, était marié, sa femme étant aussi appelée Madame, on précisait « Madame Royale » pour parler de la fille du roi.
Autrement dit, Marie-Thérèse de France fut surnommée Madame Royale de 1778 à 1793 (Madame étant la comtesse de Provence) puis de 1795 à 1805 (Madame étant la comtesse d’Artois). De 1805 à 1824, elle fut Madame tout court, puis Madame la dauphine.
Mais depuis la chute de la monarchie, le titre de Madame est donné aux épouses ou veuves du chef de la Maison de France. De nos jours depuis 1946, aux duchesses d’Anjou. En cas de restauration, la princesse Eugénie serait Madame.
Cosmo
1 février 2022 @ 17:48
Aigrie, je ne sais pas mais imprévoyante sûrement. Marier son neveu, l’héritier du trône de France, à une femme incapable de procréer, ce n’est pas scier la branche mais l’arbre.
Bambou
2 février 2022 @ 14:02
C’est quoi cette remarque consternante ?: une femme incapable de procréer…..
C’est écrit sur le front des jeunes femmes leur capacité ou non à être mère…????
Jean Pierre
2 février 2022 @ 20:49
Ben oui, c’était un fait connu et pardonnez moi de faire ici l’obstétricien mais la princesse de Modène avait un os qui lui fermait l’utérus.
Cosmo
2 février 2022 @ 22:38
Cela n’a rien à voir avec le front mais avec le bassin de la comtesse de Chambord qui avait une malformation due à l’avancée d’une travée osseuse de son bassin qui barrait de long en large l’entrée de son utérus. Il y était impossible d’enfanter ou d’avoir des rapports sexuels. Le terme usité à cette époque pour désigner une personne présentant ce type de malformation était Bréhaigne.
Donc elle était incapable de procréer.
Comme quoi il convient de s’informer avant de pousser de hauts cris.
Bernadette
2 février 2022 @ 20:28
Ah ? Il me semble avoir lu le contraire…c’était lui qui ne pouvait avoir d’enfants…raison pour laquelle Il lui a été conseillé d’épouser sa cousine….
Charlotte 78
1 février 2022 @ 18:13
Elle n’était peut être pas aigrie mais elle n’a rien compris à la Révolution et à son époque et son influence sur le comte de Chambord a empêché celui ci d’être roi.En tant que royaliste, je suppose que vous ne pouvez que le regretter.
Sigismond
3 février 2022 @ 12:23
Vous renversez les rôles, Charlotte 78. Ce qui a empêché le comte de Chambord d’être roi, c’est l’entêtement des députés qui refusaient le drapeau blanc.
Cosmo
4 février 2022 @ 13:48
Savez-vous qu’on ne remonte pas le temps et qu’il vaut mieux accepter certains faits que les refuser. Les Français ont perdu la monarchie par l’entêtement du comte de Chambord, qui, hélas comme son grand-père, n’avait rien voulu comprendre.
Lili
5 juillet 2022 @ 20:23
Un prince aussi clairvoyant que vous et aussi malin qui ne comprenait rien à son siècle. Cela dit on lui pardonne vu la fin de race qu il avait épousée.
Naucratis
4 février 2022 @ 12:03
Charlotte, peut-on lui reprocher de ne pas avoir compris la Révolution ? Elle l’a subie plus que quiconque.
Charlotte 78
7 février 2022 @ 01:40
Naucratis, elle a atrocement subi la Révolution humainement parlant mais elle n’en a tiré aucune leçon en restant fixée sur la monarchie absolue et en bourrant la tête du comte de Chambord des principes de l’ancien régime.Et voilà le résultat : plus de monarchie en France.
On ne saura jamais quelle perte cela aura constitué pour notre Histoire.
Je ne suis pas monarchiste mais je n’ai pas l’esprit obtus, peut être y aurait gagné une histoire moins tulmutueuse en ayant une monarchie constitutionnelle ou simplement représentative mais certainement pas absolue et de droit divin.Marie Thérèse n’a pas pris le coche du changement d’époque…du coup le comte n’a pas pris le carosse…Triste et ridicule!
Sigismond
1 février 2022 @ 11:58
« deux janvier mille huit cent vingt-quatre » ? Il y a une erreur quelque part, car Marie-Thérèse de France n’est devenue dauphine que le 16 septembre 1824. Et à compter de cette date, elle n’est plus et n’est plus jamais appelée duchesse d’Angoulême, titre subalterne dont nul (sauf des ignorants ou malappris) ne saurait l’affubler alors qu’elle est devenue la dauphine de France. Et à partir d’août 1830, elle se titre comtesse de Marnes, qui sera son titre officiel et unique en tant que reine de jure à partir de 1836.
Aramis
1 février 2022 @ 14:01
« Elle se titre « : c’est donc elle qui se titre ?
Sigismond
1 février 2022 @ 14:40
Elle s’est parée à compter d’août 1830 du titre d’exil de comtesse de Marnes, mais je ne saurais vous dire si c’est sur ordre de son mari le dauphin, comte de Marnes, ou de son beau-père et oncle le roi, comte de Ponthieu, ou bien de son propre chef.
Domin
2 février 2022 @ 02:59
Madame Royale est un titre
Bambou
1 février 2022 @ 14:11
Dauphine qu’en 1824 ? Non, je ne crois pas.
Cosmo
1 février 2022 @ 17:45
Et pourtant elle est passée à la postérité comme la duchesse d’Angoulême. Allez dire la Dauphine ou la comtesse de Marnes, qui saura qu’il s’agit d’elle. Mais il est vrai qu’il y a tant d’ignares et de malappris.
Là où elle est , les titres n’ont plus beaucoup d’importance. Seule la mémoire compte et on se souvient d’Angoulême et pas du reste.
Sigismond
2 février 2022 @ 14:15
Il est extrêmement regrettable qu’elle soit passée à la postérité sous ce titre subalterne, alors qu’elle fut beaucoup plus que cela : la dauphine de France, épouse du fils aîné de France. Et même reine de jure à partir de 1836.
Il reste que cela doit réjouir les Angoumoisins :-)
Cosmo
2 février 2022 @ 22:41
Pourquoi subalterne ? Elle fut à peine Dauphine et jamais reine de France.
Sigismond
11 février 2022 @ 12:28
Angoulême est un titre de cadet
aubert
3 février 2022 @ 13:53
C’est certain !!!
Les Angoumoisins se réjouissent au souvenir de Marie-Thérèse Fille de France et sont rouges de honte en pensant à monsieur Eudes d’Orléans 8.° prétendant au trône de France.
….et ne se demandent pas pour quel.le scélérat.e républicain.e ils se prononceront en Mai prochain.
Sébastien
1 février 2022 @ 14:35
Mme Campan nous apprend dans ses Mémoires les grands services rendus par ce Camot à la Reine Marie-Antoinette, mère de la Dauphine : la veille de la fuite vers Montmédy qui devait s’achever lamentablement à Varennes, il fut chargé de transporter une serviette contenant des papiers privés de la reine chez la peintre Vallayer-Coster, amie sûre de la mémorialiste. Interrogé à trois reprises suite à l’échec de l’équipée, Camot ne pipa jamais mot de ce qu’il avait bien pu faire de la fameuse serviette…
Cela valait bien une pension !
Danielle
1 février 2022 @ 16:36
Les musées devront casser leurs tirelires.
FLEUR
1 février 2022 @ 17:10
Je dispose d’un courrier d’un commerçant, daté de 1860. Je suppose qu’il ne doit pas valoir grand chose, vu qu’il ne provient pas d’une personne célèbre.
Beque
1 février 2022 @ 18:24
« Marie-Thérèse gouvernait ainsi un véritable ministère de la Charité. Elle était aidée par son secrétaire, le baron Charlet qui recevait les solliciteurs, toujours aussi nombreux – à son bureau situé au numéro un de la rue de Bourbon. Charlet fut pour Marie-Thérèse un véritable ami, animé d’un dévouement à toute épreuve. Plusieurs fois, au cours de la Restauration, elle ira séjourner au château de Bruyères-le-Châtel près d’Arpajon, que Charlet avait hérité de son beau-père, le chevalier du Repaire. Dans la chambre que Saint-Louis avait occupée autrefois [en 1228] Marie-Thérèse s’entretenait longuement avec Charlet, organisant avec lui le programme de ses charités. (…) Durant l’hiver, Charlet s’occupait de distribuer du bois à plusieurs centaines de miséreux. Il surveillait également les comptes de la maison de retraite que la duchesse avait fondée, impasse des Vignes, et qui lui coûtait cinquante mille francs par an » (sources : « Madame Royale », d’André Castelot, Perrin)
Gérard
1 février 2022 @ 22:43
Fille de France de naissance elle fut par alliance successivement duchesse d’Angoulême puis dauphine de France enfin de jure reine de France et de Navarre.
Gérard
2 février 2022 @ 00:02
Madame fut également appelée Madame royale pour la distinguer de sa tante par alliance Madame, comtesse de Provence. On l’appela aussi Madame ou Madame, duchesse d’Angoulême bien que son époux n’ait jamais porté le titre de Monsieur.
Elle fut également appelée altesse royale ce qui n’était pas l’usage habituellement sous la Restauration l’altesse royale n’étant pas habituellement donnée aux filles de France.
Sigismond
2 février 2022 @ 14:26
Elle resta Madame jusqu’en 1824 car les rois Louis XVIII et Charles X n’avaient pas de filles. Appelée Madame, duchesse d’Angoulême, car elle avait jusqu’en 1824 la préséance sur son propre mari, en tant que fille de France alors que Louis-Antoine n’était alors que neveu du roi. Ce n’est qu’au dernier soupir de Louis XVIII que Marie-Thérèse s’éleva jusqu’au titre de dauphine, tout en passant désormais après son mari.
Au XIXe siècle, la qualification d’altesse royale avait acquis davantage de prestige. Alors que sous Louis XV, les filles du roi se sentaient diminuées et presque insultées si par mégarde un ambassadeur étranger leur donnait de l’altesse royale !
Malthus
5 février 2022 @ 07:59
Imprévoyante ? Vous avez raison, mais avant le mariage, connaissait-on la « situation » du bas ventre de la dame ? Dans l’affirmative, Marie-Thérèse a voulu que son cher neveu vive comme un moine. Réponse à Cosmo.