L’étude de commissaires-priseurs Dard-Dubois va vendre aux enchères le 31 mars 2019 à Marseille une intéressante toile de Cloquemin intitulée « Portrait en gloire du Roi Louis-Philippe ordonnateur de la loi d’amnistie générale du 8 mai 1837« . Cette peinture se veut un témoignage de la politique libérale de la Monarchie de Juillet.
L’artiste Gabriel Cloquemin, qui s’est représenté en bas à droite de cette toile en train de peindre, fut emprisonné sous la Restauration et a lui même bénéficie de l’ordonnance royale de 1837.
Cette peinture provient des collections des Princes d’Orléans, une étiquette au dos de la toile indique que la peinture provient de Belmont House, la demeure de Wimbledon du Duc d’Alençon puis du Duc de Vendôme et qu’elle fut offerte par la Princesse Henriette de Belgique, Duchesse de Vendôme en 1927. Cette date correspond à la vente de Belmont House par le Duc de Vendôme.
Le tableau est estimé entre 20.000 € et 25.000 €. (merci à Charles – photo : DR)
Antoine
20 mars 2019 @ 10:08
Et dire que l’on critique l’imagerie saint-sulpicienne… Cette toile en reprend tous les poncifs.
Cosmo
20 mars 2019 @ 10:31
Difficile de faire plus pompier !
Laurent
20 mars 2019 @ 11:45
Tableau hideux
Et surtout ridicule
Louis Philippe essaie d’être Louis XIV
Et c’est raté
aubert
20 mars 2019 @ 12:53
Louis-Philippe proclame une amnistie générale, nous dit-on.
Louis XIV révoque l’Edit de Nantes nous le savons.
Ici, la critique du peintre semble bien suffisante.
Corsica
20 mars 2019 @ 16:14
À une époque où beaucoup de musées français ne roulent pas sur l’or, j’ose espérer qu’aucun d’entre eux ne dilapidera une partie de son fonds d’acquisition pour une œuvre dont l’intérêt pictural me laisse dubitative.
Clara
20 mars 2019 @ 21:17
ce Cloquemin était pourtant un artiste dans son genre ; il fut chanteur sous l’Empire dans des théâtres de second ordre. Parallèlement il fut lié avec la pègre parisienne et après avoir tenté d’assassiner un porteur de fonds il fut lourdement condamné au bagne… puis amnistié par Louis Philippe en 1837. On est incertain sur la suite de sa destinée. Espérons pour Louis-Philippe que de ses vertus royales il reste d’autres témoignages que ce tableau.
Clara
20 mars 2019 @ 21:22
cf. « Le vrai Vidocq » de Jean Savant, chapitre 18.
Caroline
20 mars 2019 @ 22:01
Laurent,
Bien vu ! Je crois que c’est une allégorie !
framboiz 07
21 mars 2019 @ 02:00
Elle est particulière,mais serait bien dans un musée .Pourvu que …
Gérard
21 mars 2019 @ 02:37
Au-delà de la propagande qui existe dans tous les régimes politiques mais qui aujourd’hui se manifeste plus à la télévision que dans l’art, il est intéressant de noter à propos de cette toile que l’auteur fut lui-même un forçat arrêté par Vidocq en 1832 et qui a été un bon dessinateur de ses compagnons de bagne. Ses talents de dessinateur et lithographe lui avaient valu d’être faux-monnayeur.
Lui et neuf autres prévenus furent jugés le 20 septembre 1832 après l’affaire dite de la Barrière de Fontainebleau. C’était un vol commis le 23 mars et que les détracteurs de Vidocq l’accusèrent d’avoir provoqué. Vidocq fut blanchi malgré de sérieux doutes.
Vidocq avait peut-être été le commanditaire en effet.
Il démissionna peu après.
Jean Marie Gabriel Cloquemin dit Victor avait alors 44 ans et était un ancien chanteur de l’Opéra-Comique. Avec deux autres accusés il fut condamné à 20 ans de travaux forcés.
Il fut transféré à Melun puis le roi le gracia. Il a représenté les forçats et leur chaîne en de multiples aquarelles et dessins.
Plusieurs sont au musée Carnavalet.
Gérard
21 mars 2019 @ 19:54
« C’est alors que, – M. Gisquet étant devenu préfet de police, et M. Carlier chef de la police municipale – Vidocq tenta pour reconquérir son ancien poste, un hardi coup de main qui lui réussit. Ce coup de main était un vol, dont il avait dénoncé la perpétuation prochaine à M. Carlier, vol que les agents de la préfecture furent, à eux tous, impuissants à découvrir, et que lui, à lui seul, découvrit, incontinent, dans le cabaret-restaurant d’un nommé Schmidt, à la barrière Fontainebleau ; – en récompense de quoi, Vidocq fut replacé à la tête de son ancienne brigade, au commencement de 1832.
Or, vol, voleurs, volé, tout cela était fictif, tout cela était pour la frime, comme il me fut dit alors par plus d’un fin habitué de prison. Mais comme, au rendez-vous que leur avait donné Vidocq, se trouvèrent sur les lieux, quand la police prévenue y arriva, les quatre forçats libérés, Séguin, Lenoir, Desplantes et Cloquemin, c’en fut assez pour que ces quatre individus fussent condamnés à retourner au bagne comme récidivistes.
Le dernier d’entre eux était le pauvre et habile artiste, auteur des quatre grandes belles aquarelles, représentant le ferrement des forçats, à Bicêtre, qui furent admises à l’exposition de 1834, et qui, remarquées par le roi, lors de sa visite au salon, lui valurent la commutation de sa peine en dix ans de réclusion à Melun, et, un peu plus tard, sa grâce. Or, Cloquemin m’a affirmé qu’il ignorait complètement dans quel but Vidocq l’avait fait venir au restaurant de la barrière Fontainebleau, à l’heure du vol prétendu…
Ce qu’il y a de certains, c’est que l’histoire de ce vol, qui avait fait rentrer Vidocq à la police, l’en fit sortir de nouveau à la fin de la même année 1832. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’un arrêté du même préfet Gisquet, du 15 novembre 1832, ordonna la dissolution de la Brigade de sûreté, et sa réorganisation sur des bases nouvelles. »
Louis Mathurin Moreau-Christophe, Variétés de coquins, Paris, E. Dentu, 1865.
Victor Cloquemin était né le 29 décembre 1787, il fut admis au Conservatoire de musique de Paris le 3 janvier 1806.
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