Ce dimanche 20 novembre 2016 chez Osénat à Fontainebleau, importante vente « Empire » dont des souvenirs de l’empereur Napoléon Ier et de la famille impériale. Parmi l’argenterie, les épées, les toiles, les bustes, cette robe de cérémonie de la comtesse de Boigne (1781-1866).
COLETTE C.
15 novembre 2016 @ 11:24
Beaucoup de ces traînes étaient attachées simplement à la taille avec une ceinture. Je ne sais pas si c’est le cas.
Sébastien
15 novembre 2016 @ 12:22
La comtesse de Boigne, qui, dans ses Mémoires, précise qu’elle n’a assisté aux cérémonies impériales qu’en tant que « bâilleuse » (=témoin depuis les galeries), aurait commandé une telle traîne ? C’est un non-sens pour qui l’a lue
Robespierre
15 novembre 2016 @ 16:02
je suis d’accord avec vous
Jean Pierre
15 novembre 2016 @ 20:16
Sébastien, j’ai eu exactement la même réaction que vous, me souvenant que la dame avait bien souligné qu’elle ne s’était pas compromise sous l’empire.
Cette peste de Madame de Boigne doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe.
JAusten
15 novembre 2016 @ 20:57
le doute est effectivement permis quand on connaît les idées de la Comtesse
http://www.binocheetgiquello.com/html/fiche.jsp?id=121924&np=5&lng=fr&npp=20&ordre=&aff=2&r=
Mary
15 novembre 2016 @ 12:23
La vente est-elle le fait d’un seul propriétaire ?
DEB
15 novembre 2016 @ 13:36
Colette,
J’ai vérifié dans le catalogue d’Osenat, reçu la semaine dernière.
Il est dit que la robe est en satin et que la traîne est en velours ponceau et qu’elle est bien attachée sur le devant de la poitrine par deux pattes en velours brodé et par un crochet au dos.
La traîne fait 250cms de long et 112cms de large.
La robe est signalée comme ayant « des déchirures aux manches, accidents et manques au Tulle », des paillettes manqueraient également au décolleté.
Travail attribué à Picot.
Estimation: 8.000/12.000€.
Claude MARON
16 novembre 2016 @ 12:53
Certaines traînes étaient aussi attachés par de fines bretelles.
chicarde
15 novembre 2016 @ 14:36
Magnifiques, ces traînes ’empire’ !
ciboulette
15 novembre 2016 @ 14:45
Très jolie robe , mais un peu fraîche pour le temps actuel …
chiffonette
15 novembre 2016 @ 15:44
Cette robe à transformation munie de ses 2 traînes, l’une en soie l’autre en velours a été adjugée pour 28 000 euros le 14 novembre 2007 chez Binoche et Giquello
Danielle
15 novembre 2016 @ 17:52
Le musée Galliera devrait se porter acquéreur de cette belle robe.
Gérard
15 novembre 2016 @ 18:44
Cette très belle tenue semble être passée déjà en vente publique le 14 novembre 2007 et avoir été adjugée 28 000 €.
Voici ce qu’en disait le catalogue de l’étude Binoche et Giquello à l’époque (on s’y reportera pour une description très complète) :
HISTORIQUE : Ce grand habit de cour a été retrouvé récemment et fortuitement, dans une malle, chez les descendants à la septième génération du général comte de Boigne, qui épousa en deuxièmes noces Adèle d’Osmond, la célèbre comtesse de Boigne (1781-1866). Cette provenance est intéressante car le personnage est connu par les Mémoires qu’elle a rédigés sans complaisance. Mais cette origine pose problème : la jeune comtesse de Boigne, rentrée d’Angleterre en septembre 1804 où elle avait émigré avec ses parents, a toujours figuré dans « la petite coterie royaliste que le pouvoir impérial tolérait dès lors qu’elle ne frondait pas trop ». Par divers intermédiaires, le couple impérial tenta de « recruter » cette indocile. Il [son oncle, Antoine Eustache d’Osmond, comte de l’Empire, évêque de Nancy] aurait fort désiré que j’entrasse dans la Maison de l’Impératrice qu’on formait en ce moment et il me faisait valoir… (p. 222). Je ne voulus pas assister aux fêtes du couronnement, mon héroïsme royaliste en aurait trop souffert… (p. 213). Ce qui n’empêcha pas Joséphine, qui partageait les mêmes amies et relations avec la comtesse de Boigne, de se faire donner par celle-ci trois plumes de héron, plume par plume, pour se faire une aigrette (p. 231). Je n’assistais pas plus aux fêtes du mariage [avec Marie-Louise] que je n’avais fait à celles du couronnement… (p. 237). Néanmoins elle assista à un bal donné aux Tuileries pour le baptême du roi de Rome (p. 268), et à un autre pour le mariage de la princesse de Bade où l’empereur s’adressa à elle, paraissant fort bien renseigné à son sujet. Avec cette vie mondaine volontairement hors de la Cour, il est difficile d’expliquer la présence de cette toilette prestigieuse et spécifique dans la garde-robe de la comtesse de Boigne. Comme à chaque réception qui se présentait, elle devait accepter ou décliner l’invitation ; il est possible que, pour la première de ces invitations, le Sacre, la toilette requise ait été prévue et jamais portée. La petite taille correspondant à la morphologie de la jolie comtesse corrobore cette hypothèse (petite taille, hauteur du décolleté au bas de la robe, 117 cm ; tour de taille sous la poitrine : 67 cm).
L’exécution est exceptionnelle, très vraisemblablement due à Picot, l’atelier le plus fameux de la capitale. Les traînes sont d’une longueur de 3 m.
TYPOLOGIE : Cette toilette est d’une typologie connue, bien que n’ayant fait l’objet d’aucun décret. Elle dérive du petit habillement de l’Impératrice dessiné par Isabey pour l’arrivée de Joséphine à Notre-Dame le jour du Sacre, le 2 décembre 1804. Cette robe de cour est restée en usage tout le Premier Empire. L’Impératrice était la première à s’habiller ainsi pour les cérémonies, l’Empereur exigeant ce faste. L’inventaire de sa garde-robe dressé en 1809 dénombrait 49 grands habits de cour ; quelques-uns sont conservés à la Malmaison. D’autres robes de cour peuvent se trouver encore en main privée ; ainsi celle de Madame de Bérenger fut présentée, catalogue à l’exposition Trésors de la Fondation Napoléon en 2004-2005, au musée Jacquemart-André à Paris. Les autres collections publiques françaises, spécialisées dans l’époque impériale ou le costume, en seraient dépourvues ; le musée des Tissus de Lyon et le musée Galliera possèdent des échantillons de ces broderies sur tulle et sur velours. Enfin, on ne connaîtrait pas de robe conservée à ce jour avec deux manteaux.
DESTINATION On a tout lieu de penser que « notre » robe a été taillée et brodée pour le Sacre. Sur le célèbre tableau de David du Louvre, véritable reportage, deux des sœurs de l’Empereur, Pauline et Caroline, portent chacune une traîne en velours semblable à la « notre » : même nuance ponceau, même broderie de lauriers or d’une largeur équivalente, car les largeurs de broderie étaient réglementées par l’étiquette. Les traînes de cour pouvaient être de différentes couleurs, mais il semble que pour le Sacre à Paris, la nuance préconisée ait été ponceau, et vert l’année suivante pour le couronnement à Milan.
BIBLIOGRAPHIE : Mémoires de la comtesse de Boigne, Mercure de France, Le Temps retrouvé, 1999. Bernard Chevallier, Malmaison, Arthys, 2001. Madeleine Delpierre, Uniformes civils, Cérémonials, Circonstances, Musée de la Mode et du Costume, Palais Galliéra, Paris, 16 décembre 1982 – 17 avril 1983. Philippe Verzier & Claudette Joanis, Soies tissées, Soies brodées chez l’Impératrice Joséphine, La Malmaison, 23 octobre 2002 -17 février 2003. Sylvain Laveissière, Le sacre de Napoléon peint par David, Musée du Louvre, Paris, 21 octobre 2004 -17 janvier 2005.
Gérard
15 novembre 2016 @ 20:15
Et en effet c’est repris en partie dans le catalogue actuel.
Caroline
15 novembre 2016 @ 22:59
Espérons qu’un musée accepte d’acheter cette robe prenant beaucoup de place!
Gérard
16 novembre 2016 @ 22:37
Galliera ?
Anna Claudia
15 novembre 2016 @ 23:39
Impressionnante cette robe de cérémonie qui devait être bien embarrassante pour notre chère comtesse, qui a toujours manifesté son peu de goût pour les réceptions fastueuses qu’elles jugeait aussi pénibles qu’ennuyeuses.